Regenerative tourism #noussommesvivants
Le tourisme régénératif ?
Dans l'industrie du voyage, il y a un intérêt notable pour les pratiques de tourisme écologiquement régénératrices qui contribuer positivement à la préservation de la biodiversité, et s'assurer que le développement du tourisme ne compromet pas l’intégrité environnementale, mais plutôt la soutient et la renforce.
Le Cadre mondial pour la biodiversité, élaboré au cours d'un processus de consultation et de négociation de quatre ans, soutient le réalisation des objectifs de développement durable des Nations Unies. Au cœur de ce cadre est la vision d'un monde vivant en harmonie avec la nature pour 2050. Pour réaliser cette vision, le cadre définit les grands objectifs à atteindre atteints d’ici 2050. Ces objectifs englobent divers aspects de la biodiversité, y compris la santé des écosystèmes, des espèces conservation, préservation de la diversité génétique et garantie que la nature continue de fournir des avantages vitaux aux humains. Mettre en œuvre ces efforts pour la biodiversité nécessite un effort collectif. Ce qui appelle un financement adéquat, une gouvernance solide et une participation de divers secteurs de la société
Mais, selon une publication de Dianne Dredge, directrice de l'agence de formation au tourisme The Tourism CoLab, sur les futures formes de tourisme, le changement profond de ce secteur peut s'avérer complexe. Elle souligne que, dès qu'un changement s'opère dans les relations sociales, économiques et environnementales, des frictions et de la résistance peuvent se créer puisque les habitudes et les croyances sont "profondément ancrées". source Aujourd'hui la plus grosse difficulté du secteur touristique, c'est le morcellement, le dogmatisme et la politique qui sabotent les tentatives de rassemblement autour d'un projet commun.
De plus, la directive européenne sur les allégations vertes, qui s'inscrit dans le cadre plus large de la Commission européenne. initiative visant à lutter contre le greenwashing, est particulièrement pertinente pour les voyages et secteur de l'hébergement. La directive vise à confirmer que les allégations environnementales fabriqués par les entreprises sont étayés par des données solides, fondées sur la science et vérifiables méthodes. (source)
Enfin c'est un changement de paradigme de la limitation des émissions et la préservation de la nature, à une pensée écosystèmique qui intègre les humains dans l'écosystème naturel avec la possibilité de contribuer à un mieux vivre ensemble.
L'approche Française du tourisme durable reste une approche principalement a visée économique pour s'adapter au dérèglement climatique. Par exemple, le "tout ski" qui ne peut plus être une stratégie de développement pour la montagne, estime un rapport parlementaire. Les députés préconisent "une stratégie d’adaptation différenciée suivant les stations, les massifs et leurs enjeux propres" et une diversification des activités touristiques tout au long de l’année. (source). Le tourisme régénératif s’additionne à des pratiques de tourisme durable avec des actions contributives menées dans un bon mutuellement bénéfique.
Grand Chambéry Alpes Tourisme lance « Chambéry Montagnes, » une marque dont l’objectif est de « concilier développement touristique et préservation du territoire pour tendre vers un tourisme dit régénératif ». « Véritable outil de promotion », cette nouvelle marque de destination permettra « de renforcer la notoriété de la destination » et de fixer « un cap, une stratégie et des objectifs partagés ». En misant sur les atouts évidents du territoire (nature, patrimoine, …) et en impliquant les habitants, Chambéry Montagnes veut contribuer « au développement d’un tourisme responsable et éco-engagé qui n’oppose pas la préservation du territoire au développement d’infrastructures de loisirs ». Parmi les autres grands objectifs de cette nouvelle marque : une meilleure répartition de la saisonnalité touristique sur l’ensemble du territoire. « Le modèle du tourisme hivernal doit se diversifier et prendre en compte les évolutions climatiques et sociétales », estiment les créateurs de la marque (source) En effet, une stratégie d'attractivité touristique devrait désormais se penser à 20-30 ans en intégrant les évolutions du milieu et sociales, pour espérer avoir un véritable effet à visée régénérative pour le territoire.
Le tourisme régénératif ne vise pas uniquement à s’adapter à un environnement changeant mais à restaurer les ressources du territoire et améliorer sa capacité à se renouveler quelques soient les pressions qui s’exercent sur l’écosystème local. Le processus va au-delà de l'adaptation des infrastructures touristiques pour viser la prospérité d'un écosystème territorial.
1er département touristique d'Occitanie, l'Hérault fait face à de grands enjeux : une fréquentation importante et inégale sur le territoire mais aussi une forte vulnérabilité face au changement climatique. Un nouveau schéma départemental vient consolider le positionnement de la destination Hérault autour d'un tourisme durable, responsable et exemplaire. "L'enjeu de ce nouveau schéma départemental est d'affirmer, dans un contexte de contraintes climatiques, géopolitiques et économiques, une forme de résilience via une stratégie touristique durable et responsable. Une idée maîtresse : mieux répartir les flux dans l'espace et dans le temps, tout en respectant le territoire. Nous plaidons pour un tourisme 4 saisons, qui invite à la découverte de tout le département, littoral et intérieur des terres, de nos lieux, dispositifs et évènements culturels, de notre patrimoine viticole, entre autres très nombreux attraits. Et qui mise - c'est essentiel - sur les itinérances douces !" Jean-Louis Gély, Vice-Président du Conseil Départemental délégué au tourisme et à l'économie Consciente. source
Selon un pionnier de l’entreprise régénérative, « les humains ont la responsabilité incontournable de veiller à ce que la planète reçoive un retour approprié sur l’investissement qu’elle a réalisé en nous". Ainsi la régénération consiste essentiellement à rassembler les acteurs autour de services écosystémiques (Sanford). D'après Araneda (2019), Bellato et al. (2022), Pollock (2019) et Becken et Kaur (2021), l’objectif du tourisme dans une perspective de tourisme régénératif est de renforcer la capacité des systèmes sociaux, économiques et naturels à prospérer (au delà des services écosystémiques, les services socio écosystèmiques). De leur point de vue, l’objectif principal des acteurs économiques et locaux doit être de servir l’évolution saine de la vie à travers des systèmes durables et régénérants, et le rôle du tourisme et de ses parties prenantes est non seulement de gérer mais d'alimenter ces processus. "It is actually the business of business to fulfill this aspiration on the part of the planet”. Sanford
Le tourisme régénératif arrive donc en extension du tourisme durable, tel que déjà pratiqué par les professionnels du secteur, avec une approche à l’échelle des systèmes en valorisant le potentiel du lieu et des communautés qui y vivent. Le lieu touristique est pensé comme un écosystème qui abrite des êtres vivants humains et non humains qui vivent tous des ressources naturelles. Comme dit Toerisme Vlaanderen “A destination is a living system in the same way that a forest is a living system”. C'est donc une approche territoriale qui prend racine dans la compréhension des écosystèmes locaux et des interactions entre les habitants du territoire : pour certains un lieu de vie, pour d'autres un lieu de vacances (moins d'un an pour les touristes), pour certains enfin un habitat naturel.
