« Mission Régénération », le nouveau documentaire des Tickell, expose l’influence positive et sous-estimée des terres agricoles sur la viabilité du monde. La sortie en cinéma est prévue le 9 novembre : voici notre analyse critique. https://mrmondialisation.org/mission-regeneration-notre-avenir-est-dans-les-sols/
2ème volet ce cette note de réflexion "Pour être populaire l'écologie doit faire sa révolution culturelle en retrouvant ses fondamentaux. Le vivant est sur toutes les lèvres. #noussommesvivants "
Renouveler le récit sur la transition pour motiver
L'échec électoral de l'écologie politique au delà des classes aisées et des grandes villes est à attribuer à la difficulté des classes populaires à se saisir de l’écologie au quotidien. C'est en grande partie dû aux récits de la transition écologique : transition économique, décroissance, sobriété. Les Français retenant surtout ce qu'ils vont perdre dans les changements nécessaires et ne retenant pas les solutions pensées pour les accompagner dans ces transformations.
De leur point de vue, les freins majeurs aux changements de comportements sont de la responsabilité des entreprises : 34% des Français estiment que « des alternatives de consommation écologiques accessibles à tous sont le plus susceptibles de faire évoluer durablement les comportements. Ce qui est le plus susceptible de faire évoluer durablement les comportements humains c'est une meilleure connaissance de l’environnement et des enjeux climatiques (43%). En creusant leurs attentes en matière d'éducation, ils attendent surtout d’être accompagnés dans l'évolution de leurs comportements dans 6 domaines de la vie quotidienne. (Etude IPSOS pour nous sommes vivants).
Fin du monde et fin du mois apparaissent comme des sujets de préoccupation de deux groupes sociaux différents, sans lien. Ainsi 56% des Français sont préoccupations au sujet des hausses de températures et des catastrophes naturelles et 32% anticipent de façon négative les conséquences sur la vie quotidienne, en particulier l'alimentation, l’augmentation du coût de la vie (alimentation, assurances...) et l'obligation de changer ses habitudes. Mais ils ne sont que 14% à voir de lien entre la crise écologique et leur santé. (Etude IPSOS pour nous sommes vivants).
Les jeunes par exemple devraient pouvoir ressentir non seulement une efficacité personnelle (liée à l’action), mais également un pouvoir agir (qui est lié aux deux formes de libertés : de bien-être et d’opportunités ainsi que de processus et de réalisation). Si d'un coté 2/3 des jeunes de 18 à 30 ans (65%) se disent prêts à renoncer à postuler dans une entreprise qui ne prendrait pas suffisamment en compte les enjeux environnementaux (Harris interactive pour réveil écologique). De l'autre la transition écologique (en particulier les énergétique) va créer 1 million d'emplois en particulier dans les énergie renouvelables. Mais la France est en retard sur le déploiement des énergies renouvelables électriques. (baromètre Observ’ER - Ademe).
Dans l'étude The Lancet, plus de 50 % des jeunes du monde entier ont déclaré ressentir de la peur, de la tristesse, de l’anxiété, de la colère, un sentiment d’impuissance, et de la culpabilité face aux enjeux écologiques. “Climate anxiety in children and young people and their beliefs about government responses to climate change: a global survey”.
Or les travaux d’Elke Weber montrent que nous avons un quota d’inquiétudes au-delà duquel on interchange les problèmes. Nous sommes incapables de maintenir notre peur du changement climatique lorsque d’autres problèmes surviennent comme l’effondrement des marchés, une urgence personnelle, … Ajoutez à cela l’incapacité du système politique à miser sur le long terme, la tendance du journalisme scientifique à se concentrer sur ce qui est incertain plutôt que sur ce qui est sûr et flippant, et vous obtenez un cocktail détonnant d’attentisme.
L'écologie politique ne rate pas sa cible. Les Français retiennent les alarmes écologiques sur l’imminence de la fin du monde. Ainsi « le respect de la nature et des limites de la planète» est retenu par 44 % des Français et c'est davantage le cas chez les jeunes, les élèves et étudiants en particulier (56 %) étude Obsoco.
