Au printemps la vie émerge du sol, parce que le sol est un écosystème qui abrite la vie, et la santé des sols est directement liée à la santé humaine parce que nous sommes tous vivants. Ça semble être une évidence mais l'aspect vivant des sols est absent des travaux législatifs en cours pour encadrer l'agriculture et l'élevage.
La biodiversité des sols et ses processus biologiques sont les grands oubliés des lois Françaises et Européenes de préservation des sols et de la régénération de la biodiversité du sol en cours de votation.
Une des raisons explicatives est le focus sur la mesure d'impact de l'agriculture et l'élevage alors que les entreprises les plus exemplaires sur la biodiversité font scanner leurs cahiers des charges pour obtenir une validation externe des pratiques de leurs fournisseurs dont sont issus les produits alimentaires, les alcools, les textiles, les cosmétiques...
Mais le Parlement Européen a confirmé le 12 mars cette pratique des entreprises les plus exemplaires, comme par exemple avec le planet-score, dans un texte plus large sur l'importance fondamentale des affichages indépendants dans la transparence consommateurs et la lutte contre le greenwashing.
Une très bonne nouvelle pour les entreprises et territoires qui déploient des produits, services et projets à visée régénérative en réunissant leurs parties prenantes en filières engagées aussi bien pour le climat, la biodiversité, le bien être animal, et plus largement la santé humaine.
C'est une satisfaction pour nous puisque notre approche de la régénération est essentiellement basée sur les pratiques de l’agriculture biologique et régénérative avec une analyse fine des impacts à toutes les étapes de la chaîne de valeur des produits, services et projets déployés en visant des services socio écosystèmiques.
Nous puisons aussi notre inspiration dans deux autres secteurs – l’architecture régénérative et le tourisme régénératif – deux secteurs qui ont posé les principes du design régénératif au fil des années.
Notre Business Model Canvas de l’entreprise Régénérative – (REGEN)BMC – permet d’identifier les zones de dégénération et les potentiels de régénération d’une activité économique et d’identifier les nouveaux produits, services et projets régénératifs à lancer dans une démarche collaborative avec un ensemble de parties prenantes d'un territoire.
C’est un procesus structuré au fil de 5 ateliers qui permettent que chaque entité intervenant dans la chaîne de valeur puisse intégrer dans sa zone de responsabilité propre les services socio économiques à rendre. Chaque partie prenante est ainsi en capacité d’anticiper les nouvelles pratiques à mettre en place dans une gouvernance partagée.
En savoir plus sur le business model de l'entreprise régénérative.
Ci dessous une note de synthèse multi sources.
lNTRODUCTION
Les sols font l'objet d'une « omniprésence silencieuse » dans les codes de l'urbanisme et de l'environnement. Ainsi, les lois de protection et de répression des pollutions qui sont propres aux sols présentent un caractère moins efficient et systémique que celles régissant les atteintes aux milieux aquatiques et atmosphériques.
Le sol est un écosystème qui se caractérise par l’interaction de sa composante biotique (le sol héberge ¼ de la biodiversité terrestre) avec sa composante physique et chimique. Mais sa composante biotique est négligée dans une logique d'exploitation intensive à grands renforts de pesticides et engrais qui se substituent aux services écosystémiques rendues par les organismes vivants au fil des relations symbiotiques pourtant bénéfiques aux cultures et bétails.
La vision agronomique dominante du sol a d’abord considéré le sol comme un simple support de la production végétale (notion de fertilité). Cette vision a ensuite été partiellement supplantée dans les années 90 par une approche plus environnementale en proposant la notion de qualité des sols. Cette notion se base sur une approche fonctionnaliste des sols liée au cadre conceptuel des services écosystémiques. Depuis les années 2000-2010, un plus grand intérêt a été accordé à la composante biotique des sols et la notion de santé des sols a été de plus en plus utilisée. S’il n’y a pas de consensus établi sur la notion de santé des sols, la majorité des définitions sont cependant basées sur la définition de la qualité des sols, entretenant une confusion entre ces deux termes (source).
Pourtant, la notion de santé des sols est aussi porteuse d’une approche plus holistique, écologique et durable du système sol qu’il y a lieu de mettre en lumière. Selon, Jean-Pierre Sarthoude l'INRAE en 2022. La santé des sols correspond à la capacité du sol à fonctionner sur le long terme comme un système vivant, i.e., capable d’assurer une productivité de biomasse végétale compatible avec le maintien à long terme des fonctionnalités écologiques de l’écosystème naturel ou cultivé, de même que les processus connexes : participation à la préservation des ressources naturelles que sont l’air, l’eau et la biodiversité dans leurs dimensions quantitatives et qualitatives, et à la santé des plantes, des animaux et de l’homme en favorisant les processus physiologiques impliqués dans leurs systèmes d’autodéfense. Cette définition, met l’accent sur les composants et les processus biologiques, a peu à peu émergé dans les années 2000 à partir de celle de la « qualité des sols » qui dominait dans les années 1990 et qui se focalisait presque exclusivement sur les aspects de fertilité physique et chimique des sols.(inrae).
