L'économie circulaire, est un modèle inspiré du fonctionnement en boucle des écosystèmes naturels, opposé au modèle standard linéaire (extraire, produire, consommer, jeter) et à l’utilisation sans limites des ressources.
L’augmentation de la consommation et l’épuisement des ressources naturelles entraînant des conséquences économiques importantes, l’économie circulaire vise à optimiser la gestion des ressources - matières et énergie - afin d’économiser la consommation de matières premières.
Le contexte actuel montre que le sujet est porté à la fois au niveau européen avec l’adoption du paquet économie circulaire en avril dernier, mais également au niveau français avec le lancement de la Feuille de route économie circulaire (FREC), le 23 avril 2018 par le premier ministre Édouard Philippe. En 2019, la FREC donnera lieu à une loi consacrée à l’économie circulaire.
Engagée depuis plusieurs années pour le déploiement de l’économie circulaire, ORÉE propose une approche globale, systémique et intégrée avec des démarches orientées sur les produits/services, les filières et les territoires.
Depuis 2017, Patricia Savin, présidente d'ORÉE et membre du comité de pilotage de la FREC et Nathalie Boyer, déléguée générale d'ORÉE et ambassadrice de l'économie circulaire ont été largement impliquées dans le processus de concertation de la feuille de route. Dans le cadre de ces travaux, ORÉE a contribué via ses 27 propositions pour promouvoir l’économie circulaire et la publication du guide Mode d’emploi pour mettre en œuvre la FREC.
Mieux produire
La prise de conscience que les ressources terrestres sont finies impose de changer notre façon de produire et de concevoir les produits mis sur le marché.
Propositions
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- Indicateurs : il n’existe pas de production sans impacts. Pour rester dans un scénario 2°C préconisé par le GIEC, il est important de questionner la croissance et le modèle de production dans son ensemble, à l’aide d’indicateurs partagés.
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- Externalités : il convient de favoriser les entreprises qui génèrent des externalités positives. Certaines industries sont « montrées du doigt » alors qu’elles génèrent des impacts environnementaux moindres par les produits qu’elles proposent. En parallèle, il convient de donner confiance aux investisseurs pour flécher les fonds vers l’économie verte. En répondant à ces deux enjeux, il sera possible de favoriser la conception et la production de produits et services plus durables.
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- Chaîne de valeur : les solutions doivent être développées en intégrant un système d’acteur et toutes les parties prenantes de la chaîne de valeur. En économie circulaire, le bénéficiaire n’est pas nécessairement celui qui a demandé le projet initial. En ce sens, les bénéficiaires doivent être intégrés dès les phases amont de conception et les initiateurs doivent également faire l’objet d’une forme de reconnaissance.
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- Usage : la diffusion de l’économie de fonctionnalité en tant que modèle qui permet de substituer un bien à un service doit être renforcée.
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- Construction : construire avec un impact minimum sur le capital naturel, en réduisant les pollutions (air, eau...) et en privilégiant les énergies vertes pour une construction durable, réutilisable et recyclable. Il faut aussi inciter à l’utilisation de matériaux recyclés, fabriqués écologiquement et durables.
Mieux consommer
Pour limiter le gaspillage des ressources, il est important de mieux informer les consommateurs et d’allonger la durée d’usage des produits existants pour leur donner les moyens d’agir à travers une consommation plus durable.
Propositions
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- Application de la réglementation : une loi interdit aux équipements publics d’éclairer la nuit, mais cette loi n’est pas appliquée. Le premier pas est de s’assurer que les dispositions réglementaires sont bien appliquées sur le terrain.
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- Coût global : afin d’accompagner le consommateur à prendre des décisions d’achat plus vertueuses pour l’environnement, il serait intéressant d‘afficher un coût total du produit permettant d’introduire sa durée de vie.