Araneda (2019), Bellato et al. (2022), Pollock (2019) et Becken et Kaur (2021), se sont inspirés de la recherche sur les systèmes vivants pour définir le tourisme régénératif et les attendus des acteurs du tourisme engagés dans un processus de régénération d'un territoire exploité à des fins touristiques. Leur vision étant que les autorités locales doivent s'engager aux côtés des organisations gouvernementales et non gouvernementales dans une grande coalition, en s'assurant que les résidents et les personnes marginalisées soient inclus dans les processus régénératifs (source).
Le tourisme régénératif nécessite de réunir une grande coalition mobilisée dans l'intérêt collectif des habitants, des touristes et de la nature, sa faune et sa flore. Pour favoriser l'implication sincère d'une coalition d'acteurs dont les actions sont à visée régénérative, la pensée des systèmes vivants est un facteur clé. Elle considère les humains comme faisant partie de la nature, alors que les visions anthropocentriques et biocentriques considèrent les humains comme coupables de sa destruction ou responsables de sa protection (source) Cette conception renverse le modèle mental principal actuel basé sur une "consommation" du lieu de destination, ou comme "protecteur" de la biodiversité pour un modèle mental ou chacun fait partie intégrante de l'écosystème visité et pleinement acteur de sa régénération.
Pour la mettre en oeuvre, on peut s'aider des 4 « visions de la relation homme-nature » qui introduisent deux autres visions plus inclusives selon le sens que leur attribue la psychosociologue Nicole Huybens et l'IPBES : les humains comme individus exploitant la nature pour les anthropocentristes, la vie et l'ensemble des espèces menacées par les humains pour les biocentristes, la communauté biotique pour les écocentristes dont les humains font partie et les êtres vivants comme individus en interaction dans un lieu donné pour le multicentrisme, qui est l'imaginaire de la régénération. (source)
Dans la pensée des systèmes vivants le rôle des parties prenantes est de créer un système complet de relations mutuellement avantageuses (des relations symbiotiques). Ainsi tout projet commence par la tentative de comprendre comment les systèmes de vie fonctionnent dans cet endroit unique. Puis, pour soutenir la capacité d’un système à prospérer et à se régénérer continuellement, il est essentiel de comprendre les avantages que chacun des systèmes imbriqués apporte aux autres. Ensuite, au lieu de se concentrer sur des problèmes isolés, ce qui entraîne inévitablement de nouveaux problèmes et des conséquences imprévues, la régénération amène à prendre en compte un contexte plus large avec toutes ses interrelations, donc à travailler de manière holistique. Toute approche moins exhaustive risque d’être fragmentée et de ne pas permettre à la communauté d'oeuvrer pour améliorer les capacités de son territoire et d'atteindre son potentiel de prospérité. (source)
Deux voyageurs français de Voyageons-autrement.com, Martin et Carlos, se sont inspirés de la notion de "culture régénérative", développée par l'auteur Daniel Wahl. A partir de cette notion, ils ont organisé des formations pour sensibiliser au tourisme régénératif. L'article raconte que nos deux explorateurs se sont appuyés sur le fonctionnement d'un écosystème particulier afin d'apporter des solutions concrètes à ce dernier dans le but de l'améliorer sur quatre axes (source)
- La compréhension des organisations vivantes
- La création d'expériences touristiques basées sur la relation avec soi-même, les autres et la nature
- Le design écologique inspiré du biomimétisme
- Les capacités à maintenir un leadership régénératif dans l'optique de sensibiliser à l'engagement des personne
Dans le tourisme régénératif, le touriste devient vraiment acteur de la préservation des écosystèmes et de leur régénération. Selon le centre pour la promotion des importations pour les pays en développement (CBI), le tourisme régénératif consiste aussi à permettre aux visiteurs d'avoir un impact positif sur la destination de vacances (source). Cet impact positif doit être effectif aussi bien sur la biodiversité que sur les populations locales et l'économie locale. Il s'agit avant toute chose de faire en sorte de laisser en meilleur état le lieu dans lequel nous avons séjourné. Le CBI souligne que l'enjeu est de comprendre que toutes les interactions sont liées et que chaque acteur (voyageur, communautés locale et biodiversité) a son rôle à jouer. En ce sens, le visiteur a accès à un certain nombre d' "outils" qui lui permettent de contribuer activement à la revitalisation et à la régénération de l'environnement et/ou de l'écosystème de son lieu de vacances. Pauline Sheldon, explique dans Le Devoir, "C’est un tourisme qui vise à améliorer le concept de durabilité en ajoutant un « plus » au résultat d’une expérience de voyage. Elle devrait avoir un effet durable plutôt que passager. Elle met aussi les voyageurs et l’industrie au défi de passer du statut d’observateur ou de visiteur à celui de participant actif et engagé".
C'est dans la lignée de l'écotourisme : forme de tourisme axée sur la nature et dans lesquelles la principale motivation du touriste est d'observer et d'apprécier la nature ainsi que les cultures traditionnelles qui règnent dans les zones naturelles. Il comporte une part d'éducation et d'interprétation. Mais aussi du tourisme solidaire qui regroupe les formes de tourisme « alternatif » qui mettent au centre du voyage l’homme et la rencontre s’inscrivant dans une logique de développement des territoires. Le tourisme équitable et solidaire applique les principes du commerce équitable au tourisme, impliquant une intégration forte des populations locales dans les différentes phases du projet touristique. Cette forme de tourisme a pour objectif final un développement durable et équilibré des territoires, de manière directe à travers l’activité touristique, et de manière indirecte à travers le financement d’un fonds de développement dédié à des projets d’intérêt général (source). Similaire au tourisme participatif qui consiste à faire de son voyage un engagement, rencontrer les populations d’accueil au-delà de toute relation marchande. Ce nouveau type de tourisme a le vent en poupe ces dernières années, grâce à des voyageurs de plus en plus sensibles aux impacts environnementaux et éthiques de leur démarche. Le site International Greeters Association propose aujourd’hui plus de 120 destinations dans 31 pays. La démarche se base sur une réelle hospitalité. Leur service sont gratuits, avec comme unique motivation : partager leur connaissance avec le visiteur. Les greeters deviennent acteurs de leur territoire en réinventant l’hospitalité des grandes villes modernes. Le programme des visites peut concerner des thématiques variées, aussi bien l’art, le sport, l’histoire ou l’artisanat.
Mais la régénération, pour réussir, nécessite qu'une communauté d'acteurs se réunisse. De réunir à la fois les acteurs économiques, les habitants et les touristes. L'experte en économie circulaire, Pauline Sheldon, explique dans Le Devoir, que c'est une forme de tourisme qui nécessite "un changement fondamental dans notre façon de voir le monde" et que c'est "un engagement envers le tourisme en tant qu’outil pour créer des communautés d’accueil prospères et pour régénérer et soigner les ressources abîmées". Cette dernière rajoute également qu'il s'agit d'un "changement philosophique" qui privilégie la collaboration, la communauté à l'échelle locale ainsi que le bien-être.
