Malachi Farrell dénonce dans son travail un monde soumis à la standardisation répétitive et qui se livre à son auto-destruction programmée. Un monde souvent absurde et grave relaté par l’artiste sur un ton pourtant burlesque, avec une énergie comique et un sens de la caricature rappelant l’esprit des cartoons.
Né en 1970 à Dublin. Il vit et travaille à Paris.
Artiste engagé, Malachi Farrell se présente volontiers comme un conteur, convaincu que l’art est à même de propulser des énergies. Régies par des systèmes très sophistiqués, ses œuvres possèdent une esthétique délibérément brute, dans un étonnant mélange des genres qui souligne l’aspect primitif de nos sociétés modernes et leur violence sous-jacente.
Il réalise des œuvres mécanisées et sonores qui forment de véritables spectacles fonctionnant en totale autarcie. Un théâtre de machines dont les scènes très spectaculaires impliquent littéralement le spectateur.
A PARTIR DU VENDREDI 17 SEPTEMBRE | 00H (PENDANT 3 MOIS)
ADRIEN M & CLAIRE B X BREST BREST BREST / FAUNE : ADRIEN M & CLAIRE B X BREST BREST BREST
Parcours dans la ville afin de sensibiliser à la biodiversité
Faune est une série d’affiches de grand format à observer avec une application de réalité augmentée. Se révèle alors une vie animale cachée sur les murs de la ville.
Collées dans l’espace public, les affiches invitent à un parcours en forme de jeu de piste. Découvrir les affiches à travers l’écran, en réalité augmentée, permet de dévoiler dans l’image une entité vivante imaginaire nichée au creux du paysage.
Libre d’accès, visible en extérieur, ce parcours s’adresse à tous les publics. Initiation à un pistage poétique et dada, il propose une gymnastique de l’attention et un ré-enchantement du quotidien urbain.
Vous ne connaissez sûrement pas Catastrophe. Avec GONG!, la troupe nous présente une comédie musicale qui fait réfléchir sur nos comportements face à l état du monde et nous invite à reprendre contrôle de nos cognitions.
Avant tout, derrière l’écran de son smartphone, sommes-nous arrêtés un instant afin de prendre le recul sur nos vies ? Tel est le mot d’ordre de la troupe déjantée française qui mêle cabaret de Bob Fosse, Jacques Demy et Starmania ou encore influences urbaines actuelles allant de Kendrick Lamar à Childish Gambino notamment sur « Les méridiens », « Visage » ainsi que sur « Le grand vide » où ils réussissent à suspendre le temps aux accents aussi bien dramaturgiques que comiques. Catastrophe provoque l’auditeur sur ce qui l’entoure comme sur le très beau « Solastagie » et l’antithèse « Les vivants » ainsi que « Danse tes morts » divisé en deux parties distinctes traduisant le passage vers l’au-delà mais avec un soupçon théâtral qui leur va comme un gant.
Musicalement, il déploie un univers au faste chatoyant entre pop orchestrale, soft rock et variété sophistiquée. Après "La Nuit est encore jeune", scintillant album-concept, Catastrophe, avec toujours, en filigrane, cet engagement qu’on leur connait pour l’environnement, se lance maintenant dans une nouvelle aventure en prise directe avec notre réalité hyper connectée : une comédie musicale et un album sur le café, les smartphones, l’humanité et le passage du temps. Intitulée Gong !, elle donne lieu à un album mais prend tout son relief sur scène, sous la forme – très haute en couleurs – d’un show imprévisible qui mêle théâtre, musique et danse en un ensemble aussi frappant que réjouissant.
Groupe Catastrophe : conception / Blandine Rinkel : écriture, chant, danse / Pierre Jouan : compostion, chant, claviers / Arthur Navellou : chant, danse, claviers / Bastien Bonnefont : chant, batterie / Carol Teillard : chant, percussions, claviers / Pablo Brunaud : basse, chant / Chorégraphie : Dorine Aguilar / Danseuses : Dorine Aguilar et Clément Gyselinck / Costumes (design) : Coralie Marabelle / Costumes (réalisation) : Isabelle Beaudoin (Atelier du Théâtre National de Bretagne), Julien de Caurel (Tailleur) et Coralie Marabelle / Lumières : David Debrinay / Sonorisation : Benoît Brière, Justine Herbert
DAVID ROSANE / ECOUTER L’INVISIBLE : RENCONTRE/CONCERT AVANT PREMIÈRE DE NOT YOUR ANIMAL
Musique. Une soirée exceptionnelle dans le cadre de la semaine du développement durable 2021 ayant pour thème cette année : agir au quotidien #NotRockAndRoll#NotAnyMore
Autour de David Rosane, ornithologue international et musicien, des autres membres du groupe Not Your Animal (Jérémy Grasso, Benjamin Beaulieu et Ivan Réchard) et de leurs invités, sera évoquée la richesse de l’écosystème urbain, notamment au travers la thématique des oiseaux, qui cohabitent avec nous dans nos villes. Au-delà de cet enjeu de préservation de la biodiversité, il sera question des gestes quotidiens que chacun peut mettre en oeuvre et des initiatives indispensables, tant en matière d’éducation que d’investissements, que devront engager les villes de demain !
