La responsabilité sociétale de l'entreprise (RSE) a une origine éthique : l'entreprise a l'obligation morale d'agir dans le sens du bien commun et de trouver un équilibre entre la poursuite de ses intérêts privés et l'intérêt collectif. Aujourd'hui, elle se traduit essentiellement dans une déclaration de performance extra-financière (DPEF) publiée en marge du rapport financier même si la comptabilité intégrée se développe et que des expérimentations de triple comptabilité "people, profit, planet" ont lieu.
Agir dans l'intérêt général est loin d'être incompatible avec la profitabilité d'une entreprise. Selon une étude académique synthétisant 190 travaux de recherche, 80 % d'entre eux constatent que de meilleures performances en RSE sont associées à de meilleures performances boursières. Ainsi, aux États-Unis, les entreprises ayant augmenté de 10 %, ou plus, leur investissement sociétal ont vu leur croissance progresser de 8,3 % en moyenne entre 2013 et 2015, alors que l'ensemble des autres entreprises ont connu en moyenne une décroissance de 2,3 %. source
Les consommateurs sont prêts à payer davantage pour des biens ou des services responsables, de bonne qualité et durables. En 2023, le segment des acheteurs soucieux du développement durable a rebondi pour représenter 22 % des acheteurs, contre 18 % en 2022 et 22 % en 2021. dans le monde. Cela dit, 43 % de l’ensemble des personnes interrogées déclarent que les contraintes financières rendent plus difficile pour elles d’agir de manière durable. source
Au niveau mondial, sur l’ensemble de l’échantillon Union européenne/OCDE/BICS, les entreprises françaises, toutes tailles confondues, se classent en 4ème position derrière les pays nordiques et devant l’Italie, le Royaume-Uni, l’Allemagne, les Etats-Unis et la Chine. Source
La France a notamment progressé dans les classements sur le thème Éthique et, dans une moindre mesure, sur le thème de l’Environnement. Elle est au coude à coude avec les entreprises finlandaises sur le thème Social & Droits Humains. Un fait marquant : 28% des entreprises françaises ont un score RSE supérieur à 65 (elles sont 19% en Europe et 16% dans les pays de l’OCDE). Les moyennes entreprises et surtout les petites entreprises participent à cette progression française (+8,8 points en 5 ans pour les petites entreprises). 52% de toutes les entreprises françaises évaluées en 2022 ont une politique « Achats Responsables » en place, contre 48% il y a 5 ans.
La RSE s’impose aux plus hauts niveaux stratégiques et décisionnels : dans 70% des entreprises interrogées en 2024, la RSE est rattachée au COMEX, contre 63% des entreprises interrogées en 2022. source. 78% des entreprises interrogées ont une équipe dédiée à la RSE et 76% des entreprises répondantes ont un budget RSE, contre 68% des structures interrogées en 2022.
L’environnement est la thématique de sensibilisation N°1 des entreprises : 90% des structures interrogées déclarent avoir déjà sensibilisé leurs équipes à ce sujet. 74% des grandes entreprises interrogées ont déjà réalisé un bilan carbone sur l’ensemble de leurs émissions en 2024 (Scope 1, 2 et 3) Avec la CSRD c'est de nouveaux indicateurs, dont un bon nombre en lien direct avec la régénération du vivant qu'il s'agit de mesurer. Justement la santé mentale, prévention des RPS et diversité socio-économiques deviennent des sujets prioritaires. source
Les sujets de santé mentale et de prévention des RPS arrivent en 2e position des thématiques de sensibilisation les plus plébiscitées, avec 65% des entreprises concernées, contre seulement 49% des entreprises interrogées en 2022. 70% des entreprises répondantes portent le sujet de la diversité socio-économique contre seulement 55% en 2022. Certaines causes restent encore peu ou pas évoquées : 8% des entreprises sensibilisent leurs équipes à l’aide et l’insertion des réfugié·es et 32% des entreprises interrogées agissent pour la biodiversité. source
La CSRD exige déjà au niveau européen des entreprises, dans le cadre de leur reporting extrafinancier, de justifier de leurs impacts à la fois sur l’environnement et la société et démontrer leur capacité de résilience et d’adéquation face aux défis planétaires. L’adoption de la CSRD s’accompagne d’un jeu de 12 normes / standards, appelés European Sustainability Reporting Standards (ESRS) telles que : Biodiversité et écosystèmes, Travailleurs de la chaîne de valeur (employés comme non employés par l'entreprise), Communautés Touchées, Consommateurs et utilisateurs finaux.
