L'agriculture au prisme des 4 imaginaires écologiques. En savoir plus sur la fresque des imaginaires (ici)
ECOLOGICAL IMAGINARIES, FOCUS ON REGENERATIVE AGRICULTURE
Le modèle d'exploitation intensive des terres est en crise.
➡️ L'agriculture est le deuxième poste d’émissions de GES de la France (19 % du total national et 85 MtCO2 eq. émis en 2019 (source gouvernementale). Si on prend en compte l'ensemble de la chaine de production et de consommation c'st 33% des gaz à effets de serre proviennent de l’alimentation (source). Les émissions de GES de l’agriculture sont caractéristiques, car majoritairement composées d’autres molécules que le CO2 et issues de processus biologiques. (source) Toutes fois, le secteur agricole est à la fois émetteur et capteur de gaz à effet de serre. Les engrais minéraux sont de gros émetteurs de dioxyde de carbone et de protoxyde d’azote. Une récente étude menée par le FiBL, un des principaux instituts mondiaux de recherche pour l’agriculture biologique, dans le cadre d’une expérimentation en champ visant à comparer sur le long terme les systèmes bio et conventionnels conclut à des émissions de protoxyde d’azote à l’hectare de 40% inférieures dans les systèmes bio (source)
➡️ L'artificialisation des sols. En 70 ans, la France a perdu 12 millions d’hectares de terres agricoles. L’artificialisation croissante des terres agricoles intensifie mécaniquement la pression sur la surface restante de terres consacrées à l’agriculture. D’autant plus que les usages non alimentaires vont croissants (production de biomasse pour les énergies renouvelables, emplacements pour panneaux solaires, exploitation de matières premières, etc.). Cette concurrence participe à la hausse des prix des terrains et favorise l’intensification industrielle des pratiques agricoles sur les terres restantes, avec ses effets délétères sur l’environnement (source) .
➡️ La dégradation des sols rend ¼ des terres cultivables arides, c’est-à-dire qu’elles sont tellement abimées et desséchées que plus rien ne peut être cultivé sur ces terres. D’après la FAO, en continuant au rythme d’exploitation actuel, toutes les terres arables auront disparu dans 60 ans. L’utilisation massive de pesticides a pour conséquences la pollution de l’eau et des sols, et la perte de biodiversité. Le sol est relégué par l’agriculture industrielle au rang de support « inerte », dont il est même possible de s’affranchir (cultures hors-sol), alors que le sol est un écosystème à part entière, hébergeant des processus écologiques de grande importance (Lemanceau et al., 2015). Les résidus d'herbicides à base de glyphosate dans le sol ont un effet négatif sur les bacteries bénéfiques pour les plantes (Journal of Applied Microbiology)
➡️ La biodiversité est dans un état de catastrophe avancée. Les insectes se font de plus en plus rares ; quant aux oiseaux, on ne devrait plus constater les espèces disparues, mais remarquer « ceux qui restent ». Les populations d’oiseaux spécialistes des milieux agricoles subissent notamment un déclin alarmant, accusant une baisse de près de 40% en métropole ces trente dernières années (source) L’eau, une ressource sous tension. Dans son Avis de septembre 2021 sur le Varenne agricole–Eau et changement climatique, le conseil scientifique de l’Office français de la biodiversité (OFB) met en garde contre la tension accrue sur les ressources en eau provoquée par le modèle agricole français, qui considère avant tout l’eau comme un moyen de sécuriser la production agricole.
➡️ La perte de densité nutritionnelle des aliments. L’ANSES et l'Agence Nationale de Sécurité Alimentaire ont constaté « en 60 ans, les 70 fruits et légumes les plus consommés par les Français, ont perdu en moyenne 16% de leur calcium, 27% de leur vitamine C et 48% leur fer ». Aux États-Unis, le Dr Donald Davis de l’université du Texas a étudié l’évolution des teneurs de 13 nutriments (protéines, lipides, glucides, fer, thiamine, riboflavine, niacine et l’acide ascorbique…) dans les fruits et légumes entre 1950 et 1993. Le verdict est qu’un déclin significatif entre 1950-1993 a été identifié sur les 43 aliments pour les protéines (-6%), le calcium (-16%), phosphore (-9%) et le fer (-15%), la riboflavine vitamine B2 (-38%) pour les valeurs médianes alors qu’il n’y avait pas de changement significatif pour les autres nutriments.(source) L’ONG Américaine Bio-Nutrient et Green America pensent que la densité nutritionnelle est la clé de la transition agro-écologique Dernière étude en date sur le riz et le blé (top 3 de la sécurité alimentaire) : -36% et -57% de minéraux. +78% d’éléments toxiques comme l’aluminium. https://www.nature.com/articles/s41598-023-48488-5 Une hypothèse pour expliquer cette baisse de qualité nutritionnelle est l’effet de dilution : une croissance plus forte et plus rapide, assurée par la fertilisation et/ou l’irrigation par intrants externes provoquerait un « effet dilution » des constituants mineurs dans la matière sèche.
