C’est un thème nouveau et relativement
exotique pour les économistes qui a été abordé lors de cette table
ronde : le bonheur. À partir de données d’enquêtes internationales où
l’on interroge les individus sur leur bien-être, les économistes
tentent d’identifier aux niveaux macroéconomique et microéconomique les
sources de variation du bonheur.
Intervenants : Andrew Clark (directeur de recherche, CNRS), Nicolas Sauger (chargé de recherche, CEVIPOF).
C’est un thème nouveau et relativement exotique pour les économistes qui a été abordé lors de cette table ronde : le bonheur.
D’après le calcul microéconomique
standard, l’agent rationnel fait ses choix en maximisant une fonction
d’utilité, censée modéliser le degré de satisfaction des individus. On
suppose ainsi que les agents sont plus contents lorsqu’ils consomment
plus, travaillent moins, etc. Jusqu’à il y a une quinzaine d’années,
aucun travail empirique ne tentait cependant de mesurer directement les
déterminants de la satisfaction des individus.
C’est ce manque que se propose de
combler l’économie du bonheur. À partir de données d’enquêtes
internationales où l’on interroge les individus sur leur bien-être, les
économistes tentent d’identifier aux niveaux macroéconomique et
microéconomique les sources de variation du bonheur.
Au niveau macroéconomique, le niveau de
satisfaction moyen apparaît positivement corrélé au PIB par habitant.
Toutefois, les données européennes indiquent clairement deux
composantes du bonheur : la dimension individuelle et la dimension
collective. Si les Européens, quel que soit leur pays, semblent plutôt
satisfaits de leur situation personnelle, ils sont en revanche
généralement plus critiques lorsqu’on les interroge sur leur
gouvernement, le fonctionnement des services publics ou l’état de la
démocratie dans leur pays.
Au niveau microéconomique, les
chercheurs ne savent pas bien ce qui rend les gens heureux. Pour un
nombre important de variables, la satisfaction individuelle est
fortement liée à la comparaison aux autres. Les individus sont
indifférents à une augmentation de leur revenu lorsque le revenu des
autres augmente de la même manière ; ce qui compte pour eux, c’est
d’être plus riche que leurs voisins. De même, les problèmes de santé
semblent moins lourds à porter lorsqu’ils sont partagés au sein du
couple.
On observe aussi des phénomènes
d’accoutumance : toutes choses égales par ailleurs, une augmentation de
revenu n’a un impact positif que de manière transitoire. Les individus
s’habituent à l’argent ; plus j’ai gagné dans le passé, plus je dois
gagner aujourd’hui et demain pour maintenir mon niveau de satisfaction.
Il y a d’autres états auxquels on ne s’habitue pas en revanche. Ainsi,
le fait d’être au chômage rend malheureux de manière très durable.
D’autres déterminants ont été testés
tels que le mariage, les enfants, mais le champ de l’économie du
bonheur reste très ouvert. Entre autres, l’impact de la qualité
environnementale ou de l’éducation sur le bien-être des personnes n’a
pas été étudié. Au-delà de l’aspect divertissant du sujet, ces travaux
ont d’importantes implications en matière de politique économique : si
l’objectif d’un gouvernement est de maximiser le bonheur de ses
administrés, les résultats dont nous disposons aujourd’hui indiquent
ainsi qu’il vaut mieux conduire des politiques de retour à l’emploi que
d’augmenter proportionnellement le revenu de tous.
Entretien avec Andrew Clark, directeur de recherche, CNRS.
Propos recueillis par Florian Mayneris pour La Vie des Idées.
Le groupe Publicis a souhaité apporter sa contribution aux Etats Généraux de la Presse. Une contribution sous forme de journal, bien sûr, qui risque de devenir un collector, et que nous avons choisi de vous offrir en numérique!
