Le
groupe Henkel détient un certain nombre de marques ancestrales, des
marques qui durent, cette pérennité est-elle le fait d’un esprit
visionnaire dans leur ADN ?
Emmanuel Greiner : Je
pense une marque en tant que telle n’existe que par les managers à sa
tête ; des managers qui s’en occupent de génération en génération. Et
elle ne sera visionnaire que s’ils en ont une vraie clairvoyance. Il
n’y a pas d’esprit visionnaire mais une bonne gestion de la marque pour
rester en phase avec l’évolution de la société, rendre des services aux
consommateurs, être capable d’évoluer avec son temps… Une marque
devient ce qu’on en fait ou ce qu’on n’en fait pas.
Avec
Degraiss’Boy de Mir et Fresh Surfer de Bref lancés récemment, vous avez
créé une rupture avec ces deux produits, chacun dans leur catégorie,
est-ce que cela participe à la juste vision de ces managers ?
Emmanuel Greiner : Il
faut toujours repartir du consommateur et comprendre ce qu’il attend.
Avec ces deux produits, qui ne sont pas de simples objets de design,
nous répondons à un besoin de produits utilitaires et efficaces qui ont
un supplément d’âme esthétique. Sachant que nous sommes dans le mass
marketing et que notre vision n’est pas de créer un objet design pour
le seul plaisir visuel ou publicitaire. Notre travail de développement
étant de créer de nouveaux produits qui accompagnent les consommateurs
dans leur vie quotidienne et notre challenge est de proposer une vision
de la marque en adéquation avec les marchés.
Une adéquation qui vous donne une longueur d’avance sur vos concurrents et là, nous pouvons parler d’esprit visionnaire…
Emmanuel Greiner :
Nous devons si possible avoir une longueur d’avance en effet, mais ne
pas être à l’avant-garde ; sur des marchés très volatils et très
bataillés, notre “vision” doit gérer le court terme pour assurer le
chiffre d’affaires d’aujourd’hui, et le long terme pour développer des
produits innovants, répondre à de nouveaux gestes, comportements qui
feront la croissance de demain. Et tout cela en cohérence avec les
marques.
Dans le cas du bloc-wc, le
mariage de Bref d’un côté et Alessi de l’autre peut surprendre, toutes
ne peuvent “supporter” de telles innovations et de tels mix marketing ?
Emmanuel Greiner : Disons
que chaque marque est capable de porter des innovations mais pas
forcément les mêmes. Là, nous revenons au travail de mangement de la
marque et à une vision la plus juste possible de son histoire, sa
réalité, la connaissance de son marché, etc. Et bien évidemment nous
faisons des erreurs, l’infaillibilité n’existe pas. Pour autant, Henkel
a 130 ans et réalise aujourd’hui 12 milliards d’euros de chiffre
d’affaires : on ne peut pas conduire une telle machine sans avoir une
vraie vision qui a toujours été de fabriquer des produits facilitateurs
qui améliorent la vie des gens dans le domaine des produits
d’entretien, des cosmétiques, traitements des surfaces… des produits de
qualité avec des vrais services additionnels.
C’est la seule façon de le rendre pérenne…
Emmanuel Greiner : Surtout
sur des marchés toujours plus complexes où nous ne pouvons nous
permettre simplement d’être intuitif, les enjeux sont importants et les
investissements conséquents, la bonne vision c’est aussi être comptable
de cette réalité, au risque de disparaître.
Par Emmanuel Greiner, directeur marketing Entretien de la Maison Henkel France
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