Google + est-il réellement un réseau social ou n’est ce qu’une habile diversion de Google pour cacher un projet bien plus ambitieux ? En effet, lors de son lancement, l’attention a été portée sur les fameux cercles de Google+ comme l’innovation principale, le classant ainsi comme un concurrent direct de Facebook. Mais si l’on y regarde d’un peu plus près, on peut se demander si le véritable objectif de Google était bien de développer un nouveau réseau social.
Se serait-on trompé de valeur ajoutée ?
Le détail qui intrigue, c’est la petite barre d’outils située dans le coin supérieur gauche de la fenêtre. Cette barre d’outils propose pratiquement toutes les fonctionnalités dont se sert un utilisateur lambda, une messagerie, un éditeur de document, un agenda, un gestionnaire de photo etc…Elle n’a certes rien de nouveau, cette barre était présente sur n’importe quel service Google bien avant l’arrivée de Google+. Pour l’occasion, elle a juste changé de couleur, passant du blanc et bleu à un noir profond. Mais en quoi alors Google+ viendrait changer la donne ?
La réponse : Google+ devient le centre nerveux où sont centralisées toutes les informations, c’est le point d’ancrage de l’internaute dans ses activités quotidiennes. Les cercles ne représentent dès lors plus l’innovation principale mais juste un point d’accroche, une fonctionnalité de plus parmi un écosystème d’outils. C’est en ce sens que Google+ transcende la notion de simple réseau social, à l’heure où Facebook laisse exsangues les développeurs d’applications sur sa plate-forme par une dîme de 30% et une exclusivité irréaliste.
Se serait-on trompé d’ennemi ?
Certes, par sa suite applicative liée à Google+, Google a bien saisi que le nouvel enjeu de la guerre des plate-formes n’est plus le nombre d’utilisateurs mais le temps passé. A ce titre, Facebook se faisait de plus en plus menaçant face à la « simple recherche » offerte par Google. L’information applicative agrégée autour de Google+ permettrait ainsi de démultiplier ce temps.
La véritable stratégie de Google c’est le tout-cloud-computing. La preuve en est, s’il le fallait encore, la sortie peu avant Google+ du Chromebook, le premier portable opérationnel uniquement via une connexion internet et des services de cloud computing.Si on y regarde d’encore plus près, ce que dessine Google n’est rien d’autre qu’un « desktop as a service » (DaaS) avec un accès centralisé aux applications depuis sa page Google+ ! On peut imaginer les possibilités de collaboration et de partage d’un tel système. Bien sûr, les applications web sont encore simples, mais avec l’arrivé d’HTML5 et les « rich internet application» (RIA) une offre d’entreprise crédible pourrait se profiler. Dès lors, le concurrent inquiet de Google+ n’est plus tant Facebook que Microsoft via Office et Sharepoint ou IBM via Lotus connections.
Se serait-on trompé d’emblème du monde ouvert ?
Reste que le système est fermé. Google n’étant pas forcément le plus aguerri dans tous les domaines, une ouverture avec un système de plug-in pourrait être une initiative intéressante. Citrix a déjà développé une technologie (la même que pour les ipads) permettant aux utilisateurs sous chrome OS de faire tourner des applications Windows virtualisées.
Se serait-on trompé de conclusion ?
En conclusion, Google+ est moins la marque d’un nouveau réseau social, que celle d’un nouveau poste de travail « dans les nuages ». Les guerres intestines débattant de sa place face à Facebook est donc un faux-problème, un arbre pauvre qui cache une prometteuse forêt.