La grande nouveauté de la CSRD c'est l’obligation pour toutes les entreprises à court ou moyen terme de se soumettre à l’analyse de double matérialité. En effet, jusqu’alors les entreprises réalisaient une analyse de matérialité simple permettant uniquement d’identifier leurs enjeux RSE prioritaires pour elle et leurs parties prenantes sans intégrer la notion d’impact. L’exercice de double matérialité est essentiel car il demande aux entreprises de mesurer les impacts positifs et négatifs qu’elles font peser sur l’environnement et la société. L’exercice permet ainsi de mieux comprendre les interactions et relations d’interdépendance entre les activités de l’entreprise, l’environnement et la société. source
Le reporting extra-financier encadré par la CSRD demande aux entreprises d’inclure dans leur rapport de durabilité des informations sur les impacts, risques et opportunités matériels de l’ensemble de leur chaîne de valeur amont et aval. Ce nouveau reporting demande une prise de recul des entreprises vis-à-vis de leurs relations commerciales, directes et indirectes, et des impacts qu’elles font peser sur leur chaîne de valeur. Assurer des relations durables avec l’ensemble des acteurs de l’entreprise ne peut se faire qu’au travers d’un dialogue réciproque et constructif avec l’ensemble de ses parties prenantes. source
Ce nouveau texte européen est un excellent outil pour repenser le business model de son entreprise. Les enjeux et les analyses qui découlent de l’exercice de reporting doivent permettre aux entreprises de prendre du recul sur leurs activités, leurs impacts et leurs dépendances afin d’adapter leur modèle d’affaires. source.
En effet, la difficulté de mesurer l’impact et le ROI se fait de plus en plus ressentir : 74% des entreprises interrogées en 2024 le considèrent comme un frein important, contre 69% en 2022. Justement, plus d’un tiers de entreprises innovantes considère que leurs innovations ont contribuées à la protection de l’environnement avec des efforts notamment sur la consommation d’énergie, l’empreinte carbone ou le recyclage. Cette contribution environnementale est majoritairement portée par les entreprises de l’industrie et l’hébergement-restauration. C'est 47 % des entreprises de 10 salariés ou plus des secteurs marchands non agricoles ont innové, plus souvent en procédés (41 %) qu’en produits (21 %). Source
La remise en question du modèle économique dominant était au menu des Universités d’été de l’Economie de Demain fin aout, portées par le mouvement Impact France. Julia Faure, sa co-présidente, appelle à participer à une conversation géante, rassemblant au moins 2 000 personnes dont Marine Tondelier, la secrétaire nationale des Ecologistes. L’objectif est d’avoir le courage de “rediriger” l’environnement, le social, l’économie et la politique. Dans un post Linkedin, Julia Faure avoue “s’être interrogée ces derniers mois sur la responsabilité des entreprises dans le mal-être qui se manifeste en France, notamment par un vote record en faveur de l’extrême-droite”. Cela lui a fait prendre conscience, dit-elle qu’ il “existe une frange du monde économique qui agit délibérément contre des causes telles que l’action climatique, la promotion des droits des femmes et des minorités, la justice fiscale ou encore le renforcement des services publics“. source.
