Mieux vaut un échantillon limité bien ciblé qu’un panel large mais peu impliqué, mieux vaut des phases de réajustement dans la méthode qu’une méthodologie « rouleau-compresseur »… et Internet permet cela.
En réponse à la question, il y a (au moins) trois moyens de mieux cibler les individus (dans les études).
Au niveau du recrutement, on peut mieux cibler les individus en ayant recours à un recrutement en deux étapes, avec une phase de débroussaillage, via Internet : on contacte d’abord 3000 personnes, on les qualifie et on leur pose quelques questions ouvertes sur le sujet de l’étude. A partir de là on voit déjà les profils qui nous intéressent et on sélectionne 300 personnes utiles. Ensuite on peut procéder à une deuxième phase de sélection plus fine, avec un contact par téléphone. En terme de qualité de recrutement, cela donne d’excellent résultats, en particulier pour les focus groupes.
Ensuite, on peut cesser d’interroger tout le monde de la même manière, car la question induit déjà la cible. En fonction des sujets, il y a des gens qui sont peu impliqués, ou pas compétents, et qui ne sont pas prêt à répondre à un questionnaire long. Il est bon de les interroger en 5 minutes. D’autres sont plus impliqués, et sont prêts à donner leur avis longuement. Il faut pouvoir s’adapter aux uns et aux autres, et c’est une souplesse que permet Internet. ça évite de proposer à tout le monde un même questionnaire qui oblige chacun à rentrer dans une case qui ne lui correspond pas forcément.
De manière générale, on peut dire qu’Internet invite à remettre en question le modèle de l’échantillon représentatif, inspiré du modèle politique, dans lequel 1 homme = 1 voix, où toutes les opinions se valent, où tout le monde est logé à la même enseigne. C’est vrai au moment du vote, mais en dehors de ça, il est clair que selon les sujets les gens ne sont pas tous aussi impliqués, compétents, ils n’ont pas tous autant de chose à dire. Il est plus pertinent de repérer les uns et de passer avec eux plus de temps qu’avec les autres.
Enfin, on peut aussi mieux cibler les individus en mettant au point des modes d’interrogation évolutifs. Ce qui se passe en général, c’est qu’on a toujours des idées préconçues sur des cibles, des façons de catégoriser le corps social. Or, sans même parler du paradoxe qui consiste à déterminer à l’avance les grands critères de la société qu’on cherche justement à connaître, ces découpages sont parfois inadaptées selon les sujets. Il est intéressant d’avoir des outils évolutifs, de lancer une première vague de questions et d’affiner ou corriger ses idées de départ suivant les retours, avant de lancer la deuxième vague. Ce n’est pas toujours possible (ou très coûteux) avec les méthodes classiques. Cette souplesse, c’est aussi l’intérêt du bulletin board (forum qualitatif en ligne), qui se présente comme un forum où les interviewés se connectent pour échanger sur une semaine ou plus.
Pour aller plus loin sur le quali en ligne, voir le blog de daniel bo : http://testconso.typepad.com/marketingetudes/
Pour aller plus loin sur la question de l’échantillon représentatif, voir le livre de Loïc Blondiaux, La fabrique de l’opinion, Seuil. (fiche de lecture disponible à l’adresse suivante http://www.qualiquanti.com/ (voir “réflexions méthodologiques” / “histoire des sondages”)
Sinon, ça n’a rien à voir, mais pour échanger autre chose que des conseils sur les études, un blog sympa : http://riennepresse.blogspot.com/
Cette prise de parole a eu lieu dans le cadre de lesaperosdujeudi "la soirée bouches a oreilles" (à la rencontre des autres) qui a eu lieu le jeudi 22.2 a la Zen factory : www.lesaperosdujeudi.com. Une initiative de pourquoitucours, l'agence des idées.