Pour les entités touristiques comme les organismes de marketing de destinations, il s’agit de passer de la « gestion de la destination touristique » au rôle élargi de « cultivation de la communauté d’accueil ». Cela nécessite un changement de la nature de l’organisme agissant qui représente le collectif ainsi que du style de gouvernance. À cette fin, il s'agit de réunir un cercle d’intendance des écosystèmes, soit un groupe intégré de personnes au service du tout. À l’échelle régionale, Dolomiti Paganella, une région alpine italienne à succès a remis en question les fondations de la destination en vue de transformer sa communauté pour le mieux. Comme résultat, une charte des valeurs partagées a été signée par les parties prenantes. Aussi, des projets seront expérimentés afin de bâtir une destination intelligente, harmonieuse et innovante grâce à la jeune génération. (source)
Le territoire touristique à visée régénérative est donc un territoire commun. Un espace de vie partagé qu'il convient de régénérer en réunissant tous les habitants, acteurs au quotidien de celui ci, contribuant à sa richesse, sa vitalité, sa prospérité. La pratique des communs permet aux gens de sortir du monde moderne « normal » de l’hyperindividualisme, du consumérisme, de la concurrence et de la croissance économique. En nous invitant à ralentir et à prendre soin des besoins des autres et de la Terre, les communs donnent au mot « valeur » un sens plus large et plus riche, quasi sacré. La valeur n’est plus définie par le prix commercial ni restreinte aux seules marchandises. "Nous réapprenons à voir que la valeur s’épanouit à travers nos relations sociales – ainsi qu’à travers nos relations avec les forêts et l’atmosphère, les océans et la Terre. La valeur est la vie elle-même". David Bollier, Amherst
Le tourisme régénératif vise ainsi la capacité du vivant, humain non humain, à prospérer dans un lieu de vie partagé. "Comme pour le sol, le potentiel de vitalité existe dans n’importe quelle communauté et dans n’importe quel lieu. Le travail de régénération consiste donc à se concerter pour découvrir et cultiver ce potentiel en prenant soin mutuellement des gens et des lieux. Pour pratiquer la régénération de façon continue, il faut cultiver la communauté humaine et plus qu’humaine tel un terreau fertile afin de favoriser la santé et de générer de nouvelles possibilités et permettre à la communauté de réaliser son potentiel de prospérité. Dans le contexte du tourisme, nous devons régénérer la vitalité des lieux, des populations locales, des entreprises, des communautés et des systèmes écologiques complexes qui les sous-tendent" Michelle Holliday reconnue pour ses approches régénératrices du travail et de la communauté, en particulier pour ses travaux au Canada.
Sophia Alami fait un lien entre le tourisme régénératif et l'agriculture régénérative qui joue un rôle central et structurant au niveau des territoires et donne à chacun les moyens de devenir acteurs du changement (source). L'agriculture régénérative est caractérisée par une philosophie de la production agricole et un ensemble de techniques adaptables fortement influencés par la permaculture, selon Vandana Shiva elle est bio et régénérative. Axée sur l’optimisation des synergies naturelles (écosystèmes) et humaines (intelligence collective), elle aide à résoudre les problèmes locaux grâce à des solutions adaptées au contexte. Ses buts principaux sont d'améliorer la fourniture de services socio écosystémiques avec un focus sur la biodiversité des sols et au dessus de ceux ci. Elle met fortement l’accent sur les valeurs humaines et sociales (dignité, équité, inclusion, justice) et sur les partenariats, la coopération. Elle repose sur une alimentation issue exclusivement ou essentiellement du local, des circuits courts. Elle fait le lien entre gourmandise et santé, hédonisme et bien-être ou soin à la nature, aux autres et à soi. Elle insiste sur les rôles d’éducation et d’apprentissage, notamment à la biodiversité. À l'heure où plus de 80% de la population vit en ville, le WWOOFing permet à tous d'être en contact avec la terre et se ré-approprier les bases de son alimentation… Tout en apportant son aide à des fermes bio et paysannes (source).
Comme c’est le cas en agriculture régénérative, les résultats d’une telle approche collective et centrée sur le soin porté au socio écosystème touristique sont nombreux et variés. Par exemple, Michelle Holliday constate ce qui suit :
• Chaque communauté d’accueil a le potentiel de développer son propre caractère et d’être cohérente, ce qui se répercute sur les résidents, attire et enrichit les visiteurs, et mobilise des ressources en soutien;
• Partout, les gens sont capables de cultiver un accueil chaleureux envers leurs voisins et les visiteurs, même au-delà des différences et des conflits;
• L’accueil et la sollicitude peuvent s’étendre à la terre elle-même, étant donné que les gens trouvent un sens à travailler ensemble pour régénérer les écosystèmes environnants et qu’ils en viennent à se sentir soutenus et accueillis par le lieu;
• De ce « terreau fertile » émergent continuellement de nouveaux projets novateurs. Comme des plantes dans un sol renouvelé, les entreprises individuelles prospèrent. De plus, les diverses offres sont intégrées afin de multiplier les avantages.
• À bien des égards, les communautés découvrent que les possibilités se multiplient lorsque l’on travaille ensemble et que l’on conjugue apprentissage, guérison, vitalité et potentiel.
• Ainsi, le secteur touristique ne génère pas seulement des recettes brutes, mais aussi un « bénéfice net » pour les communautés, terme auquel elles donneront leur propre définition. Il procure également du bien-être aux hôtes comme aux visiteurs.
• Sur cette base, les communautés développent la résilience nécessaire pour résister aux perturbations futures. Chaque lieu devient un chez-soi, pour les résidents et, temporairement, pour les visiteurs.
Au-delà de générer des impacts positifs nets pour les écosystèmes et la société, le tourisme régénératif a un rôle à jouer pour changer de paradigme et repenser le rapport que nous entretenons avec le vivant sous toutes ses formes selon Marion Gléréan fondatrice de Nature Profonde.
Ce sujet est déjà étudié dans de nombreux secteurs en France, en particulier avec les mouvements de l'écologie profonde, de la transition intérieur, de l'écopsychologie (avec l'AFECOP, Association Francophone d'ECOPsychologie notamment), champ transdisciplinaire qui explore les interrelations entre l’être humain et la nature, ou encore avec Tous Dehors France, ou Le Lichen. Le Lichen est un espace de recherche et d'expérimentation où sont testés des dispositifs, des méthodes de considération des non-humains qui ont vocation à être utilisés par les enseignants, les urbanistes, les collectifs d'habitants, les entreprises, etc, dès qu'il est question de conduire des politiques publiques, des aménagements territoriaux ou plus simplement des éclairages sur notre façon d'habiter le monde. Ainsi Nature Profonde conçoit ces voyages autour de 3 axes :
- Les activités de reconnexion pleine nature par les 5 sens(balades et découvertes, bain de forêt, marches méditatives, expériences sensorielles au contact des éléments, baignades, enseignements naturalistes sur le vivant et les cycles de la nature). Ressourcement garanti.
- La rencontre de personnalités locales inspirantes, animateurs environnement, qui nous accueillent sur les terres qu’ils affectionnent (découvertes historiques, symboliques, énergétiques). Ainsi nous restaurons notre lien à notre territoire.
- L'invitation à retrouver nos capacités d'émerveillement (observation de la nature-miroir, temps de contemplation, légendes et sagesses ancestrales).