La santé de nos sols devrait nous intéresser grandement puisqu’au niveau mondial, nos systèmes alimentaires sont fragilisés. La perte de fertilité des sols est un processus majeur de la dégradation des éléments nutritifs qui s’y trouvent ce qui est problématique pour la sécurité alimentaire.
LA VIE DES SOLS
Aux états unis la Soil Food Web School est une mine d'informations pour les agriculteurs et éleveurs sur grandes surfaces qui suivent des pratiques bio et régénératives. Dr Elaine Ingham est une pionnière de la microbiologie des sols, nommée scientifique en chef du Rodale Institute organisme phare de l'agriculture régénérative. Elle propose d'ailleurs un quiz de connaissances sur le sol rapide à faire (et trés éclairant). Ci dessous un extrait des fiches de biofertilisants :
Le sol est un milieu vivant dans lequel évoluent de nombreux organismes. Sa qualité dépend en grande partie de l’activité, de la diversité et de l’équilibre existant entre les différents organismes vivants qui le composent. Du plus grand au plus petit, chacun remplit des fonctions primordiales à la vie du sol, et donc à celle de la plante.
Dans le sol, vivent de manière insoupçonnée autant d’organismes que Paris compte d’habitants. Sous l’équivalent de la surface de nos pas, des millions d’êtres vivants créent la biodiversité de nos sols. Cependant, trois grandes catégories peuvent être observées, selon leur taille :
- La macrofaune : Ce sont les dizaines d’organismes visibles à l’œil nu et bien connus de tous, c’est à dire les vers de terre, les araignées, les millepattes, etc.
- La mésofaune : Plus petits et plus nombreux, ils peuvent être observés à la loupe. Ce sont les collemboles ou encore les acariens.
- La microfaune / microflore : C’est la part visible au microscope et qui constitue la plus grande majorité de cet écosystème. Ce sont les nématodes, bactéries et champignons, que l’on compte par millions.
Le sol est une véritable « usine de la vie» où interviennent différents acteurs : de par leurs interactions et leur nature complémentaire, ils participent au bon équilibre du sol. Les organismes du sol agissent de concert pour assurer la bonne santé du sol, au moyen de trois principaux mécanismes :
- LA STRUCTURATION PHYSIQUE DU SOL : En se déplaçant dans le sol pour se nourrir ou trouver un abri, les organismes vivants créent des espaces et renouvellent la structure du sol. La terre est ainsi plus aérée, mieux drainée et moins sujette à l’érosion. Les cavités formées permettent une meilleure invasion des racines, et l’apport d’eau et d’oxygène est facilité. Cela créé un environnement favorable à tous les êtres vivants du sous-sol. Les mouvements engendrés dans le sol permettent aussi d’accélérer des mécanismes, en mettant notamment en contact les organismes avec la matière qu’ils dégradent.
- LA DÉCOMPOSITION DE LA MATIÈRE ORGANIQUE : Les végétaux et animaux sont consommés et décomposés par les micro-organismes du sol, puis sont transformés en nutriments disponibles pour les plantes. En effet, la matière organique une fois décomposée et transformée en éléments nutritifs assimilables, permet d’alimenter les plantes et de favoriser notamment leur croissance.
- LA RÉGULATION BIOLOGIQUE : Une partie des organismes contrôlent les activités des micro-organismes du sol et forment un maillon essentiel de la chaîne alimentaire : certains agissent comme des parasites pour les végétaux alors que d’autres activent la microflore. La présence de « prédateurs » permet ainsi de réguler la prolifération d’éléments nocifs. Le bon fonctionnement de notre environnement terrestre dépend de l’équilibre entre ses habitants bénéfiques et ceux « indésirables ».
Ainsi l’écosystème sol se caractérise par l’interaction de sa composante biotique (le sol héberge ¼ de la biodiversité terrestre) avec sa composante abiotique physique et chimique. Un écosystème est en « bonne santé » s'il préserve le maximum de ses fonctions, de ses dynamiques et de ses capacités évolutives potentielles, ainsi que celles des systèmes qu'il inclut et qui l'incluent. Source La notion de santé des écosystèmes, par P. Giraudoux et J-D.
La vie des sols : le vivant qui travaille pour nous produit par le CEN Rhône-Alpes avec l'OFB.