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- Affichage environnemental / Aide à la décision: les citoyens, en tant que consommateurs, sont perdus face à la multitude et la complexité des logos et des labels. En ce sens, il faut rendre accessible les outils à disposition des citoyens pour que ces derniers puissent calculer leur empreinte écologique plus facilement. Étiquetage plus détaillé sur la durée de vie du produit.
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- Réemploi: il faudrait favoriser la consommation de produits d’occasion en sensibilisant les consommateurs et en leur offrant des garanties (labels qualités par exemple).
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- Réparation : il faudrait favoriser l’allongement de la durée de vie des produits en soutenant le secteur de la réparation par une fiscalité favorable : TVA à taux réduit pour les produits éco-conçus issus de la réparabilité et/ou du réemploi. Inciter également au déploiement de réparateurs sur tout le territoire.
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- Allongement de la durée de vie des produits : il apparaît fondamental d’affirmer un droit à réparer et de développer le marché de la réparation (mise à disposition des plans et des pièces détachées de façon systématique par exemple), ainsi que le marché des biens reconditionnés.
- Gaspillage alimentaire : il serait nécessaire de renforcer la sensibilisation à la lutte contre le gaspillage alimentaire.
Mieux gérer les déchets
La prévention et la gestion des déchets suscitent de plus en plus l’intérêt des citoyens. Comment relever les nouveaux défis de réduction, de valorisation organique et de recyclage posés par la Feuille de route économie circulaire ? Comment faciliter les gestes de tri pour les citoyens ?
Propositions
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- Réduction du volume des plastiques : la restauration hors-foyer est friande de plastiques pour les contenants individuels, comme les yaourts par exemple. Passer à des contenants réutilisables permettrait de réduire ce volume de déchets.
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- Valorisation des déchets alimentaires : la collecte sélective des déchets alimentaires en restauration collective devrait être systématisée pour améliorer leur valorisation.
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- Pragmatisme : pour inciter les citoyens à réduire leurs déchets, la reconnaissance de leurs actions positives est un levier non négligeable. La bonne action est instantanément liée à un gain financier (réduction d’impôts, par exemple). En proposant des actions de sensibilisation auprès des citoyens à l’échelon local, on instaure un climat de confiance et une meilleure acceptabilité des projets.
Mobiliser tous les acteurs
La transition vers l’économie circulaire relève de l’ensemble des acteurs: professionnels, pouvoirs publics et citoyens. Comment faire de la commande publique un levier pour cette transition ? Comment renforcer la responsabilité des producteurs (REP) ? Comment impliquer les citoyens ?
Propositions
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- Donner envie et faire rêver : la transition ne sera possible que si elle apparaît attractive, si elle fait rêver les acteurs et les citoyens générant ainsi l’adhésion. Elle ne doit pas être perçue comme une contrainte.
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- Commande publique : la commande publique constitue un levier pour la transition vers une économie circulaire aussi bien au niveau étatique que dans les collectivités territoriales. De nombreux outils existent, mais ne sont pas encore mis en application par les acheteurs. En effet, les acheteurs n’ont pas été formés à identifier les externalités et les monétariser pour intégrer ces éléments dans leurs marchés. Un plan de formation de formateurs au niveau national est indispensable.
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- Politique publique : imposer dans tous les projets publics de respecter les principes de l’économie circulaire et supprimer les subventions/dotations si ce n’est pas le cas.
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- Communication autour de ce qu’est l’EC : le quidam ne sait pas ce qu’est l’EC. Une communication grand public (sans jargon technique) est fondamentale pour faire basculer l’opinion publique vers la transition écologique et solidaire.
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- Valorisation des métiers : les métiers de l’économie « verte » sont indispensables et notamment les métiers manuels comme celui de réparateur. Pour ce faire, ces métiers doivent être valorisés tout au long de l’éducation et les formations devraient être davantage développées et promues.
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- Sensibilisation des futurs décideurs : des formations sur le développement durable et les sujets annexes devraient être introduites dans les cursus des grandes écoles qui préparent les cadres de l'administration (ENA, X, Ponts, GREF, etc.).
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