➡️ La perte de la valeur ajoutée à l'hectare. Le rapport d’orientation du groupe Safer met en lumière la corrélation entre l’augmentation de la taille des surfaces travaillées et la baisse de la valeur ajoutée par hectare. Ainsi, l’élevage de bovin viande, la culture de céréales, d’oléagineux et de protéagineux ont vu leur productivité baisser de manière importante entre 1990 et 2013 (-21% et -13% respectivement) mais ces productions sont pourtant les seules à s’être étendues sur la période 1990-2013. Inversement, les fermes en polyculture-élevage, bovin lait, aux valeurs ajoutées par hectare plus élevées, voient leur part dans la SAU nationale reculer. Face à la baisse des prix, l’augmentation des volumes de production, couplée à la baisse des actifs agricoles, ont longtemps soutenu le revenu des agriculteurs (source)
➡️ Une production déconnectée des territoires. La France dispose en théorie de la surface nécessaire pour nourrir l’ensemble de ses habitants. Mais les choix actuels sur l’usage des terres rendent en réalité notre alimentation quotidienne dépendante de millions d’hectares cultivés dans des pays voisins (et souvent très lointains), et du transport international de marchandises. La moitié des fruits et légumes consommés en France sont aujourd'hui importés. Pour couvrir les besoins de l’alimentation animale, la France a importé en 2018 autour de 2,8 millions de tonnes de tourteaux de soja, principalement en provenance du Brésil (en augmentation de 60% depuis 2011!). Par contre la France est aujourd’hui le 6e exportateur mondial de produits agroalimentaires en valeur. 45% de sa production de céréales sont exportés, comme c’est le cas de près d’une pomme de terre sur deux produites en France. Selon les professionnels de la filière, quatre litres de lait français sur dix sont exportés. On estime que douze millions d’hectares sont destinés à l’exportation, soit 40% des terres agricoles.(source)
➡️ Une tendance lourde à la concentration au détriment de nouveaux entrants. Les grandes fermes d'une surface moyenne de 136 ha représentent 1 ferme sur 5 et elles couvrent 40% du territoire agricole métropolitain. Le capital immobilisé (matériel, bâtiments et foncier) est passé de 173000€ à 275000€ par ferme entre 2000 et 2020, le double des autres professions. L’agrandissement des fermes est en partie alimenté par la politique agricole commune (PAC), dont l’essentiel des aides est alloué en fonction des surfaces travaillées. Ces mécanismes poussent nombre d’agriculteurs à s’agrandir, pouvant aboutir à des fermes de très grande taille, et favorise ceux déjà en activité. (source)
➡️ Un chômage accru. La France compte 389000 fermes selon le dernier recensement agricole de 2020, soit environ 100000 de moins qu’en 2010, une baisse de 20% en dix ans. Dans le même temps, la taille moyenne des fermes a augmenté de 25% pour atteindre 69 ha. Elle a plus que doublé en 30 ans. En 20 ans, 320000 emplois agricoles (équivalent temps plein) ont été détruits. Les chefs d’exploitations ne représentent plus que 1,5% de la population active. (source) La part du salariat agricole (précaire - CDD, saisonniers, apprentis) a fortement augmenté ces dernières décennies et représente désormais un tiers de l’emploi agricole
➡️ Vieillissement de la population agricole. En 2020, selon les premiers résultats du recensement agricole, un quart des agriculteurs ont 60 ans et plus et devraient partir à la retraite d’ici à 2030. Sur la base des surfaces moyennes connues pour ces classes d’âge en 2016 (le recensement de 2020 n’ayant pas encore fourni ces informations mises à jour), près de cinq millions d’hectares devraient changer de main d’ici à 2030, ce qui représente près d’un cinquième de la surface agricole utile actuelle. En 2019, on compte environ 21000 départs à la retraite d’agriculteurs pour 13400 nouvelles installations, ce qui signifie qu’un agriculteur sur trois partant à la retraite n’est pas remplacé (source).
Ces pratiques agricoles ne sont pas durables en termes de consommation de ressources naturelles, d’impacts sur le climat et la biodiversité ou encore de santé. Poursuivre dans cette voie, c’est hypothéquer définitivement la capacité de la terre à nous nourrir et à faire vivre les espèces animales et végétales qui en dépendent.
Vers des pratiques plus durables dans l'agriculture.
Si on fait un premier pas vers des pratiques durables selon les principes du développement durable, alors l’agriculture de demain se doit de diminuer sa dépendance aux intrants non renouvelables, intégrer les processus biologiques et écologiques, impliquer les acteurs locaux et favoriser des actions collectives (Pretty, 2008). Ces préoccupations agroécologiques poussent aujourd’hui des producteurs, de plus en plus nombreux, à réinventer les systèmes agricoles pour les rendre à la fois rentables, résilients et cohérents avec leur environnement. C'est ce qui a amené à la création de la certification Haute Qualité Environnementale. L'argument étant : des pratiques agricoles de précision qui utilisent la juste quantité de pesticides, engrais et eau grâce à la mesure précise des besoins. C'est une certification de l'exploitation agricole qui ne répond pas aux enjeux de valorisation des pratiques agricoles au niveau des consommateurs finaux, on la retrouve pourtant sur certains produits.
Aller plus loin c'est adopter les principes du développement durable fort qui refuse la substitution entre le capital économique et le capital naturel. Il est à cet égard inenvisageable de compenser une perte de biodiversité ou la dégradation d’un service écosystémique par un surplus de valeur économique ou un nouveau dispositif technologique. Les éléments qui constituent l’environnement naturel ne doivent pas être dégradés afin d’être transmis en l’état aux générations futures. Dans cette perspective, les pratiques et les ambitions en matière de durabilité agricole ne sont plus les mêmes. Il ne s’agit plus de trouver le meilleur compromis entre les enjeux économiques, sociaux et environnementaux, mais bien de s’assurer que les pratiques agricoles n’ont pas d’impacts négatifs sur les différentes composantes de l’environnement naturel : l’eau, l’air, le sol et la biodiversité.