LA SANTÉ DU SOL
Selon Soil Monitoring Europe le concept de santé des sols est défini de diverses manières dans la littérature. Doran et coll. (2002) définissent la santé des sols comme synonyme de qualité du sol, à savoir « la capacité d'un sol vivant à fonctionner, dans les limites d'un écosystème naturel ou géré, pour soutenir la productivité végétale et animale, maintenir ou améliorer la qualité de l'eau et de l'air et promouvoir la santé végétale et animale ».
La définition met l'accent sur la multifonctionnalité du sol ainsi que sur sa contribution aux services écosystémiques (« services écosystémiques basés sur le sol »). Bünemann et al. (2018) ont mis à jour la définition de la qualité et de la santé des sols comme « la capacité d'un sol à fonctionner au sein des écosystèmes et des limites d'utilisation des terres pour soutenir la productivité biologique, maintenir la qualité de l'environnement et promouvoir la santé des plantes et des animaux ». Ils distinguent deux dimensions étroitement liées de la qualité des sols :
- La capacité du sol, c'est-à-dire la capacité intrinsèque d'un sol à contribuer aux services écosystémiques, basée sur les attributs « inhérents » (plutôt statiques et moins sensibles) des sols par rapport aux attributs gérables (dynamiques), selon Schwilch et al. (2016)
- La capacité des sols à fonctionner de manière durable (en mettant l'accent sur l'utilisation des terres et son impact), y compris la productivité et la contribution du sol à la qualité de l'environnement, y compris la santé des plantes, des animaux et des humains. Hein et al. (2016) font également référence à la « capacité » comme au potentiel de l'écosystème à générer de manière durable un service particulier nécessaire dans son état actuel et son type d'utilisation. Il existe un large consensus sur le fait que des sols (sains) qui fonctionnent bien soutiennent (et fournissent) des services écosystémiques.
Une différenciation entre la santé du sol et la qualité du sol a été soutenue par Bonfante et al. (2020) et Vogel et al (2020). Ils définissent la santé du sol comme la capacité réelle d'un sol à remplir ses fonctions essentielles et à fournir des services écosystémiques, et la qualité du sol comme la capacité inhérente qui constitue le cadre de base dans lequel un sol évolue. Vogel et coll. (2020) définissent également le « potentiel intrinsèque du sol » comme la fonctionnalité maximale qu'un sol peut offrir en fonction de ses propriétés inhérentes. Cela implique un état (condition) optimal du sol basé sur une gestion durable (meilleure utilisation de ses propriétés). C’est la base d’une troisième dimension de la qualité des sols.
Ce qui ressort des définitions ci-dessus est qu'un concept holistique de « sols sains » devrait englober à la fois les propriétés (intrinsèques/statiques et dynamiques) des sols et la mesure dans laquelle les sols remplissent durablement des fonctions clés et des services écosystémiques (par exemple, rétention d'eau et filtration, production alimentaire). Les indicateurs (basés sur des paramètres ou des attributs) doivent donc représenter l'état et le potentiel des différentes fonctions du sol.
Mais c'est essentiellement la capacité du sol à délivrer des services écosytémiques qui a été retenue plutôt que la capacité du vivant dans l'habitat que représente un sol. Et ceci bien que la santé des plantes, des animaux et des humains est liée.
Toujours, selon Soil monitoring in Europe, il n’existe pas de connaissances complètes et actualisées permettant d’identifier les sols sains et ceux qui sont dégradés et nécessitent une protection. Même si le tableau de bord EUSO sur la santé des sols est basé sur un ensemble de 15 indicateurs de processus de dégradation des sols, couvrant les neuf thèmes suivants : érosion des sols, pollution des sols, nutriments, perte de carbone organique du sol, perte de biodiversité des sols, compactage des sols, salinisation des sols, perte des sols organiques et imperméabilisation des sols. (source)
La dégradation biologique des sols y est cependant définie, elle fait référence à une activité biologique réduite du sol, qui peut s'accompagner d'une perte de biodiversité du sol. Cela conduit à des niveaux plus faibles de minéralisation et de respiration et à une accumulation de matière organique morte incomplètement décomposée (nécromasse). La disponibilité des nutriments est réduite et la matière organique s'accumule dans la couche arable des forêts. (source)
LES ENJEUX DE LA COMPRÉHENSION DU SOL
Selon le World Living Soils Forum, la régénération de (la vie des) sols est essentielle pour atténuer et s’adapter au changement climatique et lutter contre la perte de biodiversité tout en maintenant ou en améliorant la sécurité alimentaire.
