De la Légèreté. Vers une civilisation du léger, publié chez Grasset (364 pages). Nous vivons une immense révolution qui, pour la première fois, porte en elle une civilisation du léger. Le culte de la minceur triomphe. Les sports de glisse sont en plein essor. L’heure est au virtuel, aux objets nomades, aux nanomatériaux. Désormais le grand défi est de connecter, miniaturiser, dématérialiser. En même temps, c'est un capitalisme de séduction et une culture quotidienne de légèreté mass-médiatisée qui nous gouvernent, l’univers de la consommation ne cessant d’exalter le divertissement, les référentiels hédonistes et ludiques. Le léger innerve de plus en plus notre monde matériel et culturel, il a envahi nos pratiques ordinaires et remodelé notre imaginaire : il est devenu une valeur, un idéal, un impératif dans d’innombrables sphères: objets, énergie, corps, sport, alimentation, médias, architecture, design, partout s’affirme, au cœur de l’âge hypermoderne, le culte polymorphe de la légèreté. Jamais nous n’avons eu autant de possibilités de vivre léger, pourtant la vie quotidienne semble de plus en plus lourde à porter ( compétition, instabilité, vie relationnelle, précarité, risques environnementaux, terrorisme). Et, ironie des choses, c’est maintenant la légèreté qui nourrit l’esprit de pesanteur. Car l’idéal de légèreté (mobilité connectée, flexibilité, minceur, consommation) s’accompagne de normes exigeantes aux effets épuisants, parfois déprimants de même que de nouvelles formes de gigantisme et de domination (Big Data...). C’est pourquoi de tous côtés montent des demandes d’allègement de l’existence : détox, ralentissement des rythmes, simplicité, relaxation, zen... Aux utopies du désir ont succédé les attentes de légèreté, celle du corps et de l’esprit, celle d’un présent moins lourd à porter. Voici venu le temps des utopies light. Mais aussi le moment d'investir dans une légèreté riche, construite, créative. Comme l'écrivait Paul Valéry: "Il faut être léger comme l'oiseau et non comme la plume".