Alors que la COP16, la 16e conférence des Parties à la Convention des Nations unies sur la diversité biologique (CDB) se tient à Cali, en Colombie, du 21 octobre au 1er novembre 2024, le WWF exhorte les gouvernements à prendre la mesure de l’urgence, pour notre survie et celle de notre planète. Et si la régénération du vivant était la solution ?
Le principal engagement de la COP 15 visait à protéger au moins 30 % des terres et des mers de la planète, et à restaurer 30 % des écosystèmes dégradés d'ici à 2030. source. Le Brésil, par exemple, qui englobe 60 % de la forêt amazonienne, a réussi à limiter la déforestation de 36 % l'année dernière, sous l'impulsion du président Luiz Inácio Lula da Silva. L'autre objectif visait à restaurer 30 % des zones dégradées d’ici 2030. L'Europe met en place des mesures de restauration dans au moins 20% des zones terrestres et 20% des mers de l’UE d’ici 2030. source
Il reste 5 ans pour agir alors que les activités humaines sont responsables de l'effondrement de la biodiversité, principalement à cause de la perte des habitats naturels due à l'agriculture non durable, l'exploitation forestière, les transports, et la fragmentation des rivières pour les espèces d’eau douce. Et juste en 2 ans, nous avons perdu 4% de la nature : d'un niveau de déclin mondial de 69% en 2022, nous sommes passés à un déclin de 73% en 2024. source
Le rapport “Economic and financial impacts of nature degradation and biodiversity loss” nous avertit que 72% des entreprises européennes sont dépendantes de la biodiversité. 3 millions d’entreprises “dépendent de manière critique des services écosystémiques et seront confrontées à d’importants problèmes économiques en raison de la dégradation des écosystèmes”. La perte d’espèces peut freiner la productivité économique et rendre plus fragile la fourniture de services écosystémiques. Cette fragilité peut compromettre la résilience économique, réduire les opportunités de croissance et exacerber notre vulnérabilité à la perte future de biodiversité. source
Enfin, deux rapports majeurs de l'IPBES vont sortir qui affineront l'état de lieux de nos relations d'interdépendances et les solutions / mesures à adopter. Le premier analysera les interdépendances entre cinq éléments – la biodiversité, l’eau, l’alimentation, la santé et le changement climatique – et vise à montrer les impacts négatifs et positifs qu’il y a à agir sur un seul de ces éléments. Le second portera sur les changements transformateurs. Il peut s’agir de la déconnexion entre l’humain et la nature, la domination de l’humain sur la nature, la concentration du pouvoir et des richesses qui est une grande cause de la perte de biodiversité”, énumère le Dr Anne Larigauderie. L’étude comprendra aussi une partie sur la façon dont les différents groupes sociaux envisagent un monde durable et ce qu’ils pourraient modifier et des études de cas sur les potentiels transformateurs. “C’est un travail nouveau sur comment modifier les normes sociales et imaginer de nouveaux récits, explique la secrétaire exécutive de l’IPBES. Le but étant de promouvoir des débats de société sur ces questions”.
Réussir cette double ambition passe par une territorialisation des enjeux climats, ce qui amène un nouveau narratif avec des solutions locales qu'il est possible de mettre en oeuvre. C'est ce qu'illustre l’échelle de la permanence (Scale of Permanence – SoP) qui a été décrite pour la première fois par l’australien P.A. Yeomans comme un système de gestion de l’eau sur place, qui allait au-delà de la gestion de l’eau, pour à terme augmenter la fertilité du sol et contribuer à la régulation du climat.
Entreprises et ONG se mettent en mouvement vers la régénération.
Nestlé, Decathlon, H&M, Kering, Ikea, Inditex (Zara), Suez, EDF ou encore le pétrolier Enel font partie des signataires d'un appel porté par la coalition Business for Nature, qui rassemble aussi des acteurs de la société civile. En amont de la COP16, le monde économique cherche à donner le signal qu’il compte bien influencer les débats sur la protection de la biodiversité. “Nous devons transformer l’ambition en action” affirment ainsi les signataires, qui promeuvent des mesures visant à “protéger et restaurer” la nature. La coalition propose notamment d’assurer une “utilisation et une gestion durables des ressources” pour réduire les impacts sur la biodiversité, en encourageant les entreprises à recourir à des solutions de compensation écologique, à l’agro-écologie ou à des techniques de l’économie régénérative. L’intégration de la nature dans les prises de décision” et les mesures visant à favoriser la transparence en matière de biodiversité sont également mises en avant. Enfin, l’appel met l’accent sur la nécessité de mobiliser la finance vers des solutions compatibles avec la protection de la biodiversité “pour un monde nature positif”. Source
Le mouvement "Nature Positive" vise à Inverser la perte de nature d’ici 2030 sur la base de 2020 et atteindre rétablissement complet d’ici 2050. Pour atteindre l’objectif Nature Positive, il faut une biodiversité positive nette mesurable résultats à travers l’amélioration de l’abondance, de la diversité, de l’intégrité et résilience des espèces, des écosystèmes et des processus naturels. Trois catégories d'indicateurs ont été développées pour mesurer les effets positifs sur la nature. Ils préservent et restaurent 1) les espèces, 2) les écosystèmes, et 3) les processus naturels à toutes les échelles (niveau mondial, national et paysager). Parmi ces mesures figurent la richesse, la répartition, l'abondance et le risque d'extinction des espèces, l'étendue et l'intégrité écologique de l'habitat, l'intégrité hydrologique, les schémas de migration et le carbone séquestration et stockage.En savoir plus.
La COP16 intervient juste avant la COP29, qui se déroule du 11 au 22 novembre en Azerbaïdjan. Organiser la COP sur la biodiversité avant la COP sur le climat de cette année pourrait permettre à la nature d’occuper le devant de la scène et faciliter les discussions sur les interdépendances entre le climat et la nature, ainsi que sur le rôle crucial que la nature et la biodiversité peuvent jouer dans l’atténuation des impacts du changement climatique. Cependant, il existe également un risque que la COP sur la biodiversité soit quelque peu éclipsée par la COP sur le climat imminente, certains participants donnant la priorité à cette dernière.
DÉCOUVRIR NOTRE APPROCHE DES BUSINESS MODELS RÉGÉNÉRATIFS
Le business model canvas de l'entreprise régénérative
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.