http://adassier.wordpress.com/2011/05/21/il-y-a-quelque-chose-de-pourri-au-royaume-de-l%E2%80%99information-2-0/
L’information à l’âge de Twitter et du web 2.0 est une foire d’empoigne ou prospèrent les rumeurs et manipulations. Les journalistes doivent revenir aux fondamentaux de leur métier pour ne pas alimenter le monstre. Les entreprises, organisations et personnalités doivent apprendre à protéger et à défendre leur réputation.
Je viens de passer quelques jours dans la lessiveuse buzzo-médiatique, des montagnes russes entre insultes, menaces, soutiens et sollicitations médiatiques flatteuses. Salaud de comploteur pour certains, victime ou cador 2.0 pour d’autres, toujours « bon client » pour les média.
On m’a prêté des propos que je n’ai pas tenus, des manipulations imaginaires, des fonctions que je n’exerce pas, une « grande » influence, etc… La plupart des choses écrites étaient fausses, mais peu importe, c’est le grand cirque médiatique et l’histoire était trop belle à raconter. Elle a donc été racontée. Au début j’ai essayé de contacter les journalistes, j’ai envoyé des demandes de droits de réponse, avec avocat en copie, mais devant le rouleau compresseur du buzz, j’ai vite renoncé (Google a trouvé 183 articles de médias, 481 blogs, et je ne sais combien de centaines de tweets, me citant sur les 2 dernières semaines). Un seul journaliste m’a répondu pour s’excuser, et un autre a corrigé rapidement sa dépêche (l’AFP) mais le mal était fait.
De cette expérience, je tire quelques analyses que je voudrais partager :
- Les média doivent repenser la manière dont ils exercent leur métier à l’ère du web 2.0 et de Twitter
- La relation non maitrisée entre le web et les média offre aux manipulateurs un grand potentiel d’influence contre lequel ceux qui ont une réputation à perdre doivent absolument se protéger.
Les média français doivent retrouver l’exigence de la vérification des faits
Sur l’affaire de la Porsche, Le Monde a publié la version d’une des parties prenantes (Ramzi Khiroun), sans vérifier la véracité des faits, alors que j’avais indiqué au journaliste leur fausseté et comment la vérifier.
Le dimanche suivant l’arrestation de DSK, les médias ont exposé la théorie du complot proposée sur le fameux billet du Post.fr (modifié depuis, mais tardivement…), publié à 3 h 30 du matin par l’anonyme « Provence117 » qui venait de s’inscrire (de cette manière, il était impossible de l’identifier). Bonjour la fiabilité de la source… Ce billet était truffé d’erreurs chronologiques et factuelles, aisément vérifiables, qui ruinaient totalement sa fumeuse théorie. Malgré tout cela, cette théorie loufoque a été abondamment reprise dans les versions web et off line de nombreux média prestigieux, avec un minimum de distanciation.
Aussi incroyable que cela puisse paraitre, dans ces premières 36 h, aucun des journalistes concernés n’a jugé utile de vérifier ou de questionner les faits présentés, d’identifier l’auteur, ou de me contacter pour entendre ma version, avant de publier l’argumentaire de l’anonyme et injoignable « Provence117 ». Pourtant, j’étais pour ma part aisément joignable.
Je trouve cela grave. Car, ce faisant, ces médias ont apporté leur puissance de diffusion et leur crédibilité à la thèse du complot, encourageant ainsi les réactions les plus irrationnelles d’une population sous le choc des images. C’est à mes yeux le contraire du rôle et, oserais-je-dire, de la dignité d’un vrai média. C’est inacceptable et inquiétant.
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