D’innombrables travaux montrent que, dans le groupe des pays les plus « riches » au sens usuel, les indicateurs de développement humain, de bien vivre, de santé et d’éducation, de délits et violences… n’ont plus aucun rapport avec le niveau du PIB par habitant. Les « politiques de croissance » ne marchent plus, elles ont même des effets pervers. Il faut des politiques de civilisation, d’ailleurs bien plus riches en emplois.
De plus en plus d’économistes estiment que, d’une part, la croissance ne reviendra pas, ou seulement à des taux très faibles, et que, d’autre part, selon Thomas Piketty, « le retour de la croissance ne résoudra pas l’essentiel des défis auxquels les pays riches doivent faire face ». Daniel Cohen nous invite quant à lui à nous « affranchir de notre dépendance à la croissance ».
Plus important encore, le retour – très improbable – d’une croissance « à l’ancienne » n’est pas souhaitable si l’on pense à l’avenir de notre biosphère, un avenir qui a commencé à se conjuguer au présent, sous la forme de catastrophes dont la fréquence et la gravité augmentent. Ce retour aggraverait encore la pression écologique des activités humaines, dont le réchauffement climatique, et accélèrerait la destruction des écosystèmes dont dépend le bien-être humain.
source : http://www.bastamag.net/Jean-Gadrey-S-affranchir-du-mythe