Au delà de la forme un texte exceptionnel qui égraine tous les fondamentaux de la presse et donne la parole au brain trust du groupe, et à quelques plumes. On ne résiste pas à vous livrer les intitulés de quelques unes de ces contributions :
“Non au déclin annoncé”, un formidable plaidoyer qui n’exclue cependant aucune lucidité sur le print par Maurice Lévy,
“N’abandonnez pas le papier”, un analyse en profondeur de Dominique Wolton,
“La presse joue un rôle indispensable dans les dispositifs médias”, un avis éclairé de Daniel Saada,
“La presse magazine est la meilleure expression du luxe”, une belle interview de Xavier Vey, (Directeur Général de L’Oréal Produits de Luxe France),
“Le web peut être rentable” une opinion prometteuse d’Olivier Fleuro,
“Proposer aux marques du temps d’intelligence disponible”, un clin d’oeil édifiant d’Arthur Sadoun,
“La Presse doit mieux jouer avec ses atouts”, un conseil pertinent d’Olivier Altman,
“Une ligne éditoriale, cela vaut de l’or”, une position tranchée de Philippe Lentschener,
“On ne naît pas marque, on le devient” un avertissement très clair de Pascale Weil,
“La presse reste le média de référence pour les décideurs”, un constat d’actualité d’Eric Giuilly.
Ces textes, coordonnés par Maxime Baffert, entourent une analyse internationale très documentée du média presse (investissements, lectures, attentes ,...), analyse pertinente qui montre la force du print en France, illustre ses limites structurelles, législatives ou marketing, et ouvre des pistes pour l’avenir. Merci Publicis.
....Des petites histoires comme traces d’une grande histoire.....
La culture est un ensemble de pratiques et de croyances.
Le
but d’un créateur de culture, le but de toute marque, est donc
d’organiser ces croyances et ces pratiques, de les orienter, de les
catalyser.
Les histoires jouent un rôle essentiel, par leur capacité à formaliser des modèles, à être des tuteurs psychosociologiques.
Nike invite à la transcendance. Elle le fait en s’appuyant sur des
récits ponctuels, mosaïques, qui renvoie à l’air du temps comme à son
méta-récit.
Storytelling signifie littéralement raconter une histoire en anglais. Le
Storytelling est la version moderne de l’art de la transmission et de
la conviction par le pouvoir des histoires. Il consiste à faire émerger
une ou plusieurs histoires à fort pouvoir de séduction et de
conviction. Selon le principe que pour parler à la tête, il faut
souvent d’abord toucher le coeur. Autrement dit passer par l’émotion
pour atteindre la raison.
Les contributeurs de ce rapport d’innovation :
Jérémy Dumont (Directeur Planning stratégique, Pourquoi tu cours) Morgane Craye (Assistante Planneur stratégique, Pourquoi tu cours) David Hanau (Responsable des contenus web, Isobar) François Gomez (Consultant en marketing événementiel) Simon Bachelet (Planneur Stratégique, Mediacom) Alexandre Pasche (Directeur, Eco & Co) Janique Laudouar (Chef de Projet, Artank) Jérome Barbe (Directeur de Création, TBWA/EXCEL) Frédéric Farrugia (Co-fondateur, You to You) Stéphane Dangel (Consultant en communication et storytelling) Jean Pascal Debailleul (Horakles Consultant, La voie des contes) Christian Salmon (Ecrivain) Virginie Breton (Consultante en stratégie de marque, Argile Marketing) Anne Caroline Paucot (Hyaka) Jean Yves Le Moine (Créateur et réalisateur) Reuben Steiger, CEO of Millions of Us Robert Zarader (Equancy) Pablo Altes (Designer numérique) Laurence Malenson (Directrice Planning stratégique, Rouge) Mehdi Mejri (Planneur stratégique, Rouge) Nicolas Mirguet (Chef de Projet, Vanksen Culture Buzz) Luc Offerlé (Directeur éditorial, Pressendo) Djamchid ASSADI (Séminariste et auteur) Cedric François (Directeur de Création, Nouvel Œuvre) Hugues de la Rochefordiere (Directeur Editorial, La Télé des