Comment
va la planète? Où allons-nous ? Quels sont faits saillants pour demain
et après demain ? Revue non exhaustive des tendances en germe et en
concepts nouveaux pour rêver à un autre monde. Ou pour cauchemarder.
Mais avec une macro-tendance qui domine : la recherche de simplicité.
Intuitive Dialog Design
L’envahissement des technologies dans notre quotidien apporte des
bienfaits indéniables mais aussi des approches de plus en plus
complexes des appareils les plus simples (lecteur CD, TV, téléphone…)
et un maximum de stress pour l’usager moyen. Dans sa thèse publiée par
le MIT (Reducing Complexity of Consumer Electronics Interfaces Using
Commonsense Reasoning), José Humberto Espinosa Christlieb, un
spécialiste en Computer Engineering, rapporte “que nous pouvons fournir
une meilleure aide à l'utilisateur en employant le bon sens”. Les
ingénieurs et les producteurs vont imaginer des interfaces plus
accessibles et utiliser l’intelligence artificielle pour pallier à
“l’incompétence naturelle” des individus lambda. Les objets
technologiques adopteront un profil IDD, Intuitive Dialog Design, qui
entre en empathie avec l’usager.
Les nanomondes
Selon la National Science Foundation, près de 50 % des médicaments
créés à l’horizon 2010 relèveront de la nanotechnologie : “processus de
réorganisation de la matière atome par atome ou molécule par molécule”
(selon le Japonais Norio Taniguchi précurseur dans ce domaine). Des
micro-organismes atomiquement modifiés deviennent les véhicules de
substances actives pour aller toucher au cœur de la maladie et
renforcer leur efficacité ; des nanosenseurs contrôlent la fraîcheur
d’un produit ; des micropuces renforcent la traçabilité… Les
nanoparticules ou nanorganismes à l’échelle moléculaire sont déjà
présents dans l’alimentation, les cosmétiques, certains médicaments, le
high-tech, les matériaux comme le nanocarbone, 100 fois plus résistant
et 6 fois plus léger que l’acier, parfait pour construire des
véhicules, avions ou automobiles, ultra-légers… Le cabinet américain
Lux Research affirme que le marché des nanotechnologies pèse
actuellement 32 milliards de dollars, il grimperait à 2 600 milliards
de dollars en 2014.
L’ère des NBIC
Ce nouvel acronyme répond à la convergence entre “le nano, le bio, le
techno et le cogno”, c’est-à-dire une mise en relation de savoirs et de
compétences entre les nanotechnologies, les biotechnologies, les
technologies de l’information et les sciences cognitives. Les NBIC
ouvre la voie de l’intelligence artificielle et de l’électronique
organique avec des puces douées d’une autonomie totale pour exécuter et
gérer des tâches, s’améliorer, se reproduire, se réparer… avec des
puissances de calcul qui dépassent les 200 milliards d’opérations par
seconde.
La MobilInformation
La presse multicanale passe aussi par le téléphone portable, surtout
pour lutter contre la désaffection des lecteurs ; des journaux japonais
comme le Nihon Keizai Shimbun, le Mainichi Shimbun ou le Ymiuri Shimbun
proposent déjà des versions en podcast audio ou vidéo. Avec des écrans
plus grands (mais toujours de poche) et des cartes mémoire, l’avenir
s’oriente aussi vers une numérisation massive de livres, mangas ou de
catalogues à “feuilleter” directement ou à télécharger via Internet
selon le système PPV (Pay Per View). Le groupe Chronos rapporte qu’un
logiciel avec une “fonction ‘tachiyomi’, littéralement ‘lire debout’,”
permet de parcourir aisément les pages et faciliter la lecture sur
l’écran du portable qui va devenir le “guichet unique”, selon Chronos,
: téléphone, computeur, téléviseur, bibliothèque…
Le portable universel
“Couteau suisse” du XXIe siècle, le téléphone mobile s’impose de plus
en plus comme l’objet unique de chaque individu pour communiquer,
échanger, acheter, jouer, se repérer, voir la TV, suivre des
mobiséances de cinéma, écouter de la musique, photographier, filmer…
Pour faciliter la performance des appareils, les équipementiers doivent
intégrer bon nombre de protocoles spécifiques à chaque fonction : GSM,
Edge, Bluetooth, 3G, Vimax, Wi-Fi, DVB-H, GPS… Une complexité qu’ils
cherchent à simplifier. Demain, tous ces composants seront traités par
un processeur unique qui allégera encore les appareils et facilitera la
convergence entre les protocoles.