Pour Jules Colé, la transition écologique, si nous voulons la mener collectivement, suppose donc de donner véritablement envie à chacun d'adopter volontairement de nouvelles façons d'être au monde, de vivre et d'habiter sur terre et l'adhésion à de nouvelles valeurs ou des valeurs plus profondément ancrées en nous pour réorienter les comportements. Elle nécessite une transformation culturelle portée par des récits et des imaginaires qui agissent sur nos représentions mentales de nous même et les représentations collectives inconscientes (ici)
La régénération comme imaginaire désirable pour imaginer de nouvelles façons de vivre sur terre.
Penser avec cette idée de « vivant » permet, par la force de la langue elle-même, de ne plus opposer humain et nature, puisque par définition, nous en sommes, des « vivants », nous sommes embarqués avec tout le vivant pensé comme aventure biotique.
Pour les lecteurs de l’anthropologue Philippe Descola et du philosophe Bruno Latour, c’est désormais clair : la nature n’est plus un décor, un réservoir de richesses, une aire de repos ou un terrain de jeu. Avec ces nouvelles ontologies qui ne séparent plus la nature de la culture, les « non-humains » (plantes, animaux, fleuves, etc.) ne sont plus des choses ou des objets, mais des êtres qui importent, et doivent être mieux pris en compte par le politique, comme par le droit.
"Le concept du Vivant ne sert pas à écarter ou rabaisser l’humain, au contraire, il sert à le penser de manière plus juste, et donc à le défendre mieux. Les mots « biodiversité » ou « environnement » ne nous incluent pas : ce sont des concepts qui réactivent l’extériorité fondatrice de l’humain envers son propre tissage. par sa prise conscience du vivant, il se rend capable de saisir le « tissu » du vivant dans ses interdépendances, et le « fleuve » du vivant dans sa continuité depuis l’apparition de la vie sur Terre. Or ce sont ce tissage et ces dynamiques qui rendent la Terre habitable pour nous et pour les autres, et on comprend par là que ce sont elles qu’il faut défendre, et dont il faut prendre soin, et pas seulement de chaque espèce séparée comme si elle était posée là sur un décor". Baptiste Morizot.
C'est un changement de modèle mental : la régénération s'oppose à la dégénération. « Vivant » s’oppose à la mort, Dans l’insistance sur le vivant, « il y a une impulsion, sinon une pulsion de vie opposée à la pulsion de mort qui abîme les psychismes (écopsychologique), épuise les ressources humaines (burn-out) et naturelles (extractivisme), dans le mouvement morbide du nécrocapitalisme », analyse le philosophe PIERRON Jean-Philippe.
La force du vivant réside dans sa capacité de régénération: sa faculté de reconstituer par lui-même ses tissus et ses chairs abîmés. Cette capacité de régénération n’est cependant pas sans limite. Elle s’inscrit dans le respect du temps, de la spécificité et des besoins du vivant. Elle nécessite de prendre soin de l’environnement comme de notre santé (https://www.youtube.com/watch?v=MXXPthkqFsY)
La question du vivant conduit à la remise en cause de notre architecture mentale dans tous les domaines, la politique, les sciences, la culture, les affectes, l’économie, l’organisation sociale, la métaphysique. S’il faut résumer, ce bouleversement de notre pensée est que nous avons (re)pris conscience que nous sommes vivants parmi les vivants. Ce travail est d’ordre culturel au sens qu’il s’agit de refonder un mode d’être au monde.
La fresque des imaginaires pour repenser la relation de l’humain à la nature qui structure nos représentations du réél et par conséquent nos modes de vie #noussommesvivants
La régénération dans les institutions et entreprises
Si mesurer et s'alarmer sur la dégradation des écosystèmes est important, il apparait aussi nécessaire de porter notre attention sur la régénération comme faculté d'un écosystème à se reconstituer. Une régénération qui peut être assistée par des humains cherchant aussi à impacter positivement leur vie et la vie de ceux dans leur environnement proche, que les écosystèmes dans leur globalité.
