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- L’Economie bleue, 10 ans, 100 innovations, 100 millions d’emplois. Gunter Pauli, 300 pages, Caillade publishing, 25 €.
Gunter Pauli est un entrepreneur belge, né en 1956 à Anvers. Titulaire d’un MBA de l’Insead de Fontainebleau et conférencier passionné, il parle plusieurs langues et a voyagé sur tous les continents.
De sensibilité écologiste, il lance dans les années 1990 « Ecover », une entreprise productrice de lessives biologiques. Pauli y croit : toute son usine est biodégradable. Il paie même à ses employés le km parcouru à vélo pour se rendre à l’usine.
Vient alors le choc de sa vie : en se rendant en Indonésie d’où provient l’huile de palme dont il se sert pour produire ses lessives bio, il se découvre coresponsable de la déforestation du Bornéo, c’est-à-dire le biotope naturel des derniers grands primates. Car biodégradabilité et recyclabilité ne riment pas toujours avec « développement durable ».
Pauli vend alors sa boite et approfondit sa réflexion. Il rencontre alors le Pr Heitor Gurgulina de Suza, à l’époque recteur de l’Université des Nations unies qui lui demande, 3 ans avant le protocole de Kyoto, d’imaginer un modèle économique qui ne produira ni émissions ni déchets mais permettra la création d’emplois, de cohésion sociale sans coûter plus cher.
Comme réponse à ce défi, Pauli développe le concept d’« économie bleue », une simple référence à la couleur de notre planète vue à distance.
Le bio-mimétisme
Point de départ de sa démarche ? Le bio-mimétisme. Tout part d’un respect et d’une admiration de la sagesse intrinsèque des écosystèmes dont les industriels feraient bien de s’inspirer. Dans la nature, observe Pauli, deux questions qui nous préoccupent n’existent tout simplement pas : les déchets et le chômage. « A-t-on jamais croisé des arbres, des poissons ou des champignons sans emplois ? » s’interroge-t-il.
Car, la feuille morte qui tombe de l’arbre n’est pas proprement un « déchet » puisqu’elle servira d’office de terreau à d’autres cultures. Contrairement à nos productions industrielles qui s’effectuent souvent en se coupant de ce qui les entoure dans la nature, tout est constamment en lien avec tout, et ceci pour le meilleur et le pire.
Définition de l’économie bleue
Pour résumer sa pensée, Pauli différencie trois types d’économie :
L’Économie Rouge, c’est ce que nous connaissons actuellement, a entraîné la faillite mondiale actuelle. C’est une économie qui emprunte à tous et à tout, à la nature, à l’humanité, sans penser à rembourser un jour. Les fameuses économies d’échelles visant une baisse du coût unitaire de chaque article manufacturé en ignorant totalement les conséquences induites (…)
L’Économie Verte, en comparaison, exige des entreprises de nouveaux investissements, attend des consommateurs qu’ils paient plus cher pour des résultats et des produits équivalents ou moindres, mais soucieux de l’environnement. Or, ce qui était déjà une gageure en période de richesse, est devenu en temps de crise quasiment impossible (…)
L’Économie Bleue. Si nous changeons de perspective, nous constaterons que l’Économie Bleue s’attache à des questions de régénération qui vont au-delà de la préservation ou de la conservation. L’Économie Bleue ne recycle pas, elle régénère. D’une certaine façon, l’Économie bleue consiste à s’assurer qu’un écosystème maintient ses règles évolutives afin que tous puissent bénéficier des flux infinis de la Nature en matière de créativité, adaptabilité et abondance.
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