LE PLUS. Pornostagram, Fuckbook, PornTube et autres, ne vous fiez pas à une certaine ressemblance nominative. On parle bien ici de réseaux sociaux version pornographique. Mais le porn 2.0 ne risque-t-il pas d'aggraver la crise qui touche l'industrie du X ?
source : http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1193082-pornostagram-pinsex-fuckbook-le-porno-social-n-est-pas-l-ennemi-du-x.htmlPinsex permet de collecter et classer des images explicites selon vos goûts, envies, humeurs. (Capture d'écran)
L’industrie du X est en pleine débandade depuis plusieurs années. En cause : prolifération de vidéos gonzo (le fast-food du sexe) qui ne s’embarrassent d’aucune fioriture (du cul, du cul, du cul) avec la recherche absolue de l’abaissement des coûts (maquilleuse, décorateur, ingénieur du son…), internet et ses contenus gratuits (pourquoi payer quand tout peut être gratuit ?) ou encore les contenus amateurs qui abondent les plateformes.
Et si ce dernier point, qui se développe fortement à travers ce qu’on pourrait appeler le "porn 2.0", n’était pas au contraire le signal d’alarme invitant l’industrie du X en crise à se renouveler pour rebondir ?
Réseau social à toutes les sauces
Dans nos sociétés ultra-connectées, les réseaux sociaux jouent une place prédominante. Qui n’est pas sur Facebook, Twitter et consorts avant 50 ans a raté sa vie estiment certains. Le sexe faisant partie intégrante de la vie, pas étonnant que celui-ci veuille également prendre sa part du gâteau numérique.
Oui, sauf que les très prudes acteurs du web outre-Atlantique, à l’origine des grandes plateformes, ont eu dès le départ une politique très draconienne en termes de contenu à caractère érotique ou pornographique (au point d’en faire une véritable névrose frôlant parfois l'atteinte à la liberté d’expression).
Très bien. Alors si ces plateformes ne veulent pas cautionner le développement du cul sur Internet, celui-ci se fera sans eux. La frénésie du partage et de l’interaction sociale en ligne ne connait en effet pas de limites dans une société désœuvrée et narcissique car, en chacun de nous sommeille une "attention whore".
Il y a quelques années encore, auriez-vous prédit que des gens allaient prendre des photos de ce qu’ils mangent puis les mettre sur Facebook ? On vous aurait naturellement répondu : "mais qui en a quelque chose à foutre de ce que tu as bien pu bouffer ce midi ?" (bon, je plussoie toujours aujourd’hui d’ailleurs). Certains prennent juste du plaisir à partager, puis d’autres à commenter. Et le porno n’est pas exsangue à ce phénomène.
Une communauté de passionnés
Alors quoi de plus simple pour attirer du public que de copier ce qui existe déjà ? Des plateformes avec des noms qui vous sembleront familiers ont ainsi vu le jour avec une finalité proche de la plateforme originelle (en y incluant l’aspect sexe bien entendu !) :
- Pornostagram vous permet de partager des photos olé-olé en y appliquant divers filtres. Le succès est tel que son fondateur, français, compte l’ouvrir à présent aux États-Unis
- Fuckbook dont le titre a au moins le mérite d’être clair…
- PornTube, similaire à d’autres plateformes de vidéos en ligne, il reprend juste la même mise en forme que sa copine plus réservée Youtube
- Pinsex, peut être le réseau social le plus abouti pour le moment : comme sa cousine Pinterest, elle permet de collecter et classer des images explicites selon vos goûts, envies, humeurs. Mais le site permet aussi de dialoguer avec d’autres, commenter des images, voir des filles ou des mecs en webcam et donne même accès à une boutique en ligne. Certaines actrices d’ailleurs collaborent déjà avec le site…
Des dizaines d’autres sites existent sur lesquels des individus échangent, se donnent des conseils, donnent leur avis pour former une véritable communauté de passionnés.
Des supports pas que masturbatoires
Tous sont effectivement passionnés et très attirés par le sexe (pour d’autres ce sont les chatons, chacun ses goûts. Même si les deux ne sont pas incompatibles…), mais pas malades. Nous sommes loin de l’image du pervers libidineux se cachant dans un parc en se masturbant devant je ne sais quel modèle, tout comme celle de la caricature de l’adolescent boutonneux en train de se masturber seul et en cachette derrière son écran (même s’il en existe toujours).
Le sexe est considéré ici comme un moyen de s’évader, où chacun est laissé à sa propre imagination voire sa créativité. Certaines images amateurs sont effectivement de très bonnes qualités et démontrent une réelle démarche artistique, tout en gardant un aspect excitant. Le porno ne s’utilise alors plus forcément de manière isolée. Même si l’anonymat reste la plupart du temps de mise, on interagit avec autrui en lui dévoilant certains de ses fantasmes et sans se cacher sur l’aspect le plus intime de son intimité.
Quand le sexe s’envisage non plus dans sa dimension répressive et anxiogène (maladie, morale, etc.) mais permet d’échanger avec respect et tolérance, libérant alors à la fois la parole et l’esprit, on ne peut que s’en féliciter.
D’ailleurs, une part de plus importante de ce public se féminise et exige par là-même l’apparition de nouveaux genres et représentations, plus égalitaires. Il paraît loin le temps où l’on pensait que les filles ne s’intéressaient pas à la pornographie !
Le porno 2.0 permet une démocratisation du X
Les contenus partagés par les différents utilisateurs du porno social sont aussi révélateurs d’une volonté de changement. Bien que beaucoup d’utilisateurs sur Pinsex ajoutent leur propre collection d’images, disons traditionnelles, d’autres proposent des clichés peut-être moins beaux et moins léchés mais plus originaux, plus naturels et qu’on ne voit pas dans les magazines spécialisés ou autres et rencontrent un très bon succès. Preuve que le public s’attend à d’autres choses, des contenus moins stéréotypés et avec une diversité sexuelle plus marquée.
Le porno 2.0 permet ainsi une démocratisation du X et permet de triturer ses codes pour offrir des contenus pour des désirs sexuels alternatifs. On notera ainsi que beaucoup d’entre eux sont plus représentatifs de notre quotidien et, à l’image du "girls next door", suscitent un succès et une curiosité nouvelle.
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