Mais si les sols, en tant qu’écosystème complexe, selon eux constituent l’une des ressources naturelles les plus précieuses de la planète, ils insistent sur le fait qu'ils soient largement méconnus de la science : "Vous ne pouvez protéger qu'une ressource que vous connaissez". Ainsi, la surveillance de l’état des sols européens est une question collective et urgente qui doit être abordée politiquement. Sans un cadre à l’échelle de l’UE permettant une surveillance structurelle et cohérente de la santé des sols et des pressions de dégradation, il sera encore plus difficile pour les gestionnaires et propriétaires fonciers de calibrer leurs pratiques pour améliorer la santé des sols et garantir les rendements et les revenus à l’avenir.
Leur autre priorité, favoriser l’échange de bonnes pratiques et d’apprentissages concrets entre les décideurs politiques, les universités, les organisations environnementales, les agences, les agriculteurs et les acteurs industriels contribuera à accélérer cette transition en reliant la surveillance et les plans concrets de restauration des sols sur le terrain. Limiter l’utilisation d’intrants agricoles, gérer efficacement les ressources en eau, renouveler le stock de carbone organique et régénérer les nutriments des sols, tout en restaurant et en préservant la biodiversité des sols, devraient devenir des références en matière de gestion résiliente et durable des sols.
Le FORUM MONDIAL DES SOLS VIVANTS (WLSF) est une initiative de Moët Hennessy visant à connecter tous les acteurs engagés dans la régénération des sols, à partager des actions et des pratiques concrètes pour accélérer la viticulture/agriculture durable et régénérative et renforcer le lien entre la science, l'innovation et les réalités du monde. champ. Il vise également à rassembler des KPI et des méthodologies scientifiques pour défendre la santé des sols. Lors de l’édition 2022 du WLSF, la proposition de la Commission européenne sur la surveillance des sols a été évoquée dans plusieurs discussions comme un levier clé pour créer un cadre commun sur cette question. La santé des sols sera à nouveau au centre des priorités pour la prochaine édition du Forum à l'automne 2024.
LE RAPPORT DU SÉNAT SUR LES SOLS
Comment expliquer ce manque (et ce besoin de connaissances) ? Mais aussi ce manque de volontarisme ?
Ainsi que l'explique un rapport passionnant du Sénat, les sols font l'objet d'une « omniprésence silencieuse » dans les codes de l'urbanisme et de l'environnement. Ainsi, les lois de protection et de répression des pollutions qui sont propres aux sols présentent un caractère moins efficient et systémique que celles régissant les atteintes aux milieux aquatiques et atmosphériques. Source https://lnkd.in/eUsvries
Depuis le droit romain originel, les sols sont essentiellement appréhendés sous l'angle quasi exclusif de la propriété, dans une approche civiliste. C'est pourquoi en droit, le sol revêt les caractéristiques d'une notion polysémique. La réglementation y fait référence sous diverses dénominations, qu'il s'agisse du sol, de la terre, du territoire, du fond, des tréfonds ou encore de la surface.
Le sol est principalement appréhendé pour sa fonction essentielle de support des activités économiques, qu'il s'agisse des constructions, des aménagements ou encore de l'agriculture. Dans ces conditions, il est malaisé de structurer un corpus normatif autour de « l'objet sol », dont le régime juridique varie en fonction de son usage existant ou potentiel, de son occupation, de son affectation ou de son état et des conséquences pour l'homme et les activités humaines de cet état.
L'absence des « Sols » comme partie législative du code de l'environnement et donc comme composante de base des milieux naturels, est significative de la difficulté d'isoler les dispositions propres à cette composante de celles touchant les milieux naturels en surface et du caractère embryonnaire du droit de l'environnement en cette matière. Comme l'indique la professeure Carole Hermon « la protection des sols est fondue dans la protection de l'environnement ».
En effet, les sols sont bien mentionnés au deuxième alinéa de l'article L. 110-1 du code de l'environnement, qui en définit les principes généraux. Le premier alinéa de cet article définit la notion de « patrimoine commun de la nation ». Cette notion a été introduite par l'article 1er de la loi du 2 février 1995 relative au renforcement de la protection de l'environnement. Ce patrimoine était alors défini comme comprenant les « espaces, ressources et milieux naturels, les sites et paysages, les espèces animales et végétales, la diversité et les équilibres biologiques auxquels ils participent ».
Plusieurs explications peuvent être données à cette moindre prise en compte des sols dans leur transversalité et leur complexité par le droit. Une première difficulté semble liée à la notion de propriété privée, fortement liée aux sols, qui limite le suivi de la santé des sols et la compilation des données sur les emprises en dehors du domaine public. De même, en termes de représentation sociale, le sol est généralement perçu en tant que bien individuel, tandis que l'air et l'eau, milieux fluides et mobiles, sont perçus comme des biens communs, ainsi que l'illustre par exemple l'expression « libre comme l'air ». Prévaut ainsi l'idée que le sol serait « statique » et relèverait donc de problèmes locaux devant être gérés localement.