La régénération porte en elle la réparation, la force inhérente de la vie et la possibilité d’imaginer l’avenir. Régénérer c’est restaurer, c’est renaître, c’est réinventer.
Source https://squalean.fr/lentreprise-regenerative/?cn-reloaded=1
Économies circulaire, symbiotique, solidaire, sociale… Les modèles économiques émergents ont pour particularité de se définir par opposition à une caractéristique négative de l’économie dominante. Ainsi, l’économie circulaire se comprend assez naturellement comme une alternative à une économie linéaire, fondée sur l’extraction de ressources non renouvelables et leur transformation irrémédiable en déchets. L’économie symbiotique propose quant à elle de sortir du rapport parasitaire que l’économie moderne entretient avec la nature. L’économie sociale et solidaire chercherait de son côté à remettre l’humain au cœur du processus économique, pour en faire une finalité première par rapport aux profits financiers. Aurélien BOUTAUD Environnementaliste, consultant-chercheur indépendant
À ce petit jeu des oppositions, l’économie régénérative peut alors se comprendre de prime abord comme un modèle économique qui viserait à lutter contre l’usure, la détérioration ou, plus encore, l’épuisement. Celui de la nature et des ressources naturelles, bien entendu. Mais peut-être aussi l’épuisement des humains, desquels l’économie réclame sans cesse davantage de productivité.
L’économie régénératrice vient inverser le modèle classique de l’homme qui domine la nature en exploitant les ressources naturelles, vers un modèle qui non seulement fonctionne “avec” la nature mais qui va s’attacher à lui rendre plus qu’elle ne lui prend. Thomas Busuttil – Fondateur d’Imagin/able. Replay des travaux d’Imagin/able et Nous Sommes Vivants Elle se distingue de l'économie circulaire par ce qu’on appelle des « externalités positives » : une meilleure qualité de l’eau ou des sols, la protection de la santé des agriculteurs, ... (ici).
L'entreprise pionnière de l'économie régénératrice toujours d'après Thomas Busuttil –c’est Interface, leader mondial des dalles de moquette, produits par nature très polluants car fabriqués via la pétrochimie. Ayant pris conscience des conséquences majeures de son activité sur l’environnement, Ray Anderson, le fondateur visionnaire d’Interface, a lancé dès 1996 sa stratégie “Mission Zéro” avec l’ambition, assez folle à l’époque, de neutraliser l’ensemble de ses impacts d’ici 2020. Ayant quasiment réussi son pari, Interface a revu son ambition pour devenir l’une des toutes premières entreprises régénératrices via sa nouvelle stratégie “Climate Take Back”. Dans ses premiers résultats, on peut citer la conception d’un système de production de moquette qui capte plus de carbone qu’il n’en émet (d’où son nom “Love Carbone”) et le lancement d’un programme pilote “Factory As A Forest” (l’usine comme une forêt) qui va permettre à cette future usine de fonctionner de manière totalement écosystémique en rendant des services à la nature en même temps qu’elle produira de la moquette.
La régénération pour les entreprises c'est un nouveau modèle basé sur l'intégration des dimensions de l'écologie et des parties prenantes afin de générer de la valeur partagée en créant plus de valeur économique, sociale et environnementale que sans intégration (Le business modèle canvas de l'économie régénérative #noussommesvivants)
L'entreprise régénératrice est similaire à la permaentreprise qui respecte conjointement 3 principes éthiques, inspirés de la permaculture : Prendre soin des humains, Préserver la planète Se fixer des limites et partager les richesses. Et qui utilise comme boussole les 12 principes du vivant https://www.permaentreprise.fr L'entreprise pionnière étant Norsys dirigée par Sylvain Breuzard. Il y a aussi les 9 grands principes du vivant par Marie-Hélène STRAUS (manager depuis 25 ans) et Eric JULIEN (Consultant en entreprise) . (ici)
D'ailleurs l’agriculture régénératrice est fondée sur une approche globale qui place le sol au cœur du système, pour produire efficacement et durablement : un triptyque constitué du sol, du monde animal et du monde végétal, qui permet de créer des chaînes alimentaires entre les trois écosystèmes. C’est l’équilibre et la diversité des organismes au sein de ce triptyque qui permet de restaurer la santé du sol.
