Les néophytes, comme les chercheurs les plus aguerris, ont bien du mal à faire le tri dans les mille noms du design fiction. Les sous-disciplines prolifèrent.
Le trait commun de ces pratiques du design fiction peut se résumer à la définition qu’en donne Bruce Sterling, auteur de science-fiction et principal critique du domaine : "Le design fiction est l’usage délibéré de prototypes diégétiques afin de suspendre l’incroyance au changement." Les "prototypes diégétiques" sont les productions fictives des designers à l’intérieur du monde imaginaire de la diégèse. Il s’agit de nous faire croire pour un temps - suspendre notre incrédulité - à un certain changement social, technique ou politique considéré comme probable, désirable ou dystopique.
Pour le duo de designers Dunne & Raby, l’objectif est d’abord de "choquer ou provoquer" pour ensuite amener le public à "débattre". Comme ils le précisent dans leur livre Speculative Everything, ceux-ci entendent "dessiner des boussoles plutôt que des cartes". Pour eux, le design fiction est un outil d’orientation dans l’élaboration de nouvelles situations sociales et politiques configurées par des productions de design.
Mais pour Bruce Sterling, le but premier de la spéculation est d’expliquer la complexité du présent : les designers lancent dans le futur des sondes culturelles qui reviennent éclairer les réalités économiques, techniques et politiques de la construction du progrès ou des mirages de l’innovation.
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