En 2006, certaines grandes organisations pouvaient encore dire à leurs équipes : l’innovation n’est pas une priorité. L’innovation n’était pas toujours dans les valeurs des entreprises, ni dans les budgets, ni visible dans la vie de l’entreprise. En 2016, elles sont passées à l’action car la « Révolution Digitale » est passée par là, et quasiment toutes les grandes organisations ont compris que l’innovation, et leur mutation induite, était une condition de leur survie.
Précisons ce qu’est « Révolution Digitale »....Toutes les organisations sont bien entendu équipées de mails, de web, de mobiles, et de systèmes d’information élaborés et performants : ce n’est plus l’enjeu. On parle maintenant de la révolution des acteurs économiques rendue possible par les outils digitaux : abaissement exponentiel des coûts de développement des solutions, de stockage, de traitement, et de marketing, communication et distribution. On parle d’un monde où le rythme de production de datas est exponentiel, et où les acteurs dont c’est l’activité ont pris un rôle dominant dans la société ou dans leur secteur économique.
En fait, on pourrait tout autant parler de la « Révolution Entrepreneuriale » issue de cet abaissement des coûts, c’est-à-dire des millions de jeunes et moins jeunes entrepreneurs qui lancent leur start-up avec des coûts faibles et des ambitions immenses.
J'ai crée ce groupe pour donner un cadre aux rencontres avec des inconnus.
Un homme m'aborde hier dans la rue à Paris et me demande de lui consacrer 30mn. Je n'ai pas l'impression qu'il veut me demander de l'argent, ni souhaite me vendre des portes fenêtres, ou me convaincre que dieu existe. Mais comme j'ai une journée inhabituellement chargée, je dois lui répondre que je décline son invitation, et je me suis entendu ajouter "je suis désolé pour nous".
Tout à l'heure, dans le RER B en rentrant de chez ma mêre, j'entend deux jeunes parler de la vie en général, l'un d'eux dit "la liberté d'expression n'existe plus, il est interdit de mentir", l'autre rencherit "on ne peut pas avoir de certitudes, dans 2 ans aurons nous les mêmes opinions". Je m'approche et je leur propose de prendre un café pendant 30 minutes, l'un d'eux accepte. On se retrouve donc assis dans un café face à face.
La situation n'est pas simple à gérer, toutesfois c'est agréable de prendre le temps d'échanger sans rien attendre de particulier. Trente minutes c'était trop court. Et quand on se sépare on ne sait pas trop comment rester en contact tout en étant libre de se recontacter.
La prochaine fois que je propose à un inconnu de me consacrer une heure je lui parlerai de ce groupe sur facebook. Au plaisir de vous rencontrer pendant une heure...
Lawrence Lessig, professeur de droit à Harvard, penseur d'Internet et initiateur de la licence Creative commons• Crédits : Chip Somodevilla - AFP
Nous ne réalisions pas qu’Internet allait aussi changer profondément la nature des communautés, la manière dont elles accèdent à l’information et la digèrent. Nous sommes passés de plateformes communes pour avoir de l’information [comme la télévision], à des plateformes de plus en plus fragmentées. Et les algorithmes qui alimentent les gens en informations sur les plateformes comme Facebook, produisent de plus en plus un monde dans lequel chacun vit dans sa propre bulle d’information. Or dans ce monde-là, l’idée même d’une action politique orientée vers l’intérêt général est presque impossible. Nous ne savons pas comment construire un espace dans lequel les gens pourraient discuter des mêmes questions politiques, à partir d’un cadre commun et d’une compréhension partagée des faits. Aujourd’hui, nous avons toutes les raisons de nous inquiéter de la manière dont Internet nourrit la polarisation et une moindre compréhension des problèmes communs, à cause des algorithmes et de l’architecture du réseau.