Marques) Roger Nifle (Président de l’Institut de la prospective humaine) David Bourguignon,(Business developer, Masa Group) Sandrine Clavelly (The Place to Be) Maud sauvagé (Planneur stratégique) Laurence Saquer (Planneur Stratégique et Sociologue) Catherine Gheselle (Auteur Rédactrice Multimédia) Anne Marie Soderberg, Professeur de communication organisationnelle Pierre Nicolas Combe (Assistant Réalisateur) Aurélie Charpentier, Auteur Delphine Baillergeau (Maître de Conférences en Sciences de Gestion) Sebastien Durand (Consultant en communication et storytelling) Sam Ford (Convergence Culture Consortium, MIT) Charles Antoine Colomb (Directeur Conseil, Ogilvy PR) Ivanne Rialland (Chercheur, Paris IV Sorbonne) Rémy Lorioz (Etudiant en Ecole de Commerce) Michel Drac (Co-fondateur, Sciptoblog.com) Stéphane Lautissier (Consultant en marque et marketing relationnel) Annabelle Klein (Directrice Département, Facultés Notre Dame de la Paix) Gill Wildman et Nick Durrand (corporate storytellers, Plot UK) Amine Chellali (Doctorant à l’Ecole des Mines de Nantes) Camille Rooy (CMA CGM) Cathy Breda (Professeur au Groupe Ecole de Commerce Chambéry) Fernandez Sauveur (Conseiller en marketing, L’Econovateur) Henry Jenkins (Director of the MIT Comparative Media Studies Program) Eric Miller (Director, World Storytelling Institute) François Filliettaz, Auteur
LE RAPPORT CI DESSOUS EST VISIONABLE ET TELECHARGEABLE
Vous pouvez également le télécharger directement :
Dans la vie, c'est le bonheur, que veulent tous les
hommes; mais lorsqu'il s'agit de voir nettement en quoi consiste ce qui peut
réaliser la vie heureuse, ils ont un nuage devant les yeux. Non certes,
il n'est pas facile de parvenir à la vie heureuse; car chacun s'en
éloigne d'autant plus, qu'il court plus rapidement après elle, s'il a
manqué le chemin : quand le chemin conduit en sens contraire, la
vitesse même augmente la distance. Il faut donc, avant tout, déterminer quel est pour nous l'objet à rechercher; ensuite, regarder de tous
côtés par où nous pourrons y tendre avec le plus de célérité. Ce sera
sur la route même, pourvu qu'elle soit droite, que nous saurons de
combien chaque jour on avance, et de combien nous aurons approché de ce
but, vers lequel nous pousse un désir propre à notre nature. Tant que
nous errons çà et là, en suivant non pas un guide, mais un bruit confus
et des cris discordants qui nous appellent vers différents points, la
vie s'use en égarements, cette vie qui est courte, et qui le serait
lors même que jour et nuit nous travaillerions pour le bien-être de
l'esprit. D'après cela, qu'il soit décidé où nous allons et par où nous
passerons, non sans l'assistance de quelque homme habile qui ait
exploré les lieux vers lesquels nous marchons; car il n'en est pas de
ce voyage comme des autres : dans ces derniers, un sentier que l'on a
pris et les gens du pays, à qui l'on demande le chemin, ne permettent
pas que l'on s'égare;mais ici le chemin le plus battu, et le plus
fréquenté, est celui qui trompe le plus. Rien donc n'est plus important pour nous, que de ne pas suivre, à la
manière du bétail, la tête du troupeau, en passant, non par où il faut
aller, mais par où l'on va. De la vie bienheureuse Sénèque
1) Le déplacement de la violence : Elle est là, parmi nous, entre
nous, sournoise. Elle est liée directement à l’économique : tensions
sociales liées aux rivalités, au désespoir, mais
aussi violence contre notre milieu, violence écologique ; enfin elle
est aussi liée à la perte de repères idéologiques et identitaires. Cette violence a même
pénétré des sphères autrefois préservées. Ainsi aujourd’hui plus
personne n’est à l’abri. N’importe qui peut « tomber », très rapidement
perdre ce qu’il a acquis, aussi bien sur le plan professionnel, que de
la vie privée.