Dans cette veine, le camping Écohébergement Assi-Nipi à Mashteuiatsh investira près d’un million de dollars pour développer le tourisme régénératif. Assi-Nipi (Ter-Eau) veut faire vivre aux touristes une expérience de partage de la culture innue dans toute son ingéniosité. « Ce que l’on propose, c’est une expérience transformatrice de symbiose entre la nature et l’humain, avec de l’hébergement écologique au cœur d’une forêt nourricière. Un lieu qui met en valeur les savoirs des Pekuakamiulnuatsh qui ont vécu de façon harmonieuse avec l’environnement durant des millénaires », explique Sonia Robertson. Le camping dispose d’environ 70 emplacements, dont une vingtaine au cœur d'une forêt nourricière. Il accueille surtout des tentes et des petits campeurs (roulottes), mais offre aussi des espaces pour le camping sauvage.
Selon Susanne Becken de l'Université Griffith en Nouvelle Zélande, la question clé de la régénération, qu’il s’agisse du tourisme, de l’agriculture, de la sylviculture,… est de savoir dans quelle mesure une «activité commerciale» peut soutenir sans exploiter l’environnement ou les personnes ? "De toute évidence, les modèles d'affaires actuels érodent le capital (par exemple, pensez à la façon dont nous drainons les sols dans l'agriculture intensive; c'est la même chose dans le tourisme). Si nous passons à des business models plus régénératifs la sur exploitation diminuera au profit du vivant. Cela doit être testé et le changement devra peut-être être progressif. Mais la clé est que le modèle actuel est très consommateur, ne profite qu'à quelques-uns et ne peut tout simplement pas durer éternellement. Nous devons essayer une meilleure façon".
"Le tourisme régénératif n’est pas anti-croissance ; cela demande simplement que nous développions les choses qui comptent le plus pour nous d’une manière qui profite à l’ensemble du système et jamais au détriment des autres". Anna Pollock, Communauté de Pratique, implantée au sein du Réseau des Îles Local2030 source
Alors que le tourisme durable est perçu par certains chercheurs comme insuffisant, le « tourisme régénératif » chercher à rendre les destinations meilleures pour les générations actuelles et futures dans une « démarche holistique » qui implique dès le départ les institutions, les acteurs publics et privés du tourisme, les communautés d’accueil et les touristes de la destination afin d’assurer le bien-être des visiteurs, mais également des résidents et du territoire d’accueil grâce à la création d’une prospérité partagée Jon Genovea, A., 02/12/20, “Taking Regenerative Tourism to Scale – Everyone has a Role to Play”, Regenerative Travel
Notre business model de l'entreprise régénérative aligne les enjeux économiques, sociaux et environnementaux d'une offre touristique dans une logique d'intérêts mutuellement bénéfiques sur un territoire. ici
Le business model canvas de l'entreprise régénérative
Le tourisme régénératif en pratique !
En juin 2023, Destination Canada a sorti une étude sur "Une approche régénératrice pour le tourisme au Canada" Un manuel de 46 pages présentant les possibilités de mise en œuvre de cette nouvelle approche du voyage dans les différentes provinces du territoire, cas concrets à l'appui. L’étude de Destination Canada campe tout d’abord le concept de régénération qui « découle d’une vision du monde axée sur les systèmes vivants, puisque tout système vivant se régénère ». C’est un synonyme de vitalité renouvelée et d’autoguérison. Les modes d’existence régénérateurs sont ainsi, de par leur nature, plus holistiques, intégrés et respectueux de toute forme de vie. Ils s’inspirent de la sagesse qui est au cœur des nombreuses visions du monde des peuples autochtones. « Ce document s'inspire de la sagesse qui est au cœur des nombreuses visions des peuples autochtones. Il a été rédigé dans le souci d'honorer leur pensée régénératrice », est-il précisé.
Il n'est pas étonnant de s'inspirer des peuples autochtones. Si la Nouvelle-Zélande est considérée comme un leader dans le domaine du tourisme régénératif c'est que depuis 2018, les visiteurs entrant dans le pays sont invités à respecter les principes de la culture maoris comme le manaakitanga (faire preuve de générosité, de gentillesse et de respect envers les autres) et le kaitiakitanga (la garde de la terre pour les générations futures). En 2023, le gouvernement a publié son plan stratégique pour l'industrie touristique du pays, et le tourisme régénérateur était au premier plan. L’objectif premier est de basculer vers un système touristique régénératif qui laisse la communauté et l’environnement dans un meilleur état qu’auparavant. Une grande partie étant gérée par les habitants eux mêmes. Ainsi de plus en plus de nouvelles visites innovantes dirigées par des Autochtones – des excursions guidées en canot aux ateliers d’artisanat – font leur apparition partout au pays, reflétant la diversité du paysage et de ses habitants. (source). Selon Matunga, le Mauriora Systems Framework (MSF) est un cadre conceptuellement robuste et cohérent avec l'aspiration à la notion émergente de tourisme régénératif. source
La Finlande s'est aussi positionnée sur la régénération. Avec 72 % de sa superficie couverte de forêts, faisant d'elle le pays le plus boisé d'Europe, la préservation des ressources est un enjeu majeur. "Lors d'un voyage régénérateur, le visiteur fait quelque chose d'actif pour améliorer le lieu. Cela peut signifier planter des arbres, avoir des contacts sociaux avec des populations locales plus âgées ou contribuer à la protection d'espèces menacées", explique Floriane Colonnier, chef de projet de l'Or de Organisation touristique de Laponie. L'accent est donc mis sur les séjours en compagnie de bergers (avec des opérateurs tels que le gestionnaire de parcs nationaux Metsähallitus), lors desquels les voyageurs sont en immersion totale avec la nature et les animaux. Sont aussi valorisés les hébergements aux pratiques exemplaires, à l'instar du Haltia Lake Lodge, à 40 minutes au nord-est d'Helsinki. (source)
Au cœur de la stratégie sud-africaine se trouve le tourisme régénératif, une approche visant à restaurer et enrichir les ressources naturelles et culturelles. Cette philosophie dépasse la simple durabilité pour intégrer la régénération de l'écosystème et le bien-être des communautés locales dans l'offre touristique, créant ainsi une expérience plus riche pour le visiteur et un avenir plus prometteur pour les générations futures. L'Afrique du Sud montre l'exemple en matière de préservation de la biodiversité, avec des réserves naturelles qui servent à la fois de sanctuaire pour la faune et la flore et de moteur pour le tourisme durable. L'approche inclut activement les communautés locales, offrant aux touristes des rencontres authentiques et enrichissantes avec les peuples autochtones, tout en assurant que les bénéfices du tourisme contribuent au développement local. L'inclusion des communautés locales dans le secteur touristique est une autre pierre angulaire de la stratégie sud-africaine. Le pays encourage les initiatives qui permettent aux communautés d'accueillir des visiteurs, de partager leur culture, leur art, et leur mode de vie, créant ainsi une expérience authentique et mutuellement enrichissante. Cela comprend le développement de l'artisanat local, la promotion de la gastronomie régionale, et la création d'emplois dans le secteur touristique. Ces actions soutiennent le développement économique local tout en préservant les traditions et la culture. source
Aux États-Unis, la vision de Travel Oregon est d’offrir une vie meilleure à tous les Orégonais grâce à des communautés locales, durables et fortes qui accueillent une diversité de voyageurs en exploration. Pour y arriver, l’OGD propose des programmes d’accompagnement participatif à l’intention des collectivités et travaille actuellement à y intégrer des notions de diversité, d’inclusion et de changements climatiques. "En tant qu'habitant de l'Oregon, j'ai un lien profond avec de nombreux coins de notre État. J'adore tellement certains endroits que je passerais volontiers mon temps à m'assurer que ces lieux sont correctement entretenus et adorés par de nombreuses générations après moi". Jordan McCauley, Travel Oregon source
À l’échelle régionale, Visit Flanders, c'est une organisation gouvernementale chargée d'élaborer et de mettre en œuvre des plans de développement touristique avec et pour la Flandre. Les inquiétudes croissantes concernant les menaces futures causées par la croissance rapide de l'économie touristique européenne ont incité Visit Flanders à agir contre les impacts négatifs futurs anticipés, tels que le surtourisme qui cause le mécontentement des résidents. En 2018, Visit Flanders s’est lancé dans le projet « Travel to Tomorrow » pour développer une nouvelle vision du tourisme. Ce processus impliquait une collaboration, l'écoute d'histoires réelles en utilisant une méthode d'enquête appréciative et des discussions avec de multiples parties prenantes en Flandre pour découvrir l'essence du lieu et comment le tourisme peut contribuer à un lieu et une communauté florissants. Au cours du processus de consultation, un habitant a utilisé la métaphore du tilleul, que l'on trouve couramment en Flandre, pour exprimer comment un système touristique florissant pourrait fonctionner en Flandre. En conséquence, l’arbre a été adopté pour représenter un TLS florissant de Flandre, et une approche régénératrice a été adoptée (Visit Flanders, 2019).