Mais le développement durable fort ne prend pas en compte les limites sociales alors que les enjeux socio économiques mettent en tension toute la chaine depuis les agriculteurs jusqu'aux consommateurs en passant par les distributeurs. Si la réduction des impacts négatifs va de paire avec la décroissance de l'usage des pesticides et des achats, elle va aussi de paire avec la réduction des revenus des agriculteurs. Or si la réduction des intrants pétrochimiques fait sens, la réduction de la production de pain bio - proteines végétales de substitution - d'oeufs de poules élevées en plein air sans maïs - ne fait pas sens tant ces produits de substitution sont vertueux.
Concilier le développement durable fort et les enjeux sociaux liés à une juste rémunération c'est possible. Le label bio a permis de financer la reconversion des agriculteurs même si les ventes ont chuté de 10% en deux ans. Une étude menée par des scientifiques du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), dresse le scénario d’un système agro-alimentaire biologique et durable d’ici 2050. Il permettrait de nourrir la population européenne attendue dans 30 ans, et surtout de réduire largement la pollution des eaux et les émissions de gaz à effet de serre provoquées par l’agriculture. « Remodeler le système agro-alimentaire européen et fermer son cycle d’azote : le potentiel de combiner changement de régime alimentaire, agroécologie et circularité«. Le scénario envisagé repose sur trois leviers combinés. Le premier tient dans le changement de notre régime alimentaire vers un régime plus sain et frugal. Le second levier concerne la généralisation des pratiques d’agroécologie avec notamment la réduction des émissions d’azote. Le dernier appelle à une plus grande circularité entre les cultures et l’élevage. « C’est l’action synergique de ces trois leviers qui permet d’avoir un scénario harmonieux« , précise Gilles Billen, le chercheur du CNRS qui a dirigé l’étude.
L'agriculture bio et régénérative comme solution d'avenir.
La régénération des écosystèmes agricoles est le bon niveau d'intervention pour cheminer vers une agriculture responsable, viable, désirable.
Plusieurs signes indiquent que l’agriculture régénérative est en voie de connaître un développement majeur dans les années à venir. On peut par exemple citer la présence du livre Dirt to Soil de Gabe Brown en première position des ventes d’Amazon dans les sections agriculture, agronomie et sciences du sol ; l’implication de plusieurs firmes d’influence mondiale telles que General Mills et Danone dans des programmes de promotion de l’agriculture régénératrice ; ou encore la floraison d’une multitude d’ASBL dédiées à la diffusion du concept comme Regeneration International, Kiss the Ground, Terra Genesis International, la Soil Health Academy et le Savory Institute.
L'agriculture régénérative rend des services écosystémiques qui visent à restaurer les ressources vitales au vivant dans son habitat, comme par exemple la santé des sols ou la biodiversité. Elle est porteuse de nombreuses promesses, non seulement des promesses environnementales, mais aussi des promesses sociales et des résultats économiques pour les agriculteurs (source)
Il n'y a pas de consensus sur une définition de l'agriculture régénérative et différentes certifications / labels (y compris en France). Mais si le concept d’agriculture régénératrice possède un faible socle scientifique propre il mobilise néanmoins des savoirs scientifiques développés dans le cadre d’autres disciplines tels que les sciences du sols, l’agronomie et l’écologie. source
Trois significations ont été identifiées au terme "regenerative agriculture". La première fait référence à la faculté de régénération des écosystèmes à l’état naturel. L’agriculture régénérative est alors une agriculture cherchant à imiter les mécanismes de développement de la végétation des milieux sauvages. La seconde signification correspond à une capacité d’auto-entretien, d’indépendance par rapport aux intrants extérieurs. L’agriculture régénérative est vue comme une agriculture non extractive. Enfin, la troisième indique une ambition d’amélioration des ressources utilisées, presque toujours présentée comme une élévation de l’ambition de durabilité. L’agriculture régénérative est alors une agriculture restauratrice. Le principe fondamental de l'agriculture régénérative (au sens de régénératrice) qui est à l’oeuvre c’est le pouvoir magique qu’a le vivant de s’auto-régénérer…Comme seul le vivant peut se régénérer, les actions régénératives augmentent les capacités du vivant à atteindre son plein potentiel dans un environnement. source
Cette approche agroécologique, la militante indienne Vandana Shiva préfère la nommer “agriculture biologique régénérative”, actant ainsi un retour aux sources historiques de l’agriculture bio tout en affirmant une ambition nouvelle : réparer les dommages causés par l’agro-industrie. Car le modèle d’agriculture qui domine actuellement le monde est désastreux pour la biodiversité, le climat, les sols et les communautés paysannes – mais il n’est pas une fatalité (source). Les principes de cette approche régénératrice du vivant dans l'agriculture remontent aux travaux de Bill Mollison sur la permaculture en 1978 (Mang, P., & Haggard, B., Regenesis, 2016). L’écologiste australien a modifié le modèle agricole conventionnel, en s’inspirant des relations et procédés naturels des écosystèmes. Cette agriculture dite « permanente » génère les récoltes nécessaires pour la société tout en produisant un surplus de ressources, (ré)générant ainsi le sol. Une approche régénératrice permet aux humains de co-évoluer avec les systèmes naturels qui les entourent et d’inverser les systèmes dégénératifs (Mang & Reed, 2013). (source). L’agriculture régénératrice sera nommée "régénérative" par la suite mais c'est le sens "régénérateur" dans la langue française qui est essentiel.
