
Il faut toujours garder à l’esprit que le plus grand obstacle que devra surmonter l’humanité pour résoudre la crise climatique ne tient ni à une action trop tardive ni à un manque de savoir-faire. Il nous reste tout juste assez de temps, et nous sommes inondés de technologies vertes et de projets écologiques.
Mais, si nous sommes encore si nombreux à nous résigner, c’est parce que notre classe politique semble totalement incapable de s’approprier ces outils et de mettre en œuvre ces projets. Toutefois, les coupables ne sont pas uniquement les individus que nous élisons pour ensuite nous plaindre d’eux– nous avons aussi notre part de responsabilité. Avec les yeux rivés sur nos smartphones et une capacité de concentration aussi brève qu’un clic de souris, pris en tenaille par le fardeau de la dette et la précarité de l’emploi, où et comment trouverions-nous le temps de nous organiser ? A qui pourrions-nous faire suffisamment confiance pour nous diriger ? Et d’ailleurs, qui est ce “nous” ?
“Thérapie de choc”. Pour toutes ces raisons, nous serons incapables de relever le défi climatique tant que nous ne l’envisagerons pas comme une lutte bien plus large entre des visions du monde différentes, comme un processus visant à reconstruire et réinventer l’idée même de collectivité, de communauté, de bien commun, de société civile et de civisme – idée mise à mal et abandonnée depuis des décennies. Si le défi climatique nous paraît si intimidant, c’est parce qu’il impose de passer outre à toute une série de règles – certaines inscrites dans les législations nationales et les accords commerciaux, et d’autres, non écrites mais tout aussi puissantes, qui font qu’aucun gouvernement ne restera au pouvoir s’il augmente les impôts, refuse de gros investissements, si néfastes soient-ils, ou prévoit de réduire progressivement les secteurs de l’économie qui nous mettent tous en danger.
LIRE L'ARTICLE