LE BUSINESS MODEL CANVAS DE L'ENTREPRISE REGENERATIVE (V4) …
Les grands cabinets de conseil se demandent si il y a un modèle économique pour la régénération ...
Notre approche c'est l'agriculture régénérative avec des entreprises qui lancent des produits issus de celle ci. Ainsi les questions au coeur du business model sont : Qui va payer pour la régénération de la nature ? Qui va payer les produits à leur juste prix ? Quelle répartition juste de la valeur ?
Quand on parle de services écosystémiques à rendre à long terme tout en produisant et commercialisant ces produits, la question est complexe.
Les enjeux pour les grands groupes qui dépendent de la nature et pourraient investir dans des services écosystémiques pour pérenniser leur activité économique sont les suivants :
- Une nouvelle approche de la valeur au delà du résultat économique. En effet il devient nécessaire d'intégrer les "ressources naturelles" comme capital de l'entreprise si elles sont essentielles au résultat de celle ci.
- Une nouvelle répartition de cette valeur entre les parties prenantes, juste et équitable aussi en terme de responsabilités.
- Une nouvelle approche du temps puisque l'agriculture se planifie à 3-5-10 ans pour qu'elle délivre les productions attendues dans les volumes souhaités
- Un retour au local pour maîtriser ses approvisionnements mais aussi mieux tisser des liens avec les parties prenantes
- La mesure des impacts sur base de prélèvements des sols, d'analyse de biodiversité au niveau local, sur le terrain.
Le business model de l'économie régénérative (en cours de conception) vise à pérenniser l’activité économique des entreprises en rendant des services écosystémiques. Un service écosystémique restaure les ressources naturelles essentielles aux êtres vivants pour leur permettre d’atteindre leur plein potentiel dans leur environnement. L’enjeu c’est de réunir les parties prenantes de l'écosystème local et étendu autour d’un enjeu de régénération sur le long terme qui dépasse les logiques purement économiques, par exemple en prenant en compte les 8 capitaux dont la santé des écosystèmes et en intégrant les exclus : la nature, les générations futures...
Mais la tentation de continuer dans une logique de quantité vs. qualité est grande alors que les engrais et pesticides sont bien à l'origine des problèmes causés sur les sols (ici) (la) (et la) et la biodiversité (ici), et plus largement que ces pratiques intensives ont des impacts sur notre santé (source).
En fait, la seule bonne question à se poser c'est "quelles parties prenantes réunir localement pour investir ensemble dans la nature sur le long terme ?"
INTRO - LES DÉBATS EN COURS
La commission environnement de l’Assemblée législative a voté en début de semaine le rejet du projet de loi sur la restauration de la nature qui devra être représenté mi juillet avec des amendements.https://lnkd.in/e_nhYiwU Cette législation, qualifiée de "première loi globale de ce type à l'échelle du continent", vise à réhabiliter les habitats et les espèces qui ont été dégradés par l'intervention humaine et le changement climatique. Selon la Commission, 81 % des habitats européens sont en mauvais état, les tourbières, les prairies et les dunes étant les plus touchées.
La loi fixe des objectifs juridiquement contraignants dans sept domaines spécifiques, tels que les terres agricoles, les pollinisateurs, les rivières à écoulement libre et les écosystèmes marins, qui, ensemble, devraient couvrir au moins 20 % des zones terrestres et maritimes de l'UE d'ici à 2030. Cet objectif a ensuite été porté à 30 % afin d'aligner l'Union sur l'accord historique conclu en décembre à l'issue de la 15e conférence des parties (COP15) à Montréal. Se profile aussi l'enjeu carbone.