La démarche ACCORD (Action concertée de coopération régionale de développement) est une initiative gouvernementale qui vise à dynamiser l’économie des régions du Québec en s’appuyant sur les forces régionales, sur la mobilisation et le dynamisme des gens d’affaires en région ainsi que sur la recherche de l’excellence dans les secteurs industriels clés du Québec. Dans le cadre du projet ACCORD, la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean a signé une entente de principe le 13 février 2003 identifiant les créneaux d’excellence potentiels pour la région. Les années suivantes ont permis un long travail de consultation de l’industrie régionale pour développer la stratégie et le plan d’action du créneau d’excellence dont la version finale a été déposée au ministère du Développement Économique de l’Innovation et de l’Exportation par les présidents du comité régional et du comité de créneau le 19 février 2008. C’est quelque mois plus tard, en juin 2008, que fut signée la première convention de financement permettant l’embauche d’un directeur de créneau et déclenchant du même coup le début de la mise en œuvre du plan d’action 2008-2013. Les deux premières années d’opération ont principalement constitué des années de mise en place qui ont servi à faire connaître la démarche et à peaufiner les mécanismes de gestion et d’opération. C’est à partir de 2010 que les premiers projets structurants ont commencé à émerger et que la collaboration entre les entreprises a réellement vu le jour. Entre le début de sa mise en œuvre et aujourd’hui, ce sont tout près de 30 projets qui ont été mis sur pied ou supportés par le créneau d’excellence pour un investissement total de 5 millions de dollars. source
Du côté des professionnels du tourisme, avec sa communication bien ficelée, une plateforme domine le marché du luxe : Regenerativetravel.com. Trente-trois hôtels y sont aujourd'hui recensés, parmi lesquels The Datai Langkawi, en Malaisie, le Rockhouse, en Jamaïque, ou le Wythe Hotel, à New York, ainsi que vingt agences de voyages. Ce site a été fondé l'année dernière par Amanda Ho, conseillère en image de marque basée à Lisbonne. Après avoir écrit pendant sept ans pour des publications dédiées à l'art de vivre, cette dernière a changé de paradigme. Son nouveau désir : modifier les mentalités des voyageurs en valorisant des propriétaires d'établissement tournés vers les enjeux de demain sur une plateforme dédiée. « Regenerative Travel inaugurera son programme de vérification d'ici la fin de cette année 2023. Nous mènerons des audits méticuleux dans tous les hôtels amenés à nous rejoindre et vérifierons les engagements de ceux déjà membres tous les trois ans », affirme Amanda Ho. Elle pourrait (presque) faire oublier FairBnB société visant à proposer des lieux d'hébergement pour des vacances de courte durée via une plate-forme en ligne respectueuse des résidents et des communautés locales. La société coopérative vise à apporter une alternative au tourisme de masse et ses conséquences.
Il faut dire que c'est l'effervescence du coté des hôtels de luxe. Dans une région très enclavée de Terre-Neuve, au Canada, le Fogo Island Inn fait figure de pionnier dans le secteur de la régénération. Le long de la côte sauvage de l'Atlantique Nord, cet ovni hôtelier, avec sa structure d'acier et de verre perchée sur de minces pilotis, s'est engagé pour un tourisme radicalement vertueux, dès son ouverture en 2013. Il appartient à Shorefast, organisation caritative qui gère elle-même l'auberge et les investissements. Résidences d'artistes, création de la première exploitation d'algues marines de la province, système de parrainage des clients… Leurs initiatives ont incité de nombreux natifs à revenir vivre à plein temps sur leur île et à s'engager pour la protection de leur patrimoine. Pour se détacher de tout soupçon de greenwashing, l'établissement a une technique imparable : la transparence. « Sur une chambre vendue 1 980 € la nuit, 84 % reviennent à Fogo ou au Canada. À savoir 49 % pour le personnel, 12 % dans des produits locaux, 18 % dans la partie opérationnelle, 4 % pour le marketing et 12 % réinvestis dans l'association », détaille Zita Cobb, créatrice de Shorefast. Convaincue que les voyageurs ont le pouvoir de faire bouger les lignes, la femme d'affaires les encourage à se demander où va leur argent pour faire des choix intelligents. (source)
Within The Wild en Alaska imprègne la cuisine de leur hôtel avec leur engagement envers la nature avec des aliments biologiques locaux. L'équipe éduque à la fois le personnel et les invités au fil d'expéditions dans la nature à la recherche de nourriture. L'introduction de serres sur place et dans les fermes voisines permet une période prolongée de récoltes. Ils sont zéro déchet dans une région où les ressources sont rares.
Et en suisse, le projet Votre Cercle de Vie a remporté le « Hotel Innovation Award 2022 » décerné par GastroSuisse et la Société suisse de crédit hôtelier. C'est un centre de compétences pour la transition au sein d'un écosystème vivant qui rassemble sur un seul site : une ferme biodynamique, un hôtel pédagogique, un restaurant inclusif, ainsi qu'un espace dédié au bien-être et à la santé naturelle. Le projet de Votre Cercle de Vie répond aux enjeux environnementaux et sociétaux, en créant le lien entre les humains, les animaux et la nature, au cœur d’une ferme en agriculture régénératrice. Il sensibilise et accompagne le grand public, les entreprises, les écoles, les acteurs publics et d’autres porteurs de projets sur le chemin de la transition. (en savoir plus)
En France, plusieurs initiatives méritent d'être mentionnées.
