Dans
une société qui manquerait de sacré (ce qui ne veut pas dire qu’elle
manque de religion), où nous aurions tendance à tout désacraliser, les
comportements codifiés, fondés sur une ou des croyances n’ont pas
disparu. Les rituels, autour d’un ensemble de règles et d’habitudes
fixées par la tradition, par des groupes… trouvent un écho grandissant.
Les Eglises ont longtemps été au cœur de la ritualisation sociale avec des cérémonies chargées de signification symbolique dans une répétition de forme et d’action. Loin de toute spontanéité, ces rituels et leurs mises en œuvre, créaient un ciment social très fort et une intégration des individus dans une communauté de proximité. L’individualisme a fait voler en éclats (en partie) la puissance cérémonielle des Eglises, mais n’a pas balayé l’attrait pour les grand-messes collectives. Pensons aux compétitions sportives planétaires. Ces nouveaux rituels (qui ne sont pas si nouveaux que cela, ils existaient déjà chez les Romains) servent à atténuer les désordres sociaux. L’éthologue Konrad Lorenz a souligné combien les rituels structurent le groupe, réduisent l’agressivité individuelle de ses membres “pour circonscrire ses effets désordonnés et indésirables et a contrario valoriser sa contribution à la conservation du groupe”.
Intégration, répétition et autoreprésentation
Les rituels rythment la vie sociale et les périodes symboliques de la société, toujours selon Lorenz, la dimension collective étant liée à la dimension spatiotemporelle, ils “instaurent une coupure entre le temps du quotidien et le temps du rite”. Idem pour les magasins : les courses du samedi ou les périodes de soldes sont des espaces et des moments de ritualisation marchande amplement collective.
Les rituels assurent l’intégration au groupe par la répétition des gestes, du cérémonial. Ce n’est pas par hasard si les francs-maçons “habillent” -au sens propre comme au sens figuré-, leurs rencontres de cérémonies rituelles empreintes d’une certaine religiosité. Ce n’est pas par hasard si les étudiants pratiquent le bizutage des entrants, rituel d’intégration et d’initiation quelquefois violent qui assure une forme de cohésion au groupe après ce passage symbolique. Rebaptisé pudiquement, à cause des controverses qu’il suscite, “cérémonie d’accueil” ou “journée d’intégration”.
Les rituels, liens fortement symboliques, permettent aussi une autoreprésentation de l’individu ou du groupe social à lui-même : on existe pour soi et face aux autres, on a besoin d’une reconnaissance dans une mise en scène, une cérémonie d’intronisation déroulée “rituellement” en trois parties : la manifestation (ce qui est montré à voir), le geste (ce qui est fait), la prescription (ce qui est dit). Rassurants, les rituels sont un miroir destiné à affirmer ou réaffirmer des valeurs et à faire entrer dans le rang de l’organisation sociale, ceux ou celles qui se rêvent en “anarchistes”. Pourrait-on, dans un monde où la communication envahit l’espace public et privé, échapper aux anniversaires historiques, aux fêtes nationales, aux célébrations de consommation… à la ritualisation permanente ?
ladicom
Les Eglises ont longtemps été au cœur de la ritualisation sociale avec des cérémonies chargées de signification symbolique dans une répétition de forme et d’action. Loin de toute spontanéité, ces rituels et leurs mises en œuvre, créaient un ciment social très fort et une intégration des individus dans une communauté de proximité. L’individualisme a fait voler en éclats (en partie) la puissance cérémonielle des Eglises, mais n’a pas balayé l’attrait pour les grand-messes collectives. Pensons aux compétitions sportives planétaires. Ces nouveaux rituels (qui ne sont pas si nouveaux que cela, ils existaient déjà chez les Romains) servent à atténuer les désordres sociaux. L’éthologue Konrad Lorenz a souligné combien les rituels structurent le groupe, réduisent l’agressivité individuelle de ses membres “pour circonscrire ses effets désordonnés et indésirables et a contrario valoriser sa contribution à la conservation du groupe”.
Intégration, répétition et autoreprésentation
Les rituels rythment la vie sociale et les périodes symboliques de la société, toujours selon Lorenz, la dimension collective étant liée à la dimension spatiotemporelle, ils “instaurent une coupure entre le temps du quotidien et le temps du rite”. Idem pour les magasins : les courses du samedi ou les périodes de soldes sont des espaces et des moments de ritualisation marchande amplement collective.
Les rituels assurent l’intégration au groupe par la répétition des gestes, du cérémonial. Ce n’est pas par hasard si les francs-maçons “habillent” -au sens propre comme au sens figuré-, leurs rencontres de cérémonies rituelles empreintes d’une certaine religiosité. Ce n’est pas par hasard si les étudiants pratiquent le bizutage des entrants, rituel d’intégration et d’initiation quelquefois violent qui assure une forme de cohésion au groupe après ce passage symbolique. Rebaptisé pudiquement, à cause des controverses qu’il suscite, “cérémonie d’accueil” ou “journée d’intégration”.
Les rituels, liens fortement symboliques, permettent aussi une autoreprésentation de l’individu ou du groupe social à lui-même : on existe pour soi et face aux autres, on a besoin d’une reconnaissance dans une mise en scène, une cérémonie d’intronisation déroulée “rituellement” en trois parties : la manifestation (ce qui est montré à voir), le geste (ce qui est fait), la prescription (ce qui est dit). Rassurants, les rituels sont un miroir destiné à affirmer ou réaffirmer des valeurs et à faire entrer dans le rang de l’organisation sociale, ceux ou celles qui se rêvent en “anarchistes”. Pourrait-on, dans un monde où la communication envahit l’espace public et privé, échapper aux anniversaires historiques, aux fêtes nationales, aux célébrations de consommation… à la ritualisation permanente ?
ladicom