J'ai créé Nous Sommes Vivants suite à l'appel de Baptiste Morizot "nous sommes le vivant qui se défend" parce que là où croît le danger croît aussi ce qui sauve (Je disais ça là) Dérèglement climatique, la destruction du vivant, les perspectives de pénuries atteignent de tels niveaux que l’on perd de vue ce que pourrait être le bien vivre, perçu comme un confort indécent au moment de faire des efforts de sobriété. Il n’y a pas à « sauver » le climat, il ne craint rien : ce sont les vivants qui doivent être protégés des dérèglements du climat, humains compris, puisque nous sommes interdépendants.
Être conscient d’être vivant parmi les vivants c’est prendre conscience que l’habitabilité du monde est rendue possible par des soins portés à la continuité de l’ensemble des êtres vivants qui engendre le monde. Dans son ouvrage, l’écologiste militant Baptiste Lanaspeze cible la perte de conscience du lien profond qui relie l’homme et la nature, et la grande difficulté de sortir d’une représentation délétère du vivant (ici).
Gloser sur l’importance du vivant comme soutien de notre propre existence n’est pas suffisant. Il est urgent de renouer avec le sens profond de l'écologie. L'écologie porte aussi bien sur les écosystèmes sociaux, urbains, familiaux que ceux de la biosphère. Comprendre ce qui nous lie au territoire, aux autres humains et non humains nous met en capacité non pas seulement de lutter contre les effets dévastateurs mais nous mobiliser pour une vie meilleure.
Mais l’affaire semble entendue autrement pour les historiens des sciences : le terme « écologie » désigne une science. C'est une discipline de la biologie qui étudie les interactions entre les organismes et leur environnement. Pour être exact, elle a pour objet l'étude des relations des êtres vivants entre eux au sein de leur habitat et donc aussi en interaction avec l’environnement dans son ensemble. Le tout formant différents écosystèmes, au sein desquelles les échanges d'énergie, de matière et d'information permettent le maintien et le développement de la vie. La notion d'écosystème est inclusive des activités humaines soit comme agents écosystémiques ou comme formant un écosystème à part.
Et s’il est une prémisse de cette pensée scientifique au XIXe siècle, elle se trouve à n’en pas douter dans "L’Origine des espèces" de Darwin et dans cette économie de la nature, pensée fondatrice de l’écologie qui entérine l’interdépendance des êtres vivants et l’évolution des espèces dans le temps long au gré de l’hérédité et des conditions de vie.
L’expression «économie de la nature» a surgi dans le vocabulaire des sciences au XVIIIe siècle bien avant que le néologisme «écologie» ne s’impose à nous, plus d’un siècle et demi plus tard. Chez Carl von Linné, Gilbert White ou Charles Darwin, l’économie de la nature désigne l’organisation des relations entre les espèces au vu du climat, du territoire et de leur évolution. Cette économie pense l’imbrication des espèces, y compris les êtres humains, dans un réseau d’interactions incommensurables et impondérables.
Vers les années 1880, le biologiste Patrick Geddes est le premier à avoir mis en évidence la nécessité de préserver autour des villes des ceintures vertes, à la fois maraîchères et d’agrément, notion qui va considérablement influencer le mouvement des cités-jardins fondé par Ebenezer Howard, préconisant entre autres de limiter la taille des villes afin de maintenir des échanges vivants entre la cité, les terres agricoles et les espaces naturels alentour.
Aldo Leopold (1887-1948) est la grande figure de l’écologie américaine qui amena la préservation d’espaces de « nature sauvage » (wilderness). Aldo Leopold est considéré comme l’un des pères de la gestion de la protection de l’environnement aux États-Unis. Leopold contribue à l’obtention de la gestion de Gila en tant qu’espace naturel, grâce à quoi, la forêt nationale de Gila devient en 1924 le premier espace naturel officialisé par le gouvernement américain. On considère souvent la création de la forêt nationale de Gila et de l’espace naturel Aldo Leopold comme ayant été à l’origine du mouvement moderne de conservation des espaces naturels aux États-Unis.
L’idée, sans doute, n’était pas complètement neuve, et le souci qui l’inspirait n’était pas inédit. On peut faire remonter au xixe siècle une attention portée à la nature qui est inséparable des transformations rapides de l’environnement consécutives à l’industrialisation. Ce sont les sociétés industrielles, et elles seules, qui ont formulé et donné sens à un projet de protection de la nature, destiné à mettre des espaces à l’abri du développement économique et industriel. Le 1er mars 1872 est établi, aux États-Unis, le premier parc national, le Yellowstone, alors qu’en France, à partir de 1853, les « séries artistiques » de Fontainebleau font l’objet de mesures de protection. Les éthiques environnementales. Catherine Larrère
En 1973, un philosophe australien, Richard Routley (qui allait ensuite se faire appeler Richard Sylvan), présentait, à un congrès international de philosophie à Sofia, en Bulgarie, une communication qui allait renouveler la réflexion morale en faisant entrer la nature dans le domaine de la moralité. L’idée était qu’il y a de bonnes et de mauvaises façons de se conduire dans la nature, que nos rapports avec celle-ci ont d’autres limites que celles de notre puissance technique, que nous avons à son égard des devoirs, qu’elle a peut-être des droits, que la nature, donc, a une valeur morale (Routley, 1973). Sa démarche repose sur une conversion de l'attention, pour trouver les voies de l'attention aux êtres vivants, humains ou autres. Attention que l'on retrouve de nos jours avec par exemple l'historienne Marielle Macé qui publie en 2019 "Nos Cabanes", où elle demande un élargissement du politique « aux bêtes, aux fleuves, aux landes, aux océans, qui peuvent eux aussi porter plainte, se faire entendre, donner leurs idées ».
La pensée écologique remonte bien plus loin qu’on ne l’imagine., depuis que nous avons besoin de comprendre la nature et le vivant.
jérémy dumont
❤️ Lire une autre note Pour être populaire l'écologie doit faire sa révolution culturelle en retrouvant ses fondamentaux. Le vivant est sur toutes les lèvres. #noussommesvivants
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