Cette rencontre sera suivi d’un concert en avant-première de ce (super)groupe d’inspiration 100% rock dans la plus pure tradition garage.
Soirée gratuite avec libre participation, sur place et en ligne, pour soutenir l’association LPO : https://www.lpo.fr/faites-un-don/faites-un-don Rencontre avec les artistes à la sortie du concert.
Spectacle Nouvelle Magie. Cerebrum observe notre propre cerveau jouer avec la réalité. Mi-conférencier, mi-illusionniste Yvain Juillard nous fait tourner la tête. Reconnu d’intérêt général par le comité des 80 ans du CNRS. Lauréat du label d’utilité publique 2020.
Qu’est-ce que la réalité ? Yvain Juillard, à la fois neurobiologiste et comédien, glisse de la conférence au spectacle pour questionner, à travers l’exploration de notre cerveau, la nature multiple de ce que l’on perçoit comme réel. Une proposition inédite qui chamboule nos repères. Et si la réalité n’était qu’une fabrication de notre cerveau ?
Conteur hors-pair, plein de malice, il fouille nos cent milliards de neurones de fond en comble et à travers un exposé ludique, il questionne nos conditionnements et notre libre arbitre par le biais de démonstrations simples et saisissantes. Avec Cerebrum, conférence-spectacle d’un genre unique, il nous invite à requestionner nos certitudes. Une conférence-spectacle passionnée et passionnante !
Imaginez que, pendant une heure trente, vous arpentiez les parois incommensurables du cerveau en vous accrochant, comme autant de mousquetons reliant la cordée, à vos propres neurones, eux-mêmes composant un vaste champ inexploré. Vous comprendrez alors que cette mise en abyme vous offre plus d’étourdissement que l’ascension d’un flanc de l’Everest.
A l’image d’un Hamlet méditant face au crâne de Yorick, Yvain Juillard y va lui aussi de sa prise de tête, mais une tête bien pleine celle-là. Il (se) creuse plus précisément le cerveau, avec ses milliards de neurones connectés entre eux, pour interroger toutes sortes de questions métaphysiques, à commencer par la notion de réalité. Tantôt conférencier, tantôt illusionniste, l’auteur et comédien s’interroge : estce que ce qui est visible existe réellement ? Et si la réalité n’était qu’une fabrication de notre cerveau ? Là où le magicien sortirait un lapin de son chapeau, lui extrait des expériences ludiques de son PowerPoint, quand il n’arrache pas quelques surprises au décor lui-même.
Préparez-vous à jouer avec vos cellules photosensibles, à participer à des tests visuels, à zieuter de la cervelle toute fraîche et surtout à remuer joyeusement vos méninges. Assumant son côté didactique, le spectacle habite habilement le plateau, qui devient une sorte de projection de cette boîte noire qu’est notre cerveau. A l’aide d’illusions optiques, le Garcimore des neurosciences prouve que nos cerveaux sont capables de nous mettre en boîte nous-mêmes. Déterrant des travaux sur les douleurs fantômes – ces douleurs que le cerveau provoque sur un membre amputé, et donc inexistant, afin de combler un vide visuel qu’il ne digère pas – il souligne les capacités du cerveau à se leurrer lui-même.
Impossible de décrire toutes les ramifications de la démonstration, au risque de vous gâcher le plaisir, mais disons que Cerebrum convoquera des ingénieurs de Google, questionnera les enjeux du progrès, vous emmènera dans vos souvenirs de cour maternelle, fera de brèves incursions dans la phénoménologie, vous fera écouter le bruit que fait un neurone, interrogera la construction des souvenirs, le libre arbitre, et surtout la puissance insondable d’un cerveau aussi impénétrable que l’univers est infini. Jouant avec cet organe qui peut se jouer de nous, Yvain Juillard se penche aussi sur l’espoir qu’a l’homme de percer les mystères de son propre logiciel et donc la possibilité de construire ensemble de nouvelles réalités.