L’agriculture régénérative peut être considérée comme une sous-division de l’agriculture biologique qui va plus loin en augmentant la teneur en matières organiques des sols, en améliorant leur structure et leur potentiel de stockage de carbone. En terme de pratiques, l'agriculture biologique régénératrice est un modèle de production mis au point par le Rodale Institute. Il propose initialement une version combinée de l’agriculture biologique et de l’agriculture de conservation. Il intègre par la suite des dimensions de commerce équitable et de bien-être animal. L’agriculture régénérative est par nature bio pour nous sommes vivants.
Des labels se développent pour cadrer les pratiques agricoles et signifier aux consommateurs le respect de la biodiversité, la prise en compte de la souffrance animale, la juste rémunération des agriculteurs, la préférence locale, la réduction des distances de transport. Ainsi le label Regenerative Organic certified - ROC permet la commercialisation des produits biologiques intégrant des critères de l'agriculture régénérative https://rodaleinstitute.org/regenerative-organic-certification/.
Le Planet-Score fait son apparition dans la lignée du Nutri-Score. Élaboré par l'Institut de l'Agriculture et de l'Alimentation biologique (ITAB) il indique aux consommateurs des pratiques agricoles responsables puisque les pesticides font partie des 4 indicateurs de base avec l'impact sur biodiversité, le changement climatique et le bien être animal. Le Planet Score s’affiche déjà en magasin sur des produits alimentaires et dans leurs spots publicitaires à la TV. source
Regenerative agriculture—agroecology without politics? https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fsufs.2022.844261/full
Les pratiques bio et régénératives
L'agriculture régénérative est apparue dans les années 80 et la référence scientifique souvent utilisée est "Qu'est-ce que l'agriculture régénérative" ? Newton https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fsufs.2020.577723/full. Dans les articles de recherche collectés ces dernières années et analysées, les pratiques les plus fréquemment mentionnés comme définissant l'agriculture régénérative étaient : l'absence ou la faible quantité d'intrants externes et l'utilité des intrants à la ferme (26 % des publications), l'intégration de l'élevage (19 %), la non-utilisation d'engrais synthétiques (12 % ) ou pesticides (12 %) et réduction ou suppression du travail du sol (12 %) (source).
L’agriculture de conservation des sols (ACS) regroupe un ensemble de techniques agricoles favorisant la résilience écologique d’une exploitation notamment grâce à une diminution du travail du sol et une baisse de consommation de produits énergétiques (carburant ou intrants). L'agriculture régénérative va plus loin que la restauration de la fertilité des sols (taux d'humus) et la limitation des risques d'érosion / sécheresse. Son objectif c'est la conservation de la biodiversité, en éliminant les produits chimiques fossiles (taux de biodiversité dans le sol et au dessus). source
L'agriculture régénérative apparait comme une alternative pour produire des aliments avec des impacts environnementaux inférieurs, voire nets positifs (Rhodes, 2017). Une série d'affirmations ont été faites sur le potentiel de l'agriculture régénérative pour contribuer à la durabilité de la production alimentaire, y compris sur la possibilité que l'agriculture régénérative puisse faire partie d'une stratégie d'atténuation du changement climatique et plus résiliente aux effets de celui ci.
Le respect des sols est un axe particulièrement intéressant de l'agriculture régénérative. En augmentant de 0,4 % par an la teneur en carbone de tous les sols du monde, on fixerait l’équivalent du CO2 produit annuellement par l’humanité. (source) La régénération des sols passe d'un coté par éliminer les intrants et de l'autre par préserver la vie des sols pour augmenter sa fertilité et donc la qualité nutritionnelle des aliments. Avec la régénération des sols c'est aussi la biodiversité qui est préservée, l’eau qui est économisée et le dérèglement climat qui est atténué en capturant le CO2.
La fertilité du sol est augmentée de façon biologique dans les systèmes agricoles régénératifs par la mise en place des cultures de couverture et intercalaires, la rotation des cultures, l’application de compost et de fumiers. Ces méthodes restaurent le microbiote des plantes et du sol en favorisant la libération, le transfert et le recyclage des nutriments essentiels du sol. Les fertilisants de synthèse créent un déséquilibre dans la composition et le fonctionnement des communautés microbiennes des sols. Ils court-circuitent le processus naturel biologique d’absorption des nutriments par les plantes. Ils engendrent un agro écosystème dépendant des intrants, affaiblissent les plantes et rendent ces dernières moins résilientes. Des études scientifiques ont observé que l’application de fertilisants minéraux de synthèse chimique contribue au changement climatique de plusieurs façons : (i) l’énergie fossile requise et les coûts de production et de transport des fertilisants; (ii) La décomposition et la migration des composés chimiques vers l’hydrosphère et l’atmosphère (iii) la modification de la microflore du sol incluant la diminution des microbes intercepteurs du méthane; (iv) La décomposition accélérée de la matière organique du sol. (source)
À l'inverse, la présence d'engrais synthétiques décourage les plantes de puiser dans l'air le carbone dont elles ont besoin. Ce bel échange entre la racine et les microbes est rompu et la composition du sol se détériore. Le labour des champs fait des dégâts supplémentaires. Lorsque le sol perd du carbone, il devient dur et compact, et sa capacité à absorber et à retenir l'eau est considérablement affectée. Vous ne pouvez pas obtenir d'aliments riches en nutriments à partir d'un sol pauvre en nutriments (source)
La plante est un acteur essentiel d’un sol vivant. Comme tout être vivant, la santé de la plante peut s'améliorer si les conditions du milieu s'améliorent. La progression vers une meilleure santé rétablie les capacités naturelles et biologiques du système sol-plante. Pendant ce processus, la plante montre une immunité grandissante envers les pathogènes du sol et aériens, une meilleure résistance face aux insectes, une production supérieure de lipides menant à des membranes cellulaires plus fortes et des fruits plus savoureux avec une plus longue durée de vie. Une plante saine est moins susceptible aux maladies / ravageurs, a des rendements supérieurs et une meilleure qualité des graines / fruits. Elle conduit plus de sucres dans la rhizosphère, stimule plus la vie microbienne, ce qui participe au stockage du carbone et améliore la santé du sol. Les 4 niveaux de la pyramide de santé du végétal Triangle de John Kempf est inspirant : Pour 1 et 2, la plante peut faire du hors sol et fabriquer sucres et protéines, mais pour 3 et 4, (lipides, vitamines et antioxydants), elle a besoin de la microbiologie du sol. Des différences de valeurs nutritives entre pratiques agricoles sont mesurables : Vitamine C, Beta Carotène, Antioxydants totaux pour la partie 4 chez fruits et racines et Omega 3 pour la partie 3 chez les légumes feuilles. Au final, on a de belles différences : de + 20% à + 70% pour vitamines et antioxydants en sols vivants avec lombrics, nourriture du sol par les feuilles/tiges et bois ramifié + lombriculture et ferments lactiques avec zéro agrochimie.
