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Une demi-douzaine d’écrans géants publics du Japon diffuse en direct les dernières annonces liées à la série de jeux vidéo Persona. Un dispositif communicationnel digne des délires égocentriques du héros de Death Note. Alors que le flux est également disponible sur internet, les fans japonais se massent à l’extérieur, vivent ensemble ces annonces, les yeux pointés vers le haut, attendant la bonne parole. En quarante-cinq minutes, pas moins de quatre jeux seront annoncés, dont le très attendu nouvel épisode de la série : Persona 5. Mais pourquoi un tel engouement ? Comment la licence Persona, confidentielle encore en 2006, est devenue l’une des plus grandes licences transmédia du Japon ?
À l’origine était Megami Tensei, série éditée et développée par Atlus depuis 1987 sur les consoles de Nintendo, puis Sony. Il y est question d’écumer d’interminables donjons pour combattre des démons puis en prendre possession pour les faire combattre à sa place. En ce sens, il s’agit de la version satanique et ultra mature de Pokemon. La série continue encore de nos jours, puisque Shin Megami Tensei IV vient de débouler sur Nintendo 3DS.
Mais entre-temps, et comme toute licence un tant soit peu pérenne et juteuse, Megami Tensei s’est dédoublée en plusieurs spin-offs. Parmi les rejetons, une nouvelle série, Shin Megami Tensei : Persona, qui deviendra à terme Persona tout court. Si les deux premiers épisodes sur PlayStation One restent obscurs car toujours aussi sombres et complexes à comprendre et à prendre en main, le plus accessible, Persona 3, explose la baraque, crée un nouveau genre, une nouvelle saga. Le jeu se retrouve réédité avec un contenu additionnel sur PlayStation 2, puis dans un remake PlayStation Portable avant de poursuivre cette année sa carrière au cinéma. Entre-temps est sorti Persona 4, lequel s’est vu décliner en remake PlayStation Vita, en jeu de baston, en manga ou encore en série TV.
De l’amour dans un vieux pot
« Trente ans après Akira, les névroses de la jeunesse sont encore présentes, et la pop culture japonaise continue à proposer des exutoires à ces angoisses. »
L’étonnant succès de la saga Persona est lié tant à sa forme qu’à son fond. D’un point de vue vidéoludique, la série est un amalgame de trois des genres les plus populaires au Japon : le jeu de rôle au tour par tour à l’ancienne façon Final Fantasy, la simulation de drague et donc Pokemon. On y contrôle un lycéen (ou une lycéenne sur version PlayStation Portable) moderne qui se retrouve propulsé, lui et ses amis, dans le monde secret des Shadows, où l’on affronte des monstres à grand renfort de Personas, ces manifestations de leur surmoi. Les combats s’effectuent au tour par tour par un système d’invocation (on peut maîtriser plusieurs centaines de Personas aux statistiques diverses et variées) et de pierre-feuille-ciseau (le feu bat la glace qui bat la foudre qui bat la pierre, etc.).
Un arc narratif vient lier tout ça : de sauver le monde dans Persona 3 à une simple histoire de tueur en série dans Persona 4. Pour devenir plus fort, il faut à la fois engranger de l’expérience en combat mais aussi fortifier ses amitiés. La moitié du jeu est consacrée à ces liens sociaux, que l’on consolide en passant du temps avec les êtres qui nous sont chers. Les personnages vont à l’école, partent en vacances, s’ennuient le week-end. Lors de ces moments de répit, le jeu nous laisse libre d’aller converser avec nos amis. Plus l’on découvre et l’on s’attache aux personnages secondaires, et plus l’on devient fort. S’intéresser aux autres, écouter leurs problèmes, leur venir en aide, tout cela fortifie au final. Leçon de vie érigée en jeu vidéo.
Accepter nos zones d’ombre
Car là est la force de Persona, celle de parler de thèmes profonds dans un habillage d’écolières archétypales et de monstres géants. Le thème de Persona 3 est l’acceptation de la mort, un sujet extrême, particulièrement dans un titre destiné aux adolescents. Tous les héros du jeu sont d’une façon ou d’une autre orphelins de quelque chose, aux prises avec le deuil ou angoissés par leur propre mortalité. L’un des personnages secondaires du jeu est un malade en phase terminale, disponible uniquement le dimanche, son seul jour de sortie de l’hôpital. Lui qui ne voyait plus l’intérêt de vivre voit dans son amitié avec le personnage principal une nouvelle raison de profiter du temps qui lui reste, au lieu de le voir comme un compte à rebours. Une micro-histoire poignante parmi tant d’autres, qui marquera chaque joueur jusqu’au dénouement de l’aventure.
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Boîte noire
- Premier teaser de Persona 5 ;
- bande-annonce du film Persona 3.