Elle mentionne aussi l’ouvrage du CNRS, “Que sait-on du travail ?” dans lequel “une soixantaine de chercheurs, sociologues et économistes ont documenté combien, en France, pour une grande majorité de salariés, les conditions de travail sont mauvaises. Le travail s’est intensifié, les accidents du travail sont plus nombreux, et les risques psychosociaux se sont aggravés“. La suggestion est donc faite aux entrepreneur(e)s de “rediriger” c’est-à-dire de diriger autrement sur le plan social et environnemental parce que c’est le seul moyen pour elle de continuer à prospérer, à moyen long terme. source.
Il est vrai que les salarié·es sont encore peu impliqués dans les démarches RSE : seulement 17% des entreprises répondantes les considèrent comme moteurs. source Santé et sécurité au travail, qualité de vie de travail et égalité entre les femmes et les hommes constituent le top 3 des priorités des salariés comme des priorités perçues de leur entreprise. On constate que les salariés se projettent mieux dans leur entreprise et la jugent plus performante lorsqu’ils ont une perception positive de l’engagement de leur entreprise en faveur de la RSE. source
La bascule des modèles d'affaires est un enjeu qu'il convient de porter avec l'ensemble des parties prenantes. Le Cercle de Giverny rassemble les acteurs engagés dans la gouvernance d’entreprise. L’objectif de ce club de réflexion : permettre « un partage des bonnes pratiques et la création de synergies ». « Face à l’augmentation du niveau général des risques, les entreprises prennent de plus en plus conscience de leur rôle dans la société. Le conseil d’administration, qui doit s’assurer de la prise en compte des intérêts de toutes les parties prenantes, est au cœur de ces enjeux », souligne Antoine Gosset-Grainville, président du conseil d’administration d’Axa. « La RSE doit être intégrée au cœur de la stratégie, pas à côté. C’est le meilleur moyen pour que tout le monde puisse se l’approprier », estime encore Agnès Touraine, présidente du conseil d’administration de Rexel. source
Selon les dernières données de l’étude Kantar BrandZ, la stratégie RSE est trois fois plus importante pour la réputation de l’entreprise qu’elle ne l’était il y a 10 ans, avec une prime à celles qui se positionnent sur la régénération. A l’occasion de la Semaine de Terre, Kantar Insights revient sur ces nouveaux leviers de considération et de croissance : l’économie « régénérative », qui contribue positivement et proactivement à la société, s’impose comme une priorité pour les plus grandes marques françaises. Parmi les marques qui ont réussi à en tirer parti comme relais de croissance, citons : – l’assureur AXA (n°12 ; +21%), qui en a fait l’axe de sa stratégie. Déjà en 2021, AXA refusait officiellement d’assurer RWE, l’un des plus gros pollueurs au charbon d’Europe. – la Société Générale (n°34 ; +40%), première banque française à intégrer systématiquement les critères ESG dans la valorisation des entreprises – Hermès qui place explicitement la durabilité au cœur de son récit artisanal : transmission, savoir-faire et respect des matières premières. source
Dans la lignée des nouvelles directives CSRD, notre business model canvas de l’entreprise régénérative permet aux directions RSE de prendre la mesure des impacts au niveau d'un produit ou service au coeur de l'activité de l'entreprise.
Notre Business Model Canvas de l’Entreprise Régénérative – le REGEN BMC – permet d’identifier le nouveau produit / service à lancer dans une démarche mutuellement bénéfique avec un ensemble de parties prenantes. Ou à une collectivité locale de réunir les acteurs du territoire autour d’un acteur économique.
C’est un process structuré au fil de 5 ateliers qui permettent que chaque entité intervenant dans la chaîne de valeur d’un produit / service / projet puisse intégrer dans sa zone de responsabilité propre les indicateurs d'impact. Chaque partie prenante est ainsi en capacité d’anticiper les nouvelles pratiques à mettre en place dans une gouvernance partagée. Un plan de transformation permet d’organiser la bascule vers le régénérarif sur 5 à 10 ans et ainsi transformer toute l’organisation sur la base d’activités résilientes, contributives et viables.
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