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"Le constat est là : l'urgence de la crise écologique, aussi alarmante soit-elle, ne vient pas à bout de nos habitudes de surconsommation. Il y a une raison à cela. Pour modifier nos comportements, il ne suffit pas de savoir où est le problème. Nous devons comprendre le fonctionnement de nos comportements.
Jacques Fradin, docteur en médecine et psychothérapeute, a fait de l'étude du comportement sa spécialité. En matière de médecine comme d’écologie, il est convaincu que le facteur humain est au cœur du basculement de nos modes de vie. Avec un collectif international de scientifiques, il a fondé en 2020 le GIECO (Groupe International d’Experts sur l’Evolution du Comportement) qui rassemble les connaissances qui pourront nous aider à changer.
Les fondateurs du GIEC disent qu’ils n’ont rien apporté, mais qu’ils ont mis à portée. Nous voulons reproduire cela : croiser les disciplines pour mettre les connaissances à la portée de tous. Seule une organisation planétaire peut le faire, parce que la performance scientifique nécessaire est colossale. L’OMS l’a fait sur le sujet de la santé. Le GIEC l’a fait sur le climat. À nous de le reproduire sur le comportement.
Il est vrai que le GIEC s’est déjà intéressé au facteur humain, en créant des groupes de travail avec des acteurs économico-technologues et sociologues. Mais les scientifiques du GIEC ont un regard extérieur de climatologues, et se contentent de décrire le facteur humain tel qu’il est aujourd’hui dans la société.
Au GIECO, nous considérons qu’il faut aller bien plus loin en faisant travailler toutes les disciplines – biologie du comportement, génétique du comportement, éthologie, anthropologie, neurosciences, neurosciences cognitives, neurosciences sociales, psychiatrie, psychologie, pédagogie, béhaviorisme etc. Nous nous intéressons à la genèse profonde des comportements pour identifier des leviers de changement majeurs.
La bonne nouvelle, c’est qu’aujourd’hui, la communauté scientifique l’a compris. Tous les scientifiques sont unanimes sur la direction à prendre – climatologues, épidémiologistes, sociologues, pédagogues… Lorsque nous avons écrit un manifeste en 2019 et l’avons envoyé à des milliers de scientifiques à travers le monde, nous avons eu un taux de retour très élevé : plus de mille scientifiques en quelques mois, sur 76 pays et 60 disciplines comportementales différentes.
Nous préparons deux types de rapport : de gros rapports de 3 000 pages, dont le premier est prévu pour fin 2023, mais aussi des livrables plus courts et opérationnels de 3 à 20 pages, écrits à quatre mains (un scientifique et un acteur de terrain). Un rapport sur le Covid-19 est déjà disponible sur notre site.
C’est pour cela nous devons trouver des financements. Le taux d’ouverture de nos campagnes d’e-mailing auprès des grands patrons est éblouissant. Pratiquement un patron sur deux ouvre les mails de façon récurrente. C’est hallucinant quand on sait que le taux moyen est de 5%. Et plus on monte dans la hiérarchie des entreprises, plus le taux monte. Les TPE sont 20% à ouvrir, les grandes entreprises sont 45%. Et cela augmente. Cette réceptivité nous a permis de constituer un groupe de travail solide avec des acteurs de l’économie".
Jacques Fradin, président du GIECO, le GIEC du comportement.