Je vous invite à écouter l’épisode 2 de CLAP. Carbone Odyssée m’a interrogé sur le lien entre le facteur humain et les enjeux écologiques en mars dernier. Disponible sur Spotify https://lnkd.in/eEJ_uAFV 👉 Ce qui m’a amené à l’écologie 👉 Définition du facteur humain 👉 Les nouveaux comportements adoptés 👉 Les 5 étapes du changement de comportement 👉 Les imaginaires comme levier de changement collectif. 👋Vers une nouvelle approche de l’écologie « positive » #regeneration En savoir plus sur nous sommes vivants https://lnkd.in/edSe7YXQ
Le « facteur humain » comme contribution humaine à la croissance économique
La notion de facteur humain est apparue dans les années 50, lorsque les économistes ont cherché à mesurer la contribution humaine au développement économique en posant la notion de capital humain. Ainsi Robert Solow introduit un troisième facteur de production de richesse après le facteur travail et le facteur capital : le « résidu » ou « facteur résiduel » déterminé par le progrès technique, les connaissances scientifiques, la capacité créative des hommes…autant d’éléments « exogènes » qui améliorent l’efficacité des facteurs de production.
Ce « facteur résiduel » identifié par Robert Solow que l’on peut aussi nommer » «facteur humain» désigne la part de la croissance économique qui n’est pas expliquée par l’accroissement des facteurs de production que sont le facteur capital et le facteur travail. Il est calculé sous forme de “productivité globale des facteurs” (ou PGF) dans la formule de Cobb-Douglas. Mais le facteur humain sera progressivement réduit a un simple facteur technique alors que les connaissances scientifiques, la capacité créative des hommes s’avèrent plus difficiles à mesurer et pas correctement corrélées aux performances des entreprises ou des pays en matière d’innovation. La mesure des gains de productivité va donc se concentrer sur le progrès technologique permettant l’automatisation du travail via de nouvelles machines ou sur une meilleur organisation du travail au sein des unités.
Pour les autres sciences humaines, l’homme peut être objet de recherches et de mesure, mais l’analyse de ces disciplines porte sur l’analyse de son comportement individuel ou social, et non sur sa fonction de producteur de richesses. En 1965, J. Berque élabore un programme de recherches sur le rôle du facteur humain dans le développement dans lequel le rôle du facteur humain est abordé tour à tour sous ses aspects spécifiques : décolonisation, croissance économique, développement, éducation, expression esthétique, repersonnalisation, et d’une façon globale, sous l’angle de la prise de conscience d’une « humanité en tant que tout ». “Le rôle du facteur humain dans le développement des pays nouvellement indépendants”J. Berque
L’éducation est donc un levier du développement économique en faisant progresser le niveau de compétence des travailleurs et en permettant le progrès social. Si le temps moyen que chaque personne consacre à l’éducation augmente d’un an, le produit économique du pays par habitant devrait augmenter sur le long terme, dans une fourchette comprise entre 4 à 6 % ». Données de l’OCDE
Le « facteur humain » comme comportement des hommes au travail au sein d’une entreprise.
Par la suite, les ergonomes vont mieux adapter les conditions et moyens de travail aux capacités de l’employé alors que “facteur humain” est devenue l’expression par laquelle les spécialistes de la sécurité des personnes et de la sûreté des installations désignent le comportement des hommes au travail.
Les recherches en ergonomie du travail menées aux États-Unis par la Human Factors and Ergonomics Society vont remettre l’accent sur le facteur humain au sein du système Homme × Tâche × Machine × Situation. Priorité au facteur humain Alain Lancry
Le facteur humain est fréquemment invoqué dans l’analyse des catastrophes industrielles, des accidents du travail et dans les procès ou les commissions d’enquête. On lui associe l’idée de faute, Christophe Dejours “Le Facteur humain”.
Cette conception négative de l’intervention humaine repose sur une confiance sans faille dans les sciences humaines objectivement quantifiables avec exactitude comme l’économie et sur une méconnaissance des autres sciences humaines plus explicatives des comportements et mais inefficace à intégrer dans des trajectoires économiques, sociales, climatiques. Même si il est vrai que l’erreur humaine est souvent cause d’accidents (neuf accidents automobiles sur 10 auraient une cause humaine source).
