Définitions
Selon Geert Hofstede : la culture est une programmation mentale collective propre à un groupe d’individu.
Étymologie
L’étymologie du mot culture, du mot latin colere (« habiter », « cultiver », ou « honorer ») suggère que la culture se réfère, en général, à l’activité humaine. Ce mot prend des significations notablement différentes, voire contradictoires, selon ses utilisations.
Le terme (latin cultura) suggère l’action de cultiver, dans le domaine de l’agriculture en particulier : cultiver des fleurs… Le terme de culture est également employé en éthologie. Cicéron fut le premier à appliquer le mot cultura à l’être humain : Un champ si fertile soit-il ne peut être productif sans culture, et c’est la même chose pour l’humain sans enseignement. (Tusculanes, II, 13).
Dans l’Histoire, l’emploi du mot s’est progressivement élargi aux êtres humains. On note que le terme culte a une étymologie voisine (latin cultus), et qu’il est employé pour désigner l’hommage rendu à une divinité.
Pluralité de définitions
Différentes définitions du mot culture reflètent les différentes théories pour comprendre ou évaluer l’activité humaine. En 1952, Alfred Kroeber et Clyde Kluckhohn ont écrit une liste de plus de 200 différentes définitions du mot culture dans leur livre Culture : a critical review of concepts and definitions.
La définition que peuvent en faire les gouvernements lorsqu’ils fixent sa mission au Ministère de la Culture diffère de celle que l’on en donne dans les sciences humaines, ou de celle qui correspond à la culture générale de chacun d’entre nous.
Culture individuelle et culture collective
En langue française, le mot culture désigne tout d’abord l’ensemble des connaissances générales d’un individu. C’est la seule définition qu’en donne en 1862 le Dictionnaire national de Bescherelle, et connaissances scientifiques y sont présentées au premier plan. C’est ce que nous appelons aujourd’hui la "culture générale".
Après le milieu du XXe siècle, le terme prend une seconde signification. Par exemple, le Petit Larousse de 1980 donne, en plus de la conception individuelle, une conception collective : ensemble des structures sociales, religieuses, etc., des manifestations intellectuelles, artistiques, etc., qui caractérisent une société. Le terme peut alors revêtir l’un ou l’autre sens, mais la proximité des domaines d’utilisation de chacun en fait une source d’ambiguïté.
Il se trouve qu’en langue allemande, la définition de la culture individuelle ou culture générale correspond au mot Bildung, et qu’il existe un autre mot, Kultur, qui correspond à un patrimoine social, artistique, éthique appartenant à un ensemble d’individus disposant d’une identité. Ainsi, ce terme homophone, qui correspond plutôt en français à l’une des acceptions de civilisation, et par les échanges d’idées entre la France et l’Allemagne, s’est petit à petit amalgamé avec le sens initial du mot culture en français. Cette seconde définition est en train de supplanter l’ancienne, correspondant à la culture individuelle. Néanmoins, les dictionnaires actuels citent les deux définitions, en plaçant le plus souvent la culture individuelle en premier.
Il y donc actuellement en français deux acceptions différentes pour le mot culture :
- la culture individuelle de chacun, construction personnelle de ses connaissances donnant la culture générale ;
- la culture d’un peuple, l’identité culturelle de ce peuple, la culture collective à laquelle on appartient.
Ces deux acceptions diffèrent en premier lieu par leur composante dynamique :
- la culture individuelle comporte une dimension d’élaboration, de construction (le terme Bildung est généralement traduit en éducation), et donc par définition évolutive et individuelle ;
- la culture collective correspond à une unité fixatrice d’identités, un repère de valeurs relié à une histoire, un art parfaitement inséré dans la collectivité ; la culture collective n’évolue que très lentement, sa valeur est au contraire la stabilité, le rappel à l’Histoire.
C’est dans cette dichotomie que ces deux significations peuvent s’opposer :
La culture collective comporte une composante de rigidité pouvant s’opposer au développement des cultures individuelles, ou pouvant conduire à des contre-cultures, concept qui est inimaginable avec le sens individuel, la connaissance ne pouvant être que positive.