Grâce à Cerebrum, le théâtre devient un moyen de s’approprier nos processus métacognitifs, de mettre en place cette dynamique de la pensée par laquelle développer un esprit critique libre et responsable et, peut-être, poser des bases différentes pour la société du siècle prochain.
Un spectacle de et avec Yvain Juillard / Œil extérieur : Olivier Boudon, Joseph Lacrosse, Laurent Wanson / Son : Marc Doutrepont / Régie générale et lumières : Vincent Tandonnet / Vidéo : Stefano Serra & Robin Yerlès / Conseils neuroscientifiques : Yves Rossetti (CNRS-INSERM), Céline Cappe (CerCo / CNRS) / Production, diffusion et presse : Lucie Dela Croix et Caroline Goutaudier / Accompagnement : Isabelle Jans. Une création des Faiseurs de Réalités avec le soutien du Théâtre de Namur/Centre dramatique, du Théâtre de la Vie, du Corridor, de la Fabrique de Théâtre, du Théâtre de la Balsamine, d’Aube Boraine/Mons 2015, de la FWB, de la SACD, du Théâtre National, de financements participatifs.
POURQUOI JESSICA A-T-ELLE QUITTÉ BRANDON ? Pierre Solot & Emmanuel De Candido
Enquête "l'air de rien" sur notre monde hyperconnecté Lauréat du Prix des Lycéens Impatience 2020 #attention #digital #media
On le sait, c'est irrémédiable, autant le dire tout de suite, Jessica va quitter Brandon. Mais au-delà de ce constat, les vraies questions ne sont-elles pas : qui est Brandon ? ; qui est Jessica ? ; quelle est la réelle raison de cette rupture ? Est-elle liée à l'univers particulier de Brandon, ancien pilote de drone devenu lanceur d'alerte. C'est, au travers d'une enquête théâtrale décalée, non dénuée d'humour et de dérision, que Pierre Solot et Emmanuel et Candido échafaudent quelques réponses en usant d'outils numériques variés et ludiques.
Sur ce canevas vont se succéder de fil en aiguille un exposé pédagogique, une démo de jeu vidéo (sur une console de bar telle qu'on en trouvait dans les années quatre-vingt), une conférence gesticulée, une captation en direct d'un micro-récit se déroulant sur un plateau wargame avec figurines, des projections vidéo, quelques débats et causeries, etc. Sur celui-ci, nos deux créateurs belges, Pierre Solot et Emmanuel De Candido, jouant d'humour et de tragique burlesque, rassemblent les pièces d'un puzzle - réalité, virtualité, guerre propre, emprise fascinante des médias… - qui composent aujourd'hui notre civilisation binaire.
Mention & Crédits = Un spectacle de la Compagnie MAPS / Coproduction : Théâtre de la Vie et Atelier 210 | Diffusion : Charge du Rhinocéros | Soutiens : Conservatoire de Namur, L’Escaut, BRASS – Centre Culturel de Forest, Libitum – Ad Lib, Fabrique de Théâtre – Service des Arts de la Scène de la Province du Hainaut, Festival de Liège, LookIN’Out, La Chaufferie Acte-1, Les Doms, Les Studios de Virecourt. Lauréat du Label Bruxellois d’Utilité Publique 2021. Avec l’aide de la Fédération Wallonie-Bruxelles – Service du Théâtre | En coproduction avec La Coop asbl et Shelter Prod, avec le soutien de taxshelter.be, ING et du tax-shelter du gou-vernement fédéral belge. / Crédit photo : Nicolas Verfaillie
6 projets sélectionnés par le jury, parmi 413 équipes inscrites représentant plus de 733 participants de 60 nationalités différentes :
PREMIER PRIX
clic-clac by thibaut blondet
Utopie d’hier, Architecture d’aujourd’hui. La mutation des villes doit se construire sur le patrimoine existant. Par superposition, addition, extension ou bien mutation.
Nous devons nous adapter avec ce que l’on a déjà bâti plutôt que de sans cesse vouloir repartir d’une feuille blanche. De trop nombreux bâtiments sont sous exploités.
Les espaces de Coworking, sont les nouvelles formes de bureaux émergents. Les horaires d’ouverture sont bien souvent compris entre 09h et 19h. Mis à part pour le nettoyage, ils sont ensuite inoccupés 13h/24.
