La première opinion n'est pas neuve depuis Jules Verne voire Léonard de
Vinci, c'est le mythe d'un ailleurs, d'un deuxième monde comme le titre
prémonitoire du jeu lancé par Canal + il y a dix ans. Le terme anglais
de Second Life renvoie évidemment à cette origine plus proche de la
science-fiction et du monde idéalisé qui ontologiquement ne peut pas
être autre chose qu'une formidable évasion.
La seconde voie est
tracée par les promoteurs de la virtualité, utilisée à titre
professionnel pour tester sur un ordinateur ce qui hier relevait de la
maquette.
L'irruption de calculs à très haute puissance a permis
cette innovation et nous pensons en premier lieu et logiquement à
l'entreprise Dassault Systèmes. Cette société est issue de la recherche
informatique appliquée initialement à l'univers militaire puis
transféré au monde civil et maintenant le plus marchand avec la
constitution d'une co-entreprise avec l'agence de publicité, Publicis.
La
virtualité en terme d'application scientifique devient dès lors une
extension dans la sphère marchande. Nous préférons alors parler de
Réalité Etendue, terme qui renvoie évidemment à l'entreprise étendue ou
à la notion de "stakeholders" en anglais, soit la prise en compte par
l'entreprise de l'ensemble des paramètres externes et internes à son
fonctionnement.
Cette idée de Réalité Etendue permet une
utilisation régulière de la 3D en la mettant à la disposition de tous
plutôt que la confiner dans un univers dédié tel que les mondes
virtuels dont Second Life.
La 3D va permettre de "virtualiser",
verbe qui sera prochainement préféré à "tester", les essais, tentatives
ou autres idées nouvelles.
Il est ainsi possible de réfléchir à
préférer la virtualisation des avancées technologiques avant leur mise
en application que le seul principe de précaution qui est une mesure
juridique qui freine l'évolution de la science à un instant T en
ouvrant vers ce que le philosophe François Ewald appelle le nouveau
dogmatisme écologique.
Cette mise en place progressive de la 3D
devient alors capitale pour étendre le champ d'investigation et
d'application de l'homme (la réalité étendue) mais dans le respect des
normes et lois en vigueur et
dans une démarche citoyenne de la science.
C'est
une démarche différente de Second Life qui en créant un deuxième monde
propose un voyage provisoire dans un monde nouveau qui a sa propre
monnaie (le linden dollar) soit le meilleur indicateur d'une création
complète.
La réflexion menée dans les sciences de gestion sur
l'entreprise étendue complète habilement la montée en puissance de la
réalité étendue. Cette évolution est la confirmation de la naturelle
tendance au progrès qui avance toujours en crabe : les avancées de la
science dure (ici les mathématiques) suscitent une réflexion des
sciences humaines (ici les sciences de gestion) qui elles-mêmes vont
alors inciter les sciences dures à poursuivre leur recherche.
Le
mariage entre Réalité étendue et Entreprise étendue conforte
l'importance de la Génération Participation qui souhaite s'affranchir
de structures isolées au fonctionnement hiérarchique et vertical.
A la philosophie de la précaution, préférons la philosophie de la réflexion comme nous y invite la réalité étendue.
Source : E-Mergences Newsletter du 15/10/2007