L’internet mobile est-il le futur d’internet ? C’est la question que l’on peut se poser quand on observe les chiffres de son développement, notamment au cours des 18 derniers mois, qui coïncident avec l’arrivée sur le marché de l’iPhone, ayant l’effet d’un électrochoc dans les usages, sortant l’accès au web mobile de la sphère geek pour le propulser dans le grand public. Le futur d’internet parce-que précisément les usages sont en train d’évoluer, en même temps que les terminaux, et, accessoirement, l’état d’esprit des opérateurs téléphoniques (même si dans ce domaine il reste du chemin à parcourir) : n’oublions pas que si aujourd’hui selon ComScore on dénombre 1 milliard d’internautes, il y a 4 fois plus d’abonnés au téléphone mobile, soit 4 milliards de mobinautes potentiels selon le dernier recensement de l’Union Internationale des Télécommunications. Sans compter les choix économiques et techniques, notamment en Afrique, qui consistent à déployer directement des réseaux mobiles là ou le téléphone fixe n’a jamais existé, tendance qui plus est propice au développement socio-économique. On le voit, le décor est en place, et la pièce peut commencer : tout est prêt pour un vrai démarrage de l’internet mobile. Sans refaire l’historique détaillée de l’internet mobile, rappelons simplement que ses premiers balbutiements sont arrivés avec le wap, sorte de langage de description dérivé du HTML, qui permettait de proposer du contenu texte (et même des images) sur des téléphones basiques dotés d’écrans monochromes grands comme des timbres-postes. Le wap a évolué et est toujours d’actualité dans les offres des opérateurs, qui ont bien compris que c’était un moyen de réinventer le minitel avec des services payants accessibles exclusivement à travers leurs portails, façon de faire monter la facture moyenne de l’utilisateur. Après le wap sont arrivés les premiers « vrais » navigateurs mobiles, comme Blazer sur Palm/Visor, et Pocket Internet Explorer sur PocketPC, le premier navigateur HTML mobile qui rendait les pages web comme sur un ordinateur de bureau, dès l’année 2000 (et même avec Flash quelques mois plus tard). Le web mobile a évidemment considérablement évolué depuis cette période préhistorique, où arriver à surfer sur son PDA relevait fréquemment de l’exploit. En effet, le Wifi n’étant pas encore généralisé sur les terminaux avant 2005, il fallait préalablement se doter d’un mobile Bluetooth, arriver à le connecter avec son Palm ou Pocket PC, pour enfin atteindre le nirvana mobile à 5 kb/s les jours de grand vent, moyennant bien sûr un surcoût souvent exorbitant sur son forfait mobile. Evolution, donc. Une évolution technique (terminaux et navigateurs), une évolution des forfaits proposés par les opérateurs, et une évolution des usages conditionnée par les besoins, le tout arrivant à peu près en même temps, à savoir au cours des deux dernières années, qui ont signé le véritable démarrage de l’internet de poche. Le web mobile en 2009 ne consiste plus uniquement en un seul internet mais en une galaxie protéiforme de services et d’usages dans lesquels chacun picore à sa guise en fonction de ses besoins et des possibilités techniques dont il dispose. De fait, le paysage internet mobile est constitué de plusieurs éléments qui sont les services, les usages, les terminaux et les navigateurs. Au-delà des sites web mobiles, qui sont des versions adaptées de sites web existants, il existe des services exclusivement dédiés à une fonction spécifique du mobile. Ces services n’existeraient pas si le web mobile n’existait pas, et ils en sont une émanation directe. C’est par exemple le cas de Qik ou Flixwagon pour envoyer des vidéos en direct, ou encore de Natuba pour publier des photos directement de son iPhone. Sans oublier aussi des services réservés à une clientèle sur abonnement (banque, finance, gestion, CRM…). Les applications. A mi-chemin entre logiciels et webservices, les applications à installer sur son mobile permettent d’accéder à une fonction déterminée et délimitée fonctionnant de façon autonome sur le terminal, mais faisant également appel à des actualisations des informations sur internet via le réseau 3G. L’iPhone a inauguré le bal avec son AppStore, et les autres grands opérateurs lui emboîtent le pas, dont Microsoft et BlackBerry, puis Nokia et peut-être même Palm. Quelques exemples d’applications