Pourquoi ne pas attribuer à ces espaces une fonction à ces heures perdues ?
Cela serait possible grâce à un module de 15m2 qui s’installe facilement dans n’importe quel espace de Coworking. Il est livré avec un service de conciergerie et une application de réservation. Tout utilisateur de l’espace de Coworking pourra avoir accès à l’application pour réserver le module.
in door by sophie picoty & romain de santis & axel de stampa
A l’heure du confinement imposé par la crise sanitaire, le télétravail est devenu LA solution pour continuer à exercer sa profession en toute sécurité. Aujourd’hui, plus que jamais, il est question d’aménager un espace de travail professionnel à son domicile. Néanmoins, les mètres carrés de nos appartements sont parfois restreints. Il n’est pas évident de pouvoir travailler chez soi, l’espace et les conditions ne sont pas les plus favorables. Il faut donc réinventer nos logements en les optimisant à moindre coût et penser nos lieux de vie comme résilients, évolutifs et modulables.
Afin de répondre à cette problématique, nous proposons une solution très simple : adapter son intérieur en intégrant un bureau chez soi grâce à un élément facile à interchanger : la porte. Ouvrage mobile, ce dispositif d’ouverture/fermeture se transforme en bureau individuel ou collectif pour adultes comme pour enfants.
Un futur possible, inspiré par le présent, ses tendances et ses signaux faibles.
Vous ouvrez votre petite commode, et enfilez votre t-shirt des jours de travail. C’est toujours le même, pas besoin de le laver pendant plusieurs semaines grâce à sa texture en laine. Et surtout, vous êtes terriblement à l'aise dedans. Vous passez rapidement à la salle de bains, et allumez votre miroir de beauté numérique. Vous souriez à votre reflet naturel, en imaginant comment vous allez pouvoir le sublimer.
Pour votre matinée de rendez-vous professionnels, vous êtes à la recherche d'un look digital en accord avec votre positionnement : avant-gardiste et élégant. Au bout du troisième essai, vous trouvez un filtre digital qui vous convient parfaitement. Vos cheveux arborent une couleur argentée qui vous plait beaucoup, et qui renforce le sentiment d'expertise. Votre tenue évoque l’esthétique japonaise avec une touche futuriste, pile poile ce qu’il fallait. En un clin d'oeil, votre choix est directement implémenté sur votre outil de visioconférence préféré. Une fois assis.e face à votre webcam, vous vous connectez à votre bureau digital, que vous louez à un artiste qui le décore chaque jour avec de nouvelles créations.
Votre matinée se déroule parfaitement, dans un tourbillon de tenues et de maquillages tous plus extravagants les uns que les autres. C'est devenu une manière d'exprimer sa personnalité au travers des écrans. Les codes et les genres sont bousculés, même les plus timides s'essaient à quelques fantaisies. On a ainsi vu des directeurs de grands groupes déployer des trésors de communication sur leur apparence digitale, avec bien évidemment quelques faux-pas. Sans compter ceux qui se sont faits hacker, donnant lieu à des situations très gênantes dont tout le monde se souvient encore…
On s'arrache à prix d'or les dernières créations de maisons de pixel-couture. Certains de ces filtres peuvent être intégrés à la vraie vie, mais la plupart s'effacent quoiqu'il arrive après deux heures d'activation. Il est devenu extrêmement ringard de ne chercher qu'à améliorer son physique, la tendance actuelle est le naturel-tribal : capitaliser sur son physique réel tout en intégrant une esthétique rendant hommage à une communauté.
En fin d'après-midi, vous avez rendez-vous avec un journaliste qui veut vous interviewer sur votre activité militante. Vos opinions ont tendance à créer souvent quelques remous, voire parfois des échanges houleux. Cette interview aura lieu par vidéo. Pour vous éviter certains problèmes rencontrés auparavant, vous avez prévenu le journaliste que vous activeriez le filtre d'anonymat. Ce filtre permet de créer un jumeau digital dont les traits sont globalement semblables aux vôtres, sans pour autant correspondre complètement à votre visage. Cela permet au journaliste de proposer une image assez fidèle de qui vous êtes tout en protégeant votre identité. Vous vous demandez d’ailleurs si le journaliste n’y a pas lui même recours…
Mais une fois la journée de travail terminée, finis les filtres et autres tenues numériques. C’est un peu comme ce rituel qu’avaient les générations précédentes d’ôter la cravate en rentrant à la maison. Dès que votre webcam est éteinte, vous activez le brouilleur anti-beauté numérique jusqu’au lendemain matin. Hors de question d’avoir un repas de famille sans les visages réels de vos proches, quoiqu’en disent vos enfants !
