Les termes « racaille », « voyous », la référence à un célèbre fabricant de machines puissantes de nettoyage, dans la bouche d’un Ministre de l’Intérieur candidat à de plus hautes responsabilités, Nicolas Sarkozy, ont provoqué de vives réactions à tous les étages de la société. Beaucoup dénoncent une nouvelle politique autoritaire, et les analogies rapides à des hommes politiques plus extrémistes fusent.
Or il ne s’agit pas tant d’une politique nouvelle, que de la simple utilisation d’un vocabulaire percutant. Des mots propres, lavés des atténuations polies qui ont englué la pensée politique de ces dernières années.
Choquant ? Assurément ! Jean-Pierre Chevènement avait dû fournir moult explications de son terme de « sauvageon ». Ces dernières années s’était installé chez nos élites politiques un vocabulaire aseptisé qui en les énonçant froidement sans les dénoncer avait laissé pourrir certaines situations. Le vocabulaire mou, sensé ne déranger personne et surtout faire montre de ses bonnes manières, avait également amolli les problèmes. Aujourd’hui, en nommant franchement les délinquants, Sarkozy regarde franchement la situation dans les banlieues.
La politique, c’est aussi une rhétorique. Ne pas mettre les mots sur les maux, c’est les laisser vivre. C’est l’amalgame qui est dangereux, pas la dénonciation franche des méconduites de certains.
Reste une seule question aujourd’hui : Sarkozy, est-ce un vocabulaire de l’action pour une action politique ? Un homme politique est un homme d’action. Il nous faut apprendre à juger sur les faits.
Et comprendre que dire d'un dealer, d'un violeur, d'un agresseur, ou d 'un casseur qu'il est un "voyou", ou une "racaille", ce n'est pas être dangereux. C'est être honnête.
Julien Grimaldi.