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Nos croyances sur les émotions – que nous les percevions comme bonnes ou mauvaises, contrôlables ou incontrôlables, utiles ou nuisibles – affectent profondément notre vie et nos relations.
La science ne s’est engagée que récemment à examiner cette question, mais elle le fait désormais avec acharnement. En 2020, la revue Frontiers in Psychology a consacré un numéro entier aux croyances sur les émotions. Pourquoi tout cela a lieu maintenant ?
Ca va de pair avec un intérêt croissant pour nos réactions face au stress, explique James J. Gross, psychologue à l'Université de Stanford. « Je pense que cet intérêt depuis une vingtaine d’années a été amplifié par la pandémie », dit-il. «Je pense que l’on prend de plus en plus conscience que beaucoup d’entre nous sont anxieux, déprimés et stressés.» Il note qu’il existe un lien solide entre les croyances sur la contrôlabilité des émotions et le recours à des stratégies de régulation des émotions pour réduire l’anxiété et la dépression.
Au cours des dernières années, les réflexions se sont principalement concentrées sur le lien entre croyance et émotion Pour commencer, un certain nombre de psychologues ont créé des échelles d’auto-évaluation. Le questionnaire sur les croyances émotionnelles, par exemple, explore dans quelle mesure ils sont d'accord avec des affirmations telles que « les émotions négatives sont très peu utiles » et « peu importe les efforts déployés par les gens, ils ne peuvent pas changer leurs émotions positives ».
Une autre échelle, "les croyances individuelles concernant les émotions" (IBAE), se concentre sur des variations plus subjectives telles que « Je ne veux pas admettre avoir certains sentiments, mais je sais que je les ai » et « Si je me laisse éprouver certains de ces sentiments. , j’ai peur de perdre le contrôle. Jennifer Veilleux, co-créatrice de l'IBAE et psychologue clinicienne de l'Université de l'Arkansas, trouve ce questionnaire utile en thérapie. Si certains pensent qu’ils devraient garder leurs sentiments privés et ne pas les partager, ils peuvent ne pas les révéler en thérapie. Si tel est le cas, ils ne peuvent pas progresser dit elle.
De telles croyances ont un impact au quotidien. La recherche montre que ceux qui pensent pouvoir modifier leurs émotions éprouvent un plus grand bien-être à court et à long terme. S’ils se sentent tristes ou en colère, par exemple, ils peuvent utiliser une stratégie de régulation des émotions telle que la réévaluation cognitive pour réduire leurs sensations douloureuses.
Cette technique de réévaluation s’est révélée efficace. Un étudiant qui se sent triste de sa mauvaise note, par exemple, peut se rappeler qu’il n’a pas beaucoup étudié pour cet examen, mais que s’il étudiait davantage la prochaine fois, il réussirait probablement mieux. Un employé qui n’est pas promu peut considérer que l’avancement d’un collègue ayant plus d’ancienneté était équitable. Le résultat est qu’il y a moins de sentiments douloureux comme la tristesse, la colère ou la honte.
Une autre approche efficace consiste à apprendre à accepter ses émotions sans les juger. Dans une série d’études sur l’acceptation et la santé émotionnelle globale, le psychologue Brett Q. Ford de l’Université de Toronto a montré qu’accepter les émotions désagéables conduisait à une meilleure santé mentale. Il a été demandé aux gens de tenir un journal quotidien pendant deux semaines. Chaque soir, ils réfléchissaient à l'événement le plus stressant de la journée et à leurs réactions à ce moment-là et par la suite. Six mois plus tard, les participants ressentaient moins de dépression et d’anxiété et globalement plus de bien-être. Plus leur niveau d’acceptation est élevé, dit-elle, moins ils ressentent d’anxiété, de stress et d’inquiétude.
Il est aussi possible de les considérer comme des amis plutôt que des ennemis. Une expérience a montré que les personnes qui considéraient leurs émotions comme plus utiles que nuisibles en période de détresse montraient moins de réactivité physiologique lors d'un événement stressant (regarder un film dérangeant) et avaient un plus grand bien-être général.
Quelles émotions considérons-nous comme nos plus grands amies ? Les gens ont tendance à valoriser leurs émotions agréables plutôt que leurs émotions désagréables. Dans une enquête récente, 73 % des parents américains considèrent le bonheur comme l'objectif principal lorsqu'ils élèvent des enfants, le Canada et la France accordant une note encore plus élevée. En Inde, seulement 49 pour cent des parents accordent une note aussi élevée au bonheur, tandis que 51 pour cent donnent la priorité à la réussite. Notre engagement contemporain en faveur du bonheur a des inconvénients, « par exemple, en compliquant considérablement les réactions au malheur infantile », dit Stearns.
Comme le soulignent les psychologues, les émotions désagréables ont des fonctions importantes. La peur, par exemple, peut être désagréable, mais elle nous aide à éviter le danger. La colère nous motive à affronter ceux qui menacent nos objectifs ou notre sécurité. Une étude classique de la psychologue Maya Tamir et de sa collègue, intitulée « Quand se sentir mal est censé être bon », l’illustre. Dans une expérience en laboratoire, les chercheurs ont montré que les personnes qui considéraient la colère comme utile dans une négociation hostile – par exemple une négociation dans laquelle un propriétaire avait l’intention d’obtenir un loyer en souffrance d’un locataire – obtenaient plus de concessions dans la négociation si elles intensifiaient leur colère au préalable.