Dans l’univers connecté propre à l’être-au-monde contemporain, la figure du e-flâneur permet de mieux comprendre notre relation aux mondes « en ligne » et « hors-ligne », à travers l’étude de la manière que nous avons de gérer les incertitudes auxquelles nous devons faire face. À cet égard, il faudrait éviter d’opposer le territoire électronique avec celui matériel, car s’il est vrai que nous sommes de plus en plus connecté aux réseaux numériques, les rues n’en sont pas vides pour autant…
De l'incertitude du monde en ligne
De nombreuses études montrent que les utilisateurs d'Internet passent une grande partie de leur temps et de leur vie en ligne à ne rencontrer que des gens qui pensent comme eux. Internet fonctionne comme un genre amélioré de quartier sécurisé (« gated community ») qui, contrairement à son équivalent hors-ligne, n'a besoin ni de loyer exorbitant, ni de gardes armés, ni de réseaux complexes de caméras de surveillance ; une touche « supprimer » suffit. Ce qui rend les quartiers sécurisés, de tous types qu'ils soient, si attrayants, c'est que l'on y cohabite avec des personnes présélectionnées, des « gens comme nous », qui pensent comme nous ; l'on y vit protégé de l'intrusion d'étrangers dont la présence gênante nous contraindrait à inventer de nouvelles façons de vivre ensemble, et menacerait notre certitude que notre mode de vie est le seul convenable et doit être adopté par tous ceux qui nous entourent. Votre voisin se contemple en vous, et vous en lui, comme dans un miroir : aucun risque de froid ou de dispute pour des motifs politiques, idéologiques, ou autres. Une vraie zone de confort, à l'abri du bruit, du vacarme de la foule bigarrée et turbulente qui se presse au travail et dans les rues de la ville... Le problème, dans un environnement aussi artificiellement, quoique soigneusement désinfecté, c'est que l'on ne peut plus développer de défenses immunitaires contre les controverses parfois toxiques qui abondent naturellement dans le monde hors-ligne, le monde hors de l'abri, hors du tête-à-tête avec un écran que l'on peut à tout moment éteindre, ce monde de la rue, peuplé de corps animés, vivants ; il n'est plus nécessaire d'inventer au quotidien des manières de cohabiter en paix, de s'enrichir de la différence de l'autre. Et parce que l'on n'a pas appris cet art, les divergences et les contradictions dont les étrangers de la rue sont porteurs se font menaçantes, et même fatales. Les conflits qui naissent en ligne sont dotés d'une grande capacité à se promouvoir et s'exacerber d'eux-mêmes.
Les réseaux nous attirent, car ils promettent de nous mettre à l'abri des diverses injonctions, et dilemmes atroces dont notre environnement terrestre n'est pas avare. Une fois repliés au-dedans d'un réseau, il se peut qu'en effet nous fassions l'expérience d'une telle immunité. Tant que nous restons calfeutrés entre les parois électroniques du réseau, nous nous sentons authentiquement libres ; non pas que la contrainte, la pression sociale et la nécessité de faire des choix difficiles se soient soudain évanouis, vidés de tout pouvoir coercitif, mais en ce qu'ils sont, pour ainsi dire, momentanément tenus à distance, suspendus, mis de côté et même royalement ignorés, dès lors qu'on les a exilés un temps de l'esprit et du cœur. Par contraste avec l'adversité et les tracas auxquels nul ne saurait échapper dans le monde réel (toutes ces choses qu'on ne peut simplement pas décider d'écarter ni de consigner à l'oubli), le réseau ressemble à un abri confortable et séduisant. Nous y trouvons un peu de répit ; mais nous n'aurons pas résolu le moindre des problèmes qui nous y ont poussés. Un temps mis sous le tapis, sans avoir rien perdu de leur venin, les voilà toujours prêts à resurgir pour se venger ; et quand ils le feront, ce qui finira à coup sûr par arriver, ils mettront en fuite des êtres anesthésiés, beaucoup moins bien armés qu'avant leur séjour tranquille dans le refuge préservé de la fureur de la vie hors-ligne. Une perspective particulièrement inquiétante dans le contexte de la « diasporisation » intensive et continue de nos villes ; un processus qu’Ulrich Beck nomme la « cosmopolitisation » qui, contrairement à la mondialisation qui a lieu « au dehors », « se déroule “à l'intérieur”, sur le plan national, local, et même au niveau individuel, biographique et identitaire ». La cosmopolitisation « fait référence à l'érosion des frontières nettes séparant les marchés, les États, les civilisations, les cultures et même jusqu'aux Lebenswelts des divers peuples et religions, aboutissant à une situation mondiale caractérisée par un phénomène de confrontation involontaire avec l'autre en tant qu'étranger » (2008 : 68-69).