Pour restaurer les champs appauvris par l’agriculture intensive, cette loi impose d’y replanter des haies, de laisser plus de place aux cours d’eau entre les exploitations ou encore de régénérer les zones humides. « À court terme, cela peut faire légèrement baisser les rendements agricoles, mais pas sur le long terme » concède Nicolas Schtickzelle, professeur d’écologie et de conservation de la biodiversité (source)
Inquiets de voir cette loi tomber aux oubliettes, 3 300 scientifiques avaient publié une lettre. Ils y démontent point par point les arguments de la droite : « Non seulement ces affirmations manquent de preuves scientifiques, mais elles les contredisent même », s’insurgent-ils (source)
C’est une bataille d’une rare intensité qui se livre au Parlement européen, entre d’un côté, Manfred Weber, le président du groupe PPE, allié à l’extrême droite, et de l’autre, Pascal Canfin le président macroniste de la commission environnement, derrière lequel se sont rangés les Verts, les sociaux-démocrates (S&D) et une partie de ses amis politiques, les libéraux de Renew Europe. Certains parlementaires macronistes ayant voté contre faisant basculer le résultat. source
Les opposants considèrent cette loi comme une menace directe pour les moyens de subsistance traditionnels des agriculteurs, des éleveurs, des pêcheurs et des exploitants forestiers européens. Ainsi le PPE décrit la loi comme un cas de "bonne conception, mauvaises intentions" et affirme que ses objectifs juridiquement contraignants de réhabilitation des zones terrestres perturberont les chaînes d'approvisionnement, diminueront la production alimentaire et augmenteront les prix pour les consommateurs de tous les jours. source
Les arguments avancés par les conservateurs ont été vigoureusement contestés par les partis progressistes, les ONG environnementales, les climatologues et l'industrie des énergies renouvelables, qui affirment que la restauration de la nature et l'activité économique sont deux objectifs compatibles qui peuvent prospérer côte à côte.
Les PDG et les cadres supérieurs de 50 entreprises, dont IKEA, Nestlé, H&M, Iberdrola et Unilever, ont signé une lettre commune exhortant les législateurs à adopter "de toute urgence" des règles sur la restauration de la nature afin de créer une sécurité juridique pour les entreprises, de garantir une concurrence loyale et de favoriser l'innovation. Notre dépendance à l'égard d'un environnement sain est fondamentale pour la résilience de nos économies et, en fin de compte, pour notre réussite à long terme", écrivent les PDG. source
PISTE 1 - LE CONSOMMATEUR
Bruno Le Maire prévenait en début de semaine que l'inflation ne reviendra pas aux "niveaux très faibles" que la France connaissait avant le Covid en raison de la relocalisation des chaînes de valeur et du coût de la transition écologique https://lnkd.in/eSFvZ2sY.
L'inflation s'annonce durable pour « deux raisons très structurelles », a pointé le ministre: « La première, c'est que nous avons décidé de remettre les chaînes de valeur en France et que c'est plus cher de produire des batteries électriques en France que de les importer de Chine, donc ça a un effet structurellement inflationniste ».
« La deuxième raison, c'est la transition climatique : elle a un coût et va peser sur les prix dans les années qui viennent », a averti Bruno Le Maire. « On a connu des taux beaucoup plus faibles dans les années passées. Je ne pense pas que nous revenions à ces taux très faibles, autour de 0%, que nous avons connus dans les années passées », a-t-il conclu.
Ça semble tout de fois compliqué de leur faire payer la transition écologique en maintenant les prix à des niveaux hauts.
Certes l'environnement reste une préoccupation majeure des consommateurs. Selon NielsenIQ, si la hausse des prix constitue la préoccupation majeure pour 77 % des Français, vient ensuite le réchauffement climatique (63 %) devant le conflit en Ukraine (53 %) et la crise sanitaire (31 %). source Et d'après Kantar, les consommateurs les plus engagés dans la préservation de l'environnement maintiennent leur budget consacré aux produits engagés pour préserver l'environnement (22,3% des dépenses).
Mais conséquence directe de l'inflation, les Français se sont adaptés l’an dernier pour limiter les effets de l’inflation sur leur pouvoir d’achat en évitant le gaspillage de nourriture (62 %), en réduisant leurs dépenses de carburant (55 %), ou encore en limitant les dépenses d’habillement (51 %) ou de loisirs (50 %). NielsenIQ évalue à 13 millions le nombre de ménages français “Fragilisés” par l’inflation, en hausse de plus de 25 points par rapport à décembre 2021. A ces derniers, il faut ajouter les trois millions de foyers “Contraints”, qui avaient déjà un pouvoir d’achat limité avant même le retour de l’inflation. En 2022, ce sont surtout les jeunes adultes et les familles qui ont le plus réduit leurs dépenses alimentaires, les premiers ayant davantage retrouvé le chemin de la consommation hors domicile sur le premier semestre. Et en 2023, c’est un Français sur 4 qui penserait à réduire ses dépenses alimentaires. source
En particulier dans l'alimentaire et les cosmétiques on constate une chute des ventes du BIO. La baisse des ventes a commencé en 2021. C'est dans la grande distribution, où l'horizon de la démocratisation du bio semblait se dessiner mais où la concurrence par les prix est la plus forte, que la baisse de la consommation a été la plus importante en 2021 (baisse de 3,9 % entre 2020 et 2021 et 8 % en 2022). Le segment bio fait aussi face à une concurrence accrue d'autres labels et mentions : signes de qualité et d'origine (AOP, IGP, label rouge), mentions "sans résidus de pesticides, OGM...', le nutriscore, maintenant le planet score. Et les consommateurs préfèrent l'achat local plus rassurant plutôt que le bio trop souvent industriel en supermarchés.