Selon a 8ème édition du cahier-tendances de paris & co, réalisé en collaboration avec Atout France, le tourisme régénératif fait partie des solutions créatives qui façonneront le paysage touristique de demain. Cinq tendances majeurs se dégagent dans cette édition :
- Tourisme régénératif
- Hôtels nouvelle génération
- Nouvelles pratiques et gestion des déchets
- Tourisme sportif et micro-aventures
Territoires
Aujourd’hui, la plupart des destinations françaises ont déjà choisi d’intégrer des dimensions du développement durable dans leur schéma de développement et leur stratégie marketing. Beaucoup misent aussi sur des formes de
tourisme alternatif. On retiendra particulièrement les actions de :
- La Bretagne (précurseur pour les séjours sans voiture)
- La région Provence-Alpes-Côte d’Azur (écotourisme et lutte contre le surtourisme)
- L’Auvergne-Rhône-Alpes (« Tourisme bienveillant »)
- L’Occitanie (« Plan tourisme durable et responsable 2021 »)
En termes d'étude et de perspectives en France, l'Agence Régionale du Tourisme du Grand Est a intégré le tourisme régénératif dans les principales tendances du tourisme à surveiller pour les prochaines années. "Nouveau champ disciplinaire, l’économie régénérative vise à mettre en œuvre des modèles économiques viables tout en régénérant les écosystèmes naturels et sociaux du territoire, ce qui suppose de créer de nouvelles modalités de coopération multi-sectorielles". Elisa Bremont (source) L’OTGR souhaite poser les bases d’un plan d’actions à 5 ans, partagé par tous, constituant la feuille
de route de la destination pour :
• Accompagner l’offre touristique dans sa transition responsable
• Placer l’habitant au cœur de la vie touristique d’une destination humaine et solidaire
• Développer les rencontres professionnelles et les grands événements à impact positif pour le
territoire
La 1re édition des Trophées de l’adaptation au changement climatique Life ARTISAN visait à promouvoir les actions exemplaires d’adaptation au changement climatique qui répondent à deux conditions : proposer des solutions pour développer des services écosystémiques favorisant notre capacité d’adaptation, tout en préservant la biodiversité (les solutions d’adaptation fondées sur la nature – SafN). (à découvrir ici)
Régénérer le territoire tout en créant des emplois, c’est l’objectif de Regenerate. Ce programme, imaginé par Open Lande, est lauréat de l’Appel à projets de la Région Pays de la Loire 2022 sur l’économie circulaire. L’ambition est double. D’abord, mieux cerner les besoins de résilience du territoire. Ensuite, inciter et accompagner les acteurs économiques à lancer des projets de régénération. source Une démarche dans le prolongement du parlement de Loire. Initiée par le POLAU en 2019, le parlement de Loire est une démarche territoriale entre arts, sciences et droits de la nature. Issue d’un cycle d’auditions publiques pour envisager la reconnaissance d’une personnalité juridique du fleuve, la démarche parlement de Loire prend appui sur les notions de droits de la nature, de bassin versant, d’attachements au milieu, de cohabitation avec le vivant. Cette démarche participe à faire communauté, à sensibiliser aux enjeux du fleuve et à créer des nouveaux récits de Loire. source
Les Grands Sites de France, territoires en transition tant d'un point de vue paysager, environnemental que socio-économique, ont fait le choix d'un développement local maîtrisé de leurs territoires reposant sur la qualité exceptionnelle de leurs paysages. Ce sont des acteurs engagés de la transition énergétique à laquelle ils contribuent par un ensemble d'actions concrètes compatibles avec l'acceptabilité paysagère et sociale du territoire : réduction de la place de la voiture dans les sites et forte incitation aux déplacements doux, aménagements sobres réalisés avec les matériaux du site, éco-construction, recours au photovoltaïque, valorisation des productions locales, sensibilisation de leur 32 millions de visiteurs à l'environnement et à un comportement responsable, etc. Pour favoriser une transition écologique concertée et compatible avec des sites à haute valeur patrimoniale, depuis 2019, le RGSF mène en partenariat avec le Ministère en charge de l’Environnement, rejoint par l’ADEME en 2023, une expérimentation nationale “Paysage et transition énergétique dans les Grands Sites de France”. L’objectif de cette expérimentation est de faire émerger, à partir de projets concrets élaborés par et pour des Grands Sites de France volontaires (plans de paysage transition énergétique et autres outils), des recommandations méthodologiques permettant de mettre en œuvre la transition énergétique (maîtrise de la demande d’énergie et énergies renouvelables) dans le respect des valeurs paysagères locales. Ces recommandations auront ensuite vocation à être diffusées aux collectivités membres du Réseau des Grands Sites de France et au-delà. https://www.grandsitedefrance.com/nos-themes/transition-ecologique
Les parcs naturels régionaux sont chargés de mettre en œuvre des actions selon cinq missions : développer leur territoire en le protégeant, protéger leur territoire en le mettant en valeur, participer à un aménagement fin des territoires, accueillir, informer et éduquer les publics aux enjeux qu’ils portent, expérimenter de nouvelles formes d’action publique et d’action collective. Le PNR des Ardennes et l'association Sylv'ACCTES encouragent la gestion forestière durable. Une gestion intelligente des forêts en incitant les propriétaires de parcelles à avoir recours à la "régénération naturelle". La mission de Sylv’ACCTES est d’encourager et de soutenir la gestion forestière durable et raisonnée. Depuis sa création en 2015, l’Association accompagne plus de 7 800 hectares de forêts dans une gestion vertueuse. Reportage dans la forêt des Ardennes, Olivier Cattiaux est avec Nicolas Bock, conseiller en gestion forestière au Parc Naturel Régional des Ardennes. "Le PNR des Ardennes peut accompagner les propriétaires souhaitant élaborer leur premier document de gestion. Il peut s’agir selon les surfaces soit de l’élaboration d’un plan simple de gestion (PSG), soit d’une adhésion à un règlement type de gestion (RTG) ou à un code de bonnes pratiques sylvicoles (CBPS)." source
L’association « Une agriculture au Cœur du Grand Site Salagou - Cirque de Mourèze » regroupant des agriculteurs de toutes filières a été créée afin de valoriser la production locale en lien avec la préservation des paysages exceptionnels. Le territoire du Grand Site Salagou - Cirque de Mourèze accueille une grande diversité de milieux et d’espèces d’oiseaux. Parmi les 37 espèces protégées au titre du dispositif Natura 2000 figurent notamment des espèces remarquables comme l’Aigle de Bonelli ou l’Outarde canepetière. Cependant, la modification des pratiques agricoles entraîne un changement des paysages et des habitats dont dépendent beaucoup de ces espèces. Pour y remédier, un projet agro-environnemental et climatique (PAEC) a été mis en place en 2011, porté par le Grand Site. Il s’agit d’un projet territorial présentant une triple dimension agricole, économique et environnementale. Il se compose de 10 Mesures agro-environnementales, destinées aux viticulteurs et éleveurs telles que le soutien à l’agriculture biologique, la réduction ou l’absence d’herbicides ou le maintien des milieux ouverts dans le but d’encourager l’agriculture du Salagou à s’orienter vers une meilleure prise en compte de son patrimoine naturel exceptionnel. Ces mesures ont pu bénéficier à 8 éleveurs et 22 viticulteurs. Le Grand Site compte actuellement 15 exploitations agricoles en bio (44 au total dans le site Natura 2000). source
Le mouvement associatif intercommunal de Vercors Citoyens rassemble les habitants des villages du massif du Vercors pour : - Sensibiliser, informer et éclairer aux enjeux du territoire, - Veiller au respect des objectifs et orientations du Projet d’Aménagement et de Développement Durable (PADD) et de la charte du Parc Naturel Régional du Vercors (PNRV), - Contribuer au débat citoyen sous toutes ses formes, - Co-construire des projets responsables pour un territoire du Vercors durable et résilient. Ni élus, ni promoteurs, juste des citoyens de tous horizons, plus de 1 500 foyers adhérents et sympathisants voulant participer au présent et à l’avenir des montagnes de moyennes altitudes.