typiques sur l’iPhone : Le Monde, Sports.fr pour la presse, ou encore last.FM ou Liveradio pour la musique. Les widgets. La plupart des terminaux modernes embarquent d’origine quelques widgets, qui se rapprochent des applications citées précédemment, comme par exemple le widget Météo ou Bourse de l’iPhone. A la différence des applications « propriétaires » (c’est à dire conçues par ou pour le fabricant et ne fonctionnant que sur un appareil), certains widgets peuvent être universels et s’installer sur n’importe-quel mobile (avec une applet Java par exemple). des start-ups se sont spécialisées dans la « widgetisation », à savoir la possibilité pour tout un chacun, en quelques clics et sans aucune connaissance en programmation, de créer un widget avec un « morceau » de web choisi, qu’il synchronisera sur son mobile d’un simple glisser-déposer. C’est le cas notamment de Goojet, une société française qui propose une palette de services permettant de personnaliser son mobile en agrégeant sous forme de widgets les informations auxquelles on souhaite accéder rapidement d’un clic. L’email. On a parfois un peu tendance à l’oublier, mais l’un des usages certainement les plus répandus de l’internet mobile, qui représente probablement la grande majorité des connexions, est l’accès instantané à ses emails. C’est même cette fonction qui a fait la gloire et la fortune de RIM avec son BlackBerry, bien avant la possibilité de surfer sur le web avec son terminal. En 2009, on ne se contente pas d’accéder à ses mails en déplacement, on lit les pièces jointes, on les annote, et éventuellement, on y répond. Le tchat. Les terminaux Windows Mobile embarquent MSN depuis leur origine, alors que le dernier smartphone HTC Magic avec le système d’exploitation Android de Google propose nativement Gtalk. Un bon forfait illimité et adieu sms, bonjour les conversations sans fin en direct. Lol, PTDR, tout ça. Les blogs. De nombreux services de blogs offrent maintenant à leurs membres des versions mobiles, souvent dédiées à l’iPhone, leur permettant de mettre à jour facilement leur blog, de poster des textes et des images, de modérer ou de répondre aux commentaires. L’application iPhone de WordPress est de ce point de vue exemplaire, mais TypePad par exemple propose également plusieurs versions mobiles de son service. Un peu comme avec la proverbiale histoire de la poule et de l’œuf, on ne saura jamais vraiment qui est à l’origine de l’autre : est-ce parce-que les services web mobiles se multiplient que les usages émergent, ou l’inverse ? En tout cas, depuis l’iPhone, qui marque une rupture dans le web mobile, l’accès mobile à certains services que l’on avait l’habitude de consulter sur son PC de bureau se développe de façon considérable. Si la demande n’était pas exprimée, elle était sous-jacente. Exemple : les versions mobiles de Facebook, et notamment l’application pour iPhone, rendent la visite du site officiel de moins en moins indispensable, tant elles sont un concentré intelligent et agile de l’essentiel. C’est sur ce type d’usage que va se faire la croissance du web mobile : lifestream, réseaux sociaux, besoin de rester connecté avec sa communauté ou avec ses potes (ce qui n’est pas forcément la même chose), partager l’instant présent ou un scoop (voir le rôle de Twitter dans le crash de l’Airbus dans l’Hudson, dont la première image est partie d’un mobile via le site de micro-blogging, bien avant les médias traditionnels). Avec un bon forfait, ou en Wi Fi, les jeux en réseau risquent aussi de prendre une part importante dans le développement du web mobile. Sans compter les services musicaux de diffusion en streaming, comme Deezer et Last.FM qui proposent déjà des versions nomades, qui deviendront payantes à terme, selon toute vraisemblance. Le web mobile intégral est déjà accessible de plusieurs façons : avec un mobile « basique » (même si ce terme ne signifie plus grand chose) en mode wap, avec un smartphone équipé d’un vrai navigateur web HTML, avec une tablette dédiée de type Nokia N810, un marché qui devrait se développer dans les mois à venir, avec un PMP de typeArchos (Personnal Media Player combinant lecteur vidéo, TV, et navigateur web), avec une console de jeux portable (Sony PSP ou Nintendo DS). Mais il n’y a pas que le web mobile tel que nous le connaissons sous sa forme « intégrale », constitué de pages web