L’agriculture biologique, par ses pratiques, permet de protéger les espèces et de restaurer des écosystèmes terrestres et aquatiques grâce à : la non utilisation des pesticides de synthèse, la présence de prairies, haies, bandes enherbées et des rotations de cultures plus diversifiées et plus longues offrent des abris et des ressources alimentaires plus variées et continues Le rapport de l’Itab reconnait que l’agriculture biologique contribue à une diversité et une abondance d’espèces et permet également la préservation des services écosystémiques tels que la pollinisation ou la régulation. D’ailleurs cette faune diversifiée est également précieuse pour les agriculteurs bio : les abeilles pour polliniser les cultures et les arbres fruitiers, les vers de terre pour fertiliser le sol, les coccinelles, les crapauds, les hérissons pour protéger les cultures.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’alimentation est la principale source d’exposition aux pesticides et plus de 85 % des Français veulent savoir la quantité de pesticides dans leurs assiettes, en priorité pour les fruits et légumes frais. source
Les résultats du récent sondage* IFOP, commandé par La Maison de la Bio, indiquent que près de 70 % des Français souhaitent une transition de notre modèle agricole français vers le bio, tandis que 64 % d’entre eux signalent un manque d’action du gouvernement. Le système agricole français constitue une priorité pour les prochaines années, et La Maison de la Bio appelle Marc Fesneau à accroître ses efforts et à prendre pleinement conscience de cet impératif. Si le Gouvernement souhaite atteindre son objectif ambitieux de développement de l’agriculture bio en France, fixé à 18 % de la SAU d’ici 2027 (contre 10,3 % actuellement), il devra intensifier sa démarche et faire de la transition vers une agriculture et une consommation biologique une véritable priorité dans l’agenda politique des prochains mois. source
Ainsi, une certification bio régénérative présente sur les produits semble être la solution pour impliquer les consommateurs directement depuis leurs achats (alimentaires, mode, beauté...), de façon raisonnable, dans le financement de services écosystémiques. A l'instar de ROC - regenerative organic certified - distribué par ecocert en France. https://www.ecocert.com/fr-FR/certification/agriculture-regenerative-ro
PISTE 2 - LES ENTREPRISES
La comptabilité des entreprises évolue pour prendre en compte les externalités négatives sur l'environnement et la société et des normes de reporting sont établies pour éviter le greenwashing. Mais on reste loin du financement de services écosystémiques, sauf pour le climat avec une possible réduction des impacts à cause des risques directs sur l'activité économique que les actionnaires pourraient vouloir limiter. Source https://lnkd.in/ebcM2ngA
Nous sommes encore loin d'une comptabilité Triple Capital ( capital Humain, naturel et financier ) qui permettrait de monétiser l'impact généré et de calculer le Return on Impact pour investir dans des services écosystémiques.
C'est le concept de "double matérialité qui est opérant pour les rapports extra financiers. Selon le principe de la double matérialité : une matérialité d’impact qui mesure les effets de l’entreprise sur l’environnement et l’humain ; une matérialité financière qui mesure les risques et les opportunités de l’environnement (y compris dans sa dimension humaine) pour les entreprises d’un point de vue financier. Mais l'approche dite de « matérialité financière » reste opérante dans les rapports financiers.
Ainsi les entreprises sont invitées à compter ce qui est significatif pour les entreprises et non ce qui est significatif pour les écosystèmes, le climat, etc. eux-mêmes...Quand à l'impact social il est souvent limité à l'impact sur les employés et partenaires et non la société dans son ensemble. Toutes fois l'approche dite de « matérialité financière » quand elle s'applique au risque climatique se traduit par des courbes de réduction des émissions et des investissements CAPEX.