Hébergements
Pierre & Vacances a décidé de saisir les enjeux climatiques. Parce que la lutte contre le dérèglement climatique doit passer par une réduction significative des émissions de gaz à effet de serre, ils s'engagent à développer des vacances locales bas carbone. Le label Clef Verte les accompagne depuis plus de 10 ans. Il certifie leur engagement de limiter leur impact sur l’environnement et de promouvoir la richesse des destinations. Pour des séjours toujours plus responsables, leur objectif c'est d’avoir 100% des résidences labellisées Clef Verte d’ici 2025. Depuis peu, le groupe Pierre & Vacances Center Parcs s’intéresse à la question du régénératif. Au sein du rapport de la CEC, voilà la question qui est posée pour le groupe : « Comment Pierre et Vacances Center Parcs peut participer de la transition écologique des territoires où sont implantés ses sites, en assurant à ses clients des séjours bas carbone et reconnectés à la nature et à la richesse naturelle et culturelle, et à la vie de chaque terroir? » Pour les nouveaux projets Center Parcs, il y a désormais cette volonté de mesurer l’évolution de la qualité de la biodiversité du démarrage des travaux à la fermeture / réhabilitation du site. Un travail d’expertise nécessaire et pragmatique pour développer ce tourisme régénératif. source
Les Hôteliers qui rejoignent le groupement des Hôtels au Naturel ont fait le choix de s’impliquer dans des démarches de développement durable de leur établissement. Les actions menées par chaque membre s’articulent autour de trois piliers : l’Humain, le Respect de l’environnement et le Territoire. Ainsi, le savoir-faire, le rôle et la maîtrise de l’homme sont primordiaux dans le processus d’accueil et de partage de chacun. C’est aussi grâce à leurs valeurs humanistes que les hôteliers concernés contribuent au respect de l’environnement en mettant en place des actions responsables, sociales et solidaires dans la gestion de leur établissement. Ils contribuent au développement du territoire et s’attachent à le faire découvrir à travers leurs prestations, ils proposent des produits et des services qui valorisent les acteurs locaux et patrimoines naturels, culturels et historiques. Ils s’attachent à préserver les milieux naturels, la faune, la flore. La démarche Hôtel au Naturel est évolutive, permettant ainsi à chacun de progresser dans son implication au fil des années. (source)
Les oasis sont des écolieux collectifs. On y expérimente un mode de vie basé sur le partage, la sobriété, l'autonomie et la solidarité. Plusieurs oasis proposent des séjours ou des locations pour découvrir ce mode de vie. A l'heure où la plupart des offres de "tourisme durable" semblent destinées à une élite, la Coopérative Oasis, qui rassemble plus de 1200 écolieux en France, lance une plateforme de mise en relation entre des lieux du réseau et de futurs voyageurs, à des tarifs abordables pour toutes les bourses. L'occasion de venir se régénérer au contact de celles et ceux qui ont déjà "passé le pas" du changement de vie, dans des lieux où la nature est omniprésente : cabane dans les bois pour 30 ou 40euros la nuit, gîte d'étapes à la ferme, chambres d'hôtes au coeur de vergers potagers, en cohabitation avec les animaux du lieu... Toute l'offre est répertoriée ici : https://destination-oasis.fr/
Experiences
Soliderrance c'est une agence de voyages solidaires et régénératifs qui propose d'immerger les voyageurs chez celles et ceux qui prennent soin de la Terre et des Gens pour une vie durable et en paix. Le "developpement durable" ou plutôt la conscience que nous ne pouvons plus tenter d'impacter le moins possibile mais plutôt régénérer les territoires et communautés visités sont littéralement au coeur du concept même de Soliderrance. (source)
Persuadé que le tourisme est un outil parmi d’autres pour améliorer la paix dans le monde, le respect des droits de l’homme (et de la femme) et le développement économique des pays les plus démunis, Voyageurs du Monde propose des voyages culturels qui privilégient la curiosité intellectuelle, la rencontre, l’authenticité à travers la richesse culturelle et naturelle du pays visité (source) Au Vietnam par exemple, la vieille ville de Hoî An a été reconnue par l’UNESCO comme patrimoine culturel mondial en 1999. Depuis cette date, de nombreux projets de rénovation des monuments de la ville ont été mis en place. La ville dont les célèbres rangées de maisons se dégradaient, a donc pu être sauvée et entretenue grâce à la venue des voyageurs, permettant ainsi de préserver ce pan d'Histoire précieux. (source)
Terres des Andes, une société coopérative et participative, propose un tourisme en immersion, co-construit avec les habitants locaux et assurant une juste rémunération aux guides et aux familles d'accueil. En accord avec les valeurs des voyages qu’elle propose, Terres des Andes est une agence labellisée « Tourisme Equitable » par le réseau national du tourisme équitable et solidaire, l'ATES, notamment grâce à ses engagements dans la co-construction de ses voyages avec des représentants locaux ou encore la juste rémunération des guides et des familles d’accueil. Par ailleurs, un pourcentage du coût du voyage finance un Fonds de développement utilisé pour appuyer des projets de développement locaux, tel que le soutien à l’amélioration des conditions de vie de nombreuses familles par exemple à Urubamba, dans la Vallée Sacrée, au Pérou. (source)
Les voyages peuvent impliquer une participation active à un projet d'aide au développement local. C'est ce que propose Terres d'Aventure. Par exemple, le circuit en Chine «À la rencontre des Khampas» a permis à l'association Lab Dra Khampa de construire une auberge-école. Cette auberge-école doit permettre de scolariser les enfants, générer des emplois et limiter l'exode rural des Khams. (source). Ainsi, les professionnels du secteur incluent des temps d’immersion auprès des communautés, des moments intimistes permettent de découvrir les modes de vie et le quotidien de ces populations. Comme avec double sens au Kirghizistan, où deux fois par an les voyageurs peuvent accompagner des semi-nomades lors de leurs transhumances annuelles pour apprendre à guider à cheval des centaines de têtes de bétail aux côtés de la famille Kirghize qui vous accueille. Et ca contribue aux communauté locales, au Cambodge par exemple, Double Sens a permis la création de plusieurs emplois dans les petits villages de Koh Phdau et de KohTnoat situés sur le Mékong, permettant d’encadrer le projet solidaire sur place. Toute l’année, les voyageurs se relayent sur le terrain afin d’assurer la continuité du projet et la pérennité des emplois. Double Sens, a aussi créé un outil de mesure d’impact à échelle locale.