2) Un nouveau type de violence sociale : Aujourd’hui
nous sommes mis en concurrence sur le marché en tant qu’individus.
Autrefois les appartenances à des groupes sociaux ou professionnels ne
laissaient pas l’homme seul face à la cruauté de la sélection
naturelle. L’homme était encadré par des congénères proches de lui, par le groupe familial élargi, aujourd’hui ce n’est plus le
cas, l’individualisme a
détruit cela. De
ce fait, on ne sait plus trop à qui s’en prendre, les immigrés, l’Etat,
le patronat, ou tout simplement « l’autre ». Cet autre qui est
aujourd’hui un concurrent avant d’être un congénère. La violence qui
naît de la méfiance, de la concurrence interindividuelle, est donc un
fait nouveau, du moins dans sa généralisation. L’individualisme
nous laisse seuls et désarmés face à un monde certes régi par des lois
où l’individu est protégé par de fragiles acquis sociaux, mais tout
cela ne nous protége aucunement contre cette violence sournoise dont
nous parlions précédemment.
3) La frustration générée par le capitalisme : Enfin
pour finir de dresser les raisons qui rendent notre mode vie actuel
difficile, je finirai en parlant de l’insatisfaction chronique de
l’homme. En effet, cette tendance que nous avons tous à en vouloir
toujours plus, a toujours vouloir ce que nous n’avons pas, est un des
moteurs du système capitaliste. Nous avons commencé par pallier à des
désirs que l’on pouvait penser légitimes. Mais cette logique ne
s’arrête plus aujourd’hui à des besoins que l’on sent émis par la
société. Aujourd’hui le capitalisme s’auto alimente d’une certaine
façon. Il est créateur de nouveaux besoins. La spécialisation de la
société, sa technicisation, a amené à la création d’outils extrêmement
efficaces dans tous les domaines, y compris celui de la création de
besoins, moteur de la « croissance ». Il en découle une dépendance à la
consommation qui est facteur d’immobilité pour ce qui est de faire
évoluer le monde. 4)La perte de sens : Outre
la violence dans nos quotidiens que nous impose notre mode de vie, il
est important de faire cas d’une perte de sens générale de notre mode
de fonctionnement, qui entraîne chez les individus un questionnement
sur leur place, leur rôle à jouer en ce monde. Leurs préoccupations ne sont plus directement liées au
« matériel », désormais
l’homme se préoccupe de son bien être. Or le bien être, passe peut être
par le matériel, mais aussi par une nécessité de donner du sens. Or
ce sens, le progrès technique ne peut de facto plus lui fournir.
Celui-ci remplissait le rôle d’étoile polaire de l’humanité tant que
cette humanité était simplement préoccupée par le
fait de pouvoir de façon stable et efficace, palier à ses besoins
vitaux. A partir du moment ou ces besoins ont été maîtrisés totalement
(du moins pour la partie occidentale de la population mondiale), les
occidentaux ont perdu la lumière qui les guidait jusqu’alors.