Coté normes. Deux normes ont été publiées ce lundi : l'IFRS S1 et l'IFRS S2. Elles portent essentiellement sur des données liées au climat. L'ISSB n'est pas la seule institution à avoir publié des normes ESG. L'Efrag (European Financial Reporting Advisory Group) en a fait autant. En novembre dernier, l'Efrag a publié un projet de 12 normes, les ESRS qui couvrent les questions environnementales (climat, pollution, ressources marines, eau…), les aspects sociaux (main-d'oeuvre, communautés locales, consommateurs et utilisateurs finaux), la gouvernance et l'éthique des affaires. Ces normes seront définitives début juillet, quand aura été publié l'acte délégué de la directive CSRD, qui révolutionne l'information extra-financière. source
Entre les deux jeux de normes - celles de l'ISSB et de l'Efrag -, il y a des différences majeures. La première : les normes de l'ISSB se cantonnent aujourd'hui au climat, quand l'Efrag a une couverture bien plus large. La deuxième : l'ISSB revendique une approche dite de « matérialité financière » afin de mesurer les conséquences du changement climatique sur les profits. L'Europe, elle, a une approche dite de « double matérialité ». Elle intègre la matérialité financière mais aussi la matérialité d'impact. Cette dernière prend en compte les impacts négatifs ou positifs de l'entreprise sur son environnement économique, social et naturel.
Si l’ISSB ne produit des indicateurs que sur la matérialité financière, l’organisation a choisi, comme l’EFRAG, de prendre en compte non seulement les émissions directes des entreprises liées à l’utilisation de leur énergie et à leurs propres installations (périmètres ou scopes 1 et 2), mais aussi les émissions indirectes de l’ensemble de leur chaine de valeur (périmètre ou scope 3 incluant les fournisseurs de l’entreprise). https://www.aefinfo.fr/assets/medias/documents/5/2/525913.pdf
Ces normes thématiques couvrent en général plusieurs sous-thématiques. L’appendice A (AR 16) de la norme ESRS 1 fournit une liste de ces sujets par standard. A titre d’exemple, la norme « Biodiversité et écosystèmes » (ESRS E4) est structurée en quatre sous-thématiques : les facteurs d’impact directs sur la perte de biodiversité, les impacts sur l’état des espèces, les impacts sur la préservation des écosystèmes et les impacts et dépendances sur/aux services écosystémiques. Autre exemple, sur le volet social, la norme « Main d’œuvre propre à l’entreprise » (ESRS S1) couvre des sous-thématiques telles que les conditions de travail, l’égalité de traitement - elle-même découpée en de nombreux sous-sujets (égalité de genre, formation, harcèlement au travail, etc.).
On retiendra que les 12 normes thématiques – environnementales, sociales et de gouvernance seront posées dés juillet 2023 pour le reporting extra financier afin de réduire le greenwashing https://lnkd.in/eVJAAkt3 mais que seul le climat sera relié d'ici quelques années à l'activité économique des entreprises via les travaux de la commission International Sustainability Standards Board (ISSB) portée par Emmanuel Faber.
PISTE 3 - LES AGRICULTEURS
L’agriculture régénérative peut être considérée comme une sous-division de l’agriculture biologique qui va plus loin en augmentant la teneur en matières organiques des sols, en améliorant leur structure et leur potentiel de stockage de carbone. L'agriculture biologique régénératrice est un modèle de production mis au point par le Rodale Institute. Il propose initialement une version combinée de l’agriculture biologique et de l’agriculture de conservation. Il intègre par la suite des dimensions de commerce équitable et de bien-être animal. source
La transition de l'agriculture intensive vers l'agriculture bio régénérative va être couteuse avant que les services rendus par la nature elle même permettent de se passer complètement des engrais et pesticides délétères.
- Les rendements chuteront de 10 à 50 % selon les cultures. Avec plus de travail humain, une partie des coûts de production risque d'augmenter. Cependant, le modèle repose sur une baisse importante des intrants, ce qui induit une baisse des coûts. https://lnkd.in/esWptsK5
- Après quelques années (3 à 5), les agriculteurs devraient voir augmenter les rendements et les bénéfices des cultures avec un retour sur investissement de 15 à 25 % en passant à des pratiques agricoles régénératives https://lnkd.in/e-fBhF3e
C'est de la responsabilité de l'état que d'accompagner la transition agricole
- L'agriculture biologique n'est pas suffisamment aidée alors qu'elle rend naturellement de nombreux services écosystémiques. https://www.inrae.fr/sites/default/files/pdf/efese-services-ecosystemiques-rendus-par-les-ecosystemes-agricoles-synthese-2.pdf
- L'agriculture intensive pas suffisamment encadrée alors que les collectivités portent, entres autres, le cout de la purification de l'eau des pesticides, qui multiplierait par 27 le prix d'une salade. https://lnkd.in/eHW-iPMf
Le revenu agricole à l'hectare est en baisse et la profession n'attire plus les jeunes. Ca semble donc difficile d'introduire cet enjeu même si les nouvelles pratiques agricoles sont un excellent levier pour séduire les jeunes.