Il convient d'être vigilant sur les fondements et motivations de l'agriculture régénérative dont l'ambition pourrait être réduite au seul sujet de la séquestration carbone. L'approche bio et régénérative est écosystèmique, donc au delà du carbone. Selon l'échelle de permanence de Yeomans l'atténuation du changement climatique est un objectif long terme, prendre soin du sol est l'action a mener en premier. https://smallfarms.cornell.edu/2016/04/scale-of-permanence/
Les deux processus intellectuels centraux. Le code graphique utilisé dans cette figure est réutilisé sur la frise chronologique de la figure plus haut source
Comment réussir la transition agricole du champs à l'assiette ?
La régénération des écosystèmes agricoles est le bon niveau d'intervention pour cheminer vers une agriculture responsable, viable, désirable. Le paradigme repose sur les services rendus aussi bien au niveau environnemental que social. L'agriculture régénérative rend des services écosystémiques qui visent à restaurer les ressources vitales au vivant dans son habitat pour des aliments plus nutritifs, sans pesticides. Elle est porteuse de nombreuses promesses, non seulement des promesses environnementales, mais aussi des promesses sociales et des résultats économiques pour les agriculteurs. Cf label ROC Regenerative Organic Alliance.
Mais il est très clair que la question au coeur des débats est "qui va payer ces services écosystémiques ?"
Les enjeux pour les grandes entreprises sont les suivants :
- Une nouvelle approche de la valeur au delà du résultat économique. En effet il ce qui a le plus de valeur c'est la santé du sol, des êtres vivants, des écosystèmes
- Une nouvelle répartition de cette valeur entre les parties prenantes, juste et équitable aussi en terme de responsabilités.
- Une nouvelle approche du temps puisque l'agriculture se planifie à 3-5-10 ans pour qu'elle délivre les productions attendues dans les volumes souhaités
- Un retour au local pour maîtriser ses approvisionnements mais aussi mieux tisser des liens avec les parties prenantes
- La mesure des impacts sur base de prélèvements des sols, d'analyse de biodiversité au niveau local
Les grands principes économiques de ces services écosystémiques se dessinent dans le marketing des produits issus de l'agriculture régénérative lancés par les grands groupes.
Les produits issus de l'agriculture bio et régénérative
Omie & Cie, la marque alimentaire régénérative Française a levé 15M€ en Série A et passe à la TV avec un spot TV qui la positionne comme solution pour préserver la biodiversité et le climat https://lnkd.in/e7Hy-5Z6. Toutes fois l'agriculture régénérative à été adoptée par des entreprises pionnières aux USA il y a déjà quelques années.
Les USA sont en avance sur la France, depuis 2013, l’association américaine Kiss The Ground milite pour une agriculture régénératrice et sensibilise sur l’importance des sols vivants aux USA. Le documentaire éponyme, produit par Netflix, a été diffusé sur la plateforme en octobre 2020. Il sensibilise sur les enjeux que représentent les sols et les diverses solutions existantes avec beaucoup d’éléments scientifiques sans pour autant démoraliser ni culpabiliser. Malgré une bonne audience, l’agriculture régénératrice reste peu connue du grand public. Elle est surtout portée par les multinationales qui dépendent directement de la nature.
Le 23 septembre 2019, lors du Sommet Action Climat des Nations Unies à New York, la coalition One Planet Business for Biodiversity (OP2B) est officiellement fondée. Menée par Emmanuel Faber, PDG du groupe Danone, celle-ci réunit plusieurs des plus importantes firmes agroalimentaires mondiales, notamment Nestlé, Mars, Unilever et Yara. Cette coalition se dit déterminée à conduire une transformation systémique afin de protéger et restaurer la biodiversité à l’échelle mondiale.
Les pionnières sont Patagonia et Dr Bronner, rejointes par d’autres entreprises souvent BCORP. Les grandes entreprises de l’agroalimentaire investissent dans l’agriculture régénératrice : General Mills, PepsiCo, Nestlé, Danone, Coca Cola, Bonduelle, Pernod Ricard… Suivent les géants de la mode Kering, LVMH, North Face, Eileen Fisher, Vans, Timberland, Stella McCartney … Toutes sommées de réduire les gaz à effets de serre de leur approvisionnement agricole (autour de 70% de leurs émissions), mais aussi inquiètes des risques sur leurs approvisionnements, et plus largement des risques qui pèsent sur les écosystèmes et en particulier la biodiversité, elles se lancent dans le déploiement de programmes d’agriculture régénératrice avec le double enjeu de mobiliser les agriculteurs et les consommateurs.
