
De l’odeur de l’argent voulue par Sophie Calle à celle du vide souhaitée par Dane Mitchell, des murs en purée de carottes signés Michel Blazy aux dessins olfactifs de Julie C. Fortier, des « Osmoboxes » d’Eduardo Kac aux installations odorantes d’Ernesto Neto, les fragrances se répandent dans les lieux d’art contemporain. Respirer l’art, renifler une œuvre, avoir le droit de mettre son nez partout sans se soucier des conventions, voici ce qu’une poignée d’artistes proposent aujourd’hui. Grâce à ce sens en prise directe avec nos émotions et nos souvenirs, les créateurs poursuivent une réflexion sur le quotidien et le réel, mais aussi tentent une approche synesthésique de la création. Dans tous les cas, ils élargissent leur périmètre de recherche et d’intervention. C’est tout un nouveau monde qui s’offre à eux et à nous. En mars dernier ArtsHebdoMédias publiait son opus pour tablettes numériques dédié à l’olfaction dans les arts plastiques. Le réalisateur québécois Kim Nguyen, multiprimé pour ses fictions, a pour sa part articulé son premier film documentaire, L’odorat (2014), non sans un certain sens de l’humour et de la dramaturgie, autour du rôle primordial de l’olfaction dans les plaisirs gustatifs, la stimulation amoureuse et le cheminement mémoriel. Et puisqu’on ne perd rien pour avoir attendu sa sortie officielle en France, le 10 février 2016, le film – somme toute un peu plus rigoureux que le « cultissime » Polyester de John Waters –, se jouera en odorama, dès son avant-première, ce dimanche 7 janvier à 13 h au Publicis Cinéma sur les Champs-Elysées. Programmée dans le cadre des « Dimanches de la Connaissance », la séance sera suivie de l’intervention du chef et compositeur d’épices, Olivier Roelinger – l’un des onze protagonistes du film – et d’une conférence de Roland Salesse – ingénieur agronome et chercheur en neurobiologie olfactive à l’Inra –, l’un des interlocuteurs de cet article. Si vous aussi, vous souhaitez capter l’odeur du vent du Nord-Ouest, observer l’énergie dégagée par la communication amoureuse des fleurs ou ressentir l’odeur de votre propre cerveau, rendez-vous ce week-end au cinéma.