En mai 2019, le réseau ReGenFriends qui rassemble les marques qui s’engagent à préserver la biosphère, publiait une étude dont les résultats laissent songeur : huit consommateurs américains sur dix préfèrent les marques « régénératrices » aux marques « durables » (The Emerging ReGen Customers, ReGenFriends, 2019). Le cofondateur de ReGenFriends, Nils-Michael Langenborg, tentait d’expliquer le phénomène : « Les jeunes veulent que les entreprises aillent bien au-delà du développement durable. Ils trouvent le terme "durable" trop "passif" ». Des adeptes de la permaécologie aux fans de biomimetisme, ils sont aujourd’hui nombreux à s’inscrire dans cette nouvelle manière de produire. (ADN)
REJOINS NOUS...
Apporter la régénération dans les entreprises, c'est la raison d'être du collectif Nous Sommes Vivants dont voici le manifeste et qui compte prêt de 30 membres actifs (innovation : désigners et transformation : coachs et consultants en accompagnement au changement). Nous sommes des planneurs stratégiques, designers, consultants en changement, coachs d’organisation, responsables RH, facilitateurs, responsables projets, managers, marketeurs, artistes…
Nous sommes un collectif de professionnels de l’innovation et la transformation, en entreprises ou consultants indépendants. Nous créons des coalitions autour des pionniers de la transition écologique dans les entreprises et nous donnons les moyens à chacun de passer à l’action sur leurs projets à impact
Nous voyons les entreprises comme des entités en mouvement, des organisations évolutives, des organismes vivants qui ne peuvent être réduites à des processus ou des organigrammes. Composées d’êtres humains. Des êtres de raison. Sensibles. Créatifs. Capables. Les entrepreneurs du monde de demain au service du vivant.
Nous sommes des hommes, des femmes en transition. Nous nous réinventons. Nous cheminons vers un autre monde. Nos chemins sont singuliers. En les partageant nous ouvrons des espaces de créativité inattendus, fertiles et opportuns pour nous réinventer.
Fort de notre diversité nous facilitons les relations entre les différents métiers de l’entreprise, en exploitant des compétences de l’intelligence collective, du design de services, autour de savoir faire et savoir être adaptés aux enjeux du monde.
Nous sommes acteurs du changement dans nos entreprises. Nous vivons le changement que nous souhaitons apporter dans les entreprises. Notre mode de fonctionnement c’est le collectif. Nous faisons appel à la collaboration pour changer de système. Avec profondeur et légèreté.
Notre diversité est notre force. Elle nous apporte créativité, justesse et agilité. Chacun de nous apporte sa sensibilité et son expertise pour ouvrir le champ des possibles. Ouvert au monde. Aux autres. Dans le respect de chacun, de la parole de chacun. Dans la concertation.
Nous nous rassemblons dans un archipel d'où nous bâtissons le monde de demain en harmonie avec le vivant.
Le vrai progrès c'est prospérer ensemble. Ce qui demande un changement de modèle mental.
La transition écologique sera réussie quand les entreprises se relieront dans des coalitions de parties prenantes agissant dans le sens du bien commun. C’est à dire au sein d'une économie, société et d'une nature prospères.
Nous sommes optimistes et audacieux. Nous essayons. Échouons. Réussissons.
Nous laisserons une trace positive de notre passage sur cette terre.
Le 1Er volet de cette note de réflexion est ici "Pour être populaire l'écologie doit faire sa révolution culturelle en retrouvant ses fondamentaux. Le vivant est sur toutes les lèvres. #noussommesvivants "
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