Sur notre rapport aux vêtements physiques dans le contexte actuel
Moins de vêtements, davantage portés et donc plus qualitatifs : cela semble être une tendance actuelle portée par le confinement. La chemise Zoom est devenue notre nouvel uniforme de travail.
Dans notre contexte sédentaire actuel, ré-interroger nos habitudes de machine à laver parait opportun. Sans oublier les considérations environnementales comme le souligne Loom. Les vêtements sans lavage ont-ils un avenir ?
Mes ressources préférées pour trouver sa place dans un monde bouleversé et bouleversant -----------------------------------
« L'océan sera l'enjeu géostratégique du siècle. Encore faut-il que nous le préservions ». La dernière édition de Nourritures Terrestres nous plonge dans le grand bain des défis liés à la sauvegarde de l’océan.
Je suis Noémie Aubron, créatrice de contenu et fondatrice de La mutante. J’essaie de connecter fiction, prospective et stratégie pour explorer les futurs possibles en collectif.
Je fais également partie du collectif de design fiction Le Coup d’Après : nous utilisons la fiction et l’immersif comme leviers pour articuler vision prospective, stratégie long-terme et action court-terme.
Cette newsletter de fictions prospectives donne des éclairages sur le présent, la prospective et les signaux faibles de notre temps. Elle est aussi le signe que je suis obsédée par le fait de rendre accessible et ludique ce qui est complexe et parfois aride. Alors, quoi de mieux que la fiction pour que tout le monde puisse manipuler la prospective et les signaux faibles ?
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YouTube est trop petit pour eux. Depuis plusieurs années, les vidéastes du web ont investi le monde de l’édition avec plus ou moins de succès. Petite liste non exhaustive...
Une aubaine pour les éditeurs
Dans le monde littéraire des youtubeurs, on trouve de tout. Les biographies côtoient des bandes dessinées de qualité ou des projets beaucoup plus expérimentaux. Tous ne trouvent pas grâce aux yeux du grand public, qui y voit généralement l'occasion pour les auteurs auto-proclamés de sortir de nouveaux produits dérivés. Objectif : le fric ! Cependant, tout n'est pas à jeter, loin de là.
Pour Benjamin Brillaud, créateur de la chaîne Nota Bene, c’est à la fois la faute des éditeurs et des youtubeurs, si ces productions littéraires ont mauvaise presse. Ce vidéaste spécialisé en histoire connaît bien le milieu puisqu’il a sorti le livre Les pires batailles de l’histoire en 2016, et la bande dessinée Petites histoires et grands destins en 2019. « Quand on est un youtubeur reconnu, on reçoit beaucoup de demandes de la part d’éditeurs, explique-t-il. Mais il ne faut pas se leurrer. Ce n’est pas pour nos talents d’écriture qu’ils viennent nous chercher. Ils savent très bien qu’on possède une communauté et qu’avec nous ils vont pouvoir limiter les risques en termes de ventes. C’est au youtubeur de décider s’il veut faire ça pour le fric ou s’il veut créer un vrai projet, quitte à le faire à perte. »
Même quand ils ont décidé de faire de la qualité, les youtubeurs ne sont pas toujours bien aidés. « Pour mon premier ouvrage, j’étais tout seul face à la page blanche, poursuit Benjamin Brillaud. Les éditeurs apportent assez peu de soutien aux projets qu’ils commandent. Il faut s’assurer d’être bien accompagné si l’on veut faire de la qualité. » En attendant de vous précipiter en librairie, voici un florilège des ouvrages du genre.
Il était déjà là avant YouTube ! Le vidéaste Rémi Gaillard est aussi l’un des premiers à avoir flairé le filon des produits dérivés pour surfer sur sa notoriété. Celui qui s'est spécialisé en caméras cachées a donc sorti sa bande dessinée en 2011. L’auteur y oppose les vieilles émissions de télévision et la scène internet montante. C’est mal dessiné et d’après les critiques lues sur le site Sens Critique, les gags ont l’air super lourds. Du bon Rémi Gaillard en somme. Le papi du web réitèrera ce type d’exploits avec son livre n’importe quoi, sorti en 2013. Ce dernier se trouve sur Amazon pour la modique somme de 0,01 centime. Quant à savoir ce que le prix laisse présager de l'histoire et de la qualité d’écriture... on vous laisse juge.
