Jeudi, le tribunal de grande instance de Paris a ordonné aux principaux fournisseurs d'accès à Internet et moteurs de recherche en France d'interdire l'accès à seize sites illégaux de streaming de films et de séries télévisées. Cette décision intervient après deux ans de bataille judiciaire menée par l'Association des producteurs de cinéma (APF), la Fédération nationale des distributeurs de films (FNDF), le Syndicat des éditeurs de vidéo numérique (SEVN), l'Union des producteurs de films (UPF) et le Syndicat des producteurs indépendants (SPI). Les professionnels du cinéma français ont notamment obtenu le blocage et le déréférencement pendant un an du très populaire DPStream, qui a rassemblé plus de deux millions de visiteurs uniques en France rien que pour le mois de septembre. Également visée par cette décision, la galaxie «Allo» (Allostreaming, Alloshowtv ...), dont la plupart des sites avaient déjà cessé leur activité.
Le précédent Megaupload
Cette affaire est le dernier coup des ayants droit porté au streaming illégal. Leur réussite la plus retentissante fut le blocage du site Megaupload, dont la plateforme Megavideo permettait de regarder en ligne films et séries en toute illégalité, en janvier 2012. En novembre 2011, plus de 7,4 millions de français avaient visité Megaupload.Cette fermeture par la justice américaine avait laissé orphelins ces millions d'internautes adeptes du streaming, qui se sont alors empressés de trouver un nouveau nid, comme DPStream ou Allostreaming.
Lutter contre l'ensemble des sites de streaming illégaux est une tâche difficile voire impossible pour la justice. La plupart de ces plateformes bénéficient de nombreux avatars, difficilement repérables, qui viennent prendre le relai de leurs activités en cas de blocage ou de déréférencement. Dans le cadre du procès qui s'est achevé jeudi, les ayants droit réclamaient la mise en place par les fournisseurs d'accès Internet et les moteurs de recherche d'un logiciel automatisé afin de bloquer la réapparition des sites de streaming. Une demande qui est restée lettre morte, pour le moment.
Des accords avec YouTube et Dailymotion
Les ayants droit ne surveillent pas que les sites illégaux de streaming de séries télévisées ou de films. Beaucoup d'internautes se tournent tout simplement vers les plateformes de vidéos en ligne, notamment l'américain YouTube et le français Dailymotion. Dans une étude publiée en juin, l'Hadopi estimait que YouTube représentait 18% du streaming de films et 7% des séries télévisées en France. Il est difficile de dire si cette consommation porte sur des contenus licites ou non. L'institution estime par exemple que 5% des vidéos sur YouTube et 1,6% des vidéos sur Dailymotion sont des épisodes de séries télévisées. Par ailleurs, les films complets se font de plus en plus rares sur ces plateformes: ils représentent à peine 1% des contenus présents sur YouTube et leur présence était trop faible pour être mesurée sur Dailymotion.
Sous la pression des ayants droit, les plateformes de vidéos en ligne redoublent d'efforts contre la publication de contenus illégaux en leur sein. Ils ont en effet plutôt intérêt à ménager la sensibilité des grands groupes, notamment les chaînes de télévision. Leurs rapports n'ont pas toujours été simples. En 2008, TF1 avait assigné YouTube en justice pour contrefaçon, en lui réclamant 150 millions d'euros de dommages et intérêts. Le tribunal de grande instance de Paris avait finalement débouté le plaignant en 2012.
La télévision s'ouvre désormais davantage à Internet. Au début du mois, YouTube a annoncé la signature d'un accord avec Canal+, qui va lancer en décembre une vingtaine de chaînes gratuite sur la plateforme. Derrière ce partenariat, on retrouve une opportunité financière: les revenus publicitaires engendrés seront partagés entre YouTube et Canal+. La chaîne conduit une initiative similaire au Canada, cette fois-ci avec Dailymotion, avec la création d'un service de vidéos à la demande composé des programmes les plus populaires (séries télévisées, émissions...) du groupe Canal+.
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