Il n'y a rien de nouveau ou presque dans les causes de la « crise migratoire » actuelle, pas plus que dans les modalités de réactions sociales et politiques. Ceux qui fuient la sauvagerie d'existences ravagées par la guerre, la dictature, la famine, sans le moindre horizon, viennent toujours frapper à la porte des peuples voisins, et ce, depuis la nuit des temps. Pour ceux chez qui l'on frappe, ce sont des étrangers ; il est un fait que les étrangers ont tendance à susciter de l'angoisse, précisément parce qu'ils sont « étranges » : imprévisibles au point d'être inquiétants, contrairement aux personnes « que nous fréquentons tous les jours » et chez qui nous savons « à quoi nous attendre » ; pour un peu, ils seraient bien capables de détruire des choses auxquelles nous sommes attachés, de remettre en cause notre cher et si rassurant mode de vie. Nous répartissons ordinairement les personnes avec qui nous cohabitons dans nos quartiers, dans la rue et au travail, entre amis et ennemis, ceux qui nous agréent ou ceux que nous tolérons à peine ; mais, quelle que soit la catégorie dans laquelle nous les rangeons, nous savons bien de quelle manière nous comporter et gérer nos interactions avec eux. Sur les étrangers, cependant, nous savons trop peu de choses pour parvenir à déchiffrer correctement leur attitude, à interpréter leurs intentions, à prévoir leurs faits et gestes. Et cette ignorance, le fait que nous ne sachions que faire, comment nous comporter, gérer une situation qui n'est pas de notre fait et sur laquelle nous n'avons pas la moindre prise, génère énormément d'angoisse et de peur.
En cette époque de grande incertitude existentielle et de précarité croissante, dans un monde de plus en plus dérégulé, multipolaire, désarticulé, l'ignorance n'est pas la seule cause de ce sentiment de malaise et d'effroi que nous éprouvons à la vue des nouveaux arrivants. Il est évident que l'apparition soudaine et massive d'étrangers dans nos rues n'a pas été initiée par nous, et que nous ne contrôlons rien... comment s'étonner que les vagues successives d'immigrants soient perçues comme de mauvais présages ? Ils nous font prendre conscience, et nous rappellent continûment des choses que nous préférerions oublier ou écarter d'un revers de main : de ces forces mystérieuses et obscures à l’œuvre dans le monde, parfois évoquées, mais lointaines et intangibles, tout en étant suffisamment puissantes pour se mêler de nos vies sans tenir compte de nos souhaits et de nos projets. Les « victimes collatérales » de ces forces, devenues des nomades apatrides, tendent à être perçues, par une sorte de logique perverse, comme l'avant-garde de troupes qui auraient choisi d'installer leurs garnisons parmi nous. Ces hommes, nomades non par choix, mais par l'effet d'un destin cruel, nous rappellent, à notre grande irritation, à notre grand impatience, l'incurable vulnérabilité qui est la nôtre et la fragilité de ce bien-être si chèrement acquis ; et il est humain, trop humain de rejeter la faute sur ces messagers, de les punir parce que nous détestons le message qu'ils portent, ce message envoyé par les forces ahurissantes, incompréhensibles, terrifiantes et fort justement haïes, que nous tenons pour coupables du sentiment atrocement humiliant d'incertitude existentielle qui nous mine et chamboule nos projets de vie. Et tandis que nous nous montrons incapables, ou presque, de contenir les forces formidables de la mondialisation, ces forces pourtant lointaines et insaisissables, nous pouvons à tout le moins nous efforcer de dévier la colère que ces forces continuent de provoquer en nous ; et alors nous déversons cette colère, par procuration, sur ceux de leurs rejetons que nous pouvons facilement atteindre. Bien évidemment, nous n'aurons rien réglé aux racines du problème, mais nous aurons peut-être soulagé, ne serait-ce qu'un instant, ce sentiment d'humiliation, d'impuissance, d'incapacité qui est la nôtre à atténuer la précarité envahissante de notre propre être dans le monde.