Publié en 2018, le rapport d’orientation du Groupe Safer a mis en lumière la corrélation entre l’augmentation de la taille des surfaces travaillées et la baisse de la valeur ajoutée par hectare. Pour dire les choses simplement, des exploitations agricoles plus grandes, une baisse des revenus a l'hectare, une baisse de revenu des agriculteurs ayant recours à des employés, des agriculteurs par ailleurs endettés.
Les exploitations agricoles ont connu un grand mouvement de concentration et il n'y a plus autant de petites exploitations que dans les décennies passées. Le capital immobilisé (matériel, bâtiments et foncier) est passé de 173000€ à 275000€ par ferme entre 2000 et 2020, le double des autres professions. L’agrandissement des fermes est en partie alimenté par la politique agricole commune (PAC), dont l’essentiel des aides est alloué en fonction des surfaces travaillées. https://lnkd.in/eAM8k5X3
À rebours d’un modèle agricole à taille humaine, ces choix s’accompagnent le plus souvent d’un recours aux technologies numériques. État des sols, stress hydrique, besoins de fertilisation, météo, sont mesurés et analysés en continu par des logiciels qui indiquent alors quelles pratiques adopter pour optimiser la production. Très lourds en termes d’investissements, ces supports censés faciliter le confort des agriculteurs pourraient à terme renforcer les phénomènes déjà à l’œuvre: agrandissement excessif des fermes, destruction de l’emploi agricole, maximisation de la production pour rentabiliser les coûts engendrés. État des terres agricoles en France - Terre de liens
Sans simplifier a outrance, le problème principal semble être du coté de la monoculture intensive qui rend fragile l'exploitant agricole à la volatilité des prix, aux risques climatiques et qui se traduit par un produit fini de moins bonne qualité nutritive.
La portion du prix de vente retournée aux producteurs est faible. En janvier dernier les producteurs de pommes avaient manifesté pour réclamer 20 centimes de hausse pour pallier les coûts des matières premières avec un retour actuel de 30 centimes sur une pomme vendue 2 euros 14 en grande surface https://lnkd.in/eY2STzXB La rémunération des producteurs de pommes à jus (achetées à un prix inférieur) est de 0,25 € minimum par kilo de fruits par C'est qui le Patron ?! La Marque du Consommateur marque réputée pour sa juste rémunération https://lnkd.in/euE5Jdqf
Une baisse de la qualité nutritionnelle. Le taux de diminution varie en fonction des nutriments et du type de fruit ou de légume, mais il se situe généralement entre 6 % pour les protéines et 38 % pour la vitamine B2. Selon les experts, les céréales ont également connu un déclin. Ces baisses alarmantes ont également des répercussions sur les consommateurs de viande.https://lnkd.in/ennKjMVY.
Clairement les agriculteurs et éleveurs en pratique intensive vont avoir besoin de financements publics ou de la part des banques. Les exploitations en bio peuvent plus facilement (et rapidement) faire la transition.
Les entreprises qui achètent leur production peuvent intervenir directement au niveau des exploitations via des cahiers des charges qui incluent et rémunèrent les services rendus. Elles sont confrontées à une double difficulté : leurs approvisionnements ne sont pas locaux, pas d'exclusivité avec les agriculteurs sur l'ensemble de leur récolte / cheptel. La solution étant de signer des contrats d'exclusivité sur plusieurs années avec ceux souhaitant effectuer cette transition.
PISTE 4 - LA COMPENSATION CARBONE
Les entreprises engagées dans l'agriculture régénératrice sont souvent principalement motivées par la réduction de leurs émissions de gas à effet de serre, à 70% causés par les pratiques agricoles et d'élevage de leurs fournisseurs dans l'alimentation, la mode et la beauté. Ce insetting des impacts carbone est à l'origine du financement de projets de protection climatique au sein de leur propre chaîne de création de valeur et vise à réduire de manière vérifiable leurs émissions voire obtienir un impact positif sur les communautés, les paysages et les écosystèmes liés à leur chaîne de création de valeur. Nous allons parler ici de offsetting, c'est a dire de compensation des émissions d'une entreprise en dehors de sa chaine de valeur.
