La Stratégie du choc - extrait envoyé par hautetcourt. - Les dernières bandes annonces en ligne.
J’ai initié le concept de BarCampAlsace en 2006. C’était un des résultats de mes recherches et réflexions sur mon métier. Depuis, j’ai poursuivi ma formation et ma pratique des méthodes participatives.
A l'occasion de l'organisation du BarCampAlsace6.5(auquel je vous propose de participer joyeusement envous inscrivant ici), voici ma réflexion sur ces pratiques.
Je suis aujourd’hui convaincu que ces méthodes de communication sont des outils pertinents et utiles pour faire face aux temps qui viennent.
Les BarCamps, Open Space, World Café, Future Search, et autres, sont des lieux de production d’intelligence collective orientée action. L’expérience m’a montré qu’ils créent à terme des rapports apaisés entre des participants qui apprennent à écouter, suspendre leur jugement et construire ensemble. Ce sont des méthodes qui «intègrent» une réalité complexe, voire contradictoire.
Elles permettent de partager une pensée commune et de se libérer de l’opinion. Enfin, les participants deviennent porteurs de projet et acteurs. Or, je fais trois paris sur ce qui se passe ici et maintenant :
Premier pari : la réalité est floue
J’ai déjà développé l'idée de réalité floue plusieurs fois. Paul Watzlawick et les constructivistes affirmaient que la réalité est une construction. Aujourd’hui, avec la médiatisation du monde où le récepteur peut devenir émetteur, nous sommes en permanence face à des informations contradictoires invérifiables (on devrait plutôt dire désacralisées, d’ailleurs).
Toute information est immédiatement relativisée ou contredite par une autre sur le même sujet. Il n’y a plus de réalité construite, au sens où on partage la même croyance que telle information est vraie. L’affinité a remplacé la croyance. La réalité est floue.
Dans ce contexte, l’opinion n’a plus aucune vertu. J’ai entendu dire un philosophe, à la radio dire : «L’opinion, c’est ce qu’on pense quand on ne pense pas». Quand la réalité était incontestée, donnée pour vrai, l’opinion était une manière d’exprimer une position. Mais dans un monde où la réalité est floue, qu’est ce que l’opinion ? Au mieux une sottise, au pire une déclaration de guerre.
Les méthodes participatives sont un moyen puissant de passer de l’opinion à la pensée. Elles engagent les participants dans un processus qui les conduit à quitter le débat duel stérile «pour ou contre» à la construction d'une réalité contrastée.
Mon expérience auprès des Conseils de Quartier de Strasbourg me montre tous les mois que lorsqu’un groupe entraîné au dialogue débat d’un sujet, il arrive à un «consensus actif» dans lequel il n’y a ni pour, ni contre, mais que des «avec».
Deuxième pari : ce qui commence, commence avec "nous"
En ce moment, je m’intéresse à la naissance de la première civilisation connue, lesSumériens. Je ne suis qu’au début de mon apprentissage, et il y a quelque chose qui m’est apparu clairement : les commencements sont un produit de l’intelligence collective, les fins sont le produit de l’égoïsme.
Il semble que la civilisation sumérienne soit née dans un Eden où poussait l’épeautre en abondance sous un ciel clément. Les Sumériens ont appris à cultiver et à satisfaire leurs besoins de survie. Puis ils ont inventé l’écriture. Imaginez l’ampleur de ce changement d’état. Imaginez seulement à quel point l’invention de la voiture, de la télévision ou de l’I Phone est dérisoire par rapport à cette mutation.
Pour parvenir à l’agriculture, il a fallu du temps et partager des savoir faire. Pour s’accorder à une écriture, il a fallu faire approprier des règles communes, des apprentissages, transmettre. Que du collectif.
Par une sorte «d’entropie culturelle», Sumer s’est achevée en Babylone, un système politique tyrannique. Ce qui commence, commence avec «nous». Ce qui termine, termine avec «moi je».
Les méthodes participatives tricotent ensemble des «je» pour produire du «nous», dans lequel le «je» est toujours respecté. Un peu comme l’exprimait Léo Ferre en 1973 : "Le désordre, c'est l'ordre moins le pouvoir".
Troisième pari : nous n'avons pas d'autre choix que de refaire le monde
Je me demande si c’est encore un pari... j’ai deux croyances (floues...) :- L'humanité a atteint une limite physique, identifiée, mesurable : c’est maintenant.
- Corollaire : la société occidentale, et en particulier l’Europe, ne peut plus être plus riche. Sa «fiche de paye» n’a aucune raison d’augmenter, la priorité va maintenant aux plus démunis. Si nous voulons «progresser» (si tant est que ce mot soit étendu au-delà de la conception matérialiste étroite partagée autant par les «penseurs» libéraux que par les marxistes), nous devons agencer ce que nous avons différemment.
Dans ce contexte, une pensée «projective» (qui envisagerait le futur comme la continuité du passé) est inopérante.
Cette évidence a deux conséquences amusantes :
- Si je veux avoir une chance de ne pas me tromper je dois tout de suite faire autrement que ce que j’ai toujours fait. Puisque si je fais comme avant, je suis certain de me tromper.
- La meilleure manière de faire face à l’avenir, c’est de regarder à côté. Il nous faut donc apprendre à penser et agir à côté.
Or l’individu a une manière unique de «sortir de lui-même» ou de son cadre de référence : en se frottant aux autres.
Il y a maintes manières de se frotter aux autres. La lecture en est une, héritée des Sumériens. Les méthodes participatives en sont une autre (et je ne suis pas loin de penser qu’elle est antérieure à l’invention de l’écriture...).
Ces deux manières ont en commun ceci : elles concluent la pensée par l’action responsable. Et j'espère qu'elles nous rendent "shock resistant"
Voir le blog de Philippe Schoen: tenirparole.blog.latitude.fr
envoyez nous vos actualités + inscrivez vous a la newsletter : www.psst.fr
SOURCE : tenirparole.blog.latitude.fr PAR: alexis mouthon ACCÈS DIRECT A LA PLATEFORME: PSST.FR
UNE INITIATIVE DE: POURQUOI TU COURS? AGENCE DE PLANNING STRATEGIQUE 2.0 DIRIGÉE PAR: Jérémy Dumont