L'advenue du e-flaneur
À bien des égards, le monde hors-ligne – l'univers « réel » est l'exact contraire du monde « en ligne » du réseau. Ces deux mondes sont saturés d'incertitude ; mais celle du monde « en ligne » est remarquablement gérable et à peu près contrôlable, là où le monde « hors-ligne » est ingérable et échappe à toute tentative de contrôle ; ce qui fait du premier une source de satisfaction et d'efficacité très gratifiante, là où le second rebute, étourdit et inhibe. L’aversion au risque étant une propension humaine, trop humaine, il n’est pas étonnant que les héritiers contemporains du flâneur et de la flâneuse, chers à Baudelaire et Benjamin, qui cherchent à assouvir leur appétit cognitif, leur soif d’aventures et leur aspiration insatiable à jouer tout à la fois le rôle du dramaturge, du metteur en scène et de l’acteur principal de ce spectacle qu’est la vie, préfèrent s’y adonner dans un contexte où « il suffit d’un clic pour se connecter et se déconnecter » ; où les portes d’entrée comme de sortie sont ouvertes vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept ; dans un environnement flexible, maniable et garanti contre tout imprévu, attendrissant d’obéissance aux désirs supposés et tenaces d'un maître dont il devance le moindre caprice, la moindre requête. L’explorateur de Paris à l’ancienne mode, le marcheur nonchalant décrit par Benjamin s’est réincarné en e-flâneur, en drogué de l’ordinateur aux yeux rivés sur l’écran de son ordinateur portable, de sa tablette ou de son Smartphone.
Les rues n’en sont pas vides pour autant. Bondées comme jamais. Et comment pourrait-il en être autrement ? Certaines démarches essentielles, comme se rendre au travail, à l’université, à une fête ou dans un magasin, aller courir ou se promener, ne peuvent se dérouler ailleurs. Mais observez attentivement la foule dans la rue : la plupart du temps, la plupart des corps en mouvement transportent de petits gadgets, collés à l’oreille ou tenus à hauteur des yeux. Qu’ils marchent seuls ou en groupe, les passants jettent rarement un coup d’œil sur les côtés ; lorsque cela leur arrive, par exprès ou par inadvertance, ils ramènent bien vite le regard sur le mini-écran qu’ils tiennent dans la main, avides d'informations sur ce qu’ils ont entrevu par hasard. Voir signifie avoir les yeux rivés sur l’écran ; comprendre et connaître revient à passer en revue des mots et des images dans un moteur de recherche. Et être quelque part, « visiter quelque chose », signifie capter l’instant présent en prenant un selfie. Voilà de quoi les nouveaux ordinateurs de poche, à la différence de leurs plus pesants oncles et tantes, sont capables. Et c’est ainsi qu’actuellement ils menacent de condamner les ordinateurs portables et les tablettes, hier encore nos chouchous, à l’obsolescence, et de prendre leur place sur le marché.
Comme l’escargot sa maison, les e-flâneurs transportent avec eux, où qu’ils aillent, les e-refuges qui les protègent des sables mouvants, des pièges et des embuscades de la rue. Walkman, l’ancêtre lointain du Smartphone, fut commercialisé avec le slogan : « plus jamais seul ». Les publicités pour les Smartphones, rédigées au moyen d’une encre invisible que les e-flâneurs, eux, savent fort bien lire, promettent : « plus jamais perdu, déconnecté, dans la jungle de la rue ».
Dèjà se tenir debout et marcher devant soi n'a pas été simple en 2016 et NUIT DEBOUT et EN MARCHE en sont deux manifestations. Mais en plus nous avons assisté à la démondialisation avec la crise de l'europe et les élections americaines, qui s'ajoute à la défiance envers toute personne qui prend le pouvoir sans nous donner le pouvoir. Il est maintenant clair que tout changement durable sera porté collectivement (ou n'aura pas lieu).
En 2017, j'ai pris le parti d'être pleinement moi même tout en continuant à m'améliorer. Mon chemin de compostelle de cet été fait plus que 1200 km on dirait, et je ne suis toujours pas arrivé à Saint Jacques de Compostelle. Mais sur ce chemin je continue de faire de belles rencontres et les expériences que je vis contribuent à me faire avancer dans la bonne direction.
Je souhaite qu'ensemble nous innovions en 2017 et que nos actions aient un impact positif sur la société. L'innovation c’est la rencontre d’un ensemble de publics autour de sujets précis parce que le perfectionnement continu des techniques ne se traduit pas toujours par une amélioration des conditions matérielles et morales de l’humanité.
Mon souhait le plus cher c’est de réussir à concevoir et à commercialiser des produits et des services qui ont une rééle valeur ajoutée pour les consommateurs, utilisateurs, mais aussi les citoyens … Des innovations qui non seulement exploitent le potentiel du digital pour les entreprises et leurs marques, mais des innovations qui ont aussi un impact positif sur la société.
J'aimerai aussi que l'entreprise soit un lieu d'épanouissement personnel et le cadre de réalisation des projets les plus ambitieux. Je peux témoigner que le digital apporte des changements complexes dans les entreprises et que ces changements ne sont pas seulement technologiques. Désormais, je veux être en mesure de gérer les impacts financiers, business, organisationnels et humains au sein de l’entreprise. Les impacts humains étant les plus complexes à gérer. C'est pour ca que j'explore les méthodes de management les plus positives et mobilisatrices. La aussi nous devons innover.