Le marché des crédits carbone va passer de 67,3 milliards de dollars en 2022 à plus de 200 milliards en 2027. Il s'agit par exemple du fonds d’impact lancé par South Pole en partenariat avec le WWF doté de 25 millions de dollars. South Pole développe son offre de services : "mesure de l’impact climat, trajectoires climat alignées sur la science, compensation carbone et investissements dans la finance climat". https://lnkd.in/evg2PeCc
Mais une étude récente à montré que 94% des crédits carbone du marché volontaire (non étatique) n’auraient eu aucun effet sur la lutte contre le changement climatique. Le résultat de l'enquête est sans appel : ce mécanisme de financement, dont le but est d’apporter des fonds privés pour protéger la forêt primaire dans des zones sensibles, semble n’avoir provoqué un réel évitement de la déforestation que dans un nombre très restreint de cas. https://lnkd.in/eNJQUNQP
Après la plantation d'arbres, la restauration des sols agricoles ?
Les sols peuvent stocker davantage de carbone qu’ils n’en émettent, dans certaines conditions, encore soumises à des incertitudes d’un point de vue scientifique. Un sol sain capte plus de carbone mais en émet plus aussi (de part l'activité biologique du sol
La Méthode SOBAC’ECO-TMM permet de quantifier à la fois les réductions d’émissions empreinte, liées à la fabrication des intrants, et les émissions vérifiées, liées au fonctionnement du sol suite à l’apport des intrants (intrants azotés, amendements calciques).
Mais la capture intensive du CO2 dans le sol peut aller de pair avec un appauvrissement des sols par exemple avec l'application de chaux agricole https://lnkd.in/eCGiUhRr Le recours aux intrants chimiques pour augmenter le taux de matière organique du sol peut avoir lieu au détriment de la biologie du sol et la santé humaine.
Carbone 4 rappelle que pour engager les entreprises vers une transformation compatible avec le zéro émission nette collectif, a toujours considéré l’achat de crédits carbone comme une action complémentaire, à distinguer impérativement des efforts que l’entreprise doit faire pour transformer son business model et le rendre compatible avec l’Accord de Paris. https://lnkd.in/eNJQUNQP
La régénération ne concerne que le vivant et son mode opératoire est la circularité au sein d'un écosystème. La capture de carbone dans les sols agricoles ne saurait s'effectuer par offsetting.
CONCLUSION
Selon Millenium Ecosystem, plus de 60 % des services écosystémiques mondiaux sont dégradés ou utilisés de manière non durable. Les fonctions écosystémiques de base qui fournissent ce dont les humains et les autres espèces ont besoin pour survivre s'effondrent autour de nous : de l'approvisionnement en nourriture, en eau, en fibres et en carburant à la régulation du climat, des inondations, des sécheresses et des maladies. Cette dégradation des écosystèmes cause également des dommages importants au bien-être et à la santé humaine dans le monde entier (source)
La régénération des écosystèmes agricoles est le bon niveau d'intervention pour cheminer vers une agriculture responsable, viable, désirable. Le paradigme repose sur les services rendus aussi bien au niveau environnemental que social. Par exemple, la santé des sols est ainsi mise au même niveau que la santé des agriculteurs et des consommateurs. La santé des sols est étroitement liée à la santé humaine. Prendre soin des organismes vivants dans le sol c'est prendre soin de nous. Il convient d'être vigilant sur les fondements et motivations de l'agriculture régénérative dont l'ambition pourrait être réduite au seul sujet de la séquestration carbone. L'approche bio et régénérative est écosystèmique, donc au delà du carbone.
Les services rendus et les impacts positifs doivent être valorisés dans les produits commercialisés pour permettre aux agriculteurs d’obtenir une rémunération juste et durable et ainsi poursuivre le travail qu’ils réalisent quotidiennement. Ce qui est aussi vrai pour tous les autres acteurs de la chaine.
Pour aller plus loin :
- Vers l'entreprise régénérative ICI
- De l'agriculture régénérative au business model canvas de la régénération (V3) ICI
- La question au coeur du business model de l'économie régénérative : qui va payer pour la régénération de la nature ? ici
- Les marques et produits régénératifs en FRANCE (ICI) et aux USA 150 Brands Supporting Regenerative Agriculture (LA)
- La fresque des imaginaires est basée sur 4 relations à la nature pour cheminer vers la régénération https://lnkd.in/eYmwgFjK
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LES MARQUES REGENERATIVES EN FRANCE #NOUSSOMMESVIVANTS
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