Affaire Uber : économie collaborative et économie coopérative ne sont pas synonymes
Le moment est amplement venu pour le monde coopératif, et plus largement celui de l’économie sociale et solidaire, de passer à l’offensive, car il y a évidemment du bon dans ces approches collaboratives qui permettent à chacun de devenir acteur et de partager des usages. Nous devons concilier coopératif et collaboratif en travaillant, vite, dans trois directions.
D´abord, rendre les choses plus lisibles pour les usagers en proposant des circuits courts coopératifs, répondant à des exigences conformes aux valeurs de l’économie sociale et solidaire (ESS - Hugues Sibille). Le Labo de l’ESS a rédigé une charte des circuits courts économiques et solidaires reposant sur quatre critères : le lien social établi entre les usagers, la coopération structurant une communauté d’intérêts non fondée sur la rémunération du capital, la transparence des informations données et l’équité pour une juste répartition des rémunérations en fonction des contributions de chacun. On voit immédiatement que Uber et Airbnb ne pourraient signer cette charte et se revendiquer de circuits courts coopératifs…
Ensuite, mettre en place des stratégies de conquête entrepreneuriale de cette nouvelle économie de la fonctionnalité. Ne laissons pas le capital envahir et prendre le contrôle de la totalité de l’économie du nouveau monde digital. Nous devons créer des coopératives collaboratives dans les secteurs du tourisme, de la mobilité, de l’alimentation, de la santé, de l’éducation, du crowfunding… La Maif l’a compris, qui vient de créer Maif Avenir, structure dévolue au financement de l’innovation, du digital et de l’économie collaborative. Il y a urgence à mettre en place des stratégies de filière que la loi ESS rend possibles et de nouveaux outils financiers (FPCI-Impact Cooperatif) rendent finançables.
Lire l'article : http://www.la-croix.com/Solidarite/Dans-l-economie/Affaire-Uber-economie-collaborative-et-economie-cooperative-ne-sont-pas-synonymes-2015-07-20-1336177
« Peu de start-up de l’économie collaborative ont choisi la forme coopérative ou associative
En matière d'économie qui a du sens, il y a d'un côté la respectable économie sociale et solidaire (ESS), ancrée dans une tradition qui remonte aux expériences associatives, coopératives et mutualistes du XIXe siècle, et de l'autre, la jeune et fringante économie collaborative, qui n'a parfois de «collaborative» que le nom mais qui porte aujourd'hui une image de renouveau des pratiques entrepreneuriales. Alors que s'achève le mois de l'ESS, AlterEcoPlus revient avec Dominique Mahé, président de la MAIF, sur les liens, existants et à construire, entre ces deux univers.
ESS et économie collaborative restent deux secteurs qui ne se parlent pas beaucoup. N’y a-t-il pourtant pas des liens entre les deux ?
Il y a des affinités de valeurs. Historiquement, la MAIF est née en 1934 de la volonté d’instituteurs de mettre en partage non pas un bien, comme on le voit souvent dans l’économie collaborative, mais la couverture d’un risque d’assurance automobile. L’idée était de partager cette couverture selon un modèle économique fondé sur la solidarité.
L’ESS ne doit pas passer à côté du mouvement de fond qu'est l'économie collaborative Dit autrement, la MAIF a dès le début une dimension collaborative ! La dimension de lien social, si elle n’est pas première dans l’économie collaborative, est présente. Solidarité, communauté, responsabilité partagée, confiance, aspiration à faire sens : autant de valeurs qui rapprochent l’économie sociale et solidaire et l’économie collaborative ou, du moins, une certaine économie collaborative. Il est aujourd’hui important pour l’ESS de ne pas passer à côté de ce mouvement de fond, qui, loin d’être un feu de paille, dessine une forme nouvelle d’entreprendre et d’entretien du lien social.
Qu’est-ce que ces deux secteurs ont à apprendre l’un de l’autre ?
Nous pouvons transmettre aux acteurs de l’économie collaborative notre compétence sur la façon d’allier principes éthiques et principes entrepreneuriaux, ainsi que sur celle dont on implique le consommateur client pour qu’il développe un affectio societatis, un sens de la communauté. Dans l’autre sens, l’économie collaborative peut nous apprendre la souplesse, l’agilité et l’innovation : l’ESS est un secteur qui regroupe de vieilles et belles maisons, mais celles-ci doivent parfois apprendre à remettre en question leurs modes de fonctionnement.
Lire l'article : http://www.alterecoplus.fr/societe/peu-de-start-up-de-leconomie-collaborative-ont-choisi-la-forme-cooperative-ou-associative-201511251000-00002571.html