Oui, demain nous pouvons être plus heureux qu’aujourd’hui ! Et c’est collectivement que nous parviendrons à construire de grandes choses.
Bonne année à nous ! (ca dépend de nous)
Jérémy Dumont : Animateur de l'innovation collective et Facilitateur de la transformation positive (en formation)
Si on jure aujourd’hui surtout par l’innovation, est-ce parce qu’on a fait le deuil d’une croyance dans le progrès ?
D’une certaine manière, le progrès, notamment l’idée que le perfectionnement continu des techniques se traduit par une amélioration des conditions matérielles et morales de l’humanité, est devenu illusoire avec la deuxième guerre mondiale et l’explosion des deux bombes atomiques au dessus de Nagasaki et d’Hiroshima. Non, la science et la technique ne sont pas neutres et cette idée d’un progrès linéaire qui va vers l’émancipation de l’humanité ne tient pas.
Aujourd’hui, on voit ce concept d’innovation émerger sans vraiment savoir ce qu’on met dedans. C’est encore très flou. Mais il y a un engouement derrière ce terme parce qu’il y a une volonté de penser un futur différent, peut-être plus enviable – c’est en ce sens que l’innovation semble être un concept intéressant.
Schématiquement, d’un côté on a un progrès linéaire, prévisible de l’autre une innovation réticulaire et chaotique. On passe d’une découverte individuelle protégée par un brevet à une découverte collective, qui émerge dans une communauté, en open source... On est vraiment en train de passer à une autre approche du futur.
L’innovation, c’est donc une vision du monde ?
Non, c’est ce qui pousse au mouvement, c’est le moyen de parvenir à cette vision.
Ceci dit, la place prise dans le débat public par les thèses de Schumpeter ou Kondratiev, la lecture de l’histoire économique en cycles et les thèses sur la « destruction créatrice », est étonnante. Il faut voir comment toute une frange néo-libérale s’approprie ces thèses pour rendre légitime un certain laisser-faire : si l’innovation c’est cyclique, disent-ils, mieux vaut ne pas trop légiférer maintenant pour ne pas empêcher une phase de création d’arriver. Comme ça s’est passé comme ça par le passé, ça devrait encore se passer comme ça aujourd’hui
Or les travaux de Schumpeter et Kondratiev sont avant tout descriptifs : ils ont regardé ce qui s’est passé dans l’histoire, sans se risquer à affirmer que des séquences analogues devaient nécessairement se répéter dans le futur.
La lecture en cycle est une grille de lecture intéressante, mais elle ne peut en aucun cas guider une politique économique d’innovation car elle aplatit systématiquement le réel. Il faut au contraire en appréhender la complexité si l’on veut répondre aux enjeux qui sont les nôtres aujourd’hui.
Comment ça se passe, dans la complexité du réel ?
Les personnes qui portent des projets le savent, ce sont les enjeux politiques, économiques, de pouvoir, qui font la réalité. Ce n’est pas une personne dans son coin qui va avoir une illumination qui va permettre la diffusion d’une technologie. C’est la rencontre d’un ensemble de publics autour de sujets précis, c’est la construction d’un discours qui crée l’émulation et c’est la diffusion dans les différentes strates de la société qui fait l’innovation.
Post-digital ? Encore un concept d’agence ou de consultant ? Plus qu’un concept, cette notion développée par Forrester dans une étude récente « Thriving In A Post Digital World » est surtout une réalité.
Vos consommateurs ne font plus ou n’ont d’ailleurs jamais fait la distinction entre les univers physiques et numériques. Ils interagissent avec vos marques dans un continuum d’expériences et de points de contact. Seules les marques qui deviennent obsédées par le client et se réorganisent autour du consommateur entre directions marketing et technologiques peuvent servir leurs clients dans leur contexte et besoins du moment. La révolution mobile a achevé de dissoudre cette frontière artificielle, qui persiste malheureusement dans de trop nombreuses organisations.
Trop de directions marketing sont enfermées dans des réflexes du passé : une communication en mode broadcast, centrée sur des investissements publicitaires qui représentent en moyenne 83% des dépenses marketing, une gestion par campagne qui cherche à optimiser chaque canal (e-mail, social, mobile…) en donnant une fausse réassurance grâce à la précision de certains outils de tracking.