Écrit à partir de son blog, le livre Axolot ressemble de loin à un produit dérivé sans âme. Mais dans l’histoire du YouTube français, l’ouvrage fait pourtant date. Pour la première fois, un créateur de contenu prend ce médium au sérieux et décide de produire un livre de qualité. Non seulement les histoires (vraies) racontées sont passionnantes, mais elles sont aussi illustrées avec des dessins exclusifs de Boulet, Manu Larcenet ou Marion Montaigne.
À voir aussi Dirty Biology de Leo Grasset ou L’espace sans gravité de Florence Porcel font aussi partie de ces ouvrages de qualité écrits et dessinés par des passionnés qui connaissent leur sujet sur le bout des doigts.
Le plus gros carton de librairie
Le livre : #EnjoyMarie (2015)
La youtubeuse : EnjoyPhoenix
Véritable best-seller qui s’est vendu à plus de 200 000 exemplaires, il s'agit d'une biographie de l'influenceuse beauté (sortie l'année de ses 20 ans...). Le livre permet à de nombreuses jeunes lectrices de se retrouver dans des histoires de harcèlement scolaire et de crises d’acné. Reste que la critique est sévère. Dans Les Inrocks EnjoyPhoenix est appelée « la nouvelle Gustave Flaubert ». Il faut dire que certains passages prêtent à sourire... Par exemple : « Hier je me suis mise au lit avec des chaussettes, j’avais froid aux pieds » ou bien encore, « N’oubliez pas de vous brosser les dents avant de vous coucher. Phrase culte, phrase entendue des milliers de fois, n’est-ce pas ? Mais c’est vrai, n’oubliez pas, il en va de votre santé bucco-dentaire ».
À voir aussi : Icônne de Natoo, un livre qui prend l’apparence d’un magazine féminin et qui s’est vendu à plus de 100 000 exemplaires. Loin de l’autobiographie larmoyante, il s'agit d'une critique parodique.
Le plus What The Fuck
Le manga : Jean-Luc Révolution (2016)
Le youtubeur : Ganesh2 (David Chabant)
Tout est parti d’une blague. Sur Twitter, l’imitateur Ganesh2 avait promis de créer un shonen (un manga avec un héros qui mène des combats) avec le personnage de Jean-Luc Mélenchon, si sa publication atteignait les 1 000 retweets. Chose promise, chose due, David Chabant a donc sorti le premier manga mettant en scène une personnalité politique française en train de casser la figure de députés.
À voir aussi : Tourne la page de Squeezie est une sorte de « cahier de vacances pour jeunes adultes » contenant des jeux et des défis, accompagnés d’illustrations signées de son frère.
Tiré de témoignages enregistrés en 2015 pour le compte de la radio Le Mouv’, le livre Très intime raconte des histoires sexuelles vraies. Cependant, Solange va rapidement se retrouver au milieu d’une polémique made in Twitter. Les femmes anonymes qui ont livré leurs histoires reprochent à l'autrice de ne pas leur avoir demandé l’autorisation avant de les mettre dans le livre. Le droit des participantes à la propriété de leur témoignage anonyme reste toujours en débat.
Sur Instagram, la poésie se déclame au format carré. Compilation de SMS romantiques, citations glanées dans la rue, aphorismes et poèmes en prose… le lyrisme et la célébration du quotidien apportent un peu de douceur (et de trash) à nos flux.
#instapoet, #instacitation, #poesie… sur Instagram, hashtags lyriques et jeunes plumes foisonnent. Mais ne vous méprenez pas. On ne vous parle pas de mantras faisant l’apologie du développement personnel ou de poncifs douteux utilisés pour draguer (*ton père est un voleur : il a volé toutes les étoiles pour les mettre dans tes yeux*). On vous parle ici d’une nouvelle génération de poètes, à contre-courant des codes de la plateforme. Plus ou moins talentueux, ils ont le hashtag et la métaphore faciles et privilégient volontiers le verbe à l’image. Que l’on se rassure donc, si l’on craignait la disparition de la lecture et de l’écriture : l’avant-garde de la poésie numérique est bien en place et son succès se mesure en nombre de lecteursfollowers.