Le facteur humain comme “contribution (négative) de l’humain à un évènement”
Dans ce cadre de pensée, le facteur humain est appréhendé comme “la défaillance coupable liée à l’inconstance de l’être humain”. Comme posé parThierry PORTALdans Crises et facteur humain.
Prendre en compte la dimension spécifiquement humaine des phénomènes de crise, c’est poser le facteur humain comme “la contribution de l’humain à un évènement”. L’attention est portée sur la maîtrise de l’événement dont l’occurence est a éviter, en se concentrant sur pourquoi il est si difficile d’engager des efforts efficaces sur le plan de la prévention des risques pour circonscrire leur occurrence.
Par exemple en constatant que le comportement humain (en tant qu’acteur et décideur, chacun à son échelle) constitue aujourd’hui LE facteur limitant d’une transition réussie vers un développement durable, équitable et désirable.
Ainsi, l’Anthropocène se caractérise par l’avènement des humains comme principale force de changement sur Terre. Dans une lettre à Schiller, Alexandre de Humboldt définissait l’objet de sa recherche comme l’étude de « l’habitabilité progressive de la surface du globe », qu’il entendait comme la façon dont les humains avaient peu à peu transformé leurs environnements pour les plier à leurs usages et former des écosystèmes au sein desquels ils étaient devenus des forces décisives. Humain, trop humain ? Philippe Descola
Pourtant, si on en croit les historiens un être humain peut faire basculer l’Histoire, du mauvais côté, lorsqu’il détourne son regard des enjeux majeurs (ce qu’appelle Hubert Reeves, le putain de facteur humain) mais aussi du bon côté, lorsque qu’il reconnaît ce qui est précieux et se confronte aux enjeux humains et terrestres.
William Schutz, auteur de The Human Element, était convaincu que le potentiel humain inexploité peut être à l’origine d’accomplissements potentiels extraordinaires et que la compréhension par chacun du facteur humain est le socle de la réussite partout où les humains travaillent réfléchissent et font progresser des idées communes.
Le facteur humain comme “mécanismes psychologiques du changement de comportement”
Justement en psychologie, le facteur humain concerne “les mécanismes qui existent entre ce qui est perçu par l’humain et les réactions conscientes ou inconscientes qui en découlent”. Or 90 % de notre activité est inconsciente et moins de 300 millisecondes sont nécessaires pour prendre une décision. Tel est le constat que tirent Francesca d’Amicis, Petra Höfer et Freddie Röckenhaus ici Ce qui permet de mieux comprendre les phénomène de déni liés à la difficulté de maintenir son attention dans le temps.
Il nous reste à faire le pari de l’humain, humain et donc imprévisible. Le psychologue Daniel Kahnemann a montré que les humains n’agissaient souvent pas de façon rationnelle et étaient victimes de biais cognitifs. Selon Antonio Damasio, nos actions sont la plupart du temps guidées par nos émotions, nos choix seraient “instinctifs”.
Faire le pari de l’humain à un moment qui demande de fortes capacités d’adaptation. Or l’humain est capable de logique disruptive et d’astuces (la Mètis chère à Ulysse et à Aristote). Pour le dire autrement, à partir du moment où on accepte que la valeur spécifique de l’homme ne se trouve pas dans le respect d’un protocole mais justement dans sa capacité à sortir des sentiers battus que ce soit en brisant les règles et la logique (disruption) ou au contraire en cherchant des raccourcis (Mètis) nous assistons à l’émergence d’une tout autre vision de l’humain et de l’homme au travail. (Dejours, 2018)
D’après Patrick Viveret, il y a une vraie marge de progression pour l’humanité qui est sa propre humanisation. Un champ immense de l’ordre de la conscience s’ouvre devant elle. Une conscience qui n’est pas simplement une conscience mentale, mais aussi une conscience sensible, émotionnelle.
