Le marché rémunère en priorité ceux qui sont le plus utile à sa
pérennité. Ce fut longtemps les détenteurs du capital. Ce n’est plus le
cas aujourd’hui.
Parmi les plus hauts revenus et les plus grandes fortunes du monde, on
trouve encore des détenteurs de rentes foncières ou pétrolières. Mais
il n’y a presque plus de détenteurs passifs du capital des grandes
firmes. Certes, les propriétaires ont encore le pouvoir de nommer les
dirigeants , mais ils gagnent souvent beaucoup moins que leurs
employés. Et les détenteurs des plus grands revenus et fortunes sont
des gestionnaires de capitaux, comme Warren Buffet, ou les plus grands
traders, qui gagnent beaucoup plus que leurs patrons en assurant les
banques contre les risques ; On y trouve aussi et surtout les porteurs
d’innovations à répétition , comme les fondateurs de Microsoft , Apple,
ou Google ; des écrivains à succès , comme l’auteur de Harry Potter (
première fortune britannique), des chanteurs comme Madonna, et des
sportifs comme Tiger Wood.
En fixant ainsi la nouvelle hiérarchie des richesses, le marché donne
la priorité à ceux dont il a le plus besoin pour organiser sa
croissance : non pas le capital, qui déborde de partout, mais les trois
piliers du fonctionnement de la société d’aujourd’hui : des
innovations, des mécanismes d’assurance, et des distractions.
Les innovations assurent le renouveau dont le marché se nourrit pour
maintenir un intérêt des consommateurs : elles sont essentielles à la
création de profit.
Les mécanismes d’assurance garantissent que les risques inhérents à
l’exercice de la liberté ne conduisent pas à une précarité générale et
suicidaire : ils sont essentiels au maintien de l’ordre.
Enfin, la distraction est la condition nécessaire à l’acceptation par
les masses de cette précarité générale et de cette tyrannie du neuf .
Demain, le marché donnera la priorité à d’autres qualités, à d’autres
services. Il constatera qu’une seule chose est vraiment rare, le temps,
et il rémunérera plus que tout autre ceux qui seront capables d’en
augmenter la disponibilité : les chercheurs en médecine et en
biotechnologie, aujourd’hui si dévalorisés. Et ceux qui lui donnent sa
plénitude : les artistes capables d’assurer des spectacles vivants, les
professeurs en bonheur et en bien etre. Spécialistes du vieillissement,
gestionnaires de fonds de pension et acteurs de théatre, tels seront
les riches d’après-demain.
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