La marque leader de la régénération au niveau international c'est Patagonia et son objectif est clair : développer des pratiques agricoles régénératives durables dans l'industrie textile et dans alimentaire avec sa marque d'épicerie Patagonia Provisions.
L'agriculture régénérative est apparue comme une évidence pour les dirigeants de Patagonia, eux-mêmes convaincus que l'agriculture régénérative n'est que la suite logique de leur engagement écologique. « Si nous tuons tous les sols, c’est fini pour nous ». Ce sont avec ces paroles qu’Yvon Chouinard, fondateur de Patagonia, pose le décor de son deuxième film WhyRO part 2 paru en juillet 2020. "Nous espérons que l'amélioration de la santé des sols aidera les agriculteurs à être plus résistants aux dérèglements climatiques"
La collection « Cotton in Conversion » de Patagonia a été lancée au même moment, printemps 2020. Cette collection utilise uniquement le coton qui n’a pas encore la certification ROC provenant de producteurs qui ont pris le pari de se lancer dans l’agriculture régénérative. Une bonne façon d'impliquer les consommateurs alors que 1% du coton est Bio est en cours de certification ROC. Et surtout dans le temps. Régénérer la vitalité des sols prend du temps - 5 ans peut être 3 ans si elle était déjà en bio. Actuellement, plus de 550 fermes font partie de du programme très exigeant de Patagonia Certifié ROC. - Regenerative Organic Certification. (source)
REGENERATIVE BRANDS - PARTS 1,2,3,4 (SHORT VERSION)L'économie régénérative
Georgescu-Roegen et Passet mettent l’économie au cœur de la sphère environnementale dans la bioéconomie dans les années 70 (en savoir plus).
Il existe différentes conceptions de la bioéconomie. La première est due à Nicholas Georgescu-Roegen au début des années 1970. Analysant l’économie comme un système de flux de matière et d’énergie, il montre qu’une croissance infinie est impossible. En cela, c’est le premier théoricien de la décroissance. Nicholas G EORGESCU- ROEGEN, La Décroissance. Entropie, écologie, économie, trad. Jacques Grinevald et Ivo Rens, Éditions Sang de la terre, Paris, 1990 [1979]. Les grandes institutions internationales ont repris ce terme beaucoup plus récemment dans une acception très différente, autre dénomination de la croissance verte. ↑
Georgescu-Roegen et Passet critiquaient pourtant les pensées économiques néo-classiques avec ces modèles « bioéconomiques », qui intègrent à la fois des variables écologiques et économiques pour déterminer un seuil d’exploitation maximale des ressources. Les économistes néoclassiques considèrent le composant « environnement » comme un effet externe généré par le système économique et nécessitant d’être internalisé, ce qui pour Passet revient à « nier la spécificité de phénomènes (des externalités environnementales) pour les réduire à une pure quantification de type économique ». L’approche de Georgescu-Roegen et Passet consiste à considérer les enjeux écologiques comme ce qui englobent des activités économiques, et non ce qui l’entourent et peuvent être intégré à la marge - comme ce que signifie le terme « externalité » (Delgoulet et Pahun, 2015). La figure ci dessous illustre la divergence entre modèles économiques néoclassiques (figure à gauche) et les modèles bioéconomiques de Passet (1979) (figure à droite).
John Fullerton définit la vision de l’économie actuelle comme étant une « vision mécanique des systèmes ». Maintenir un système défectueux ne fait qu’entretenir les externalités négatives. Seule une vision au-delà de la durabilité peut modifier le système actuel et éliminer les externalités. Générer du profit par l’extraction de richesses vivantes et fondamentales à la vie telles que nos terres et nos eaux n'est plus acceptable. Cette prédation doit cesser.
Selon un pionnier de l’entreprise régénérative, « les humains ont la responsabilité incontournable de veiller à ce que la planète reçoive un retour approprié sur l’investissement qu’elle a réalisé en nous". Ainsi la régénération consiste essentiellement à rassembler les acteurs autour de services socio écosystémiques (Sanford).
D'après Araneda (2019), Bellato et al. (2022), Pollock (2019) et Becken et Kaur (2021), l’objectif est de renforcer la capacité des systèmes sociaux, économiques et naturels à prospérer. On parle de services socio écosystèmiques que les parties prenantes étendues rendent, d'échanges symbiotiques et d'équité entre les partenaires (voir : le business modele canvas de l'économie régénérative).
La finalité de l'entreprise régénérative est en effet de permettre à son collectif de parties prenantes étendues de contribuer à un service socio écosystémique pour assister la nature dans sa capacité à se régénèrer. L'approche régénérative permet aux humains de co-évoluer avec les systèmes naturels qui les entourent et d’inverser les systèmes dégénératifs (Mang & Reed, 2013). (source) Dans le prolongement, Hahn et Tempe (2020) considèrent que les entreprises régénératives sont des entreprises qui se développent et prospèrent grâce à la santé du système socio-écologique, et ce dans un processus co-évolutif.
Plusieurs économistes environnementaux utilisent l'économie régénérative dans leurs discours. Les principes de cette approche remontent aux travaux de Bill Mollison sur la permaculture en 1978 (Mang, P., & Haggard, B., Regenesis, 2016). L’écologiste australien a modifié le modèle agricole conventionnel, en s’inspirant des relations et procédés naturels des écosystèmes. Cette agriculture dite « permanente » génère les récoltes nécessaires pour la société tout en produisant un surplus de ressources, régénérant ainsi le sol. Bill Mollison définit alors le principe de régénération comme étant : « la génération d’un surplus d’énergie et de ressources, pouvant être réinvesti afin de faire évoluer les écosystèmes naturels et humains, de façon intégrée. » (Mang, P., & Haggard, B., Regenesis, 2016).