Faire la pédagogie des “mécanismes psychologiques du changement de comportements” #facteurhumain
Humans Matter, le GIECO et Nous Sommes Vivants ont ainsi crée la fresque du facteur humain à la suite de l’université du facteur humain de fin aout 2021 (ici) en publiant un design paper et en proposant de signer le manifeste du facteur humain.
S’il y a bien un domaine où la connaissance est plus particulièrement nécessaire, c’est bien celui de notre propre fonctionnement selonJacques Fradin du GIECO L’apprentissage collectif, un levier à explorer.
Pour que l’Humain exprime son potentiel, il doit apprendre à se faire confiance, à croire en ses capacités plutôt qu’à se laisser guider par ses automatismes, il doit ainsi apprendre à reconquérir son attention, à clarifier ses intentions et à se reconcentrer sur ce qui compte pour lui et sur ce qui fait sa force : son environnement. En d’autres termes, l’Humain doit devenir un facteur positif pour lui-même et pour ce qui l’entoure. Alexandre Beaussier de Humans Matter.
Pour Jérémy Dumont de Nous sommes vivants, mobiliser les parties prenantes de l’entreprise sur les enjeux du développement durable passe par un changement de relation à soi, aux autres et au vivant. Chez Socrate, la philosophie ne désignait pas l’acquisition d’un savoir, mais une manière de s’interroger, de se mettre en question, une forme de souci de soi dans sa relation aux autres. Revenons au “connais toi toi même” de Socrate.
La fresque du facteur humain #facteurhumain
La fresque du facteur humain apporte un éclairage sur ce qui est en jeu dans l’évolution de nos comportements face aux transitions en cours. En particulier les biais cognitifs ainsi que les émotions. Elle permet de croiser les perceptions et créer une représentation collective des facteurs de changement / non changement de comportement, souvent inconscients, qui agissent sur nous.
2 scientifiques du comportement, Prochaska et Di Clemente ont théorisé une méthode d'accompagnement au changement en 5 étapes inspirée de leur compréhension des comportements addictifs.
1. Pré-contemplation : Le patient ne pense pas avoir de problèmes avec sa consommation. Il n’envisage pas de changer de comportement, dont il ressent essentiellement les bénéfices.
2. Contemplation : À ce stade commence à se manifester l’ambivalence. Le patient envisage un changement de comportement, mais il hésite à renoncer aux bénéfices de la situation actuelle. On parle alors de balance décisionnelle, qui amène à comparer les pour et les contre d’un changement avec ceux de son comportement actuel.
3. Préparation/détermination : À ce stade, le patient se sent prêt à démarrer la phase d’action dans un futur proche ; il détermine des décisions et commence à les mettre en place dans le temps.
4. Action : Le changement est engagé vers des modifications de son style de vie. Les difficultés sont importantes.
5. Maintien : À cette phase de consolidation, il convient de rester prudent car les tentations sont nombreuses de retourner au comportement problématique.
(Rechute) La rechute est possible et fait partie du processus normal de changement.
Assister à une session découverte #noussommesvivants : - Le 26 Janvier 2023 17h30-20h30 - A DISTANCE - Le 27 Janvier 2023 17h30-20h30 - A PARIS Maison de la conversation - Le 1 Mars 2023, 18h -21h - A PARIS (les halles) Inscriptions : https://lnkd.in/euHZxBNp
Nous ne pouvons que constater notre inertie individuelle et collective devant la situation environnementale actuelle. Inaction du gouvernement. Inaction collective. Le GIEC parle de « retombées cataclysmiques », et pourtant chacun continue de vivre comme si de rien n'était. Dans un “Triangle de l'inaction”, véritable situation de blocage collectif où chacun pointe du doigt les responsabilités des autres.... personne ne fait les efforts nécessaire pour changer de comportements, pour changer de système !