New Food on Balance
Le secteur de l’alimentation continue sa révolution ; le 3ème Palmarès
de l’Innovation Ipsos/Insight/LSA confirme le choix des consommateurs
vers davantage “de simplicité, de gain de temps et de praticité au
quotidien”, ce que les Anglais nomment “daily lubricants”. Dans
l’avenir, le nouvel équilibre alimentaire va associer la nutrition pour
le bien-être et la santé ; la praticité avec les packages facilitateurs
pour le culinaire et les monodoses pour la consommation individuelle ;
l’ethnique pour la richesse des goûts et la découverte de saveurs
atypiques.
Les biotomobiles
Alors que les incertitudes demeurent quant à la teneur des réserves de
pétrole mondiales, les constructeurs automobiles s’échinent à inventer
des modèles hybrides à l’essence et luzerne, colza ou autres
composants, avant le grand saut du bi-moteur à la révolution
biotomobile. Demain, les véhicules non polluants qui rouleront à
l’énergie biologique, renouvelable, inépuisable, à l’eau miraculeuse :
l’hydrogène. L’aboutissement de cette technologie qui est encore une
“usine à gaz” est annoncé pour 2030, avant cela, les constructeurs
devront inventer des automobiles multi-énergies : biodiesel, Ethanol et
gaz naturel.
Les ultra-réactionnaires
L’observatoire
international Futur Foundation a publié une étude européenne sur la
montée inquiétante des ultra-réactionnaires, des empêcheurs de vivre
dans le plaisir. Baptisés les “néo-rigoristes”, ils combattent les
fumeurs, les mangeurs de gras, les buveurs de vins, les baiseurs, les
conducteurs de 4x4, les “fashion victims” (sic !), les publicitaires…
Terre des droits de l’homme (re-sic !), ce sont les Français les plus
réactionnaires : 70 % des personnes interrogées sont favorables à la
restriction des libertés dans la sphère privée, contre une moyenne de
50 % en Europe. Ce Mai 68 à l’envers pousse déjà les hommes politiques
couards et si peu visionnaires à multiplier les réglementations pour
encadrer l’existence des citoyens. Ces “néo-rigoristes” moisis et
haineux détestent l’Europe jugée technocratique, mais lui demandent de
créer des lois pour empêcher les comportements “déviants” ! Il est
grand temps de recréer une communauté de néo-nihilistes pour tirer la
langue à ces intégristes de la morale, nauséabonds de rectitude.
Les éternistes
Ça va de vieux en plus vieux : selon les Nations Unis, la population
mondiale va osciller entre 7,6 et 10,6 milliards d’habitants en 2050,
les plus de 60 ans dépasseront la barre des 20 %, les centenaires
devraient être plus de 35 millions, et les seniors âgés de plus de 120
ans garderont une forme “éblouissante” due à la génétique. Les limites
de l’immortalité ne sont pas encore atteintes, mais des recherches
expérimentales sur de nombreuses espèces montrent qu’il est possible
d’augmenter l’espérance de vie de 30 %. Le vieillissement chez l’homme
pourrait être retardé de 40 à 50 ans et il pourrait atteindre les 160
ans de vie. Résultat, les âges de la vie vont changer : l’enfance (âge
de coton) va s’étirer jusqu’à 20 ans ; le jeune adulte (âge d’or)
jusqu’à 35 ans ; l’adulte mature (âge d’argent) jusqu’à 60 ans ; le
senior (âge de fer) jusqu’à 85 ans, et l’éterniste (âge d’airain)
au-delà. Il va falloir reculer l’âge de la retraite de dix à quinze ans…
Chindia, le méga bloc
Avec plus de 2,4 milliards d’habitants, la Chine et l’Inde sont deux
puissances humaines, les premières au monde, et des puissances
économiques dont les taux de croissance flirte avec les 10 % chaque
année depuis le début du nouveau siècle. Selon Le Monde, le tigre et le
dragon qui avaient manqué la révolution industrielle de 1850, sont
“bien décidés à revenir aux premières places (…). Le XXIe devrait être
pour l’Inde et la Chine un XIXe à l’envers”. En 2050, le PIB de la
Chine sera de 44 453 milliards de dollars, celui des USA de 35 165
milliards de dollars, de l’Inde 27 803 milliards de dollars… Loin
derrière le Japon à 6 673 milliards de dollars, très, très loin
derrière, la France qui va plafonner à 3 148 milliards de dollars
(source : Goldman Sachs).
Par Dominique Cuvillier, http://www.ladidom.com/