En outre, selon l'Ademe, « les conséquences de la dégradation de ce milieu sont plus difficiles à évaluer d'un point de vue économique ». Le système sol est en effet soumis à des contraintes financières différentes des autres milieux : ainsi, l'eau bénéficie d'un système de coût réparti au sein de toute la population, qui permet une meilleure gestion des ressources, une prise en compte des aspects environnementaux ainsi qu'une effectivité des contrôles plus marquée, ce qui n'est pas le cas pour les sols.
La complexité de l'écosystème sol, sa variabilité dans le temps et l'espace, en surface, en profondeur et en termes de qualité, la grande diversité des fonctions et des sources de dégradation peuvent également expliquer la dispersion des mesures de protection des sols dans différents codes et l'absence de cohérence d'ensemble des politiques publiques dédiées aux sols.
Face à cette complexité, comme l'a indiqué le professeur Benoit Grimonprez au cours de son audition, « le sol est perçu en droit comme un simple support, comme une surface abstraite, et non comme un milieu vivant. On distingue d'ailleurs le sol, fine couche superficielle, du sous-sol, avec des richesses, les mines et carrières. »
Ainsi, le sol fait figure de « parent pauvre » juridique, sans cadre politique national global et cohérent, fédérant a minima l'ensemble des textes dispersés protégeant directement ou indirectement les sols et assurant partiellement leur préservation, ainsi que leurs fonctions et services rendus, vis-à-vis des menaces qui pèsent sur eux. Et les enjeux de biodiversité du sol ne sont pas adressés.
Si la commission a alerté quant à l'instauration obligatoire d'un diagnostic de performance écologique des sols agricoles et forestiers à compter de 2028, dont le coût pour les exploitants n'a pas été estimé, cette alerte apparaît en décalage avec la forte demande de simplification des normes dans le monde agricole.
LA LÉGISLATION EUROPÉÉNNE SUR LES SOLS
L'Europe se montre plus courageuse. Et la commission de l'environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire de l'Union européenne a adopté lundi 11 mars 2024 son rapport sur la proposition de la commission relative à une loi sur la surveillance des sols, la toute première législation européenne consacrée aux sols. (source)
Les estimations du Centre commun de recherche (JRC) de la Commission européenne montrent qu’aujourd’hui 61 % des sols de l’UE sont dans un état modérément ou gravement dégradé. Chaque année, on estime que 1,25 milliard d'euros sont perdus en productivité agricole européenne en raison de l'érosion des sols, selon le CCR.
Les députés soutiennent l’objectif global de parvenir à des sols européens sains d’ici 2050, conformément à l’ambition zéro pollution de l’UE et à la nécessité de mettre en place une définition harmonisée de la santé des sols ainsi qu’un cadre de surveillance complet et cohérent pour favoriser une gestion durable des sols et remédier aux problèmes des sites contaminés.
Développée par le Centre commun de recherche (JRC) de la Commission européenne pour l’Observatoire européen des sols (EUSO), cette nouvelle carte s’est appuyée sur 15 indicateurs de dégradation des sols incluant l’érosion, la pollution, la perte de carbone ou encore la biodiversité. Pour chacun de ces indicateurs, des seuils ont été fixés pour déterminer si les sols peuvent être considérés comme sains ou malsains.
Les sols dégradés sont les principaux facteurs de la crise du climat et de la biodiversité et réduisent la fourniture de services écosystémiques clés tels que l'alimentation humaine et animale, le cycle des nutriments, la séquestration du carbone, la lutte antiparasitaire et la régulation de l'eau. Selon la Commission, la perte de ces services écosystémiques essentiels coûte à l'UE au moins 50 milliards d'euros par an. (source)
La nouvelle loi obligera les pays de l’UE à d’abord surveiller puis évaluer la santé de tous les sols de leur territoire. Les députés demandent qu'ils soient formalisés trois « niveaux » d'actions pour améliorer la qualité des sols, chacun avec différents indicateurs de qualité et de santé des sols sur lesquels baser les interventions de restauration. Chaque pays sera alors libre de choisir sa méthodologie préférée de surveillance des sols.
Afin de permettre à ceux qui souhaitent mettre en œuvre des systèmes de surveillance plus complets, les députés souhaitent que les pays de l’UE puissent choisir entre trois niveaux différents pour la conception de la surveillance des sols, avec différents descripteurs de sol et critères de santé des sols, le « niveau 1 » fournissant un ensemble minimum de descripteurs de sol. Les députés veulent aussi que les pays de l’Union européenne améliorent l’état écologique des sols comme suit : d’ici dix ans, les pays de l’UE doivent améliorer les sols gravement dégradés jusqu’à des sols dégradés. Et d’ici six ans, les sols dégradés doivent être améliorés jusqu’à un état écologique modéré et ceux dont l’état écologique est modéré, doivent être améliorés à un niveau de bon état écologique. Mais la mesure de la biodiversité n'est pas inclue dans le niveau 1.