Aujourd’hui il n’y a plus de direction évidente vers laquelle nous
devons tous tendre. La société n’a plus a se mettre en branle pour un
objectif qui la transcende. De
là, résulte une perte de sens collective, qui se traduit sur le plan
individuel. Ce fait est une des raisons principale qui pousse l’homme
actuel vers un individualisme croissant. En effet, comme nous n’avons
plus de but commun nous ne nous battons plus que pour nous même. Le
sens collectif avait par le passé plusieurs vecteurs, il les a
progressivement perdus au cour des derniers siècles. Que ce soit la
famille comme ciment des valeurs civiques et sociales, ou bien la
patrie et la religion comme ciment social, tous ces vecteurs de sens
ont été balayé par les évolutions de nos sociétés. Ne restait plus
alors que le sacro-saint progrès technique comme fin en soi, qui avait
le mérite de constituer un liant social. Aujourd’hui, il semblerait que
celui-ci ai été remplacé par le seul concept de « croissance ». La
croissance économique comme objectif de l’humanité. Tel est notre lot
quotidien. Le problème de ce concept, bien plus global et flou que
celui de progrès technique, vient justement du fait qu’il est flou. Il
ne constitue pas un objectif clair dans l’inconscient humain. Il fait
référence à tout, mais finalement à rien de concret. Et surtout on
peine à lui trouver un sens. Le progrès technique avait comme alibi de
nous permettre de « survivre » dignement, ce n’est pas le cas de la
croissance. Celle ci nous propose de « vivre » plus richement. L’un
avait comme motivation la nécessité, l’autre, le superflu. L’individu
se retrouve donc une seul face à sa condition insensée d’être vivant
condamné à mourir. Sa réaction, naturelle est de ce détourner de cette
idée qui lui est in supportable. Pour ce faire l’homme se diverti.
C’est tout ce que nous avons trouvé aujourd’hui comme échappatoire à
cette perte totale de repère qui afflige nos sociétés.
5) Le besoin d'idéal : Enfin
un autre phénomène accentue le malaise qui touche des hommes qui ne se
sont jamais senti aussi puissants, maître de concepts, de leurs
capacités intellectuelles, clairvoyants par leur connaissance de leur
environnement. L’entente,
le respect et le civisme que demande nos sociétés sont en complète
opposition avec les valeurs sous jacentes induites par le libéralisme,
« soit le meilleur ! » , « écrase ton voisin pour éviter que lui ne le
fasse! ». Aujourd’hui,
plus que jamais, l’imaginaire de l’homme est riche de concepts,
d’idéaux de ce qu’il devrait être ou pouvoir être.
Avec Anthony Mahé, chercheur au CEAQ,
Nicolas Hirel, directeur marketing, Benjamin Dard, journaliste et
Michel Maffesoli
Michel Maffesoli a choisi pour ce rendez-vous de
l’imaginaire le thème « la dépense et la crise
économique ». Il réunira Antoine Mahé,
chercheur au CEAQ (Centre d'études de l'actuel et du
quotidien), Nicolas Hirel, directeur marketing de GE Money Bank
et Benjamin Dard, journaliste à I-Télé.
On se rend compte aujourd’hui que l’imaginaire
contemporain fait « résonner » à bien des
égards les propos de Georges Bataille sur la «
consumation ». A la simple consommation fondée sur une
production infinie et sur le besoin, succède actuellement «
une consumation » générée par le désir.
La première est d’ordre quantitatif, la deuxième
d’ordre qualitatif.
La crise peut-elle se comprendre entre autres par ce
changement de valeurs ? Telle sera la question qui sera abordée
durant ce débat.
Jim Stolze, consultant néerlandais
en stratégies internet, a lançé à Picnic, la
conférence hollandaise sur la créativité et
l’innovation dans les nouvelles technologies, le Virtual
Happiness Project :
"Qu'est-ce que le bonheur ? La
recherche des 50 dernières années a montré que
ce qui avait le plus d'influence sur notre bonheur personnel, c'était
notre capacité à nous relier aux autres. "Or
aujourd'hui, dans le monde, les gens passent de plus en plus de temps
en ligne. Nous y menons toutes sortes d'activités sociales. La
technologie a fait tomber les barrières de l'espace et du
temps en nous permettant d'interagir en tout lieu, à tout
instant. L'internet est devenu notre feu de camp global. "Cela
signifie-t-il qu'être en ligne nous rend heureux ? C'est la
question que veut poser le Virtual Happiness Project au travers d'une
enquête internationale. Le bonheur se mesure, nous dit la
recherche. Y a-t-il une corrélation entre le bonheur et la
connexion ? Et si oui, qu'exprime-t-elle ?"
L'enquête
est en ligne. Elle vient d'être lancée et les
résultats sont espérés en février 2009.
