Les changements de contexte économiques (customisation de masse, intégration de services pour le clients,…) imposent de nouvelles stratégies organisationnelles aux entreprises : recentrages métier, développement de stratégies de collaboration inter-entreprises (co-industrie, alliances, entreprises virtuelles ou étendues, « supply chain »…). Ces réorganisations privilégient l’agilité, i.e. capacité de répondre à très court terme aux changements (demande client, changements technologiques ou métiers, gestion des fournisseurs…), capacité d’adaptation aux changements structurels et organisation « au plus juste » (lean manufacturing). Or, le partage de l’information s’avère crucial pour répondre aux aléas et supporter de manière efficiente une organisation « au plus juste » (lean manufacturing). Il importe donc de proposer une organisation « agile » de l’organisation de la production et des systèmes d’information afin de permettre des re-configurations « à la demande » ce qui conduit à s’intéresser à l’interopérabilité des entreprises tant au niveau organisationnel qu’en terme de système support. Cette problématique d’interopérabilité des entreprises se situe dans la continuité des projets thématique Région : GRECOPME et COPILOTES, dans la mesure où les domaines impactés par ces changements organisationnels sont liés à l’organisation de réseaux d’entreprise ou à la configuration de chaînes logistiques inter-entreprises en conciliant à la fois l’organisation globale et l’organisation interne propre de chaque partenaire.
Pertinence scientifique
Pour l’instant ces nouvelles organisations, favorisées par la diffusion des TIC et le développement des stratégies et environnements de « e-business », utilisent des stratégies basées sur une approche informatique mono disciplinaire et locale à l’entreprise mais ne prennent pas réellement en compte les changements industriels induits . Ceci conduit à mettre en place des plateformes techniques de collaboration (outils de « groupware », partage de licences, logiciels d’EAI…) et de multiple logiciels supports au système d’information d’entreprise : ERP pour la gestion et planification, PLM pour la gestion des produits et données techniques, CAO et CFAO pour supporter l’activité des bureaux d’études, APS et MES pour gérer la planification et la supervision de la production… Cette multiplicité entraîne une redondance des informations conduisant à des risques d’incohérences et le système n’est que peu flexible ni évolutif et les contraintes d’interopérabilité sont difficilement satisfaites.
Toutefois, les études actuelles concernant l’interopérabilité des systèmes restent majoritairement axées sur une interopérabilité technologique (comme c’est le cas des travaux menés dans le cadre du réseau d’excellence INTEROP ou pour le projet intégré ATHENA) mais sans remettre en cause la complexité des systèmes d’information qui en résultent. Pour pallier ces défauts, des approches d’urbanisation des systèmes d’information découplent métier, système d’information et informatique support. Ainsi, des architectures orientées services (SOA) permettent de concevoir des environnements flexibles et réactifs autour d’un “bus” applicatif en « orchestrant » les processus de gestion. Toutefois, si ces approches couplées à des stratégies de composants favorisent la création “rapide” d’applications informatiques pour répondre à un besoin particulier et améliorent la cohérence du système d’information de l’entreprise en évitant les redondances (sources d’incohérences), elles restent limitées du fait de la rigidité des processus d’entreprise définis dans une logique “top down”. En outre, les contraintes de l’architecture SOA visent plutôt la mise en place d’une logique métier suivant l’organigramme fonctionnel de l’entreprise et ne permettent ni de prendre en compte la logique d’un processus de production, depuis la gestion des approvisionnements et de la planification jusqu’à la supervision et gestion de la traçabilité des produits fabriqués ni de gérer efficacement la complémentarité des compétences.
Si on s’intéresse au problème de la collaboration inter-entreprise sous l’angle des méthodes de modélisation d’entreprise, les approches proposées restent largement dans une logique d’ingénierie classique accordant une large place aux modèles génériques et dérivant des modèles globaux dans une approche top-down. Ces approches sont assez lourdes et ne permettent pas d’appréhender des organisations agiles et facilement reconfigurables. En outre, les coûts d’ingénierie élevés conduisent fréquemment les entreprises à adopter des modes de fonctionnement génériques ne permettant pas d’intégrer toute leur richesse organisationnelle et ces coûts sont souvent prohibitifs dans le cadre de PME/PMI (ces éléments constituent en particulier l’argumentaire du projet SPIDER-WIN destiné à promouvoir des architectures orientées service pour PME/PMI).