Bien sûr les comportements des Français ont déjà sensiblement évolué mais le premier geste reste la pratique du recyclage menée par moins d'un Français sur deux (étude IPSOS pour l’université du facteur humain / nous sommes vivants). Bien sûr, institutions et entreprises doivent accompagner les changement et proposer des alternatives. Et n'oublions pas que les s eco gestes ne contribuent qu'a hauteur de 25% aux efforts climat d'après l'étude Carbone4. En réalité, le combat ne pourra être gagné que s’il est mené sur tous les fronts. Et l'entraide et la collaboration apparaissent comme des comportements à favoriser alors que la compétition reste la norme. Pourquoi vouloir « être à l’avant dans un avion qui va droit vers le crash » comme le suggère Orelsan dans sa dernière chanson « L’odeur de l’essence » ?
Alors, comment se fait-il que nous soyons à la fois conscients des enjeux écologiques et souvent incapables d’agir ? Comment changer cet état d’impuissance et retrouver le moteur de notre action ? Et si la solution était en chacun de nous ? Et consistait à mieux comprendre notre fonctionnement ? Orelsan cite les clichés et bias cognitifs qui influent sur nos décisions mais aussi les émotions.
"Nourris aux jugements, nourris aux clichés Alors qu'on sait même pas s'nourrir, on s'bousille On sait pas gérer nos émotions donc on les cache Sait pas gérer nos relations donc on les gâche Assume pas c'qu'on est donc on est lâches On s'pardonne jamais dans un monde où rien s'efface On s'crache les uns sur les autres, on sait pas vivre ensemble On s'bat pour être à l'avant dans un avion qui va droit vers le crash
Mais quel est le point de vue des scientifiques du comportement ?
Il existe aujourd’hui plusieurs définitions du comportement. Parmi celles-ci, N. Sillamy (1993) indique que le comportement humain correspond aux « réactions d’un individu, considéré dans un milieu et dans une unité de temps donnée à une excitation ou un ensemble de stimulation ». K. Lewin (1936), quant à lui, définissait le comportement de façon encore plus générale avec : C = f (P,E). Le comportement C dépend ainsi à la fois de la personne P et de son environnement E, et non pas uniquement de l’un ou de l’autre de ces paramètres. Cette formalisation permet de prendre en compte l’environnement au sens large du terme (environnement physique, social, spatial, temporel) et les caractéristiques des individus (résistance physique, culture, expérience) comme paramètres conditionnant les réactions des populations humaines.
Lors d’une catastrophe, les réactions humaines ont pour finalité de faire face à une situation exceptionnelle par des comportements différents de ceux du quotidien. Lorsqu’un danger est annoncé (ex. ouragans) mais que la distance temporelle entre sa manifestation et son annonce est importante, les réactions humaines sont davantage réfléchies qu’instinctives. Les comportements instinctifs : ils sont traités par la zone reptilienne du cerveau qui gère les Etats d’Urgence de l’Instinct (Laborit, 1994). Ils regroupent les comportements de fuite instinctive et de panique, de sidération, de lutte instinctive mais aussi les comportements d’automate (Vermeiren, 2007). Les comportements acquis et intelligents : ils sont gérés par le cortex préfrontal (George et Gamond, 2011) afin d’adapter, de façon réfléchie et non plus instinctive, les réactions à la perturbation. (source)
Figure 3 : Le cycle des réactions comportementales au regard des phases du risque et de la catastrophe
Qu’est-ce qui fait qu’on ne change pas dans les comportements au quotidien ?
Au quotidien, ce qui tend à freiner notre action, ce sont nos automatismes. Ces derniers ne demandent pas d’effort, n’exigent pas de réflexion de notre part, nous permettant ainsi de nous concentrer sur d’autres choses. Ils ont donc du bon et sont d’ailleurs indispensables, car si nous étions sans cesse en position de mise à distance de nos habitudes déjà contractées ou de chaque décision que nous prenons, cela entraînerait des temps de réaction augmentés, mais aussi une dépense énergétique forte, et de la fatigue mentale. C’est pourquoi nos manières d’être sont majoritairement ancrées dans des automatismes, des schémas spontanés.
Ainsi, se détacher de ses automatismes identifiés comme délétères au profit de nouveaux comportements demande un réel effort, car la simple volonté de l’individu ne suffit pas pour changer. Or, l’effort n’est pas une manière d’être spontanée : il est plus confortable de l’éviter afin d’économiser de l’énergie corporelle et cérébrale. Et c’est en effet l’une des caractéristiques de notre cerveau que de chercher à dépenser le moins d’énergie possible, en évaluant constamment le coût d’une action en fonction de la récompense, du bénéfice escomptés. Et si le bénéfice est jugé trop faible et la récompense trop lointaine, peu de chance que le cerveau s’engage dans le changement.