L’ATES (Association pour le Tourisme Equitable et Solidaire) est un réseau professionnel d’acteurs et de spécialistes du tourisme équitable et solidaire. Créée en 2006, agréée Entreprise solidaire d’utilité sociale (ESUS), l’ATES regroupe plus de 30 producteurs de voyages, des opérateurs de tourisme en France et des membres associés, tous engagés pour faire du tourisme un levier de développement et de solidarité avec les populations et acteurs locaux. Reconnue au niveau national et international comme organisation de référence du tourisme équitable et solidaire, elle définit et porte la voix d’un autre tourisme, fait de respect, de rencontres et d’échanges avec les peuples, les savoir-faire et les cultures d’ici et d’ailleurs. L’ATES définit, anime et délivre le Label Tourisme Équitable® qui garantit que les pratiques des opérateurs sont conformes aux engagements de la Charte du Tourisme Equitable et Solidaire et aux critères d’évaluation définis.
Comment être exemplaire pour éviter le greenwashing ?
Exploitants d’entreprises touristiques, hôteliers, restaurateurs et résidents ont tous leur rôle à jouer dans la communauté et dans l’écosystème environnant au moyen des actions qu’ils posent déjà. Chaque produit, service ou contribution, tout comme le processus de développement de nouvelles offres novatrices, est une occasion d’approfondir les relations, de mieux se comprendre et d’apprendre à faire preuve de diligence et à faire sa part de manière originale et enrichissante (source).
Selon Bill Reed, consultant en planification, spécialiste des processus de design, enseignant et auteur de renommée mondiale dans le domaine de la durabilité et de la régénération, la régénération est une composante des communautés et des systèmes entiers en santé. C’est donc dire :
- que le comportement d’un visiteur ne peut pas avoir seul la responsabilité de revitaliser nos communautés. Les communautés et les hôtes ont aussi un rôle à jouer.
- qu’elle ne se limite pas non plus à l’offre d’une entreprise touristique en particulier.
- La régénération ne peut pas se résumer à une simple action ou à une seule fonctionnalité d’un programme.
Au contraire, les approches régénératrices sont l’occasion de former la communauté qui nous nourrira, celle-là même qui attirera et nourrira à son tour les visiteurs. Comme l’a écrit l’autrice et botaniste autochtone Robin Wall Kimmerer : « Tout épanouissement est mutuel ».
De plus, il est important que la coalition régénérative se fixe des objectifs clairs en terme de services éco systémiques à rendre, certifie les pratiques et mesure les impacts.
Un exemple souvent cité pour son exemplarité et qui est sujet d'étude pour ceux qui théorisent le tourisme régénératif, c'est Playa Viva, un hôtel de charme de 200 acres près d'un village nommé Juluchuca dans l'État de Guerrero, sur la côte Pacifique du Mexique. Lorsque le propriétaire actuel a acheté la propriété, les terres étaient gravement dégradées et les jeunes avaient migré vers les grandes villes. Les travaux de Dias, Brinkoff et Fugate ont montré qu'en 2006, lorsque Playa Viva a été créée, la population de Juluchuca était passée de 641 personnes en 2000 à 528 personnes. Mais le recensement de 2020 a montré une population accrue de 691 personnes avec de meilleurs moyens de subsistance qui comprennent l'agriculture, la pêche et la petite transformation alimentaire. En effet, dès les premières étapes de la planification du lieu, c'est sur la base de l'économie régénérative que les propriétaires ont associé les villageois locaux pour garantir que l'hôtel contribuerait au bien-être de Juluchuca. source
Depuis sa création, l'hôtel a évolué en harmonie avec le lieu. La restauration des bassins versants de l'écosystème, des forêts et de la population de tortues, ainsi que l'autonomisation sociale et économique, sont intégrées dans les expériences régénératrices et inspirantes de l'hôtel pour les clients. Au lieu de construire un complexe nécessitant « l’extraction » des ressources nécessaires (comme le personnel, la nourriture, etc.) du village, le concept a été revu : le complexe et le village ne font qu’un. La qualité de vie qui en résulte, tant sur le plan écologique que social, fait partie intégrante de la viabilité et du succès économique du complexe.
Grâce à cette prise de conscience, Playa Viva et la communauté sont devenus collaborateurs, et la présence du complexe a réellement été bénéfique pour l’écosystème environnant et la population. En suscitant la participation de groupes communautaires au moyen de projets éducatifs axés sur la durabilité et en embauchant principalement des gens du coin, Playa Viva s’est révélé un vecteur de changement positif pour la communauté sur plusieurs fronts. En guise d’exemple, Playa Viva a tenu des ateliers sur l’agriculture biologique et des programmes de réduction des déchets pour les membres de la communauté locale, participé à la planification et à l’enseignement dans les écoles, et mis sur pied une coopérative de sel pour s’assurer que les producteurs locaux obtiennent des contrats à prix équitable. Enfin, les efforts pour comprendre l’essence de Juluchuca réalisés dans le cadre du projet ont permis de révéler une histoire riche et fascinante qui avait largement été oubliée dans la région. En transmettant celle-ci au public, Playa Viva a permis aux membres de la communauté de sentir, à juste titre, qu’ils ont leur mot à dire quant à l’évolution future de leur communauté. Les visiteurs, s’ils le souhaitent, peuvent s’imprégner de cette dynamique saine, et plusieurs repartent avec un profond respect et le sentiment d’avoir vécu une expérience allant au-delà des commodités conventionnelles d’un complexe. (source)
Nous avons demandé aux étudiants de la Business School de Montpellier d'imaginer le tourisme régénératif dans un futur proche.
Tres bel article! Merci d'avoir mentionner Soliderrance (lien hyperlink possible avec www.soliderrance.com :) Je me sens honnoré de paraître dans un article aussi bien documenté et rédigé.
Je vous félicite pour ce travail et serais ravi d'échanger sur ce sujet.
Rédigé par : adrien ruffino | 17/02/2024 à 19:58
Merci pour cet article bien documenté.
Parmi les acteurs et pionniers, il convient de ne pas oublier les accompagnateurs en montagne.
Beaucoup travaillent en lien avec les Parcs nationaux et les PNR, notamment pour la protection de la faune.
D'autres sont formés au yoga ou autres techniques de ressourcement, et d'autres encore à la sylvothérapie.
En outre, leur métier de médiateur à l'environnement permet une sensibilisation des publics, notamment des plus jeunes, ce qui sert la cause du respect et de la protection des écosystèmes.
Ils jouent un rôle majeur sur de nombreux territoires.
Rédigé par : Jean-Pierre Lamic | 22/02/2024 à 05:55