
Entre le 15 février et le 15 avril 2011 nous avons procédé à une cartographie de la Twittoshère journalistique française. Notre échantillon a été constitué de 1 816 comptes de journalistes – soit environ 5 % de la population titulaire de la carte de presse[+]. La collecte de données a eu lieu pendant une période d’actualité particulièrement chargée (révolutions égyptienne et libyenne, tremblement de terre et tsunami au japon, campagne pour les élections cantonales en France). Notre sélection de comptes a été constituée à partir d'un échantillon francophone élaboré préalablement par une combinaison de méthodes manuelles et automatiques dans le cadre du projet de recherche Internet, Pluralisme et redondance de l’Information. Dans cet ensemble de 24 000 comptes, nous avons cherché pour le mot « journaliste » dans les auto-descriptions données par les utilisateurs pour ensuite contrôler et compléter cette liste manuellement[+].
Carte 1 : vue d’ensemble de la Twittosphère journalistique française. Cliquer sur l'image pour zoomer. La taille et la couleur des nœuds est fonction de leur taux de citation (Voir légende détaillée en fin de texte). Image publiée sous la licence CC BY-NC-ND 3.0.
La première observation qu’on peut faire est que les journalistes français sur Twitter constituent une véritable communauté dont les connexions sont très denses. Ainsi, sur les 1 816 comptes de l'échantillon, 1 358 (74,8 %) constituent une seule grande composante connexe (c’est-à-dire un ensemble de nœuds où un chemin existe entre tous les éléments). De plus, les journalistes ont une forte tendance à se citer entre eux : un utilisateur de Twitter a cinq fois plus de chances d’être mentionné ou retweeté par un journaliste s’il est également journaliste que s’il ne l’est pas. Ces citations croisées créent des réseaux d’affinités à l’intérieur même de la communauté des journalistes, réseaux constitués des personnes s’intéressant aux mêmes questions (par exemple dans la Carte 2, les « geeks » en vert en haut à droite, les « locaux » en bleu en bas) ou qui travaillent pour le même média (les journalistes de L’Etudiant en fuchsia, tout en haut à droite).
Carte 2 : réseaux d’affinités à l’intérieur de la Twittosphère journalistique. Cliquer sur l'image pour zoomer. (Voir légende détaillée en fin de texte). Image publiée sous la licence CC BY-NC-ND 3.0.
Néanmoins, le fait que les journalistes constituent un « petit monde » sur Twitter ne signifie pas pour autant que celui-ci n’est pas ouvert vers l’extérieur. Au contraire, les nœuds les plus centraux de la carte sont des piliers de la Twittosphère française dans son ensemble. Ils reçoivent ainsi un grand nombre de citations en provenance d’utilisateurs non journalistes. Globalement, l’interconnexion élevée des journalistes, représentée par le graphe, contribue à augmenter leur taux de citation Twitter : ils ont deux fois plus de chances d’être retweetés par l’ensemble des utilisateurs de Twitter qu’un utilisateur non journaliste.
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