Comment expliquer que la nécessité écologique n’agisse pas sur nous comme une contrainte ?
Avons-nous peur de ne pas être à la hauteur des transformations à venir ? L’inertie serait-elle le résultat d’une résignation acquise, c’est-à-dire du sentiment de n’avoir aucun pouvoir sur une situation ? (Lire l’article « L’impuissance acquise, envers de la motivation » de Stéphanie de Chalvron) La nécessité de changer pourrait être empêchée par cette impuissance acquise qui annihile toute motivation, et donc toute action.
Deci et Ryan (1985) considéreront les situations, dites d’amotivation, dans lesquelles l’individu n’établit aucune relation entre ses comportements et les résultats qu’il obtient. Il suppose, alors, que ses comportements résultent de facteurs indépendants de sa volonté. L’individu n’est pas motivé et se trouve dans un état de résignation. Blais, Briere, Lachance, Riddle et Vallerand (1993) distinguent deux formes d’amotivation (amotivation interne et externe). La motivation intrinsèque est plus plus puissante que la motivation extrinsèque (contraintes légales, incitations économiques). Elle entre en jeu lorsqu’une activité est réalisée pour le plaisir et la satisfaction qu’elle procure (ici)
La prise de décision serait alors influencée par nos biais cognitifs, et notamment par le biais du statu quo selon lequel nous avons tendance à nous réfugier dans l’état que nous connaissons plutôt que nous aventurer vers un état inconnu. Ce biais comportemental nous incite à résister au changement et à refuser la nouveauté. Dès lors, malgré la conscience des enjeux écologiques, nous pouvons considérer les actions à mener comme étant à la fois incertaines et comme présentant plus de risques que d’avantages, dans la mesure où il nous faut encore les expérimenter. Or, le biais du statu quo nous conduit à privilégier la connaissance déjà acquise sur l'expérience non encore réalisée.
Aussi, comment réussir à nous défaire de nos biais cognitifs pour réconcilier la prise de décision et le passage à l’action ? Si la seule décision consciente ne suffit pas à influencer durablement nos comportements, la contrainte ne peut non plus apparaître comme un moyen de passer à l’action. Car elle ne permet pas aux individus de se sentir acteurs du changement, ce qui ne peut par la suite transformer durablement les comportements. La décision doit donc être accompagnée, soutenue par une approche réflexive plus profonde, que permet la cognition.
Créer unis pour le climat pour mobiliser les citoyens a été une expérience intense jusqu'en mai 2019, date ou j'ai jugé que la mobilisation citoyenne n'était plus nécessaire, voire contre productive, et j'ai quitté unis pour le climat. La radicalisation du mouvement et le sentiment d'urgence commençaient a avoir un effet paralysant voire décourageant. Le moment est venu de communiquer à nouveau sur les solutions et encourager les acteurs du changement.
Unis pour le Climat à été crée au soir de la #marchepourleclimat du 8 septembre 2018 sur cette base : " Unis pour le climat oeuvre à engager une vraie transition écologique en France pour lutter contre le réchauffement climatique. Pour cela Unis pour le climat promeut la formation de la coalition la plus large possible entre citoyens, associations, partis politiques, entreprises, ... "
L'enjeu était de faire pression sur le gouvernement pour qu'il prenne des mesures permettant d'enclencher la transition écologique :
en réunissant les mouvements citoyens et associatifs sur l'organisation des marches climat
en maintenant le lien avec les partis poliques écolo compatibles et en tissant des liens avec les syndicats
et si possible en mobilisant les employés et les entreprises sur les enjeux climatiques
Ce qui était complexe à gérer c'est la multitude des mouvements.
