A Austin, Texas par Clarisse Lacarrau, directrice du planning stratégique et responsable du BETC Startup Lab.
source de l'article : http://obsession.nouvelobs.com/pop-life/20140312.OBS9336/festival-sxsw-quand-le-texas-reinvente-du-monde.html
Le festival interactif de South By South West est un étrange mélange de gens, d’industries, de propos et d’idées. Tout le monde s’y croise : grands patrons, petits génies, hackers, publicitaires, développeurs, producteurs, bio-ingénieurs, startupers, stars de ciné, de sport, de l’entertainment (Kevin Bacon, Lady Gaga, Seth Meyer, Snoop, Jay-Z cette année). Un rassemblement improbable mais hautement instructif – sur le monde d’aujourd’hui mais surtout sur les possibles de demain.
Austin, c’est une ville de cow-boys, de bars avec des coyotes girls, de maisons de fratries à l’américaine, de musique non stop et de fêtes sans fin. De quoi transformer le plus taiseux des hackers en hippie désinhibé.

Ne pas en être, c’est rater un shoot d’énergie créative libérateur. Mais il ne faut pas s’inquiéter : ce qu’il se passe à Austin ne reste pas longtemps à Austin. Tôt ou tard, cela se retrouvera entre vos mains, sur vos écrans ou ordinateurs.
Être à SXSW, c'est accepter de se faire trimballer d’un sujet à un autre, sans les questionner immédiatement. Se faire éponge, un peu molle et joyeuse, et surfer, dans une tenace odeur de burrito, de conférence en conférence. De la tornade de discours, soirées, rencontres, émergent rapidement les grosses problématiques des prochaines années.
La télé est morte, vive le contenu

Austin a enterré la télé, et ça n’inquiète personne. Netflix, Google Chromecast et des producteurs affranchis comme Dana Brunetti (House of Cards) sont déjà en train d’écrire la suite. Tous sont convaincus qu’il s’agit désormais de se concentrer sur le contenu – de le rendre ouvert, interactif et disponible sur le Net. Ils sont surtout conscients que nous sommes tous des producteurs de contenus potentiels.
Déjà parce que nous en avons les outils : des applications les plus spontanées comme Vine ou Mindie (qui permet de produire ses propres clip musicaux) aux plus professionnelles comme la plateforme « Treehouse » d’Interlude qui met à disposition la puissance de son software en mode simplifié (permettant de transformer n’importe quel contenu en film live interactif).
Ensuite parce que nous avons tous un public, aussi amateur soit-on. C’est l’histoire qu’est venue raconter Brandon Stanton, ancien trader devenu photographe dont le site internet http://www.humansofnewyork.com dépasse les millions de visiteurs uniques.
La télé est morte, mais l’industrie du contenu et de la pop culture ne se sont jamais senties aussi jeunes.
Transhumanisme, même pas peur

Personne ne semblait s’étonner de l’étrange fusion entre humain et technologie. Au-delà des Google Glasses – qu’il convenait de porter pour être cool même si personne n’y croit vraiment pour l’instant –, on pouvait discuter librement d’immortalité, d’ADN amélioré, de datas génétiques rendues à des propriétaires désireux de contrôler leur mortalité… Bref, la théorie du transhumanisme – l’apologie de la technologie sur le corps défaillant – était reine parmi les hippies de South By Southwest.
L’anonymat, le nouveau fantasme

L’anonymat n’est plus envisagé comme une protection, mais comme un soulagement. Moins de 10 ans après la création de Facebook et Twitter se pose cette question : comment sortir de cette ultravisibilité et connexion permanente ?
Comme toujours, il y a une application pour ça : Secret https://www.secret.ly
« Secret » est un réseau social anonyme qui permet de partager ses pensées avec ses amis, mais noyées parmi d’autres anonymes. Selon l’un des fondateurs de l’application, David Byttow, cela autoriserait une plus grande liberté de parole, une meilleure circulation des idées.
Ironie de l’histoire : c’est la visibilité de ses fondateurs qui a fait le succès de l’appli. En une semaine, tous les startupers et ingénieurs de la Silicon Valley s’insultaient anonymement les uns les autres. Pour mettre un frein aux accès de violences de chacun, ils ont vite décidé que l’anonymat ne pouvait se passer de modération. Depuis, sur Secret, des pensées plus sages – à la fois drôles et tristes, dépressives et amoureuses.
Les secrets ont toujours existé pour être partagés. C’est un des constats de SXSW : la technologie ne change pas la nature humaine.
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