crédit: http://meren.org/gallery/alone/ Avec la crise
contemporaine de l’Etat-providence, le compromis idéologique
social-démocrate a volé en éclats. La crise a une origine simple : les
instruments de l’Etat-providence du 20ème siècle s’avèrent inadaptés
dans le monde du 21ème ; le cercle vertueux s’est transformé en cercle
vicieux – la faiblesse de la croissance asphyxie l’Etat-providence, la
redistribution handicape la compétitivité économique et affaiblit la
croissance. Désormais, la droite est à l’offensive. Elle a longtemps hésité.
C’est fini. La droite revendique « la réforme », « le changement » : la
fin du pacte social historique. Si la France veut retrouver - « libérer
» - la croissance, elle doit accepter de réduire son Etat-providence et
de limiter la redistribution. La droite propose ainsi une offre
politique structurée, autour d’un modèle libéral traditionnel, qu’elle
théorise progressivement, au-delà des hésitations doctrinales du
sarkozysme. Face à cette offensive, la gauche n’a pas encore d’offre politique alternative. Elle oscille entre deux écueils. Le premier est le
conservatisme. La gauche peut être tentée par l’immobilisme, la défense
du modèle d’hier. Elle a du mal à faire le deuil du modèle historique
qu’elle a contribué à créer. Elle risque alors de s’enfermer dans la
protestation. La gauche progressiste
doit au contraire chercher la voie de la refondation idéologique, le
chemin vers une « seconde fondation sociale-démocrate ». Par: Olivier Ferrand, Michel Rocard, Eric MaurinNotre
conviction, c’est que la bataille pour un nouveau modèle de société a
commencé. Elle va marquer, en France, en Europe, dans le monde, la
période qui s’ouvre.
Nous sortons, en
France, d’une longue paix idéologique. Elle scellait la victoire des
valeurs de gauche. La France a vécu, depuis 1945, sur un compromis «
social-démocrate » : un modèle de développement fondé sur
l’Etat-providence, caractérisé par un cercle vertueux entre prospérité
et justice sociale, croissance et redistribution, marché et Etat. La
gauche, avec le gaullisme social, avait promu ce modèle égalitaire
après-guerre. La droite avait accepté d’accompagner ces évolutions,
moteurs d’une prospérité inédite sous les Trente Glorieuses.
Le second écueil est
le renoncement idéologique. Dans l’incapacité de formuler une offre
politique alternative, la gauche laisserait filer le curseur
idéologique vers la droite. Le nouveau compromis national deviendrait
un compromis libéral. La gauche pourrait encore espérer la victoire
politique, mais au prix de sa défaite idéologique, cantonnant son
action à l’accompagnement social d’un modèle qui n’est plus le sien. Ce
renoncement est une tentation dans nombre de partis sociaux-démocrates
européens, notamment avec le SPD allemand, et plus encore en Autriche
et aux Pays-Bas.
Elle en a les moyens.
Le matériau est là, désormais. Le diagnostic intellectuel s’est
enrichi. Les expérimentations européennes se développent, notamment
dans les social-démocraties nordiques. Les initiatives locales se
multiplient. Le travail qui reste à accomplir est de convertir ce
matériau en solutions programmatiques et de penser un projet global.
Elle est attendue. En
France comme en Europe, les citoyens continuent de plébisciter les
valeurs progressistes – égalité, solidarité, lutte contre les
injustices. L’ancrage social-démocrate est toujours là.
Posté par : Loïc LAMY
Publié sur : levidepoches/
Source: Terra Nova