Je suis très fier que les marcheurs pour le climat aient utilisé le Discord "unis pour le climat" pour coordonner leurs actions. https://www.wedemain.fr/Boycott-manif-mensuelle-quelles-suites-pour-la-Marche-pour-le-climat_a3592.html. Par la suite la plateforme en ligne de "lobbying citoyen", ilestencoretemps.fr a permit de mobiliser les citoyens en parallèle des réseaux associatifs. Le réseau Citoyens pour le climat qui s'est constitué s'est coordonné avec les autres mouvements au sein de l'inter orga réunissant l'ensemble des organisateurs dont les associations. Les échanges se sont déplacés sur télégram vers Fevrier 2019.
Je crois que nous avons contribué a la prise de consience des enjeux. Les résultats d'Europe Ecologie les verts aux européennes étant un signal fort.
Mes principales contributions au mouvement climat au sein d'unis pour le climat ont été :
J'ai été recruté comme directeur du planning stratégique d'un groupe de communication qui était à construire, surtout en terme de synergies internes. Mon rôle était de concevoir des plateformes de communication et faire travailler ensemble les talents des différentes agences pour les vendre et les délivrer.
R9, c'est une holding qui, en cinq ans, a racheté 85 agences de communication et marketing, pour employer au total près de 250 salariés. Le Vaisseau, le siège de R9, un bâtiment conçu par Jean Nouvel est le symbole de la grande ambition des dirigeants de R9, les frères Olivier et Xavier Baillet et Nicolas Bianciotto. Il s'agissait de construire une « Alliance » d’agences « post-digitales » aux compétences variées réunies autour de l'agence digitale d'origine des frères Baillets. La principale activité des fondateurs consistait à racheter des agences tout en leur laissant leur identité, leurs salariés, leurs clients, et à les réunir dans un même lieu afin qu’elles puissent facilement créer des synergies entre elles, sans pour autant constituer un groupe d’entreprises. Au fil des mois d'autres agances venaient renforcer l'offre et construire la proposition de valeur. Un besoin en fond de roulement de 3M d'euros les a précipité dans le gouffre au fil des années. Reste le désaroi des salariés et des clients. Reste les factures impayées. Mais aussi quelques bonnes idées...
La vision : le design d'expérience...
Le design n’a jamais été aussi présent dans les esprits, notamment avec le design thinking et plus largement à cause du besoin d'innover pour passer dans l'économie des services et ...de l'expérience.
La valeur économique est aujourd'hui liée à la personnalisation de l’offre, son absence engendre la banalisation avec comme conséquence une concurrence qui s’exerce principalement sur le critère prix. Tout est expérience : la mission sociale de l'entreprise, la création d'un service, le brand content de la marque sur mobile, les espaces de rencontre du magasin, le nouveau format de réunion, le logiciel de collaboration inter services...
L’expérience client est, par erreur, envisagée comme la somme de toutes les rencontres d’un client avec un produits et un service. En fait, l'expérience client résulte à la fois de la valeur perçue communiquée par la marque et de la qualité des moments vécus par le client / usager.
Une bonne façon d'aligner communication, marketing et media dans un parcours client fluide.
Le premier point crutial était de disposer et traiter les données des clients finaux. Heureusement il y a des agences marketing (dont des agences de e commerce) et une agence media dans le groupe. C'est une nouvelle façon de penser qu'il faut diffuser en interne : culture de l'objectif, de la mesure, et de l'amélioration rapide en fonction des résultats.
Le deuxième point important, le brand content. Produire à plusieures agences du contenu de marque pour les différents canaux, c'est un sacré changement à opérer. Ca passe par réunir les créatifs, les DA, les concepteurs rédacteurs dans un pool central. D'un point de vue pratique j'ai lancé un format de brief nouveau : un brief créatif unique pour le pool de créatifs et un brief sur les moyens de diffusion diffusé auprès de chaque agence.
Le dernier point, le point organisationnel a été complexe. Nous avons réunis les agences en pôles métiers en anticipant l'impact du digital et la marge de progression de chaque métier, décidé de monter des teams d'agences configurables sur mesure en fonction des enjeux des briefs clients et mis en place facebook at work pour que les collaborateurs puissent échanger et s'organiser en réseau de façon autonome.
