http://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-pour-rattraper-son-retard-paris-transforme-un-hangar-en-incubateur-55149.html
Grâce à des fonds publics et privés, les entrepôts lugubres de la Halle Freyssinet vont se transformer en pépinière à start-up pour favoriser l'industrie numérique en France. Crédit D.R.
Dans la Silicon Valley, ceux qui ont réussi financent les jeunes pousses. A Paris, Xavier Niel tente la même chose en finançant 90% du projet d'incubation « 1 000 startups », présenté avec la Mairie de Paris et la Caisse des Dépôts.
C'est en 2016 que devrait ouvrir à la Halle Freyssinet à
Paris 13e, l'incubateur géant présenté ce 24 septembre. Initié par la
Mairie de Paris et la Caisse des dépôts, le projet est destiné à faire
de Paris l'égale des grandes capitales mondiales en matière de
développement de start-up du numérique. Mais ce projet vaut surtout par
son parrain et principal financeur, Xavier Niel, le patron du groupe
Iliad-Free.
De l'argent il en faudra pour
transformer la Halle, un lieu d'exposition austère de 30 000 mètres
carrés (*), en immeuble pour start-up, donc avec des salles équipées,
reliées en très haut débit, organisées pour favoriser les services
partagés. C'est l'architecte Jean-Michel Wilmotte qui se charge de mener
l'opération. Avec ce nouvel instrument, les jeunes pousses auront accès
à un éco-système de financement et de relations technologiques leur
permettant d'évoluer. La mairie bâtira autour un environnement
d'accueil, restauration et hôtellerie, pour leur faciliter la vie et en
faire vraiment un pôle à part. A Palo Alto, Cloudera est par exemple
installé dans ce genre d'ancien entrepôt juste à coté d'un Fry's.
Une rivalité mondiale entre grandes cités
La Ville de Paris dispose déjà de lieux comparables,
un peu partout dans Paris, mais pas en nombre suffisant pour accueillir
toutes les demandes. Et surtout, elle voulait se distinguer dans la
rivalité qui oppose les grandes capitales mondiales. En particulier Londres et sa TechCity que Fleur Pellerin cite souvent en exemple. Berlin est également en pointe. Paris faisait figure de nain.
C'est
Jean-Louis Missika, adjoint au Maire (*) chargé de l'innovation de la
recherche et des universités qui pilote ce projet côté mairie. La Ville a
racheté le lieu, pour 70 millions d'euros à la SNCF et l'a revendu au
consortium chargé de gérer l'incubateur. Ce consortium sera composé de
Xavier Niel, sur ses fonds personnels, et de la Caisse des Dépôts pour
une part très minoritaire.
Xavier Niel a vendu récemment 3% d'Iliad
pour 300 millions d'euros, justement pour financer de tels projets. Il a
lancé avec des associés l'Ecole 42 pour former des développeurs et 101
projets, un concours de développeurs, et possède par ailleurs un fonds
de financement de start-ups, nommé Kima Ventures. Xavier Niel mène ainsi
« une double vie », de patron d'Iliad-Free et de business angel. A
l'américaine. Ce qui n'a pas échappé à la Mairie de Paris.
(*) Créée
en 1927, la Halle servait à la SNCF comme entrepôt de réparation, elle
devait être démolie, la Mairie de Paris a fait jouer son droit de
préemption, pour acheter les locaux et les terrains.
(**) Jean-Louis
Missika a été administrateur du groupe Iliad de 2004 à 2008, date de
son élection comme conseiller municipal de Paris, il a même été
vice-président du conseil d'administration en 2007.