L'argument du « made in France »
refait surface
[ 31/01/07 ]
Le message du retour des produits fabriqués dans l'Hexagone passe à nouveau auprès des consommateurs, plus enclins à privilégier la sphère proche.
Dans un grand magasin parisien, la vendeuse du rayon literie cherche ses mots. Pour convaincre cette possible acheteuse d'une couette de choisir un produit plutôt haut de gamme, elle finit par lui expliquer que la marque n'a pas recours à la sous-traitance étrangère et fait fabriquer ses produits uniquement dans l'Hexagone.
Cette scène est symptomatique du grand retour de l'argument « made in France » comme déclencheur de l'acte d'achat.
Selon une étude réalisée cet automne par Ipsos pour le groupement coopératif de lunettes, 60 % des Français estiment que celles sortant d'usines françaises sont de meilleure qualité que les produits venant de l'étranger, et plus de la moitié des personnes interrogées les jugent aussi plus esthétiques. Enfin, six personnes sur dix se disent prêtes à payer un peu plus cher pour cette fabrication, avec un surcoût d'environ 17 %. Moins surprenant, le monde des bijoux s'avère également sensible à l'argument. Mais là, l'action est collective. L'Union française de la bijouterie, de la joaillerie, de l'orfèvrerie, des pierres et des perles (BJOP) a lancé le label d'origine de fabrication « Joaillerie de France », qui garantit que chaque produit y a été monté, serti et poli. Le poinçon spécifique forme d'ailleurs un hexagone. Le bouche-à-oreille Plus globalement, dans l'esprit du consommateur, la notion de « made in France » fait principalement mouche pour les catégories de produits plutôt moyen-haut de gamme. Sur l'entrée, voire le milieu de gamme, le public reste avant tout à la recherche du prix. « En revanche, sur ce créneau moyen-haut de gamme, elle rencontre un véritable écho.
L'argument du « made in France » devrait donc continuer à prendre du poids et gagner en visibilité.
« C'est un croisement entre le retour du local et la prise de conscience de l'usage que l'on peut faire de son pouvoir d'achat. Dans un monde de plus en plus complexe, il s'agit de privilégier la sphère proche et de se demander : à qui je donne mon argent ? » souligne Jérémy Dumont, planneur stratégique et créateur de Pourquoitucours, une structure de conseil en gestion de marque. A l'heure où les experts se réunissent autour du climat, et tandis que les préoccupations environnementales montent parmi la population, une fabrication de proximité peut aussi tirer partie de la réduction des dépenses d'énergie liées au transport et devenir aussi un argument écologique.
CLOTILDE BRIARD pour les echos