Ces limites constituent les verrous qui sont principalement visés par notre proposition : de manière à proposer des organisations collaboratives agiles, nous proposons de concevoir des organisations interopérables et modélisées selon une approche incrémentale afin de placer l’interopérabilité organisationnelle au cœur de la problématique de co-industrie.
Compte tenu de l’environnement économique de la région Rhône Alpes (nombreuses PME/PMI) une attention particulière est portée sur les opportunités de collaboration ou de co-industrie. Dans ce cadre, la région à déjà financé des projets de recherche (GRECOPME, GRECOPMEII et COPILOTES) et de nombreux programmes concernant l’établissement de collaboration inter-entreprise tant incitatifs (par exemple le programme COPERA de la CCI de Lyon) que destinés à apporter des solutions technologique (plateforme OREE…) pour supporter la collaboration inter-entreprise. Ce projet se situe en amont et vise, à partir de nos expériences issus des programmes de recherche régionaux, à intégrer la stratégie de collaboration au cœur de l’organisation de l’entreprise afin d’apporter une interopérabilité organisationnelle.
Notre objectif est donc de développer des organisations d’entreprise propres à prendre en compte les nouvelles opportunités liés à la l’émergence de réseaux d’entreprise (problématique de « networked business ») et aux développement de collaboration inter-firmes, c’est à dire de remplacer la logique d’urbanisation orientée métier (achat, production, qualité, contrôle de gestion…) par une logique orientée procédé (manufacturing) de manière à organiser un système informatique distribué support à l’organisation industrielle de production et non plus mettre en place une organisation industrielle « cadrée » par le SI de l’entreprise.
Pour cela, notre projet repose sur l’introduction d’un nouveau concept : l’urbanisation de l’entreprise et plus particulièrement de l’organisation de production pour permettre de mettre en harmonie modélisation d’entreprise, organisation du système d’information et opportunités de collaboration.
Par urbanisation d’entreprise, nous entendons le développement de règles permettant de structurer une entreprise afin de favoriser l’interopérabilité organisationnelle c'est-à-dire à organiser l’entreprise dans une logique de « processus » supportant des offres de services permettant de répondre à des opportunités de collaboration (par exemple l’intégration dans une chaîne logistique, développement de co-production…). Ainsi, le processus d’urbanisation d’entreprise peut être envisagé de manière similaire aux développements réalisés dans le cadre des systèmes d’information. Toutefois, l’intégration de processus industriels ne permet pas d’envisager une simple transposition. En particulier, la gestion des flux de production pose des contraintes très différentes de celles liées aux flux d’information et remet largement en cause la segmentation fonctionnelle « métier » utilisée dans les architectures SOA. En outre, ce projet induit aussi une remise en cause des approches de modélisation monolithique des processus, cette approche devant être remplacée par une logique de combinaison « à la demande » d’éléments standardisé en respectant un cadre générique, dans une logique « bottom-up » et non plus « top-down ». Enfin un modèle générique de simulation distribué sera conçu de manière à apporter des évaluations sur les solutions obtenues (flux d’information et produits, gestion d’indicateurs de performance…) par ces recombinaisons d’éléments.
Pour cela, nous proposons une étude de l’urbanisation à l’échelle de l’entreprise et plus particulièrement des outils de supervision du manufacturing qui puisse :
prendre en compte la dimension « organisationnelle » dans la définition des briques « métier »
intégrer différentes stratégies de collaboration et les contraintes de qualité de service dans « l’orchestration » de processus
assurer « l’intégration » des différents SI d’entreprise
permettre (via la simulation) d’évaluer les performances de telles organisations distribuées
SUR : Le Vide Poches PAR : françois pérennès ACCÈS DIRECT A LA PLATEFORME PSST.FR
UNE INITIATIVE DE POURQUOITUCOURS? AGENCE DE PLANNING STRATEGIQUE 2.0 DIRIGÉE PAR jérémy dumont