Ce que j'ai apporté a été bénéfique :
2 millions de gain de budgets sur mes 2 ans
Les expériences NANA, Rugby Europe ont été des succès de l'agence (et des clients)
Les propositions Oscaro.com et Nouvelles Frontières ont mobilisé jusqu'a 10 agences du groupe, fières d'être en finale après avoir battu d'autres groupes
Je vous livre une partie de mes observations/convictions au terme d’une transformation personnelle et professionnelle qui m’a demandé du courage, qui est très imparfaite et qui n’est bien sûr qu’une étape vers …
Comme certain l’on peut être remarqué, tout a commencé il y a 2 ans quand j’ai décidé de tout changer dans ma vie à commencer par mon alimentation. Convaincu que la transition n’était pas que énergétique, qu’elle était urgemment écologique et qu’à terme elle rendrait possible un « bien vivre ensemble », j’ai rejoins Europe Ecologie Les Verts.
A ce moment là mon métier de directeur du planning stratégique en agence m’a semblé manquer de sens même si nous proposions aux marques des communication utiles, des services/produits à forte valeur ajoutée, du brand content expérientiel, une relation client sans couture….
J’ai eu envie de me concentrer sur l’innovation, pour imaginer les services/produits de demain, fort du constat que le plus difficile n’est pas de trouver les idées mais de les réaliser dans le cadre de l’entreprise…et que ca nécessite une vraie dynamique collective.
C’est pourquoi j’ai suivi le master « innovation et transformation » de Centrale. Ce master m’a permis de structurer mon approche de créativité, sensibilisé aux nouvelles méthodes de gestion de projet d’innovation et rendu adepte au management positif.
J’ai fais mes nouvelles armes à la Française des jeux comme responsable Open Innovation pour passer de la théorie à la pratique au fil de projets qui réunissent collaborateurs et starts ups sur des terrains d’expérimentation dans les bars tabacs ou sur le web/mobile.
J’ai ainsi observé que nombre d’entreprises et collaborateurs sont en train de vivre des changements radicaux. Et constaté que c’est possible de transformer les entreprises pour le meilleur....par l'innovation et le design.
L’enjeu de l’innovation n’est plus simplement d’être incrémentale ou de rupture.
Le social business n'est plus périphérique à l'activité économique, utilité sociale et activité économique sont intrinséquement liées.
Développer des produits et services positifs dans une entreprise à but commercial n’est plus systématiquement incompatible avec le progrès social et l’écologie. Et ce n'est plus "réservé" aux entreprises de l'économie sociale et solidaire, dont l'innovation est par contre "solidaire" (différents types d’entreprises peuvent contribuer à un objectif social). Ce qui est d'autant plus vrai désormais avec les entreprises à mission.
Ce qui a changé c’est que, pour la premiere fois, la responsabilité sociale et écologique n’est plus perçue comme “un frein” au developpement d'une entreprise commerciale, mais comme “une condition” de la croissance économique et financière, croissance qui doit avoir un impact positif sur les économies locales et l’environnement pour se maintenir.
L'innovation sociale permet d'intégrer toutes ces considérations dés la conception des produits / services, les process de production / distribution, l'organisation des équipes / partenaires.
Il est urgent de concevoir des expériences personnalisées qui donnent envie aux clients actuels ou futurs de faire appel aux marques pour mieux vivre leur vie.
La valeur économique est liée à la personnalisation de l’offre et c’est l’absence d’innovation, de renouvellement de l’offre, ou des offres de services sans personnalisation qui engendre la banalisation ayant comme conséquence, une concurrence qui s’exerce principalement sur le critère prix. « The Experience Economy » par Jean-Philippe Gold
« Un client n’achète jamais vraiment l’offre d’une entreprise, il achète un moyen d’arriver à ses fins », explique B.J. Pine. Il cherche donc une expérience.