Les défenseurs de l’environnement ont été soulagés d’une surveillance obligatoire de la santé des sols, s’appuyant même sur la proposition initiale de l’exécutif européen en appelant à la surveillance d’un large éventail d’indicateurs de biodiversité couvrant les bactéries, les populations de champignons et de vers, ainsi que la variété et la biomasse globales. (source)
« Cela dit, les compromis manquent d’objectifs juridiquement contraignants, de plans obligatoires pour la santé des sols, et ne comprennent que des dispositions faibles et non contraignantes sur la gestion durable des sols et l’appropriation des terres », a déclaré Heinzel, ajoutant : « C’est profondément regrettable ».
Le texte doit désormais être soumis au vote lors d’une prochaine session plénière — prévue le 11 avril — ce qui constituera la position du Parlement en première lecture.
LES ENTREPRISES ET LA BIODIVERSITÉ
Selon EcoAct, les entreprises dépendent de manière critique des services écosystémiques pour produire les biens et services qu'elles vendent. Par conséquent, l'érosion de la biodiversité et la dégradation de ses services constituent un risque important pour elles. Selon la Taskforce on Nature-Related Financial Disclosures (TNFD), les organisations font face à des risques à court terme (financiers, réputationnels, éthiques…) et à long terme (compétitivité pour leurs matières premières, dépendances aux services écosystémiques, etc.). Il est donc urgent que les entreprises se saisissent de ces enjeux. Pour ce faire, comprendre l’origine de ses risques liés au déclin mondial de la biodiversité est une étape cruciale pour générer des actions. Anticiper la réglementation Aujourd’hui, les scientifiques et gouvernements s’accordent sur la nécessité d’inverser la courbe d’effondrement ; on voit d’ailleurs depuis quelques années une évolution drastique des cadres réglementaires.
Du point de vue du reporting, la directive européenne sur les rapports de durabilité des entreprises (CSRD) conduit à une plus grande divulgation sur le sujet de la biodiversité. Au niveau mondial, la TNFD, inspirée de la TCFD, établit un cadre pour la communication des risques liés à la nature et le Science Based Targets Network (SBTN) aide les entreprises à fixer des objectifs scientifiques de réduction de l’impact des activités économiques sur la biodiversité.
Identifier, mesurer et rendre compte de tous les impacts sur la biodiversité peut s'avérer difficile pour de nombreuses organisations, surtout si l'on tient compte de leurs chaînes d'approvisionnement souvent complexes et de la multiplicité des implantations géographiques ou de leurs produits. Pour cette raison, cette étape consiste à quantifier l’intensité des impacts et dépendances jugés prioritaires lors de l’étape précédente. Le contexte de l'entreprise est important pour déterminer les méthodes de mesure appropriées. Ainsi, la méthode devra encore une fois être adaptée à la vision dont l’on souhaite se doter. Afin de calculer l’impact de la chaine de valeur d’une organisation ou d’un portefeuille d’activités sur la biodiversité, EcoAct utilise l’outil Global Biodiversity Score© (GBS) conçu par la CDC Biodiversité. Il utilise un modèle de pression (GLOBIO) qui permet de dépister les contributions aux principales pressions et les risques liés aux dépendances d'une entreprise vis-à-vis de la biodiversité, et les possibilités d'atténuation.
VERS DES PRATIQUES RÉGÉNÉRATIVES
Si l'agriculture régénérative est apparue dans les années 80 (lire ici, graph ci dessus). La référence scientifique souvent utilisée est « Qu'est-ce que l'agriculture régénérative ? Newton https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fsufs.2020.577723/full. Et dans les articles de recherche collectés ces dernières années et analysées, les pratiques les plus fréquemment mentionnés comme définissant l'agriculture régénérative étaient : l'absence ou la faible quantité d'intrants externes et l'utilité des intrants à la ferme (26 % des publications), l'intégration de l'élevage (19 %), la non-utilisation d'engrais synthétiques (12 % ) ou pesticides (12 %) et réduction ou suppression du travail du sol (12 %) (source).
L'agriculture régénérative apparait comme une alternative pour produire des aliments avec des impacts environnementaux inférieurs, voire nets positifs (Rhodes, 2017). Une série d'affirmations ont été faites sur le potentiel de l'agriculture régénérative pour contribuer à la durabilité de la production alimentaire, y compris sur la possibilité que l'agriculture régénérative puisse faire partie d'une stratégie d'atténuation du changement climatique et plus résiliente aux effets de celui ci.
