L’impression que la déraison domine désormais les hommes accable chacun d’entre nous. Que la rationalisation qui caractérise les sociétés industrielles conduise à la régression de la raison (comme bêtise ou comme folie), ce n’est pas une question nouvelle.
Naomi Klein a soutenu que la théorie et la pratique ultralibérales inspirées de Milton Friedman reposaient sur une « stratégie du choc ». L’«état de choc» permanent règne cependant depuis le début de la révolution industrielle – et plus encore depuis le temps où s’applique ce que Joseph Schumpeter décrivit comme une «destruction créatrice», caractéristique du modèle consumériste.
À partir des années 1980, sous l’impulsion de Ronald Reagan et Margaret Thatcher, l’état de choc technologique a été suscité par un marketing planétaire ne rencontrant plus aucune limite, imposant la prolétarisation généralisée, et détruisant l’économie libidinale : ainsi s’est installé le capitalisme pulsionnel où la destruction créatrice est devenue une destruction du monde.