La science, toujours en évolution, n’est de ce fait pas raccrochée au concept de culture individuelle, dans les acceptions populaires, alors qu’elle en est une des composantes principales dans la teneur initiale du terme.
Mais c’est par l’art et l’histoire que les deux concepts se rejoignent. La culture individuelle inclut la connaissance des arts et des cultures, celle des différentes cultures humaines, mais bien évidemment celle affiliée à la culture (collective) à laquelle appartient l’individu.
C’est là le point d’amalgame entre les deux acceptions : la culture (individuelle) est comprise comme connaissance de la culture (collective) dont on dépend. Fusionnant ainsi deux acceptions différentes, le terme culture tend actuellement, en France, vers un compromis dans son acception courante, où il désignerait essentiellement des connaissances liées aux arts et à l’Histoire, plus ou moins liées à une identité ethnique. Les deux sens doivent cependant être analysés distinctement : la culture collective et la culture individuelle se recoupent en réalité, non seulement par leur homonymie, mais aussi par l’appartenance d’un individu à une entité culturelle.
Citations
- « La biologie ignore le culturel. De tout ce que l’homme a appris, éprouvé, ressenti au long des siècles, rien ne s’est déposé dans son organisme, rien n’est passé dans la bête. » Jean Rostand biologiste (1894-1977)
- « Une culture qui ne serait pas une insurrection permanente de l’esprit ne serait qu’une industrie de plus. » Jean-Marie Domenach (Europe, le défi culturel 1990)
- « Quand les hommes sont morts ils rentrent dans l’histoire, quand les statues sont mortes, elles rentrent dans l’art, cette botanique de la mort, c’est ce que nous appelons la culture. » Chris Marker (Les Statues meurent aussi d’Alain Resnais)
- « La culture, c’est la manière dont un groupe de personnes résout ses problèmes. » F. Trompenaars
- « la culture est par essence une programmation mentale collective. » G. Hofstede
- « La culture, c’est ce qui reste quand on a tout oublié. » Édouard Herriot
- « Croyant, avec Max Weber, que l’homme est un animal suspendu dans des toiles de signification qu’il a lui-même tissées, je considère que la culture est ces toiles ». Clifford Geertz, The Interpretation of Cultures, 1973
- « L’incapacité patente de la culture occidentale à comprendre et à prendre au sérieux, l’expérience acquise des autres cultures dont certaines ont su apporter aux questions de survie des réponses radicalement différentes des siennes, constitue l’un des plus graves dangers pour l’avenir de notre planète ». Terrence Heath
- « La culture fait figure d’objectif ultime d’un développement bien compris, c’est-à-dire considéré comme visant à l’épanouissement total de l’être humain. La conception opposée, et purement matérialiste, consiste, à ajouter au développement, une pincée de culture et à agiter le mélange ».
- « C’est la culture qui inspire les fins qui donnent sens à notre existence ».
- « Une culture, c’est seulement l’ensemble des moyens offerts aux hommes qui relèvent d’elle, pour s’approcher de la Vérité ». (Denis de Rougemont)
- « Nostalgie des or. (Cf. conscience) : "Il serait vain d’ignorer que presque toutes les philosophies et les idéologies contemporaines reconnaissent que le mode d’être spécifique de l’homme dans l’Univers, le force à être un créateur de culture, c’est-à-dire, de langage, d’institution, de techniques, d’art, etc. » Mircéa Eliade :
- « La culture c’est comme la confiture, moins on en a plus on l’étale. »
- "La culture ou civilisation…est cette totalité complexe qui comprend les connaissances, les croyances, les arts, les lois, la morale, la coutume, et toute autre capacité ou habitude acquises par l’homme en tant que membre de la société" Edward Tylor, 1871.
- "La culture, c’est ce qui répond à l’homme quand il se demande ce qu’il fait sur la terre". André Malraux