Aux États-Unis, les influenceuses poètes fleurissent
Relayée par le magazine Quartzy, une étude américaine confirme ce regain de popularité pour le genre. Et Instagram n'y serait pas étranger... En 2017, 11,7% d’Américains ont déclaré avoir lu de la poésie au cours des 12 derniers mois contre 6,7% en 2012. Sans surprise, ce sont aussi les plus jeunes (18-24 ans) qui en lisent le plus. 17,5% d’entre eux déclarent avoir lu des poèmes en 2017, contre 8,2 en 2012.
Pour mieux comprendre cet engouement, il faut se tourner vers des personnalités comme Rupi Kaur (plus de 3,6 millions d’abonnés), r.h Sin (plus d’1,5 millions) et Yrsa Daley-Ward (plus de 155 000), rapporte l’article. Pensées jetées sur une page Word, looks léchés, selfies épurés mais stylisés… Sur Instagram, nos jeunes poètes soignent aussi bien leur prose que leur self-branding. On y parle de féminisme, de confiance en soi, d’amour et de destins singuliers. Et force est de constater que la recette fonctionne puisque certains sont déjà passés du format carré à la publication papier.
Initialement auto-publié, le recueil Milk and Honey de Rupi Kaur s’est par exemple vendu à plus de 3,5 millions d’exemplaires. « En France, plus de 13 000 exemplaires ont été écoulés », souligne Claire Do-Serro, directrice de la maison d’édition Nil aux Échos START. Peu de temps après, la poète publiait un second ouvrage, The Sun and her Flowers. Et le succès est aussi au rendez-vous. Au total, ses deux premiers recueils ont passé 145 semaines sur la liste des best-sellers du New York Times. Pas mal pour une poète venue du Net.
En France, les instapoètes nous comptent aussi fleurette
En France, la plume se fait plus acide, plus malicieuse, plus condensée. Sexe, vie amoureuse et sens de la vie sont questionnés sous la forme d’aphorismes et de jeux de mots, du plus doux au plus trash. En témoignent les comptes Instagram de Benjamin Isidore Juveneton, peut-être le pionnier du genre avec 10 ans de pratique derrière lui, Violente Viande, qui s’en est inspiré pour se lancer ou encore Indécence et Déraison, Carnet Noir et Exégèse Risible.
Formé à l’architecture et à l’art contemporain, Benjamin Isidore Juveneton est à l’origine du projet épistolaire « Adieu et à demain », projet qu’il initie alors qu’il entretient une relation à distance. « J’écrivais, chaque jour, une lettre de rupture pour y mettre fin et mieux la recommencer le lendemain, nous explique le poète, aujourd’hui designer et plasticien. J’envoyais ces lettres via Facebook, sans attendre de réponse. Je pense que j’y associais un certain sentiment de libération. Finalement, ces lettres sont devenues publiques sur Tumblr. De fil en aiguille, j’ai rapidement associé mon projet d’art contemporain à l’écriture ».
Aujourd’hui très actif sur Instagram, Benjamin admet avoir vu son travail changer au gré des plateformes. « Mon travail suit et s’adapte au medium. J’écris des choses assez universelles. J’aime jongler avec les mots et il y a souvent plusieurs sens de lecture à ce que je fais ». Twitter est d’ailleurs l’une des seules plateformes qu’il ait décidé d’exclure de sa pratique. « Sous couvert de légèreté, Twitter rend parano et agressif. C’est tout le contraire de ce que j’essaye de faire. J’essaye plutôt de créer des choses qui rendent les gens… disons, plus doux », admet-il.
La vie par (pro)curation
Dans cet élan mêlant libération de la parole et émotions, une autre tendance attise la curiosité des lecteurs : celle de la curation de messages intimes. Surfant sur le flot de nos échanges instantanés, quelques preuves d’amour subsistent sous la forme de SMS et de captures d’écran soigneusement compilés. Véritable ode à la sensibilité, Amours Solitaires est sûrement le compte référent du registre et collectionne les déclarations d’amour (textuelles) de centaines d’anonymes. Forte de ce premier succès, Morgane Ortin a même lancé Amours Familières, « testament de la famille moderne » et compte dédié aux échanges familiaux 2.0.
D’autres encore, c’est le cas de Bam la Rencontre ou d’Ivresse Jetable, vont jusqu’à documenter la vie de leurs contemporains « in real life ». Entendus ça-et-là, citations et fragments de vie sont retranscrits en ligne et se dégustent à coups de scroll.
