A lire : L'écologie positive / A suivre #vivement2050
Les recherches en économie du bonheur montrent que le fait d’adopter des comportements écologiques rend aussi plus heureux ! (sources : le monde et cepremap)
Un grand nombre d’études mettent en évidence un lien positif entre le bien-être et le fait d’avoir des comportements plus respectueux de l’environnement, comme trier ses déchets, limiter l’empreinte carbone de ses déplacements, prêter attention au bilan écologique de son alimentation, etc.
La principale difficulté c'est qu’il s’agit dans la plupart du temps de corrélations : on observe que les gens qui sont plus heureux ou satisfaits de leur vie ont des comportements plus responsables environnementalement, mais sont-ce ces comportements qui contribuent à les rendre plus heureux, ou au contraire adoptent-ils une attitude plus écologique parce qu’ils sont plus heureux au départ, et donc plus enclins à faire un effort ?
Parmi les quelques travaux qui tentent de mettre à jour une causalité, une étude chinoise suggère que c’est lorsque les gens sont plus heureux (parce qu’il fait beau) qu’ils ont des comportements plus éco-responsables. D’un autre côté, une étude canadienne ne trouve pas de différence entre des personnes ayant participé à une activité pro-environnementale et un groupe de contrôle affecté à une autre tâche. Dans les deux cas, il s’agit de résultats exploratoires, qui demandent à être largement renforcés : il s’agit d’un champ de recherches très ouvert.
Au-delà de ce constat d’ensemble, il faut toutefois considérer à un niveau plus fin les relations entre les types de comportements et les dimensions du bien-être subjectif. Par exemple, les comportements correspondant à une sobriété choisie dans sa consommation ont un effet positif sur le sentiment d’être heureux, tandis que l’activisme a un coût en termes de bien-être. L’option de la sobriété choisie recouvre d’ailleurs des dynamiques contradictoire. Une étude en Thaïlande montre que le fait de réparer des objets ou d’acheter des objets plus durables, même s’ils sont plus chers, est associée à une satisfaction dans la vie plus élevés, mais que restreindre les achats d’objets identifiés comme non nécessaires a un coût pour cette même satisfaction. Contrairement à une idée pourtant intuitive, le recours régulier aux achats en ligne peut constituer une aide dans une démarche de sobriété, en donnant plus facilement accès à des biens et services plus respectueux de l’environnement.
Dans une dimension complémentaire, une étude espagnole montre que les comportements écologiques qui entraînent des économies financières ont d’abord un effet (positif) sur les émotions, tandis que ceux qui ont un coût, en temps ou en argent, on plutôt un effet sur le sentiment que la vie a du sens. Sans surprise au regard de la discussion sur l’éco-anxiété, plusieurs études relèvent que les personnes les plus optimistes quant à l’avenir ont en moyenne des comportements moins écologiques sans doute avec l’idée qu’une solution, technologique par exemple, viendra d’elle-même. Une telle relation n’est cependant pas observable en France où le niveau d’optimisme ne semble pas lié à l’intensité des comportements éco-responsables.
Sur le cas Français justement, une étude qui mobilise notre plate-forme trimestrielle consacrée au bien-être détaille la diversité des relations. Les auteurs trouve qu’une satisfaction de vie élevée est associée à une plus forte tendance à acheter des produits bio, locaux, et à éviter l’excès d’emballages. En revanche, les comportements plus difficiles à changer à court terme, comme le mode de transport ou la consommation d’énergie, n’ont pas dans cette étude de lien fort avec le bien-être subjectif. Ce sont plutôt les personnes qui ont un fort sentiment que leur vie a du sens qui s’engagent non seulement dans les achats responsables mais aussi dans la consommation d’énergie.
La réduction des émissions de gaz à effet de serre occupe assez logiquement une place particulière dans la recherche. Dans ce domaine, plusieurs études font état d’un lien au mieux faible entre satisfaction dans la vie et les émissions de gaz à effet de serre. En d’autres termes, des comportement plus émetteurs en gaz à effet de serre ne génèrent pas systématiquement un bien-être plus élevé, les auteurs prenant l’exemple de longs trajets domicile-travail : il semble que le gain à habiter un logement plus spacieux soit annulé par le coût en bien-être des longs trajets quotidiens, le tout avec une empreinte carbone nettement supérieure à celle de ménages comparables habitant plus près de leur travail. Cette absence de relation indique donc des leviers de réduction des émissions qui, contrairement à ce que l’on pourrait croire, ne réduisent pas le bien-être.
En tout état de cause, ce constat doit fortement nuancer la manière de présenter la transition écologique. Au rebours de l’image d’une écologie punitive, ces études suggèrent qu’on peut être à la fois plus heureux et plus respectueux de l’environnement.
Il semble donc utile de revoir la manière de présenter ces comportements, non plus comme un sacrifice de son bien-être individuel au nom du bien commun, mais comme l’adoption de nouvelles manières de consommer ou de se déplacer qui vont in fine de pair avec un niveau plus élevé de bien-être. Mais comment faire appel au « bien agir » qui est probablement plus efficace que l’appel au sacrifice ?
Pour les scientifiques du comportement, il est clair que la motivation intrinsèque (liée à une satisfaction personnelle qu’on peut trouver à réaliser une activité) est la plus puissante à faire basculer durablement les comportements, par opposition à une motivation plus extrinsèque (liée à la satisfaction que l’on peut avoir à obtenir une récompense provenant de l’extérieur ou aux conséquences de cette récompense pour l’image de soi et les objectifs personnels).
Pour susciter la motivation intrinsèque l'écologie ne doit donc plus apparaitre comme contraignante, une doctrine exigeant par responsabilité de renoncer aux avions, à quelques degrés de chauffage et aux sapins coupés de leurs forêts. Au contraire s'incarner dans un nouveau mode de vie, désirable que l'on adopte avec plaisir. Les « modérés verts » représentent 19 % de la population, ils sont particulièrement sensibles aux propositions relatives aux modes de consommation et à des modes de vie fondés sur la proximité, mais aussi à l’idée qu’une partie importante des décisions politiques soient prises à l’échelle locale avec la participation des citoyens d'après l'Obsoco. (source)
Une autre étude a permis d’identifier plusieurs figures archétypales négatives du consommateur responsable. Il serait, au choix, intégriste, ermite, rabat-joie ou encore snob. L’analyse de ces différents archétypes négatifs du consommateur responsable fait émerger autant de freins à l’adoption de comportements de consommation responsable. Respectivement, nous identifions ainsi un frein d’intégration en lien avec la peur des conflits induite par une posture perçue comme trop intégriste, « jusqu’au-boutiste » ; un frein de désirabilité avec cette autre forme de marginalité associée à l’ermite et au refus de la modernité ; un frein d’hédonisme, si l’on suit le rabat-joie, incapable de tout plaisir spontané, et rationalisant toute décision de consommation. Enfin, au consommateur responsable « bobo » est associé un frein d’identification et le rejet d’une posture élitiste et condescendante. (source)
La transition écologique, si nous voulons la mener collectivement, suppose de donner véritablement envie à chacun d'adopter volontairement de nouvelles façons d'être au monde, de vivre et d'habiter sur terre. Elle nécessite une transformation culturelle portée par des récits et des imaginaires qui agissent sur nos représentions mentales de nous même et les représentations collectives inconscientes
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