La fertilité du sol est augmentée de façon biologique dans les systèmes agricoles régénérateurs par la mise en place des cultures de couverture et intercalaires, la rotation des cultures, l’application de compost et de fumiers. Ces méthodes restaurent le microbiote des plantes et du sol en favorisant la libération, le transfert et le recyclage des nutriments essentiels du sol. Les fertilisants de synthèse créent un déséquilibre dans la composition et le fonctionnement des communautés microbiennes des sols. Ils court-circuitent le processus naturel biologique d’absorption des nutriments par les plantes. Ils engendrent un agro écosystème dépendant des intrants, affaiblissent les plantes et rendent ces dernières moins résilientes. Des études scientifiques ont observé que l’application de fertilisants minéraux de synthèse chimique contribue au changement climatique de plusieurs façons : (i) l’énergie fossile requise et les coûts de production et de transport des fertilisants; (ii) La décomposition et la migration des composés chimiques vers l’hydrosphère et l’atmosphère (iii) la modification de la microflore du sol incluant la diminution des microbes intercepteurs du méthane; (iv) La décomposition accélérée de la matière organique du sol. (source)
La plante est un acteur essentiel d’un sol vivant. Comme tout être vivant, la santé de la plante peut s'améliorer si les conditions du milieu s'améliorent. La progression vers une meilleure santé rétablie les capacités naturelles et biologiques du système sol-plante. Pendant ce processus, la plante montre une immunité grandissante envers les pathogènes du sol et aériens, une meilleure résistance face aux insectes, une production supérieure de lipides menant à des membranes cellulaires plus fortes et des fruits plus savoureux avec une plus longue durée de vie. Une plante saine est moins susceptible aux maladies / ravageurs, a des rendements supérieurs et une meilleure qualité des graines / fruits. Elle conduit plus de sucres dans la rhizosphère, stimule plus la vie microbienne, ce qui participe au stockage du carbone et améliore la santé du sol.
Les 4 niveaux de la pyramide de santé du végétal Triangle de John Kempf est inspirant : Pour 1 et 2, la plante peut faire du hors sol et fabriquer sucres et protéines, mais pour 3 et 4, (lipides, vitamines et antioxydants), elle a besoin de la microbiologie du sol. Des différences de valeurs nutritives entre pratiques agricoles sont mesurables : Vitamine C, Beta Carotène, Antioxydants totaux pour la partie 4 chez fruits et racines et Omega 3 pour la partie 3 chez les légumes feuilles. Au final, on a de belles différences : de + 20% à + 70% pour vitamines et antioxydants en sols vivants avec lombrics, nourriture du sol par les feuilles/tiges et bois ramifié + lombriculture et ferments lactiques avec zéro agrochimie.
LES PRODUITS REGENERATIFS EN FRANCE #NOUSSOMMESVIVANTS
VERS LA VALORISATION DES PRATIQUES RÉGÉNÉRATIVES
Une des raisons explicatives est le focus sur la mesure d'impact de l'agriculture et l'élevage alors que les entreprises les plus exemplaires sur la biodiversité font scanner leurs cahiers des charges pour obtenir une validation externe des pratiques de leurs fournisseurs dont sont issus les produits alimentaires, les alcools, les textiles, les cosmétiques...
Omie & Cie, la marque alimentaire régénérative Française se positionne comme solution pour préserver la biodiversité et le climat https://lnkd.in/e7Hy-5Z6. Omie est la première marque à afficher l'impact environnemental de tous ses produits, grâce à l'outil indépendant Planet-score source
L'agriculture régénérative a été adoptée par des entreprises pionnières aux USA, il y a déjà quelques années, dans le sillage du label ROC qui certifie les pratiques régénératives : sol, biodiversité, bienêtre animal, juste rémunération. source
Les pionnières sont Patagonia et Dr Bronner, rejointes par d’autres entreprises souvent BCORP. Les grandes entreprises de l’agroalimentaire investissent dans l’agriculture régénératrice : General Mills, PepsiCo, Nestlé, Danone, Coca Cola, Bonduelle, Pernod Ricard… Suivent les géants de la mode Kering, LVMH, North Face, Eileen Fisher, Vans, Timberland, Stella McCartney … Toutes sommées de réduire les gaz à effets de serre de leur approvisionnement agricole (autour de 70% de leurs émissions), mais aussi inquiètes des risques sur leurs approvisionnements, et plus largement des risques qui pèsent sur les écosystèmes et en particulier la biodiversité, elles se lancent dans le déploiement de programmes d’agriculture régénératrice avec le double enjeu de mobiliser les agriculteurs et les consommateurs.