L’écriture n’est pas morte, elle a changé de peau
Quand on dit qu’une image vaut mille mots, l’inverse peut être aussi vrai, en particulier sur Instagram. « Le fait d’écrire ou de lire permet de prendre un temps de pause, d’évacuer le trop-plein, commente Benjamin Isidore Juveneton. Pour moi, l’écriture est une illustration sans image ».
Invoquant une inquiétude plus mélancolique lors d’une interview avec les Inrocks, Morgane Ortin met le doigt sur un sentiment inhérent à notre époque numérique. « J’ai toujours rangé mes lettres d’amour dans des boîtes, à l’heure du 2.0 ce n’est pas possible. Si le Cloud explose demain, si on me vole mon téléphone, où vont aller tous ces messages qui comptent énormément pour moi ? (…) Amours Solitaires est né d’une volonté de proposer un geste de sauvegarde et de pouvoir offrir l’opportunité de ne jamais oublier les mots qui ont compté ».
Mais comme toute tendance sur Instagram, la quantité et le copier-coller finissent par altérer l’originalité des bonnes idées. « Lorsque j’ai commencé à écrire pour la plateforme, il n’y avait personne. Aujourd’hui, les "comptes à phrases" se sont multipliés, se désole Benjamin. Je trouve qu’on tombe dans les travers de la facilité. Il faut sans cesse se renouveler, changer de repère et surtout, trouver de nouvelles idées ».
Le site Astronaut.io diffuse ces vidéos sans vues avec en toile de fond des images de l’espace. Capture d'écran
« Sur Internet, tout est très balisé »
Outre ces projets collaboratifs, plusieurs sites proposent de se perdre hors des sentiers algorithmiques. Default Filename TV, YouHole.tv, Underviewed… La palme de l’expérience métaphysique revient néanmoins à Astronaut.io, créé en 2017 par Andrew Wang et James Thompson, qui fait défiler ces vidéos sur le Clair de lune de Claude Debussy. Féerique.
Il y a aussi un projet français, Petit Tube, créé en 2011 par un artiste numérique de 33 ans, Yann « Morusque » van der Cruyssen. Il fonctionne « en cherchant des suites de lettres au hasard, avec quelques contraintes : que ce ne soit pas trop long, pas trop récent, et qu’il n’y ait pas trop de vues. Comme lorsque je vais dans une ville que je ne connais pas », explique-t-il au Monde.
« Je préfère marcher au hasard dans les rues plutôt que d’aller voir le bâtiment qu’on me dit d’aller voir. Sur Internet, tout est très balisé. [Le système de recommandation] a vraiment changé, c’est désormais plus racoleur, ça redirige vers des contenus qui font des millions de vues. »
Et regarder ces vidéos tend, justement, à lutter contre ce chemin fléché par les algorithmes de recommandation. Visionner arbitrairement permet, privilège rare, de déboussoler les systèmes de traque automatisés. Voire d’éclater la bulle de filtres dans laquelle YouTube et les autres plates-formes calfeutrent les internautes.
Anti-influenceurs
Reliques de l’Internet pré-Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) où YouTube n’était que la solution la plus pratique pour diffuser ses vidéos à ses proches, les créations du Web solitaire, qui ne cherchent pas à maximiser leurs viralités, en deviennent presque subversives. Pourtant, ils sont des millions d’« anti-influenceurs » à le faire chaque jour, parfois à l’extrême : le 22 juillet, le magazine The Outlinerencontraît Monsieur Niiyama, un Japonais de 52 ans auteur de 20 000 vidéos de chats – soit six vidéos par jour, pendant huit ans – sans aucune autre ambition que « d’observer la vie d’un chat ».
Ironiquement, depuis son exposition médiatique, la fréquentation de sa chaîne YouTube a explosé, passant de 200 à 12 000 abonnés. Des chiffres qui rendent sa chaîne éligible au Programme Partenaire YouTube, cénacle des créateurs rémunérés – le droit d’entrée est désormais d’au moins 1 000 abonnés et quatre mille heures de visionnage dans les douze derniers mois. Sourd aux sirènes du profit, Monsieur Niiyama n’a rien changé à ses vidéos de chats, garanties sans publicité.
Chaque minute, cinq cents heures d’images sont déversées sur la plate-forme. Seule une minuscule portion d’entre elles connaîtra la gloire. Mais parmi celles-ci, certaines sont issues de ce Web invisible et sont devenues, malgré elles, d’immenses succès. Chocolate Rain, « Charlie Bit My Finger », Jonathan… Avant de devenir de lucratifs monuments de la culture Internet, tous ont été, un court moment, des vidéos d’une banalité totale.