Ce que l’on appelle les réseaux
sociaux touche au corps de ce qui constitue le social, explique le
philosophe Bernard Stiegler. Pour Aristote, ce sont les amis (la
filia) qui fonde la base du social. Dans les technologies
relationnelles avancées, on décrit d’abord son réseau
d’ami en le déclarant – et donc en effectuant une
sélection – qui transforme les réseaux sociaux dans
lesquels nous étions déjà impliqué avant
la technologie.
"L’amitié est ce qu’il y
a de plus nécessaire pour vivre", dit Aristote dans
L’Ethique à Nicomaque. La Filia (qui désigne
l’amitié, l’amour) est le "bien le plus précieux
qui soit" pour les individus, mais aussi pour les sociétés,
car elle en constitue le principe même, en tant que pouvoir de
liaison capable de former des solidarités qui constituent des
trames relationnelles. Or les "amis" sont la marque de la
procédure relationnelle qu’impose Facebook. Sur Facebook :
on déclare, on formalise et on publie (on rend public) ses
amitiés. Bien sûr, la déclaration publique de
l’amitié a une valeur performative, qu’on pourrait
critiquer, puisqu’elle oblige la relation. Car l’amitié ne
se nourrit pas nécessairement de formalisme ni de publicité.
Peut-être y’a-t-il pourtant toujours une déclaration
publique de l’amitié, s’interroge le philosophe, même
si cette publicité est intime, relative, personnelle et semble
informelle. Facebook a dépassé en août les 100
millions de membres. Facebook repose sur plusieurs fonctions,
notamment sur l’établissement d’un profil : on se décrit
à travers les relations. Bien sûr, le profilage est
problématique, surtout quand il est utilisé par les
publicitaires pour faire du marketing. Le principe néanmoins
veut qu’on doive déclarer son appartenance sociale, à
la manière d’un ethnographe : on doit faire de "l’auto
socio-ethnographie".
Reste à savoir si ces
technologies ne détruisent-elles pas le social tout en le
formalisant ? En effet, un tel dispositif permet d’appliquer le
calcul à l’existence, au risque de le détruire. Mais
c’est à partir de ces calculs que sont nés les
premières recherches sur les Social Networks ou
celles de Claude Levi-Strauss, en révélant les
relations cachées par lesquels se constituent les relations
sociales. Finalement, le droit formalise des règles sociales
réflexives. La cité ou la nation, reposent sur une
technologie de déclaration des relations formalisé par
l’écriture, comme l’Etat-Civil.
Si l’écriture
est un régime d’individuation qui renforce les liens
sociaux, elle peut aussi conduire à un processus de soumission
qui conduit à un processus de désindividuation.
Foucault, en examinant la société disciplinaire,
expliquait comment celle-ci consistait justement à documenter
les individus. "L’examen fait entrer l’individualité
dans un champ documentaire" qui le fixe (cf. Surveiller et
Punir). La grande question n’est pas tant du contrôle
policier de nos profils et de nos réseaux, mais de leur
utilisation marketing, qui risquent de nous conduire à une
servitude assistée par ordinateur. Ce que Stiegler appelle le
"psycho-socio pouvoir". Les réseaux sociaux ne se
réduisent pas à la police ni au marketing, prévient-il
et il ne faut diaboliser ni l’un ni l’autre, car nous avons
besoni de la police comme du marketing. Mais la grammatisation est
tout de même là. La grammatisation entendue comme le
processus de formalisation et de discrédisation qui permet des
opération de calcul et de contrôle. "Comme tous
les processus de dramatisation, les réseaux sociaux sont
pharmacologiques" : c’est-à-dire qu’ils sont à
la fois le poison et son remède, ils permettent
l’individualisation et son contraire.
C’est peut-être
cette question qu’il faut creuser, explique alors le philosophe en
proposant un programme de recherche sur la transindividualisation des
réseaux sociaux. Les réseaux sociaux sont aujourd’hui
vécus comme un poison avant d’être un remède.