visibles dans un navigateur. On parle aussi de web des objets, et même si nous n’en sommes pas encore tout à fait à ce stade, une chose est sûre : le web se morcelle et se « widgetise ». Ainsi certains terminaux ne ressemblent pas à l’idée que l’on se fait d’un terminal web, ils ne sont même pas dotés d’un navigateur, et pourtant ils vous délivrent des services web, des morceaux d’interne, sur-mesure. C’est le cas par exemple de la SqueezeBox ou d’équipements similaires, qui diffusent via une connexion WiFi toutes les radios du web. C’est le cas aussi de Chumby, une sorte de radio-réveil qui affiche vos flux RSS favoris histoire de vous endormir (ou vous réveiller) moins idiot. Là aussi le choix va grandissant, et l’arrivée de Safari sur iPhone a mis un véritable coup de pied dans le derrière des autres éditeurs. Apple ayant clairement positionné son smartphone comme un terminal web, avec le succès que l’on sait, tous les autres se sont réveillés et proposent maintenant une expérience de surf mobile à peu près satisfaisante, même si encore loin d’atteindre le niveau d’excellence de Safari Mobile. La lutte est farouche entre les différentes forces en présence : hormis Safari Mobile, nous avonsInternet Explorer Mobile, Opera Mobile et Opera Mini, Thunderhawk, l’excellentSkyfire, Netfront d’Access, sans compter le futur challenger, Fennec (version mobile de Firefox) dont la première beta vient d’être publiée, Chrome sur les terminaux mobiles Android, et le navigateur du futur Palm Pre. Soit pas moins d’une dizaine de navigateurs mobiles qui cherchent à se faire une place au soleil du web de poche. Sympa pour le consommateur (concurrence), moins pour les développeurs (standards…). Prédire l’avenir est une exercice auquel je ne me livrerai pas, mais quelques indices laissent entrevoir ce que sera le web mobile demain. Tout d’abord les améliorations techniques des navigateurs et de la puissance des terminaux, qui permettront l’installation de plugins comme Flash ou Silverlight donnent enfin accès à une expérience rich media en mobilité. Même si cela ne plaira pas à certains (une infime minorité), Flash sera présent tôt ou tard sur les mobiles. Pas Flash Lite, non : la version la plus évoluée. Il y a une demande et elle sera satisfaite. On ne peut pas prétendre offrir la meilleure expérience web mobile et en même temps priver les utilisateurs d’un pan entier du web. Cette incohérence ne sera bientôt plus qu’un mauvais souvenir, et c’est tant mieux. Pour mémoire, je rappelle quand même que Flash existe pour Windows Mobile depuis 2002 et Flash Lite pour de nombreux autres terminaux, dont Nokia. Ensuite, nous allons probablement assister à une convergence de plus en plus marquée entre web de bureau et web mobile, rendant transparent le passage de l’un à l’autre, notamment pour les services auxquels vous êtes abonné. Deux exemples : le système d’exploitation Android de Google, qui est le premier à permettre de proposer des terminaux qui ne nécessitent aucune connexion physique avec votre PC pour la synchronisation de vos données, comme le HTC Magic par exemple, puisque tout se passe au coeur des services Google via le réseau sans fil. Une vraie rupture dans les usages, même si cela peut représenter un inconvénient pour certains, habitués à Outlook, et qui refusent de confier toutes leurs données en ligne, à fortiori à Google. Deuxième exemple : le futur Palm Pre (enfin s’il sort un jour), et son système d’exploitation hybride WebOS, à mi-chemin entre OS et webservices, permettant de terminer indifféremment sur votre terminal une conversation ou une tâche entreprise sur votre PC… Alors, le web mobile est-il l’avenir du web ? Certainement, de par sa prééminence et sa capacité à se faufiler partout. Plus qu’un web d’appoint et de simple consultation, il va permettre de réellement interagir et de rester connecté bien plus facilement qu’avec un PC de bureau, qui lui restera irremplaçable pour les tâches de fond, comme rédiger cet article par exemple.Mais au fait, le web mobile, qu’est-ce que c’est exactement ?
Une évolution au pas de charge
Les services.
Les usages.
Les terminaux et le web des objets.
Les navigateurs.
Et l’avenir ?
Alors ?
SUR : Le Vide Poches PAR : françois pérennès ACCÈS DIRECT A LA PLATEFORME PSST.FR
UNE INITIATIVE DE POURQUOITUCOURS? AGENCE DE PLANNING STRATEGIQUE 2.0 DIRIGÉE PAR jérémy dumont