Peut-être plus important encore, nos convictions concernant nos émotions – les nôtres et celles des autres – influencent puissamment nos relations avec nos proches. Dans le cadre d'une nouvelle recherche, Angela M. Smith, étudiante au doctorat en psychologie à l'Université de Toronto, et ses collègues ont demandé aux participants de lire un récit à la première personne décrivant leurs expériences personnelles de dépression. Il a ensuite été demandé aux participants d'imaginer que cette personne était quelqu'un qu'ils connaissaient et de choisir parmi une liste de réponses potentielles probables à ce camarade de classe ou à ce voisin. L’étude a révélé que les personnes qui pensaient que leurs sentiments étaient changeants se sentaient moins solidaires envers la personne déprimée.
Bien que la science des croyances émotionnelles dans les relations n’en soit qu’à ses débuts, les experts affirment que nous expérimentons ces dynamiques chaque jour. Beaucoup de gens sont convaincus que la colère est toxique pour les relations, dit Gross de Stanford. Une personne mariée ayant cette conviction pourrait réprimer sa colère et ne pas révéler des problèmes importants qui, exprimés de manière constructive, pourraient améliorer son mariage. Un parent en colère contre son enfant serait probablement aussi en colère contre lui-même et effrayé, suggère Gross. Nous avons tendance à considérer notre vision des émotions comme étant avant tout psychologique, mais elles ont également des dimensions sociales, culturelles et historiques importantes, dit Stearns, en soulignant le domaine récent de « l’histoire des émotions ».
Les scientifiques accordent une attention nouvelle à la manière dont ces perceptions varient selon les pays et évoluent au fil du temps. Pensez au genre : dans notre discours public, nous avons souvent des débats houleux sur les idées largement répandues selon lesquelles la colère est inconvenante chez les femmes et la vulnérabilité ou la tristesse le sont chez les hommes.
Une étude de 2019 met en lumière où nous en sommes avec ces notions. Un groupe diversifié de jeunes hommes et femmes lisent des vignettes sur un homme ou une femme qui pleure soit dans des contextes stéréotypés « masculins » comme la lutte contre les incendies et l'haltérophilie, soit dans des contextes « féminins » comme les soins infirmiers ou le patinage artistique. Les participants ont beaucoup plus apprécié les pleurs des pompiers que ceux des infirmiers. Dans le contexte « masculin », les lecteurs ont estimé que les hommes versant des larmes étaient plus appropriés et plus forts sur le plan émotionnel.
Le pays dans lequel nous vivons contribue à la façon dont nous percevons les émotions et dont nous les gérons. Dans une étude portant sur près de 4 000 personnes dans 19 pays publiée dans la revue American Psychologist, Tamir et ses collègues ont testé la relation entre l'utilisation de stratégies de régulation des émotions et la satisfaction de vivre, la dépression et la santé psychologique générale.
Dans les pays individualistes comme l’Allemagne, le Royaume-Uni ou les États-Unis, explique-t-elle, nous pensons que les émotions sont en nous et nous disent comment nous allons. Pourtant, la recherche montre, dit Tamir, que « dans les cultures collectivistes, les émotions sont considérées comme quelque chose qui se produit entre les gens, et que nous nous sentions bien ou mal à l’intérieur ne dit vraiment rien sur nous.
Ce qui est plus important, c'est la façon dont nous nous comportons et ce que nous exprimons. Par exemple, présenter un visage impassible plutôt que de montrer des sentiments, dit-elle, est préjudiciable aux personnes vivant dans des sociétés individualistes, mais dans des sociétés plus collectivistes, les personnes qui agissent ainsi se sentent en réalité mieux.
Cela peut être dû au fait que dans les sociétés individualistes, les gens valorisent l’expression d’émotions authentiques, même désagréables, dit-elle. Les personnes vivant dans des cultures collectivistes accordent davantage d’importance à l’harmonie sociale, et l’expression de sentiments négatifs peut la perturber.
Comme le dit Manuel Gonzalez, psychologue à l'Université d'État de Montclair, "la façon dont nous pensons aux émotions imprègne notre vie par ce que des croyances imprègnent profondément la façon dont nous gérons les émotions". D'après Gonzalez, "la façon dont nous gérons nos propres émotions, ce que nous nous permettons d'exprimer, influence la manière dont les émotions se manifestent dans nos relations, que ce soit avec la famille, avec amis, au travail, comment nous sommes perçus par les autres et comment ils se comportent envers nous".
Ainsi penser à toutes nos émotions en les accueillant améliore notre qualité de vie.
FRANCINE RUSSO est une journaliste chevronnée spécialisée dans les sciences sociales et les relations. Elle est l'auteur de Love after 50: How to Find It, Enjoy It, and Keep It (Simon et Schuster, 2021). Traduit en Français par Huguette Viala
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Présentation de la fresque des émotions #noussommesvivants