A l’occasion des 5èmes Assises
Nationales du Développement Durable et à la demande du Conseil régional
Rhône-Alpes qui est le chef de file de cette manifestation les 19, 20
et 21 janvier 2009, Ipsos a réalisé une enquête auprès de la population
française sur sa connaissance, ses convictions et ses pratiques en
matière de développement durable. Il en ressort une maturité croissante
de la population sur le sujet, non seulement sous l’angle des
convictions mais aussi sur celui de l’engagement personnel. Quels repères dans le monde d’aujourd’hui et pour celui de demain ? Signe
des temps, pour traduire au mieux la richesse d’un pays, les Français
placent en premier rang la qualité de vie de la population en général
(premier critère cité mais aussi restitué pour 57% des interviewés
parmi les 3 premiers critères de richesse parmi les 12 suggérés). Alors
que les indicateurs économiques se situent pour leur part au second
plan : le salaire moyen (situé pour 41% parmi les 3 premiers critères)
ou le taux de chômage (31%). Quant au PIB (dont, pour mémoire, JF
Kennedy disait déjà qu’il "mesure tout sauf ce qui rend la vie digne
d’être vécue") il n’est considéré comme l’un des trois premiers
indicateurs de richesse que par seulement 27% des répondants. Bien
sûr, certains critères sociétaux ressortent aussi comme le nombre
d’habitants en-dessous du seuil de pauvreté (40%), ou plus
secondairement, l’indice du moral des ménages (15%). De même est
évoquée à un niveau moindre la « performance » sanitaire, sans doute
parce que moins sensible dans le pays où est réalisée l’enquête avec
l’état de santé général de la population (36%) et l’espérance de vie
(19%). Dans un monde sans cesse en mouvement, la structure
familiale reste un repère essentiel aux yeux du plus grand nombre : 75%
considèrent ainsi le fait d’être heureux en famille comme un critère de
vie majeur. L’accomplissement par le travail ressort également comme
une valeur de référence avec 57% des répondants qui valorisent la
stabilité ou l’intérêt dans le travail et, sans surprise, l’aisance
matérielle et financière reste un élément constitutif du bien-être
individuel pour 49% des interviewés pour qui gagner suffisamment
d’argent pour bien profiter de la vie est l’un des trois critères de
vie qui compte le plus parmi les 9 critères suggérés. La hiérarchie des valeurs n’est toutefois
pas transgénérationnelle. Au-delà du plébiscite de la quête du bonheur
familial, un renversement des valeurs s’opère vers l’âge de 45 ans.
Valeurs davantage matérialistes centrées sur la réussite et l’aisance
économique pour les plus jeunes et valeurs davantage tournées vers
l’autre et la découverte pour les plus âgés. Réformer seulement ou repenser totalement les modèles économiques ? Sans
surprise, l’opinion publique est particulièrement sensibilisée aux
problèmes économiques actuels, aussi adhère-t-elle fortement à la
nécessité pour les entreprises d’adopter un comportement éthique dans
leurs pratiques financières ou de gestion (89% tout à fait ou plutôt
d’accord) et à la priorité aujourd’hui en France de sauver l’industrie
pour éviter les délocalisations, les fermetures d’usine ou le chômage
technique (86%). Un très fort consensus existe également (73% des
opinions) sur la nécessité pour l’Etat d’intervenir dans l’économie
pour obliger les entreprises à mettre davantage les salariés au cœur de
leurs préoccupations. La confiance est bien loin d’être revenue
et les risques bien loin d’être jugulés à ce jour. Alors que seuls 10%
des interviewés considèrent que le système boursier et financier est
désormais sous contrôle et qu’il n’y a plus de risque de nouvel
effondrement des marchés, la très grande majorité (80%) considère
qu’une nouvelle régulation de l’économie est à inventer à l’échelon
international. Chargée d’un grand nombre de maux, la mondialisation
apparaît toutefois aussi comme une opportunité pour 52% des Français,
qui considèrent qu’il s’agit d’une chance pour engager des actions
concertées entre tous les pays sur le développement durable. Exposés
à une crise économique et financière qui a montré les limites des
modèles économiques des pays occidentaux, 9 Français sur 10 considèrent
qu’il est temps aujourd’hui de réformer, voire de repenser les modèles
économiques. L’encadrement par des règles nouvelles pour éviter les
excès est la solution privilégiée par le plus grand nombre (59%), alors
que certains se montrent plus radicaux en considérant que les modèles
économiques doivent être remis en question, repensés totalement (31%). Au
final, les mises en garde de plus en plus répétées sur la nécessaire
gestion des ressources naturelles ainsi que la crise économique et
financière ont dopé la prise de conscience des Français sur la
problématique du développement durable, en mettant le doigt sur la
question économique et sociale qui lui est étroitement liée. Si des
freins demeurent, il est incontestable que les comportements
individuels sont en train de changer, la crise pousse à consommer
différemment et les gestes en faveur de la planète deviennent plus
partagés et plus quotidiens.
Crédits : Ville de Sorgues
Extrait du rapport d'enquête :
Enfin,
dans un monde où l’information et la culture se sont largement
développées et vulgarisées, la connaissance permanente répondrait aussi
à un besoin fondamental : pouvoir continuer à découvrir des choses tout
au long de la vie est l’un des trois critères de vie comptant le plus
pour 53% des Français.
Source : Ipsos
Auteur : François de Sars
Publié par : Nicolas Marronnier
Publié sur : le vide poches