Or, il s’agit d’inventer l’avenir des réseaux sociaux,
dans et avec les réseaux sociaux. De les comprendre pour
savoir s’ils peuvent devenir des agents de la réflexivité.
De nouvelles civilisations industrielles font jour avec leurs
nouvelles catastrophes, psychiques, sociales et individuelles. La
famille, l’école, la citoyenneté, les relations de
voisinages se délitent du fait des excès des
psychopouvoirs (médias, capitalisme culturel, etc.) qui
conduisent à une désindividuation psychologique et
collective. La destruction des relations intergénérationnelles,
la capture des l’attention psychique et sociale (qui fondent
pourtant l’urbanité, la civilité, la civilisation que
nous partagerons) par les industries culturelles sont la marque de la
mutation des techniques de formation et de captation de l’attention.
Les réseaux sociaux participent de ce qui créé
des processus de destruction du social, mais sont aussi la seule voie
pour développer de nouvelles formes de construction du social.
Facebook et autres, sont des réseaux non-sociaux qui
viennent suppléer le manque de relation sociale, comme les
jeux viennent suppléer le manque de relations individuelles.
Mais ils portent avec eux une bonne nouvelle. Ils montrent que la
jeunesse veut s’individuer, échanger, et pas seulement
consommer, comme le montre l’essor du P2P. Les espaces publics que
forment les réseaux sociaux technologiques permettent aussi de
rompre avec les réseaux télévisuels.
L’adolescent veut développer son propre réseau social
et relationnel.
Oui, les réseaux socio-technologiques
ne suffisent pas à construire les groupes sociaux : il faut
réfléchir à l’agencement des réseaux
socio-technologiques avec les groupes sociaux. Nous avons besoin que
les réseaux socio-technologiques deviennent
intergénérationnels, concernent pas seulement une
classe d’âge mais toutes les classes d’âges. Le
philosophe ne doute pas que la grammatisation des réseaux
socio-technologiques va intégrer peu à peu tous les
réseaux sociaux. Les adultes doivent regarder avec
responsabilité le développement de ces réseaux
et y participer. Les groupes intergénérationnels
doivent pouvoir s’y rencontrer.
En première partie “ Faut il investir en tant de crise ?”. Eternelle
question ? Faut-il profiter de la crise pour accélérer ou faire des
économies budgétaires? Y a t il un rapport idéal entre SOV et SOM pour
anticiper et se relancer? Peter Fieldvient de publier un excellent papier sur ce thème dans la revue Market Leader
à Londres et nous avons voulu qu’il vienne témoigner à Paris. Sur des
cas concrets, anglais et européens, sur des marchés de produits de
grande conso comme de services.
En deuxième partie, à coté des modèles économiques, nous voulons
aborder la “matière crise”. Elle est très exigeante, s’envisage trop
souvent en terme de décisions drastiques, mais constitue aussi une
excellente énergie positive pour rebondir. Nous donnerons la parole à
quelques têtes bien faites pour donner du sens à notre environnement et
envisager 2009, en pleine audace.
Autour de Pierre Kupferman, rédacteur en chef à la Tribune, qui animera le débat: Dominique Lévy- Saragossi, Directrice Associée à
TNS Sofrès, qui vient de créer un Observatoire sur la crise. Elle a
pris récemment position dans les médias sur l’impact de la crise:
présent et futur. Jeremy Dumont, Directeur de l’agence de planing
stratégique “Pourquoi tu cours” et animateur du blog “CourtsCircuits”
vient de prendre la parole en presse économique notamment sur
l’évolution de la marque en temps de crise. Matthieu Aubusson de Carvalay, Manager de
PriceWaterhouseCooper en France, spécialiste de l’économie des médias,
qui fera le lien avec la partie économique de Peter Field,
Et bien sûr, Fabrice Boé, Président
l’APPM, qui dirige le 2ième groupe français de presse magazine et
propose le concept de marque comme une réponse aux défis à venir. Le 19 décembre au SYDR, 6 rue de Tilsitt, 75 017 Paris (à coté de l’Etoile). De 8h30 à 10h30!