Quand la colère qui s'exprime est analysée
Une note des économistes Yann Algan et Thomas Renault pour L’Observatoire du bien-être, au CEPREMAP[1], tente d’appréhender les principales émotions associées aux préoccupations des Français telles qu’elles s’expriment sur les réseaux sociaux. Cette recherche couvre la période 2011-2024 et met à jour la montée au pinacle des sentiments négatifs, notamment la colère (66% d’augmentation en dix ans, avec une forte progression pour la période 2018-2024). Cette indignation des twittos (personnes ayant un compte Twitter) n’aurait connu qu’une petite période d’accalmie, autour de l’élection d’Emmanuel Macron en 2017, et ensuite elle n’a cessé de s’exacerber. SOURCE
Ce travail repose sur un échantillon de 160 000 Français dans leurs échanges sur les principales préoccupations économiques (pouvoir d’achat, inégalités, chômage), sociales et sociétales (immigration, école, santé, retraites…), politiques (élections, assemblée…) et régaliennes (sécurité, délinquance, guerre…) – ces préoccupations ont été saisies à partir de 40 mots-clefs. La note « sacre l’avènement de l’électeur émotionnel », celui qui loin de se construire à travers des analyses rationnelles liées à sa place dans la structure sociale ou à des idéologies, fait part de son intime ressenti et confirme sa pensée politique à travers des interactions dans les réseaux sociaux. Que nous apprend-elle ?
Quand le numérique fixe la colère
La première émotion qui se dégage globalement du corpus est la colère (35% des messages) loin devant l’inquiétude et la peur (14%), puis la révolte (12%). A contrario, les sentiments positifs comme la confiance, l’enthousiasme, le bonheur ou l’espoir ne dépassent pas les 10% du contenu conversationnel des Français actifs sur Twitter. En rattachant ces tweets aux liens établis par les twittos avec des leaders ou des partis politiques, il apparaît que les internautes proches du RN, d’une part, et proches de la gauche radicale, d’autre part, expriment clairement plus de colère que les internautes situés dans la sphère de partis plus modérés, qui parlent d’inquiétude, ou évoquent des sentiments positifs tels que l’espoir et l’engagement. Ainsi la colère figure dans 40% des tweets des personnes proches de l’extrême-gauche, et plus de 40% chez les personnes proches de l’extrême-droite, alors que ce sentiment avoisine les 30% chez les personnes proches de la gauche, du centre ou de la droite. A contrario l’espoir est cité seulement chez 4-5% des internautes proche des partis extrêmes et 10% chez les personnes proches de la gauche et 8% chez les personnes du centre ou de la droite. Remarquons que malgré ces différences entre les affiliations politiques, la colère est cependant présente à des degrés divers chez beaucoup d’internautes[2].
Parmi les thèmes générateurs de cette colère apparaissent en premier lieu la fiscalité et les taxes (60% des messages), ensuite les injustices (55%), puis l’immigration (51%). Dans la période plus récente (2018-2024), les conversations sur l’immigration (57%), l’insécurité (52%), la violence (49%) et la religion (47%) se sont amplifiées. En poussant plus loin les investigations, on distingue deux types de colère : chez les internautes proches du RN, elle est associée aux taxes et à la délinquance (70%), aux transports (45%) ou au logement (43%), ou au chômage (50%) ou à l’Europe ; ils prouvent ainsi une humeur protestataire qui, par les thèmes, avoisine celle des Gilets Jaunes. En revanche, les internautes proches de l’extrême gauche citent moins souvent ces sujets et se focalisent sur les questions d’injustices et d’inégalités sociales, s’éloignant d’une référence à des conditions de vie concrètes et se glissant dans des postures morales et de la critique sociale. Les spectres des motifs d’insatisfaction qui mènent au populisme de droite et de gauche sont ainsi bien dessinés. Comme le signalent les auteurs : « La prise en compte des différences de nature des émotions est essentielle pour comprendre le vote et la polarisation des électeurs, et offre un éclairage particulier sur la confrontation des trois blocs lors des élections législatives de 2024 ».
Que s'est il passé dans les entreprises pendant cette période ?
Ce n’est que récemment que les émotions ont pu obtenir reconnaissance dans le milieu professionnel. Exclure la question de l’émotion dans l’entreprise, c’est exclure la notion même d’humanité en un sens alors que les enjeux humains sont déterminants dans la performance des organisations.
L’intelligence émotionnelle consiste à reconnaître ses émotions mais aussi comprendre les signaux que nous communiquent nos émotions pour pouvoir se mettre en mouvement.
La fresque des émotions a pour but de contribuer à la régénération des collaborateurs dans les organisations, en infusant de l’écologie humaine.
Accueillir les émotions a un effet apaisant et dynamise les échanges et peuvent favoriser une mise en mouvement collective efficiente (ou pas).
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