La connaissance client doit maintenant permettre de saisir tous les éléments constitutifs d’une expérience : qui, quoi, pourquoi, comment, quand, avec qui…quelles émotions, quels projets, quel sens ? Plutôt que d’essayer de rendre exploitable le big data, c’est le design thinking qu’il faut adopter. Seul le designer qui observe les gens dans la vraie vie pour comprendre leur vécu et qui est dans l’échange permanent pour étoffer ses hypothèses de travail… parvient à développer des services utiles et les améliorer au fil du temps. Pourquoi ? Parce que les clients ont plus que jamais le choix, et qu’il n’y a pas de secrets, c’est en connaissant personnellement les gens qu’on leur donne envie de nous préférer.
Des tasks forces se mettent en mouvement dans les entreprises en marge des l’organigrammes pour délivrer les services qui séduiront les clients de demain grâce au brand content diffusé sur tous les touchs points des clients avec la marque. C’est pourquoi l’entreprise doit non seulement être centrée client mais aussi se réorganiser pour faire coopérer des talents cloisonnées par business units et par métiers, qui interviennent successivement sur les projets sans avoir une vision d’ensemble de l’expérience client à laquelle ils contribuent pourtant. Pourquoi ? Parce que les grandes entreprises ne peuvent pas fonctionner comme des starts up et que si les employés ont le choix ils préfèrerons travailler dans une vraie start up.
La transformation de l’entreprise passe par chacun de nous. A nous de jouer !
Dans l'entité Publicis dédiée à Carrefour, donner à chacun l'envie d'innover pour viser aussi bien l’excellence créative qu'opérationnelle en : • donnant les moyens à chaque talent de l’agence de s’épanouir dans un cadre de travail stimulant, • rayonnant sur le marché comme l’agence experte Retail de Publicis, • instaurant une relation de co-création et partenariat avec Carrefour, • adoptant une nouvelle culture d'agence qui fédère toutes les entités du Groupe Publicis (Conseil, Nurun, Marcel, Chemistry, Carré noir, Saatchi…)
Dèjà se tenir debout et marcher devant soi n'a pas été simple en 2016 et NUIT DEBOUT et EN MARCHE en sont deux manifestations. Mais en plus nous avons assisté à la démondialisation avec la crise de l'europe et les élections americaines, qui s'ajoute à la défiance envers toute personne qui prend le pouvoir sans nous donner le pouvoir. Il est maintenant clair que tout changement durable sera porté collectivement (ou n'aura pas lieu).
En 2017, j'ai pris le parti d'être pleinement moi même tout en continuant à m'améliorer. Mon chemin de compostelle de cet été fait plus que 1200 km on dirait, et je ne suis toujours pas arrivé à Saint Jacques de Compostelle. Mais sur ce chemin je continue de faire de belles rencontres et les expériences que je vis contribuent à me faire avancer dans la bonne direction.
Je souhaite qu'ensemble nous innovions en 2017 et que nos actions aient un impact positif sur la société. L'innovation c’est la rencontre d’un ensemble de publics autour de sujets précis parce que le perfectionnement continu des techniques ne se traduit pas toujours par une amélioration des conditions matérielles et morales de l’humanité.
Mon souhait le plus cher c’est de réussir à concevoir et à commercialiser des produits et des services qui ont une rééle valeur ajoutée pour les consommateurs, utilisateurs, mais aussi les citoyens … Des innovations qui non seulement exploitent le potentiel du digital pour les entreprises et leurs marques, mais des innovations qui ont aussi un impact positif sur la société.
J'aimerai aussi que l'entreprise soit un lieu d'épanouissement personnel et le cadre de réalisation des projets les plus ambitieux. Je peux témoigner que le digital apporte des changements complexes dans les entreprises et que ces changements ne sont pas seulement technologiques. Désormais, je veux être en mesure de gérer les impacts financiers, business, organisationnels et humains au sein de l’entreprise. Les impacts humains étant les plus complexes à gérer. C'est pour ca que j'explore les méthodes de management les plus positives et mobilisatrices. La aussi nous devons innover.
Oui, demain nous pouvons être plus heureux qu’aujourd’hui ! Et c’est collectivement que nous parviendrons à construire de grandes choses.
Bonne année à nous ! (ca dépend de nous)
Jérémy Dumont : Planneur stratégique, Instigateur de l'innovation positive & Facilitateur de la transformation collaborative