Il est très dommageable pour la profession de laisser les consultants en organisation ou en stratégie mener des actions de design thinking sans vision concrète des débouchés de la méthode, à notre place. Moins les designers s’impliqueront dans la diffusion et le partage de leur méthode, plus les écueils seront importants et moins l’intérêt du design sera perçu par les entreprises ou les organisations. Sans designers, un atelier de design thinking peut se transformer en moment de post-itologie, amusant mais sans intérêt stratégique et sans lien à la dimension principale de l’approche: la mise en oeuvre.
Designers, même si vous n’en avez pas conscience, vous appliquez sur l’ensemble de vos projets une approche disruptive de l’innovation car transverse et basée sur des observations concrètes. Comme toutes professions intellectuelles, vous enrichissez les méthodes communes de votre expérience et votre intuition. N’ayez pas peur de partager vos méthodes, bousculez les prérequis de vos commanditaires, démontrer l’intérêt du design de manière concrète. Il est énorme et très valorisable à l’heure où un consultant EY junior essaie de faire le même travail sans assise méthodologique réelle.
Il est urgent de faire comprendre à l’ensemble des professions qui gravitent autour de l’innovation la valeur ajoutée du design piloté par le designer, depuis les phases amont de compréhension et d'exploration des sujets jusqu’à la capacité à concrétiser et matérialiser les innovations.
Nous avons, en tant que designers, professionnels de l’innovation, une responsabilité concernant l’avenir et la place de l’homme dans la société dans laquelle nous vivons. Pour être en capacité d’influer positivement et éthiquement le futur des produits et services que nous aidons à réaliser, nous devons arrêter de nous poser la question de la légitimité de notre statut et assumer notre rôle dans l’économie et le management de l’innovation.
A la croisée des chemins entre les sciences humaines et techniques, le design est une des seules disciplines transversales travaillant avec les sciences humaines et sociales sur les besoins fondamentaux de l’être humain en proposant d’améliorer l’existant. Il faut que le design thinking continue de se développer à condition de ne pas oublier la pertinence du regard humaniste du designer dans ce processus. Les démonstrateurs de l’efficacité de la démarche sont de plus en plus nombreux ; si nous ne faisons pas l’erreur de nous définir par nos talents et nos individualités mais bien par nos compétences métiers, alors nous pourrons, ensemble, insuffler notre vision optimiste, positive et humaniste dans nos sociétés.
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