Dans cette nouvelle logique économique régénérative du vivant, l’entreprise et l’ensemble de ses parties prenantes délivrent des services socio écosytémiques sur un territoire : climat, eau, sols, biodiversité, nutrition, juste rémunération, éducation…
Ces services rendus par les humains en connexion avec la nature visent à restaurer les ressources vitales au vivant et permettre aux êtres vivants (dont les humains) d’atteindre leur plein potentiel dans leur écosystème.
LA CERTIFICATION DES PRATIQUES RESPONSABLES POUR UNE VRAIE TRANSPARENCE SUR LES IMPACTS
Le Parlement Européen a confirmé le 12 mai la place des affichages indépendants dans la transparence consommateurs et la lutte contre le greenwashing. source
Il souligne l’inadaptation du PEF pour plusieurs secteurs, en particulier l’agriculture, la pêche et le textile. Le PEF utilise l'analyse de cycle de vie pour déterminer ce qui est qualifié "d'impact' et comme nous savons cet impact est divisé par le rendement.
Il se positionne en faveur des entreprises qui déploient des chaînes de valeur réellement soutenables et qui réunissent leurs parties prenantes en filières engagées aussi bien pour le climat, la biodiversité, le bien être animal, et plus largement la santé des consommateurs. Et les valorisent via des contrôles et affichages indépendants. Comme par exemple ROC et le planet-score
En termes d’affichage, le Planet-score s’inspire du Nutri Score. En agrégeant tous les indicateurs, le dispositif obtient une note sur 100, qui est ensuite traduite en lettre. Il indique le détail des principaux impacts en matière de climat, de biodiversité, et d’impact des pesticides. En termes d’affichage, le Planet-score utilise un code coloriel simple et intuitif, déjà utilisé dans de nombreux dispositifs de la vie qutodienne, de vert à rouge. En agrégeant tous les indicateurs, le dispositif obtient une note sur 100, qui est ensuite traduite en lettres. Il indique le détail des principaux impacts en matière de climat, de biodiversité, d'usage des pesticides et de bien-être animal.
NOTRE BUSINESS MODEL DE L'ENTREPRISE RÉGÉNÉRATIVE
Une très bonne nouvelle pour les entreprises et territoires qui déploient des produits, services et projets à visée régénérative en réunissant leurs parties prenantes en filières engagées aussi bien pour le climat, la biodiversité, le bien être animal, et plus largement la santé humaine.
C'est une satisfaction pour nous puisque notre approche de la régénération est essentiellement basée sur les pratiques de l’agriculture biologique et régénérative avec une analyse fine des impacts à toutes les étapes de la chaîne de valeur des produits, services et projets déployés en visant des services socio écosystèmiques.
Nous puisons aussi notre inspiration dans deux autres secteurs – l’architecture régénérative et le tourisme régénératif – deux secteurs qui ont posé les principes du design régénératif au fil des années.
La régénération nécessite un changement de model mental qui doit s’opérer dans toutes les entreprises et collectivités locales :
- Sortir de la prédation des ressources naturelles, humaines mais aussi financières.
- Adopter la régénération dans une logique de prendre soin de nous, des autres et de la nature
- Mais aussi un changement de modèle économique pour adresser à la fois les enjeux courts termes et long termes.
La santé, le bien être et la justice sociale sont au coeur de notre démarche. Quand on valorise les pratiques c'est toute la filière, dont les consommateurs qui en bénéficient.
Notre Business Model Canvas de l’entreprise Régénérative – (REGEN)BMC – permet d’identifier les zones de dégénération et les potentiels de régénération d’une activité économique et d’identifier les nouveaux produits, services et projets régénératifs à lancer dans une démarche collaborative avec un ensemble de parties prenantes d'un territoire.
C’est un procesus structuré au fil de 5 ateliers qui permettent que chaque entité intervenant dans la chaîne de valeur puisse intégrer dans sa zone de responsabilité propre les services socio économiques à rendre. Chaque partie prenante est ainsi en capacité d’anticiper les nouvelles pratiques à mettre en place dans une gouvernance partagée.
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Des articles pour aller plus loin
- De l’agriculture régénérative au business model canvas de l’entreprise régénérative ICI
- Les marques qui ont lancé des produits régénératifs issus de l’agriculture régénérative en FRANCE (ICI) et aux USA « 150 Brands Supporting Regenerative Agriculture » (LA)
- Focus sectoriels marques et produits régénératifs: l’alimentation régénérative, la mode régénérative, la beauté régénérative, le vin et champagne régénératifs
- Autres secteurs avancés sur la régénération en France : le tourisme régénératif et l’architecture régénérative (dont la construction)
- Focus transformation : donner un siège à la nature et aux générations futures au sein de son conseil d’administration, une pratique qui se développe
- Focus start ups : les starts ups à impact dans le secteur agricole font partie de la solution.
Le business model canvas de l'entreprise régénérative
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