Les bases fondamentales de la régénération sont ainsi posées.
- "La régénération c’est la vie au coeur de chaque action et décision" Paul Hawken
- "La régénération c’est une relation de collaboration avec la nature" Bill Reed, principal at Regenesis Group
- "Une régénération est réussie si elle développe de nouveaux potentiels" Reed et al
La vision de l'économie de prédation sur l'environnement et la société doit être inversée pour que l'économique s'inscrive dans l'environnemental et sociétal. Pour ce faire, la société doit modifier globalement ses cultures idéologiques afin d’observer les problèmes de façon holistique, en s’inspirant de la nature.
L’écosystème est un tout auquel l’humanité fait partie, tout comme l’économie (Capra, 2017). Les différentes sphères du développement durable doivent ainsi être observées comme un seul système, liant les différentes sphères par symbiose (Fullerton, 2015). Comme la relation de mutualisme entre le poissonclown et l’anémone le démontre, les symbioses permettent d’accroître le développement et réduisent considérablement les risques (Litsios, 2014).
L'économie régénérative va plus loin que l'économie de la fonctionnalité et l'économie circulaire qui ne régénèrent pas les écosystèmes. D’après Guilbert del Marmol (2014), « le futur de l’économie circulaire sera vivant, reconnecté avec la nature certes ; mais avant tout, il sera humain » (comprendre : les humains ne seront plus exclus de la nature et intégrés aux écosystèmes en tant qu'êtres vivants comme les autres- The Systems View of Life, Capra et Luisi).
Le fondement de cette économie s’appuie sur un pouvoir magique qu’a le vivant : le pouvoir de s’auto-régénérer… L'approche régénérative a pour but de développer les capacités uniques du vivant à poursuivre son évolution au bénéfice de tous les êtres vivants : humains -social et/ou environnement - nature. En effet, seuls les systèmes vivants se régénèrent. Chaque être vivant détient une bio capacité spécifique lui permettant de s'adapter et d'être en pleine capacité d'atteindre son potentiel dans son environnement.
De ce point de vue, l’objectif principal des humains et des entreprises est de servir l’évolution saine de la vie à travers des systèmes durables et régénérants. Et celui des acteurs à visée régénérative est non seulement de gérer mais d'alimenter ces processus. Ainsi les concepteurs à l'origine de la pensée régénérative se sont inspirés de la recherche sur les systèmes vivants.
Les principes du vivant de Carol Sanford présentés par Beatrice Ungard, Ph.D
1. Unicité du système : Chaque système vivant a un caractère unique et distinctif
(sa singularité).
2. Systèmes imbriqués : Il n’y a pas de systèmes vivants en isolation. Chaque
système doit être compris en relation avec les systèmes avec lesquels il interagit
(nestedness).
3. Potentiel : Le potentiel d’un système vivant dépend de ses caractéristiques
uniques et de la contribution qu’il peut apporter aux systèmes qu’il sert.
4. Développement : Tout système vivant est capable de développer ses capacités
et d’évoluer (pour réaliser son potentiel).
5. Interventions nodales : Les points nodaux sont des carrefours de relations où une
intervention aura des effets multiples sur l’ensemble du système.
Au delà de l'agriculture régénérative, le tourisme régénératif. D'après Araneda (2019), Bellato et al. (2022), Pollock (2019) et Becken et Kaur (2021), l’objectif du tourisme dans une perspective de tourisme régénératif est de renforcer la capacité des systèmes sociaux, économiques et naturels à prospérer (les services socio écosystèmiques). De ce point de vue, l’objectif principal des humains et des entreprises est de servir l’évolution saine de la vie à travers des systèmes durables et régénérants, et le rôle du tourisme et de ses parties prenantes est non seulement de gérer mais d'alimenter ces processus. Ils se sont inspirés de la recherche sur les systèmes vivants pour définir le tourisme régénératif et les attendus des acteurs du tourisme engagés dans un processus de régénération d'un territoire touristique. Leur vision étant que les autorités locales doivent s'engager aux côtés des organisations gouvernementales et non gouvernementales dans une grande coalition, en s'assurant que les résidents et les personnes marginalisées soient inclus dans les processus régénératifs (source).
L'architecture régénérative permet d'améliorer notre qualité de vie en nous reconnectant à la nature et en permettant de multiples interactions mutuellement bénéfiques au sein de celle ci. L'architecture régénérative se déploie dans des espaces qui permettent une expérience directe de la lumière, de l'air, de l'eau, des plantes, des animaux au coeur des écosystèmes naturels. L’hypothèse sous jacente à sa genèse c'est que les humains ont une affinité innée pour la nature et que leur connexion à celle ci est importante aussi bien pour leur santé physique que mentale. La contribution positive des humains est possible, chacun de nous peut contribuer à la régénération de la nature depuis chez soi ou au travail, dans sa ville ou village.
Le management des organisations de demain sera lui aussi construit sur un leadership régénératif du vivant. Le Business Transformation Compass décrit comment une entreprise peut adopter un état d’esprit juste et régénératif quel que soit son point de départ. Ce rapport présente un certain nombre de façons de passer de la théorie à l'adoption d'un état d'esprit et à l'expérimentation de ce changement dans la pratique (ICI).
