1) Le déplacement de la violence :
Elle est là, parmi nous, entre
nous, sournoise. Elle est liée directement à l’économique : tensions
sociales liées aux rivalités, au désespoir, mais
aussi violence contre notre milieu, violence écologique ; enfin elle
est aussi liée à la perte de repères idéologiques et identitaires.
Cette violence a même
pénétré des sphères autrefois préservées. Ainsi aujourd’hui plus
personne n’est à l’abri. N’importe qui peut « tomber », très rapidement
perdre ce qu’il a acquis, aussi bien sur le plan professionnel, que de
la vie privée.
2) Un nouveau type de violence sociale :
Aujourd’hui
nous sommes mis en concurrence sur le marché en tant qu’individus.
Autrefois les appartenances à des groupes sociaux ou professionnels ne
laissaient pas l’homme seul face à la cruauté de la sélection
naturelle. L’homme était encadré par des congénères proches de lui, par le groupe familial élargi, aujourd’hui ce n’est plus le
cas, l’individualisme a
détruit cela.
De
ce fait, on ne sait plus trop à qui s’en prendre, les immigrés, l’Etat,
le patronat, ou tout simplement « l’autre ». Cet autre qui est
aujourd’hui un concurrent avant d’être un congénère. La violence qui
naît de la méfiance, de la concurrence interindividuelle, est donc un
fait nouveau, du moins dans sa généralisation.
L’individualisme
nous laisse seuls et désarmés face à un monde certes régi par des lois
où l’individu est protégé par de fragiles acquis sociaux, mais tout
cela ne nous protége aucunement contre cette violence sournoise dont
nous parlions précédemment.
3) La frustration générée par le capitalisme :
Enfin
pour finir de dresser les raisons qui rendent notre mode vie actuel
difficile, je finirai en parlant de l’insatisfaction chronique de
l’homme. En effet, cette tendance que nous avons tous à en vouloir
toujours plus, a toujours vouloir ce que nous n’avons pas, est un des
moteurs du système capitaliste. Nous avons commencé par pallier à des
désirs que l’on pouvait penser légitimes. Mais cette logique ne
s’arrête plus aujourd’hui à des besoins que l’on sent émis par la
société. Aujourd’hui le capitalisme s’auto alimente d’une certaine
façon. Il est créateur de nouveaux besoins. La spécialisation de la
société, sa technicisation, a amené à la création d’outils extrêmement
efficaces dans tous les domaines, y compris celui de la création de
besoins, moteur de la « croissance ». Il en découle une dépendance à la
consommation qui est facteur d’immobilité pour ce qui est de faire
évoluer le monde.
4) La perte de sens :
Outre
la violence dans nos quotidiens que nous impose notre mode de vie, il
est important de faire cas d’une perte de sens générale de notre mode
de fonctionnement, qui entraîne chez les individus un questionnement
sur leur place, leur rôle à jouer en ce monde.
Leurs préoccupations ne sont plus directement liées au
« matériel », désormais
l’homme se préoccupe de son bien être. Or le bien être, passe peut être
par le matériel, mais aussi par une nécessité de donner du sens.
Or
ce sens, le progrès technique ne peut de facto plus lui fournir.
Celui-ci remplissait le rôle d’étoile polaire de l’humanité tant que
cette humanité était simplement préoccupée par le
fait de pouvoir de façon stable et efficace, palier à ses besoins
vitaux. A partir du moment ou ces besoins ont été maîtrisés totalement
(du moins pour la partie occidentale de la population mondiale), les
occidentaux ont perdu la lumière qui les guidait jusqu’alors.
Aujourd’hui il n’y a plus de direction évidente vers laquelle nous
devons tous tendre. La société n’a plus a se mettre en branle pour un
objectif qui la transcende.
De
là, résulte une perte de sens collective, qui se traduit sur le plan
individuel. Ce fait est une des raisons principale qui pousse l’homme
actuel vers un individualisme croissant. En effet, comme nous n’avons
plus de but commun nous ne nous battons plus que pour nous même.
Le
sens collectif avait par le passé plusieurs vecteurs, il les a
progressivement perdus au cour des derniers siècles. Que ce soit la
famille comme ciment des valeurs civiques et sociales, ou bien la
patrie et la religion comme ciment social, tous ces vecteurs de sens
ont été balayé par les évolutions de nos sociétés. Ne restait plus
alors que le sacro-saint progrès technique comme fin en soi, qui avait
le mérite de constituer un liant social. Aujourd’hui, il semblerait que
celui-ci ai été remplacé par le seul concept de « croissance ». La
croissance économique comme objectif de l’humanité. Tel est notre lot
quotidien. Le problème de ce concept, bien plus global et flou que
celui de progrès technique, vient justement du fait qu’il est flou. Il
ne constitue pas un objectif clair dans l’inconscient humain. Il fait
référence à tout, mais finalement à rien de concret. Et surtout on
peine à lui trouver un sens. Le progrès technique avait comme alibi de
nous permettre de « survivre » dignement, ce n’est pas le cas de la
croissance. Celle ci nous propose de « vivre » plus richement. L’un
avait comme motivation la nécessité, l’autre, le superflu.
L’individu
se retrouve donc une seul face à sa condition insensée d’être vivant
condamné à mourir. Sa réaction, naturelle est de ce détourner de cette
idée qui lui est in supportable. Pour ce faire l’homme se diverti.
C’est tout ce que nous avons trouvé aujourd’hui comme échappatoire à
cette perte totale de repère qui afflige nos sociétés.
5) Le besoin d'idéal :
Enfin
un autre phénomène accentue le malaise qui touche des hommes qui ne se
sont jamais senti aussi puissants, maître de concepts, de leurs
capacités intellectuelles, clairvoyants par leur connaissance de leur
environnement.
L’entente,
le respect et le civisme que demande nos sociétés sont en complète
opposition avec les valeurs sous jacentes induites par le libéralisme,
« soit le meilleur ! » , « écrase ton voisin pour éviter que lui ne le
fasse! ».
Aujourd’hui,
plus que jamais, l’imaginaire de l’homme est riche de concepts,
d’idéaux de ce qu’il devrait être ou pouvoir être.