Lien vers le documentaire : http://ecocidechangeroudisparaitre.com/
De nouveaux éléments ont été ajoutés à cette note le 8 mars suite à la guerre en Ukraine ICI
L'objet de cette note de réflexion qui croise les regards est de nourrir le concept de prédation avec les recherches sur les rapports de prédation dans divers champs d'application comme l'habitat, l'économie, le droit...
En effet, prendre conscience des rapports de prédation entre les humains et la nature est nécessaire à la prochaine évolution des comportements durable et coordonnée. Face à la nécessité de concilier l'économique, le social et l'environnemental, face aux enjeux écologiques, face à l'impératif de vivre ensemble ...nous inciter à changer notre rapport à soi, aux autres et la nature, voilà ce qui m'anime !
Les rapports de prédation posent des enjeux de co existence des humains avec les autres êtres vivants au sein d'un même territoire aux ressources partagées.
« La sixième extinction est en cours. Elle est causée par l’humain et elle est extrêmement rapide, des milliers d’espèces disparaissant chaque année. Enki Bilal pense que l’Homme est l’accident le plus tragique qui ne soit jamais arrivé à notre planète Terre. La destruction écologique semble inévitable et, avec elle, c’est l’extinction de notre espèce qui est en jeu à brève échéance. ici
Il faut changer notre rapport au monde. C’est cela, l’hominisation : une prise de conscience permanente. Comme le rappelait Michel Serres : « L’hominisation, cela commence maintenant et cela ne s’arrête jamais » (ici). L'hominescence est un processus qui, par des écarts répétés, renouvelle l'hominisation. En s'exerçant, l'humain construit chaque fois une nouvelle maison sur un nouvel équilibre. Il habite le monde autrement. Il évolue.
L’Humain a tendance à oublier que la Nature n’est pas un simple environnement, et qu’il dépend au quotidien de ce qu’elle est. D'autant plus que nous humains, nous coévoluons avec l’ensemble des organismes d'après Pascal Picq notamment les micro-organismes qui nous entourent (ici).
Pourtant, l’interdépendance de tous les systèmes de la Planète signifie que la survie des uns dépend de celle des autres et réciproquement », assène Olivier Barrière, chercheur IRD à l’UMR ESPACE-DEV spécialisé en anthropologie juridique de l’environnement. Face à la dégradation des écosystèmes entraînant perte de biodiversité et d’habitats, il propose – au nom de toute une équipe - un nouveau concept, la « coviabilité socio-écologique » (ici)
Mais notre rapport de prédation freine de nouvelles possibilités d'évolution des comportements durables et coordonnées.
Pour Vigne : « La verticalisation de l’image mentale du monde aurait amené les hommes à concevoir l’idée de dominer les plantes et les animaux, au point de domestiquer ces derniers pour disposer de sources de nourriture mieux contrôlables ».
Murray Bookchin est l’un des pionniers de l’écologie sociale. Pour cet autodidacte américain, l’exploitation de la nature découle directement des rapports de domination au sein des sociétés humaines. Bookchin met l’accent sur l’évolution d’éco-communautés et sur la coopération multispécifique, afin de cesser d’opposer le monde vivant au monde non vivant.
La prise en compte de l'environnement comme facteur influençant le comportement des humains est primordiale. Le stress sur les ressources au sens large est un élément décisif du rapport de prédation.
Le modèle établi par T. Homer-Dixon décrit la façon dont le stress environnemental conduit à un climat d’insécurité et d’instabilité au sein de la société. Celle-ci entre alors en compétition pour les ressources concernées, ce qui peut aboutir à de violents conflits. La thèse développée par T. Homer-Dixon contient des parallèles avec les théories économiques de marché (ici)
C’est ainsi que des conflits déclenchés par la compétition sur des ressources environnementales peuvent se manifester et apparaître sous la forme de conflits ethniques, ou de conflits entre classes sociales. Un stress environnemental brutal peut donc devenir, sous certaines conditions sociales, un catalyseur creusant une segmentation sociale existante et intensifiant la compétition et les conflits entre les différents groupes d'après Jean Clement Martin, historien français.
Les dimensions environnementales, sociales, politiques et économiques, sont à prendre en compte. Leur corrélation est nécessaire pour donner une explication complète des situations conflictuelles liées à l’environnement. Le vivre ensemble entre êtres vivants (et non vivants) comme entre êtres humains étant un enjeu politique au sens de la gestion de l'habitat partagé. "Chaque composante de la communauté de la Terre dispose de trois droits : le droit à l’existence, le droit à l’habitat, et le droit de remplir son rôle dans les processus sans cesse renouvelés de la communauté de la Terre". Thomas Berry, prêtre catholique passioniste américain, théologien, écologiste.
Ce « vivre ensemble » qui s’appuie sur une reconnaissance de l'appartenance de l'homme au vivant et de la dépendance de l’Homme aux autres composantes du vivant serait une voie à explorer permettant de changer notre rapport à soi, aux autres et à la nature.
Le philosophe du vivant contemporain Baptiste Morizot établit dans Manières d’être vivant un lien entre notre rapport à nous-même, en tant qu’individu, et notre rapport aux autres vivants, humains comme non-humains. Maxime Caron, Anthropocène, Philosophie, Education "Dépasser les rapports de prédation dans les relations humaines pour permettre une coopération véritable à l'ère de l'anthropocène", partage avec nous que l'intuition de Baptiste Morizot est qu’il existerait un parallélisme entre le rapport de domination, que l’on exerce tantôt sur autrui, et parfois justifiés de différentes façons et notre rapport à nous-même. Se retrouver maître et possesseur de la nature, c’est en un sens se retrouver également maître et possesseur de soi, de son comportement. C’est une sorte de maîtrise et de contrôle paradoxalement déchainé où l’on tente de réduire le vivant à ce que l’on veut en faire (ici).
C'est pour atteindre cet idéal que nous devons prendre conscience des rapports de prédation que nous entretenons pour mieux vivre ensemble sur terre #noussommesvivants