"Les consommateurs ne sont pas des approximations digitales"
Les consommateurs ne sont pas des approximations digitales mais des individus qui réagissent émotionnellement et ne se laissent pas enfermer dans des modèles algorithmiques et prédictifs. Les consommateurs ne font pas confiance aux pubs TV et encore moins aux pubs numériques, mais font confiance à leurs connaissances et veulent qu’on les aide à réduire le stress associé à leurs choix.
L’heure pour les directions marketing n’est plus de mettre en œuvre une stratégie digitale, ni même d’intégrer le digital dans leur stratégie marketing mais de changer la culture marketing de leurs organisations. Il ne s’agit ni d’enjeux technologiques ni de process mais bel et bien de repenser la relation entre le client et la marque.
Faire évoluer l’approche marketing et la culture d’une organisation prend du temps, mais les marques les plus en pointe ont poussé les équipes marketing à :
Développer le facteur humain. Les consommateurs se font confiance entre eux et non pas aux institutions : ils savent immédiatement détecter les marques qui partagent leurs valeurs, sont authentiques, empathiques et qui font l’effort de réellement les intégrer à leurs démarches de manière transparente. La croissance fulgurante des applications de messagerie comme WeChat ou Facebook Messenger avec plus de 3 milliards d’utilisateur est un exemple type où les marques vont devoir apprendre à dialoguer avec leur consommateurs en apprenant un nouveau language (smileys, emojis et autres emoticons) !
Créer des expériences utiles pour délivrer la promesse de marque. L’expérience client est la somme de l’ensemble des interactions d’un consommateur avec une marque. Pour délivrer la promesse de marque, encore faut-il faire ce que l’on dit à chaque étape du parcours client. Il faut créer des expériences utiles à l’image d’Under Armour. Grâce aux rachats de MyFitnessPal et d’Endomondo, la marque de fitness a créé une plateforme communautaire de 160 millions d’utilisateurs actifs, rivalisant avec Nike dans le conseil quotidien à ses utilisateurs.
Privilégier l’aptitude sur l’attitude. Plus que de nouvelles compétences (designers, data scientists, spécialistes en technologie, app développeur…), les directions marketing doivent recruter et fidéliser des talents capables de s’adapter continuellement dans un monde où l’hyperadoption technologique (réalité virtuelle, bots, Internet des objets…) va s’accélérer davantage dans les cinq prochaines années que dans les cinq dernières. Les marketeurs de demain vont devoir coopérer davantage avec les équipes technologiques, être plus dynamiques et agiles, avoir la volonté de se remettre en question, être capables de mixer les facteurs émotionnels et irrationnels avec les approches scientifiques basées sur des données contextuelles.
Dans ce monde post-digital, il faut s’attendre à un déclin significatif des budgets mass-media au profit d’expériences de marques intégrées , à la consolidation massive de l’industrie média et à la renaissance de la customer engagement agency (CEA) mélangeant insights, creativité, savoir-faire media et même développement produit et au rôle croissant des anthropologistes qui aideront à humaniser des algorithmes basés sur le machine learning.
Thomas Husson est Vice-Président et analyste principal au sein du cabinet d'études et de conseil Forrester Research. Il peut être suivi sur Twitter @Thomas_Husson.
J’ai décidé d’évoluer dans ma carrière en passant de “directeur des stratégies digitales” à “facilitateur de l’innovation et la transformation digitale”.
J’ai démontré ma capacité à donner des orientations stratégiques, à créer des produits et des services innovants et à mener des projets complexes avec des équipes multi-compétences.
En motivant les individus à contribuer à des projets transverses et à la croissance future. Convaincu que l’innovation ne peut réussir que collectivement, j’ai proposé des expériences collectives apportant vision et sens pour mobiliser les bonnes volontés à s’impliquer dans des réseaux professionnels, think tanks, associations et ….un parti politique.
Ainsi, je peux témoigner que le digital apporte des changements complexes au sein de l’entreprise, nous seulement technologiques mais aussi financiers, business, organisationnels et …humains.
Je souhaite maintenant concevoir et à commercialiser des produits et des services qui exploitent le potentiel du digital pour apporter une réelle valeur ajoutée aux entreprises ET qui impactent positivement les collaborateurs au sein de l’entreprise, les consommateurs qui aiment la marque, les citoyens souhaitant un progrès significatif….