Le leadership régénératif
Selon John Maxwell « Les leaders deviennent grands, non pas à cause de leur pouvoir, mais à cause de leur capacité à développer les autres ». Ainsi les leaders régénératifs continuent de développer les capacités des humains et portent la même attention aux non humains.
Selon Satish Kumar, les leaders régénératifs ont développé un sentiment d’interconnexion, un sentiment d’appartenance au plus grand réseau du monde, comme dans le concept bouddhiste d’« inter-être ». Avec l’inter-être, les dirigeants ont changé leur état d’esprit d’une perspective d’ego à une perspective écologique, ressentant l’unité avec la nature. Et même plus loin, ils peuvent passer à une perspective selva, lorsqu'ils peuvent adopter l'amour radical.
Selon lui "Les écologistes font passer la qualité de vie avant la quantité de production et de consommation. Ils se concentrent sur la croissance du bien-être des gens et de la planète, plutôt que sur la croissance économique. Dans la perspective de l’écologie profonde, les économies et la politique devraient servir l’intérêt de la Terre Mère autant que l’intérêt des êtres humains. »
L'écologie profonde trouve sa source dans le travail philosophique d'Arne Naess qui inscrit l'humain dans une nature dont il est partie intégrante et interroge les processus qui y sont à l'œuvre. La vision du monde qui en résulte inscrit la vie humaine dans un "environnement". Si l’humain n’occupe plus une place centrale, il n’est pas plus ni moins important que les autres êtres vivants avec lesquels il interagit.
Cette philosophie de vie se base sur les relations entretenues par un individu avec lui-même et avec les autres (humains et non humains). L’idée centrale étant d’avancer sur ce chemin de reconnaissance de “ l’autre” à l’extérieur de soi (élément naturel et autres humains) et de “l’autre” en soi : cette nature qui échappe à notre contrôle, l’étranger en nous-même. Næss, Écologie, dans communauté et style de vie trace le chemin suivant :
1-Réalisation de Soi ! Plus on atteint une haute réalisation de Soi, plus l’identification avec les autres est grande et profonde.
2- Plus on atteint un haut niveau de la réalisation de Soi, plus la possibilité d’atteindre un niveau encore supérieur dépend de la réalisation des autres. La complète réalisation de Soi d’un individu quelconque dépend de celle des autres.
3- La Réalisation de Soi est celle de tous les êtres vivants !
Comme Janine Benyus l’a si joliment résumé en une seule phrase : « La vie crée des conditions propices à la vie ».
Le business model de l’entreprise régénérative
Notre Business Model Canvas de l’Entreprise Régénérative – le REGEN BMC – permet d’identifier le nouveau produit / service à lancer dans une démarche régénérative mutuellement bénéfique avec un ensemble de parties prenantes. Ou à une collectivité locale de réunir les acteurs du territoire autour d’un acteur économique.
C’est un process structuré au fil de 5 ateliers qui permettent que chaque entité intervenant dans la chaîne de valeur d’un produit / service / projet puisse intégrer dans sa zone de responsabilité propre les services socio économiques à rendre, en particulier via les cahiers des charges. Chaque partie prenante est ainsi en capacité d’anticiper les nouvelles pratiques à mettre en place dans une gouvernance partagée. Un plan de transformation permet d’organiser la bascule vers le régénérarif sur 5 à 10 ans et ainsi transformer toute l’organisation sur la base d’activités résilientes, contributives et viables.
Dans la lignée des nouvelles directives CSRD, le business model canvas de l’entreprise régénérative permet aux directions RSE de prendre la mesure de leurs impacts et de mettre en place un cadre opératoire avec les parties prenantes internes et externes afin de limiter les risques, les impacts négatifs et de mettre en valeur leurs contributions au niveau d’un territoire comme la France ou les différents pays d’une filière.
Le REGEN BMC permet aux directions innovation de concilier la résilience des activités économiques et la régénération de la nature avec un plan de transformation porté aussi bien en interne que par les partenaires clés de la chaîne de valeur des innovations produits et services.
Le REGEN BMC permet enfin de réunir tous les habitants d’un territoire autour d’un projet à visée régénérative mené par la collectivité locale seule à même de réunir l’ensemble des parties prenantes dans un intérêt commun.
Faire l’expérience du business model régénératif
Une des grandes avancées de la V5 du Regen BMC c’est le redesign du canvas et la clarification des ateliers qui permettent de remplir le REGEN BMC. Des versions découverte en 4h ou une journée existent déjà sur un produit alimentaire et un produit textile. D’autres versions sectorielles sont en conception comme par exemple sur un service numérique.
Les prochaines sessions de test
Formez vous à l’animation du business model régénératif
Fiche détaillée de la formation à l’animation des 5 ateliers
Les prochaines sessions de formation
Le business model canvas de l'entreprise régénérative
Agricultrice bio, les techniques culturales doivent encore évoluer pour minimiser l'impact environnementale même en bio. En effet, ne plus mettre de désherbant implique de multiplier les désherbages mécaniques et donc le passage d'engins. Rien que le gasoil dépensé pour ces suppléments de passage annihile l'effet positif du bio hélas....
Pour palier le manque de main d'œuvre, pourquoi ne pas mettre en place les travaux d'intérêt généraux, comme un service civique pour tous. Cela permettrait également aux citadins de mieux comprendre comment les agriculteurs nourrissent le monde...
Rédigé par : Maf | 23/04/2023 à 13:32
Ne plus utiliser de désherbant implique le semis sous couverts.
Rédigé par : jeremy dumont | 29/04/2023 à 15:42